En fait, sur une moyenne de 70% des dossiers, l’argent est déjà chez le TO puisque les ventes indirectes (via les agences, quoi…) ne représentent que 30% du volume des TO (Source SETO périmètre DATA + ) - Dessin Raf
Moi, quand j’entends le mot « guerre » (déformation professionnelle oblige), j’entends : « c’est la guerre entre les agences et les TO ». A ce propos, on entend le même discours depuis des années.
Je vais avoir du mal à être innovante sur le sujet mais je vais essayer de le résumer au maximum, non pas pour les têtes pensantes (qui savent déjà) mais pour les petites agents de voyage de comptoir.
Il est vrai qu’à l’approche de la quarantaine (je parle de mon âge), c’est-à-dire l’automne de mon existence, je peux désormais prendre du recul et faire de l’analyse à destination des plus jeunes.
RIP la petite blogueuse amusante et frivole que j’étais quand vous m’avez connue.
Regardons la situation des relations entre agences et TO très concrètement, à la lumière de la crise que nous vivons aujourd'hui.
Un truc me chiffonne depuis la publication de l’ordonnance 2020-315 (relative à l’à-valoir) : comment le SETO (qui a participé aux négociations avec Bercy sur les termes de l’ordonnance en question) a-t-il accepté de laisser la trésorerie aux agences ?
En fait, la relation financière entre les agences et les TO est déjà très déséquilibrée. En moyenne, le client paye 25% à l’agence à l’inscription et le solde à J-30.
Je vais avoir du mal à être innovante sur le sujet mais je vais essayer de le résumer au maximum, non pas pour les têtes pensantes (qui savent déjà) mais pour les petites agents de voyage de comptoir.
Il est vrai qu’à l’approche de la quarantaine (je parle de mon âge), c’est-à-dire l’automne de mon existence, je peux désormais prendre du recul et faire de l’analyse à destination des plus jeunes.
RIP la petite blogueuse amusante et frivole que j’étais quand vous m’avez connue.
Regardons la situation des relations entre agences et TO très concrètement, à la lumière de la crise que nous vivons aujourd'hui.
Un truc me chiffonne depuis la publication de l’ordonnance 2020-315 (relative à l’à-valoir) : comment le SETO (qui a participé aux négociations avec Bercy sur les termes de l’ordonnance en question) a-t-il accepté de laisser la trésorerie aux agences ?
En fait, la relation financière entre les agences et les TO est déjà très déséquilibrée. En moyenne, le client paye 25% à l’agence à l’inscription et le solde à J-30.
L’agence est donc assise sur un (petit) tas d’or
L’agence est donc assise sur un (petit) tas d’or mais elle va payer le TO grosso modo au moment du départ.
Imaginons que le client s’inscrit le 1er mars pour un départ le 1er septembre et que le forfait coûte 4 000 € par personne. L’agence est donc dépositaire de 1 000 € pendant 5 mois et 3 000 € de plus pendant quelques jours ou quelques semaines.
Le TO, en revanche, prend tous les risques financiers et avance souvent l’argent à ses fournisseurs : il affrète des avions (ou s’engage sur des blocs-sièges) et doit payer des acomptes pour « sécuriser ses contrats ». Il labellise des hôtels et « privatise » tout ou partie des chambres des établissements pour « ses » clients.
Outre le fait qu’il s’engage sur un nombre fixe de chambres et qu’il doit verser des garanties, il paiera les sièges d’avion et les chambres, qu’il les ait vendus ou pas.
Dans les cas les moins risqués pour le TO, il va s’engager sur des volumes pour obtenir de bonnes conditions tarifaires.
Sur les dossiers de mars, avril, mai (et jusqu’au 12 juin au moins pour le moment), le TO qui vend des compagnies régulières a émis les billets, il a peut-être payé son réceptif (bien que, à la lecture de la récente interview de la présidente de Quimbaya Tours, on apprend que les TO doivent payer les factures « avant l’arrivée des passagers à destination mais, le crédit à 7, 10, 15, et jusqu’à 45 jours après le départ des voyageurs est une condition pour travailler avec certains »).
Imaginons que le client s’inscrit le 1er mars pour un départ le 1er septembre et que le forfait coûte 4 000 € par personne. L’agence est donc dépositaire de 1 000 € pendant 5 mois et 3 000 € de plus pendant quelques jours ou quelques semaines.
Le TO, en revanche, prend tous les risques financiers et avance souvent l’argent à ses fournisseurs : il affrète des avions (ou s’engage sur des blocs-sièges) et doit payer des acomptes pour « sécuriser ses contrats ». Il labellise des hôtels et « privatise » tout ou partie des chambres des établissements pour « ses » clients.
Outre le fait qu’il s’engage sur un nombre fixe de chambres et qu’il doit verser des garanties, il paiera les sièges d’avion et les chambres, qu’il les ait vendus ou pas.
Dans les cas les moins risqués pour le TO, il va s’engager sur des volumes pour obtenir de bonnes conditions tarifaires.
Sur les dossiers de mars, avril, mai (et jusqu’au 12 juin au moins pour le moment), le TO qui vend des compagnies régulières a émis les billets, il a peut-être payé son réceptif (bien que, à la lecture de la récente interview de la présidente de Quimbaya Tours, on apprend que les TO doivent payer les factures « avant l’arrivée des passagers à destination mais, le crédit à 7, 10, 15, et jusqu’à 45 jours après le départ des voyageurs est une condition pour travailler avec certains »).
Comment les TO continuent-ils à tenir le coup après Thomas Cook ?
Comme les agences payent après le départ (au moins celles membres de réseaux, c’est-à-dire au moins 80% d’entre elles), comment les TO acceptent-ils de ne pas réclamer une part de cette trésorerie conservée par les agences ?
Ça fait plus d’un mois que je me pose cette question et que je ne comprends pas comment les TO (qui, pour la plupart, se sont déjà pris une belle ardoise de Thomas Cook il y a 6 mois) continuent à tenir le coup.
Comme il n’y a pas de raison que je me prenne la tête toute seule dans mon coin, je te laisse y réfléchir un peu avant de lire la suite de mon post.
== INTERLUDE == (pendant ce temps-là, fais-toi un thé, une tisane, ou ce que tu veux)
En fait, après avoir fait de longues et vaines recherches, j’ai eu un éclair de lucidité et j’ai consulté mes collègues de la rédac : « vous auriez les chiffres de la répartition des ventes des TO entre les ventes directes et les ventes via agences ? ».
Céline (organisée, infaillible, carrée, omnisciente) m’a dégainé ce tableau qui date d’un peu plus d’un an :
Ça fait plus d’un mois que je me pose cette question et que je ne comprends pas comment les TO (qui, pour la plupart, se sont déjà pris une belle ardoise de Thomas Cook il y a 6 mois) continuent à tenir le coup.
Comme il n’y a pas de raison que je me prenne la tête toute seule dans mon coin, je te laisse y réfléchir un peu avant de lire la suite de mon post.
== INTERLUDE == (pendant ce temps-là, fais-toi un thé, une tisane, ou ce que tu veux)
En fait, après avoir fait de longues et vaines recherches, j’ai eu un éclair de lucidité et j’ai consulté mes collègues de la rédac : « vous auriez les chiffres de la répartition des ventes des TO entre les ventes directes et les ventes via agences ? ».
Céline (organisée, infaillible, carrée, omnisciente) m’a dégainé ce tableau qui date d’un peu plus d’un an :
Les ventes indirectes ne représentent que 30% du volume des TO
En fait, sur une moyenne de 70% des dossiers, l’argent est déjà chez le TO puisque les ventes « indirectes » (via les agences, quoi…) ne représentent que 30% du volume des TO (Source SETO périmètre DATA+ *) !
Oui, agent de voyages innocent qui te plains que les Comités d'Entreprises ou les mutuelles te volent tes clients en accordant 5, voire 10% de réduction à leurs membres, tu ne voyais que la partie émergée de l’iceberg : 70% des ventes des TO sont faites en direct !
Moi qui m’attendais à de grosses difficultés de trésorerie pour les TO, je suis subitement beaucoup moins inquiète pour eux…
Ils ont de la trésorerie pour 70% de leurs ventes, ce qui devrait leur permettre d’assumer leurs paiements au BSP sans problème et d’augmenter sans vergogne leurs prix catalogues pour les voyages de report de leurs clients directs, comme ceux de leurs clients agences.
Moi qui croyais que les membres du SETO étaient soudainement devenus altruistes…
Oui, agent de voyages innocent qui te plains que les Comités d'Entreprises ou les mutuelles te volent tes clients en accordant 5, voire 10% de réduction à leurs membres, tu ne voyais que la partie émergée de l’iceberg : 70% des ventes des TO sont faites en direct !
Moi qui m’attendais à de grosses difficultés de trésorerie pour les TO, je suis subitement beaucoup moins inquiète pour eux…
Ils ont de la trésorerie pour 70% de leurs ventes, ce qui devrait leur permettre d’assumer leurs paiements au BSP sans problème et d’augmenter sans vergogne leurs prix catalogues pour les voyages de report de leurs clients directs, comme ceux de leurs clients agences.
Moi qui croyais que les membres du SETO étaient soudainement devenus altruistes…
Périmètre DATA + représente une trentaine de TO membres du SETO : Asia, Atalante, Beachcomber Tours, Cercle des Vacances, Club Med, Comptoir des Voyages, Directours, Ecotour, Fram, FTI, Intermèdes, Kuoni, Look Voyages, Luxair Tours, Maisons du Voyage, Marco & Vasco, Marmara, Mégavacances, Mondial Tourisme, Nautil, Nomade Aventure, Nouvelles Frontières, ODIGEO/Go Voyages, Terres d'Aventure, TOP of Travel, TUI, Visit Europe, Voyage Privé, Voyageurs du Monde etc.