Pour le professeur de philosophie, c’est aux agents de voyages de faire valoir leur rôle et rendre leur liberté aux voyageurs. « Vous devez vous rendre indispensable ! » © PG TM
« Un voyagiste qui demanderait à ses clients de lire Rome, Naples et Florence de Stendhal avant de se rendre dans ces villes ferait une bonne action et serait surtout très innovant ».
Invité lors du 25e congrès du réseau Manor, qui s’est terminé le 21 octobre 2018 à Marrakech (Maroc), Raphaël Enthoven, le très médiatique enseignant de philosophie, a livré quelques réflexions sur le monde du tourisme.
Surtout, il s’est essayé à un véritable plaidoyer, plein d’optimisme, en faveur des intermédiaires dans le secteur.
S’adressant à des représentants des 70 agences de voyages adhérentes au réseau Manor, le philosophe a par exemple confié son inquiétude sur le phénomène d’ubérisation que connaît ces dernières années le secteur du voyage.
« L’idée du phénomène est d’éliminer les intercesseurs que vous êtes », a-t-il expliqué, citant comme origine du phénomène le Prince de Machiavel (1532) dans lequel il est question de « se débarrasser des grands et des puissants », ou encore le protestantisme, religion basée sur une parole divine qui se reçoit directement, sans intermédiaire.
Invité lors du 25e congrès du réseau Manor, qui s’est terminé le 21 octobre 2018 à Marrakech (Maroc), Raphaël Enthoven, le très médiatique enseignant de philosophie, a livré quelques réflexions sur le monde du tourisme.
Surtout, il s’est essayé à un véritable plaidoyer, plein d’optimisme, en faveur des intermédiaires dans le secteur.
S’adressant à des représentants des 70 agences de voyages adhérentes au réseau Manor, le philosophe a par exemple confié son inquiétude sur le phénomène d’ubérisation que connaît ces dernières années le secteur du voyage.
« L’idée du phénomène est d’éliminer les intercesseurs que vous êtes », a-t-il expliqué, citant comme origine du phénomène le Prince de Machiavel (1532) dans lequel il est question de « se débarrasser des grands et des puissants », ou encore le protestantisme, religion basée sur une parole divine qui se reçoit directement, sans intermédiaire.
Plaidoyer pour les agences de voyages
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« L’inconvénient, c’est qu’une parole donnée en direct ne peux pas être contestée, on la subit directement », poursuit Raphaël Enthoven.
« Ainsi, quand on choisit de passer outre une agence de voyages, on réserve tout soi-même et on court le risque de se faire avoir, et d’être très insatisfait en fin de compte. Et dans ces cas-là, à qui peut-on se plaindre ou se faire dédommager ? »
D’après lui, l’autre conséquence de ces phénomènes de désintermédiation est « le sentiment développé par le public qu’à droits égaux, on a des compétences égales. Cela développe quelque chose de fou, et débouche sur des comportements tout à fait délétères ».
Pour le professeur de philosophie, c’est aux agents de voyages de faire valoir leur rôle et rendre leur liberté aux voyageurs. « Vous devez vous rendre indispensable ! », a-t-il lancé devant une salle conquise.
Car d’après lui, citations de Alexis de Tocqueville à l’appui, « l’enjeu des intermédiaires est démocratique : la médiation donne la liberté. L’intermédiaire est un filtre, une société sans intermédiation est une dictature ! ».
« Tout le travail pour vous est d’arriver à rester unique alors que vous vous adressez à tout le monde », a-t-il aussi expliqué aux professionnels du voyage présents à Marrakech.
« Ainsi, quand on choisit de passer outre une agence de voyages, on réserve tout soi-même et on court le risque de se faire avoir, et d’être très insatisfait en fin de compte. Et dans ces cas-là, à qui peut-on se plaindre ou se faire dédommager ? »
D’après lui, l’autre conséquence de ces phénomènes de désintermédiation est « le sentiment développé par le public qu’à droits égaux, on a des compétences égales. Cela développe quelque chose de fou, et débouche sur des comportements tout à fait délétères ».
Pour le professeur de philosophie, c’est aux agents de voyages de faire valoir leur rôle et rendre leur liberté aux voyageurs. « Vous devez vous rendre indispensable ! », a-t-il lancé devant une salle conquise.
Car d’après lui, citations de Alexis de Tocqueville à l’appui, « l’enjeu des intermédiaires est démocratique : la médiation donne la liberté. L’intermédiaire est un filtre, une société sans intermédiation est une dictature ! ».
« Tout le travail pour vous est d’arriver à rester unique alors que vous vous adressez à tout le monde », a-t-il aussi expliqué aux professionnels du voyage présents à Marrakech.
Innovation
Enfin, le philosophe était également venu pour donner son point de vue sur l’innovation, thème central des débats qui ont agité le congrès Manor 2018.
Pour lui, « nous ne sommes pas forcément à l’orée d’un monde totalement nouveau. L’innovation c’est surtout de nouveaux usages, une nouvelle réalité faîte avec ce qu’on a sous la main, et qui s’inscrit dans une continuité. Se renouveler en permanence oui, innover pour fuir en avant, non ».
Avant de conclure : « je vois l’époque évoluer, s’améliorer technologiquement, mais pas changer. Il y a aujourd’hui une démesure de la technique, qui avance à pas de géants, alors que la morale fait toujours du sur-place ».
Pour lui, « nous ne sommes pas forcément à l’orée d’un monde totalement nouveau. L’innovation c’est surtout de nouveaux usages, une nouvelle réalité faîte avec ce qu’on a sous la main, et qui s’inscrit dans une continuité. Se renouveler en permanence oui, innover pour fuir en avant, non ».
Avant de conclure : « je vois l’époque évoluer, s’améliorer technologiquement, mais pas changer. Il y a aujourd’hui une démesure de la technique, qui avance à pas de géants, alors que la morale fait toujours du sur-place ».