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Terre Birmane : ''Boycotter la Birmanie pénaliserait le peuple, pas la Junte !''

Christophe Sentuc, directeur de Terre Birmane


Christophe Sentuc, directeur de Terre Birmane, revient dans un communiqué sur la vague de répression en Birmanie. Il fait un point sur la situation dans le pays. Pour lui, la Birmanie a besoin "des revenus du tourisme et des contacts avec l’extérieur, pour ne pas avoir le sentiment d’être abandonnés par la communauté internationale."


Rédigé par le Jeudi 25 Octobre 2007

Terre Birmane : ''Boycotter la Birmanie pénaliserait le peuple, pas la Junte !''
Alors qu’une vague de répression s’est abattue sur la Birmanie, après plusieurs semaines de manifestations anti-gouvernementales, et que les informations sur la situation dans le pays nous parviennent de plus en plus difficilement, Terre Birmane, un des meilleurs spécialistes de la Birmanie en France, demeure en contact régulier avec ses correspondants sur place.

Selon les informations recueillies, la vie quotidienne a repris son cours habituel. La présence militaire est aujourd’hui très discrète et les traces des manifestations et des affrontements de ces dernières semaines ont disparu.

Les monastères et les pagodes sont à nouveau animés de l’habituelle ferveur bouddhiste birmane, et sont tous ouverts aux visiteurs, ainsi que tous les sites touristiques du pays.

Restaurants et hôtels sont ouverts, et tous les vols réguliers assurant les liaisons entre les principales destinations touristiques ont repris. Les touristes et les visiteurs étrangers peuvent emmener et utiliser sans contraintes leurs appareils photos, caméras vidéo et ordinateurs portables. En revanche, les téléphones mobiles ne fonctionnent pas, les réseaux GSM demeurant fermés.

L’accès Internet est à nouveau ouvert depuis le 15 octobre, mais le réseau demeure surveillé, tout étant filtré par les serveurs gouvernementaux : certains emails prennent 24h pour parvenir à leur destinataire... Enfin, les ambassades délivrent comme à l’habitude les visas touristiques, même si certains évoquent des délais de délivrance plus longs. Enfin, le couvre-feu n’est plus appliqué depuis samedi 20 octobre ni à Yangon, ni à Mandalay.

Si la vie quotidienne est en apparence redevenue normale, et si la découverte touristique de la Birmanie ne souffre d’aucune contrainte logistique ni de conditions de sécurité particulières, la question demeure : faut-il retourner en Birmanie, faut-il boycotter la destination ?

Selon Christophe Sentuc, directeur de Terre Birmane, i[« boycotter la Birmanie serait plus pénalisant pour le peuple que pour la junte au pouvoir. Les Birmans ont plus que jamais besoin des revenus du tourisme et des contacts avec l’extérieur, pour ne pas avoir le sentiment d’être abandonnés par la communauté internationale. Quant à savoir si le fait d’emmener des voyageurs en Birmanie profite à la junte, la réponse est claire : c’est non.

Avec seulement 232 000 visiteurs internationaux déclarés en 2005, les revenus tirés du tourisme demeurent anecdotiques par rapport à l’exportation de bois, de gaz, de pierres précieuses ou d’autres matières premières : 12 millions de US$ en 2005, contre 2 millions de US$ encaissés par jour pour le gaz et le pétrole. Sur place, nous n’utilisons que des prestataires privés, qu’il s’agisse de l’hébergement, des transports ou des restaurants.

4% des revenus du tourisme vont dans les poches de la Junte

De plus, les structures gouvernementales sont dans un tel état qu’aucun opérateur touristique ne les utilise. Quant à nos contacts avec la Junte, ils se limitent aux demandes d’autorisations d’accès pour les régions frontalières du pays, où nous emmenons fréquemment nos clients pour sortir du classique triangle Lac Inlé-Mandalay-Bagan ».]i

Avant d’emmener des voyageurs en Birmanie, le directeur de Terre Birmane estime que chaque professionnel du tourisme doit veiller à :

Informer sa clientèle sur la situation très difficile du peuple birman. La malnutrition gagne les campagnes et certains quartiers de Yangon.
- Suggérer à ses clients de ne pas provoquer de discussion avec des inconnus, au risque de mettre en danger son interlocuteur et sa famille.
- Suspendre tous voyages prés de certaines régions frontalières telles que à Hpa-an et Moulmein (Etat Karen), Tachilek (Etat Shan) ou Mrauk U (Etat d’Arakan).
- Eviter au maximum certaines structures locales appartenant au gouvernement : train, certains ferries (entre Mandalay et Bhamo), Myanmar Airways, et quelques rares hôtels tel que le Ngapali Beach Hotel à Ngapali.
- Eviter certaines structures trés liées avec les intérêts de certains généraux, tels que ceux appartenant à la famille Tesa, grand ami du général Than Shwe : la compagnie aérienne Air Bagan, les hôtels des groupes Myanmar Treasure Resorts et Aureum Palace, ainsi que les hôtels Inya Lake, Thamada, Yuzana et Strand à Yangon.
- Suggérer à ses clients d’apporter discrètement et autant que possible un soutien financier aux gens rencontrés : achat d’artisanat local, dons aux temples, monastères et écoles rattachées, cadeaux de petits objets manufacturés occidentaux…
- Soutenir de préférence des ONG actives dans le pays plutôt que d’aider directement une famille ou une petite collectivité, dans la mesure ou les intéressés peuvent être suspectés par les autorités d’entretenir des relations anti-gouvernementales.


Enfin, Terre Birmane a fait le calcul précis des revenus que tire le gouvernement de l’activité touristique. « Après prise en compte des diverses taxes que paient nos prestataires au gouvernement, nous avons calculé que seulement 4% des revenus générés par notre activité en Birmanie reviennent dans les poches de la junte, hors visas et taxes d’aéroport », déclare Christophe Sentuc.

Le tourisme profite à des dizaines de milliers de Birmans, des employés des hôtels aux vendeurs de souvenirs, et demeure un des seuls revenus de subsistance d’une population totalement laissée pour compte par les autorités militaires au pouvoir ».


www.terre-birmane.com

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Commentaires

1.Posté par Yves BERGAUZY le 29/10/2007 08:39 | Alerter
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Nous sommes sur la même longueur d'ondes Christophe. Nous avons en décembre un groupe de personnes agées et sommes heureux de dire que nous n'avons subi aucune annulation depuis les évènements car , lors de notre brève du mois d'Octobre de Réceptifs Leaders , et dans le cadre de notre bureau KaraweiK à Yangon, avions bien dit que le tourisme profitait avant tout aux populations locales plutôt qu'à la junte militaire.Bonne chaznce aux Birmans. Aidez les en llant voir ce merveilleux pays et sa population si acceuillante et gentille. Yves BERGAUZY KaraweiK réceptif Birmlan:karaweik@taiyangchine.com www.karaweikmyanmar.com

2.Posté par Renaud le 29/10/2007 09:18 | Alerter
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Un autre point de vue...
http://www.echoway.org/page6.php?rub=25&ruc=58&rud=58

La Birmanie est le seul pays au monde où le développement touristique soit aussi directement lié aux violations des droits de l'homme les plus graves. Fondé sur le travail forcé, le tourisme ne bénéficie en rien à la population birmane.

Les aéroports aseptisés, les centres commerciaux modernes et les séjours proposés par les voyagistes procurent l'illusion d'un pays stable et prospère. Le développement du tourisme permet de cacher la vérité sur le régime actuel, l'un des plus répressifs au monde . Derrière ces décors factices, la junte poursuit sa stratégie de terreur : réquisition de travailleurs forcés, exécutions sommaires, viols, arrestations et
destructions de biens.

Travaux forcés au nom du tourisme
> Après le gaz et le pétrole, le tourisme constitue le principal champ d'investissements étrangers en Birmanie. Dés le début des années 90, la junte décida de faire du développement touristique l'une de ses priorités économiques. Cela s'est traduit, en 1996, par le lancement officiel du « Visit Myanmar Year » (Année du Tourisme en Birmanie). Cette campagne de promotion n'était autre qu'un stratagème économico-politique qui offrait à la junte la possibilité de se maintenir au pouvoir et de polir l'image négative de la dictature, d'attirer les investisseurs étrangers mais surtout de blanchir l'argent de la drogue et d'infliger des travaux forcés.

> En 1998, une commission d'enquête du Bureau International du Travail (BIT) a constaté que le recours au travail forcé par la junte était généralisé et systématique. Des millions de Birmans, tous âges et sexe confondus, ont été obligés de travailler dans des conditions d'esclavage.
Beaucoup d'entre eux y ont laissé leur vie. Au nom du tourisme, c'est aussi 3 millions de personnes qui ont été chassés de chez elles pour être déplacées dans des « cités nouvelles ». L'exemple le plus flagrant est celui de la cité historique de Pagan.

85 tours-opérateurs français
> Les touristes internationaux qui voyagent le plus en Birmanie sont les Taiwanais, les Français, les Allemands et les Japonais . En France, la Birmanie est devenue, depuis quelques années, une destination en vogue qui attire par « son côté authentique et préservée » et environ 85 tours-opérateurs programment ce pays dans leur brochure.

> La majorité de ces séjours se fait dans le cadre de voyages organisés. Il serait illusoire de penser qu'un touriste puisse contribuer à l'ouverture de la Birmanie vers l'extérieur. La population birmane n'a pas le droit de communiquer avec les étrangers sous peine d'arrestation et d'emprisonnement. Faire du tourisme en Birmanie n'est absolument pas basé sur l'échange et le lien social, et les chances de développer un contact constructif sont presque réduites à zéro.

Profits exportés loin de la Birmanie
> Parallèlement à l'ouverture économique et touristique du pays, l'industrie du sexe prend son essor en Birmanie et la prostitution destinée aux étrangers ne cesse de croître. Il est fort à craindre que le développement du tourisme ait le même effet que celui de la Thaïlande dans les années 80, qui a énormément contribué à l'explosion du tourisme sexuel. Selon ECPAT International, environ 700 000 personnes seraient contaminées par le virus du Sida et ce chiffre ne cesse d'augmenter.

> La majorité des richesses engendrées par le tourisme est exportée d'une manière ou d'une autre . L'importation de biens d'équipements et de denrées alimentaires destinés aux touristes en est le parfait exemple. Ces profits et investissements massifs, qui ne sont pas réinjectés dans des projets de développement local, engendrent un manque à gagner considérable pour d'autres secteurs économiques, comme l'éducation et la santé.

Un choix politique: le boycott
> Actuellement, seule la plaine centrale de Birmanie, le triangle Rangoon-Mandalay-Pagan, est ouverte au tourisme. Le reste du pays, dont les régions peuplées de minorités ethniques, est interdit d'accès . Afin d'enrayer d'éventuels mouvements de rébellion contre le pouvoir central de Rangoon, la junte mène une politique d'annihilation de ces populations. Les touristes ignorent le plus souvent la situation.

> Il est des pays où il n'existe pas de force alternative à une situation de violence, ni de groupes d'opposition constitués et identifiables. Il est donc important de s'y rendre afin de contribuer à l'ouverture de ces pays. Ce n'est pas le cas de la Birmanie , où l'opposition est clairement identifiable , organisée et reconnue sur le plan international.

> L'opposition birmane, avec comme figure de proue Aung San Suu Kyi , Prix Nobel de la Paix , a appelé au boycott touristique tant que la démocratie ne serait pas instaurée. En allant en Birmanie, les touristes légitimisent la dictature militaire au pouvoir et cautionnent une économie fondée sur la drogue, le travail et les déplacements forcés, ainsi que des violations massives et systématiques des droits de l'homme.

> En savoir plus : lire la campagne d'information pour un tourisme responsable en Birmanie

Pour plus d'informations sur la Birmanie , consultez le site internet de l'association Info-Birmanie : www.birmanie.org

3.Posté par Isabelle le 29/10/2007 09:36 | Alerter
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Merci à Renaud pour cette analyse aussi juste que complète. Aung San Suu Kyi appelle au boycott et elle me semble la mieux placée pour juger de ce qui est bon pour le peuple birman. Selon l'association avaaz (www.avaaz.org), les moines arrêtés récemment ont été purement & simplement executés dans la jungle. Tant que les intérêts économiques seront plus forts que les droits de l'homme dans ce pays, le birmans ne connaitront pas la démocratie...

4.Posté par Marion le 29/10/2007 12:09 | Alerter
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Bravo Renaud pour votre louable engagement en faveur de la démocratie en Birmanie. Cependant la position de boycott du tourisme date de 1996, et elle est révolue, Aung San Suu Kyi étant revenue à plusieurs reprises sur le boycott et encourage le tourisme, à condition justement qu'il ne tombe pas dans les travers du tourisme de masse et qu'il n'utilise pas les infrastructures de la junte et des familles liées aux généraux. C'est tout l'objet de la prise de position de Terre Birmane ici. Merci à Renaud et à Isabelle de se rendre là-bas afin de mieux savoir ce que des petits tour-opérateurs comme Terre Birmane et les voyageurs que le TO emmène là-bas peuvent faire en faveur de la micro-économie locale, sans doute se feront-ils une opinion plus nuancée.

5.Posté par Renaud le 29/10/2007 12:38 | Alerter
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=> Marion

http://www.info-birmanie.org/content/view/18/32/ (Cette page date de 2007 et non pas 1996!)

6.Posté par Jean Michel Foucault le 29/10/2007 15:05 | Alerter
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Comme toujours, il y a les ayatollahs du boycott, ceux qui savent et qui défendent les libertés, oui, mais lequelles et où.... ils ont boycotté l'Espagne, mais pas la ddr, la Turquie mais pas le Maroc, Cuba mais pas Haïti pour les uns ou le contraire pour les autres.... il y a les peuples soumis à embargo que l'on soutient comme les cubains ou les irakiens en son temps, et les peuples soumis à embargo que l'on ne soutient pas comme les chypriotes du nord - par exemple.
Vive les idées généreuses quand elles profitent aux peuples et le tourisme ne se mesure pas seulement en entrées de devises, c'est aussi des rencontres, des échanges entre des hommes, des chemins pour mieux se connaitre et mieux comprendre, c'est aussi pour ces hommes et ces femmes privés de liberté un réconfort, un espoir à saisir. Un boycott touristique d'un pays est un drame psychologique pour le peuple et ne profite qu'à l'égo de ces quelques dictateurs responsables d'organisations dites politiques ou humanitaires et qui feraient bien de balayer devant leur porte.

7.Posté par Stéphane le 10/12/2007 17:06 | Alerter
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Bonjour,

Je suis allé en Birmanie en novembre. Cela fait seulement un mois que je suis revenu.
Lors de mon séjour, les traces des événements récents étaient à peine présent, seules quelques barrières subsistent à Yangoon. La trace la plus visible est le manque de touriste.
Après mon séjour, je suis revenu convaincu de l'idiotie du boycott, et ceux pour plusieurs raisons:
- Les locaux sont très friands d'actualité mondiale, et demande régulièrement quelle est la situation dans notre pays et dans le leur. Il me semble important de leur faire savoir qu'il existe autres choses que la junte et les informations diffusées par celle-ci.
- Les touristes apportent une manne financière non négligeable. Il faut savoir que le revenu moyen en Birmanie est de 1000 Khyats par jours ce qui représente moins d'un euros. Alors que les touristes achètent de l'artisanat local, les bénéfices sont pour le vendeur.
- Pour que le maximum d'argent profite à la population locale, il est impératif d'éviter les hotels d'état (la plupart des agences le font), et d'éviter les grands restos, chose facile à faire car la nourriture est incomparablement meilleure dans les petits restos locaux. Ce qui profite à l'économie locale, jusqu'aux paysans qui produits tomates, riz, ....

Sinon, quitte à boycotter le pays, alors coupons nos compteur à gaz. Total exploite les gisements de gaz naturel qui comptent pour être les plus importants de l'asie de Sud-Est. Boycottons aussi nos meubles de jardins en tek, car la Birmanie est le plus grand exportateur de bois de tek. D'autant que les bénéfices de ces ressources vont directement dans les poches de la junte. Et que dire des pierres précieuses extraites du sol birman et exportées en grande quantité pour nos bijoux occidentaux.
Cela représente plus d'argent que celui des touristes qui ont l'inconvénient de pouvoir discuter avec les populations locales.

Aidons le peuple birman à trouver le chemin vers la démocratie, pour cela, il me semble important de leur montrer la voie, et pour que l'information arrive jusque la-bas, il faut s'y rendre. C'est l'échange qui fait progresser les hommes.
SVP ne boycottons pas la Birmanie, mais que les touristes, qui doivent se rendre sur place, évitent les structures d'états.

Stéphane





































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