Des réfugiés d'Ukraine à la frontière avec la Pologne le 27 février 2022. Le pays en a accueilli plus de 2 millions - DR : DepositPhotos.com, Fotoreserg
Alors que le monde s'ouvre peu à peu après deux années de fermetures de frontières et de restrictions sanitaires, la perspective d'une reprise du tourisme et l'espoir de réaliser une belle saison 2022 était palpable dans de nombreux pays d'Europe centrale.
LIRE : Tourisme : où peut-on voyager dans le monde ?
Mais le déclenchement de la guerre en Ukraine est venu porter un coup d'arrêt brutal aux espérances des agences touristiques de la zone.
En Roumanie, par exemple, où la haute saison touristique court du mois d'avril au mois d'octobre, l'agence Eastern European Experience a vu la quasi totalité de ses dossiers reportés à 2023.
« Nous avons un départ prévu le 10 avril avec 10 clients français, pour l'heure le groupe n'est pas annulé, confie inquiète Alina Popescu, la responsable du département incoming de l'agence, présente la semaine dernière à Marseille pour le salon Ditex.
Pour l'été, tous les dossiers sont en attente, alors que tout va bien en Roumanie, poursuit-elle. Depuis le 1er mars, le gouvernement n'exige plus le certificat européen et le port du masque n'est plus obligatoire, mais seulement recommandé ».
Mais la proximité avec l'Ukraine qui partage une partie de sa frontière sud avec le nord de la Roumanie a refroidi les clients, comme les partenaires tour-opérateurs. Et comme l'agence n'encaisse aucun acompte avant départ, elle se retrouve une nouvelle fois sans ressources financières...
LIRE : Tourisme : où peut-on voyager dans le monde ?
Mais le déclenchement de la guerre en Ukraine est venu porter un coup d'arrêt brutal aux espérances des agences touristiques de la zone.
En Roumanie, par exemple, où la haute saison touristique court du mois d'avril au mois d'octobre, l'agence Eastern European Experience a vu la quasi totalité de ses dossiers reportés à 2023.
« Nous avons un départ prévu le 10 avril avec 10 clients français, pour l'heure le groupe n'est pas annulé, confie inquiète Alina Popescu, la responsable du département incoming de l'agence, présente la semaine dernière à Marseille pour le salon Ditex.
Pour l'été, tous les dossiers sont en attente, alors que tout va bien en Roumanie, poursuit-elle. Depuis le 1er mars, le gouvernement n'exige plus le certificat européen et le port du masque n'est plus obligatoire, mais seulement recommandé ».
Mais la proximité avec l'Ukraine qui partage une partie de sa frontière sud avec le nord de la Roumanie a refroidi les clients, comme les partenaires tour-opérateurs. Et comme l'agence n'encaisse aucun acompte avant départ, elle se retrouve une nouvelle fois sans ressources financières...
Un amalgame avec l'Ukraine
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Plus au nord, l'agence polonaise Promenada - Votre réceptif en Pologne a vu elle aussi 80% de ses programmes du printemps annulés.
L'activité de juillet et août est également affectée. « Les gens ont renoncé en grande majorité à leur voyage, ils ont peur mais pensent à tort que les bombes tombent aussi en Pologne, témoigne Jean-Pierre Darcel pour l'agence, lors du Ditex.
Certains partenaires nous disent qu'ils annulent pour des raisons éthiques, leurs clients ont honte de faire du tourisme alors que le pays voisin est en guerre. Ce qu'ils ne voient pas, c'est que le soutien aux Ukrainiens passe par le fait que l'on vienne pour les aider.
D'autres clients n'ont pas envie que leurs enfants voient des réfugiés, pourtant nous leur expliquons bien que si la Pologne accueille de nombreux réfugiés ukrainiens, ils vont pour la plupart retrouver leurs familles installées sur place, ou sont accueillis dans des centres spécialement crées pour eux », poursuit Jean-Pierre Darcel.
A ses côtés, Jerzy Ubik, le directeur de l'agence, ajoute : « Ce sont essentiellement les tour-opérateurs généralistes qui annulent, certains ont annulé sur toute l'année ! Ils associent la Pologne à l'Ukraine au lieu d'expliquer à leurs clients que nos destinations ne sont pas risquées.
Et bien sûr, sans prendre en charge le moindre frais pour les annulations, même pas les frais de dossier ! Nos partenaires canadiens, à la différence des Français, ont indiqué qu'ils étaient prêts à prendre une partie de ces frais... », regrette-t-il.
Après deux années de pandémie, voilà une situation qui ne vient pas arranger le business entre les partenaires...
Plus choquant, « un tour-opérateur, au nom du tourisme responsable, nous a demandé de lui organiser une rencontre avec une ONG qui travaille auprès des migrants. Mais quand nous lui avons demandé s'il prévoyait de donner une somme pour aider les Ukrainiens après la visite, il a répondu que ce n'était pas prévu... C'était juste pour voir... Bien sûr, nous avons refusé de répondre à sa demande », ajoute Jean-Pierre Darcel.
« Et après, ce sont ces mêmes tour-opérateurs qui vous parlent de tourisme solidaire et responsable pour améliorer leur image ! » ajoute Jerzy Ubik.
L'activité de juillet et août est également affectée. « Les gens ont renoncé en grande majorité à leur voyage, ils ont peur mais pensent à tort que les bombes tombent aussi en Pologne, témoigne Jean-Pierre Darcel pour l'agence, lors du Ditex.
Certains partenaires nous disent qu'ils annulent pour des raisons éthiques, leurs clients ont honte de faire du tourisme alors que le pays voisin est en guerre. Ce qu'ils ne voient pas, c'est que le soutien aux Ukrainiens passe par le fait que l'on vienne pour les aider.
D'autres clients n'ont pas envie que leurs enfants voient des réfugiés, pourtant nous leur expliquons bien que si la Pologne accueille de nombreux réfugiés ukrainiens, ils vont pour la plupart retrouver leurs familles installées sur place, ou sont accueillis dans des centres spécialement crées pour eux », poursuit Jean-Pierre Darcel.
A ses côtés, Jerzy Ubik, le directeur de l'agence, ajoute : « Ce sont essentiellement les tour-opérateurs généralistes qui annulent, certains ont annulé sur toute l'année ! Ils associent la Pologne à l'Ukraine au lieu d'expliquer à leurs clients que nos destinations ne sont pas risquées.
Et bien sûr, sans prendre en charge le moindre frais pour les annulations, même pas les frais de dossier ! Nos partenaires canadiens, à la différence des Français, ont indiqué qu'ils étaient prêts à prendre une partie de ces frais... », regrette-t-il.
Après deux années de pandémie, voilà une situation qui ne vient pas arranger le business entre les partenaires...
Plus choquant, « un tour-opérateur, au nom du tourisme responsable, nous a demandé de lui organiser une rencontre avec une ONG qui travaille auprès des migrants. Mais quand nous lui avons demandé s'il prévoyait de donner une somme pour aider les Ukrainiens après la visite, il a répondu que ce n'était pas prévu... C'était juste pour voir... Bien sûr, nous avons refusé de répondre à sa demande », ajoute Jean-Pierre Darcel.
« Et après, ce sont ces mêmes tour-opérateurs qui vous parlent de tourisme solidaire et responsable pour améliorer leur image ! » ajoute Jerzy Ubik.
L'appel à la solidarité des agences de la Baltique
Toujours plus au nord, à la frontière russe, les pays baltes souffrent tout autant. « Nous enregistrons 90% d'annulations jusqu'en septembre 2022 parce que les clients font l'amalgame et il y a très peu de demandes », témoigne Véronica Hidekel, représentante pour la France et la Belgique de l'agence Taïga Euro Baltika.
« Il reste encore quelques individuels, mais ils ne représentent pas le plus gros de notre activité. Après deux années catastrophiques, nous sommes repartis pour une 3e mauvaise saison hélas... »
L'agence propose un tourisme de niche, culturel, attirant une clientèle de seniors, via des associations, des CE, des incentives, mais essentiellement grâce aux agences de voyages... qui pour l'heure sont plus que frileuses !
Et pourtant, début mars, Patrick Lion, le fondateur de Taïga Euro Baltika, appelait à la solidarité dans un courrier (voir encadré ci-dessous) au nom de tous les réceptifs opérant autour de la Baltique. « En Pologne, dans les Pays Baltes et en Finlande, la situation est tout à fait normale.
Oui nous sommes situés aux frontières qui sont aussi celles de notre Europe commune ; nous n'avons pas peur d'être attaqués car si cela arrivait, il n'y aurait alors plus aucune raison de voyager, ni même d'envisager le futur. Nous n'avons pas peur car nous sommes dans l'UE et dans l'OTAN ».
Il poursuit : « Ne sacrifions pas le tourisme qui pourrait ne pas résister encore à une année blanche. Le tourisme est aussi un symbole de liberté […] Soyez rassurés, vous pouvez voyager à travers nos pays sans crainte, nous maintenons nos capacités réceptives, tous les services fonctionnent, les compagnies aériennes desservent nos capitales, les ferries circulent sur la Baltique ».
Au-delà de la solidarité, c'est pratiquement un appel au secours que cette lettre. « Après avoir tant souffert lors de la pandémie, nous opérateurs dans la région, essayons de sauver la saison, car très peu d'entre nous pourrons survivre à une nouvelle année blanche », affirme Patrick Lion.
Par manque d’information objective, la panique du public face à cette crise provoque des annulations en cascade, notre moral est terriblement bas, nos ressources financières aussi. Rien n’est moralement plus pénible que de devoir se séparer de membres très compétents de nos équipes. Nous savons que ce conflit insensé prendra très vite fin mais la saison arrive, et elle se présente déjà très mal ».
Si en termes de « volumes », les pays de l'Est - Roumanie, Pologne, Pays Baltes, Tchéquie, Russie ou encore Ukraine - représentent habituellement une toute petite partie des réservations du marché français, comme nous le rappelait Jean-Pierre Mas, le président des Entreprises du Voyage dans une interview récente, « pour ces destinations à l'heure actuelle, la situation est épouvantable ».
« Il reste encore quelques individuels, mais ils ne représentent pas le plus gros de notre activité. Après deux années catastrophiques, nous sommes repartis pour une 3e mauvaise saison hélas... »
L'agence propose un tourisme de niche, culturel, attirant une clientèle de seniors, via des associations, des CE, des incentives, mais essentiellement grâce aux agences de voyages... qui pour l'heure sont plus que frileuses !
Et pourtant, début mars, Patrick Lion, le fondateur de Taïga Euro Baltika, appelait à la solidarité dans un courrier (voir encadré ci-dessous) au nom de tous les réceptifs opérant autour de la Baltique. « En Pologne, dans les Pays Baltes et en Finlande, la situation est tout à fait normale.
Oui nous sommes situés aux frontières qui sont aussi celles de notre Europe commune ; nous n'avons pas peur d'être attaqués car si cela arrivait, il n'y aurait alors plus aucune raison de voyager, ni même d'envisager le futur. Nous n'avons pas peur car nous sommes dans l'UE et dans l'OTAN ».
Il poursuit : « Ne sacrifions pas le tourisme qui pourrait ne pas résister encore à une année blanche. Le tourisme est aussi un symbole de liberté […] Soyez rassurés, vous pouvez voyager à travers nos pays sans crainte, nous maintenons nos capacités réceptives, tous les services fonctionnent, les compagnies aériennes desservent nos capitales, les ferries circulent sur la Baltique ».
Au-delà de la solidarité, c'est pratiquement un appel au secours que cette lettre. « Après avoir tant souffert lors de la pandémie, nous opérateurs dans la région, essayons de sauver la saison, car très peu d'entre nous pourrons survivre à une nouvelle année blanche », affirme Patrick Lion.
Par manque d’information objective, la panique du public face à cette crise provoque des annulations en cascade, notre moral est terriblement bas, nos ressources financières aussi. Rien n’est moralement plus pénible que de devoir se séparer de membres très compétents de nos équipes. Nous savons que ce conflit insensé prendra très vite fin mais la saison arrive, et elle se présente déjà très mal ».
Si en termes de « volumes », les pays de l'Est - Roumanie, Pologne, Pays Baltes, Tchéquie, Russie ou encore Ukraine - représentent habituellement une toute petite partie des réservations du marché français, comme nous le rappelait Jean-Pierre Mas, le président des Entreprises du Voyage dans une interview récente, « pour ces destinations à l'heure actuelle, la situation est épouvantable ».