Tourisme : la France en petite forme en 2024

C’est le 13 janvier, à la veille du discours de politique générale du Premier Ministre François Bayrou devant l’Assemblée Nationale, et alors que le gouvernement est menacé de censure dans les prochains jours, que Dominique Marcel a rencontré la nouvelle ministre déléguée au tourisme Nathalie Delattre.

L’occasion, pour le président d’Alliance France Tourisme, d’évoquer le poids du secteur, de défendre les intérêts des professionnels et de rappeler les enjeux futurs, alors que le bilan de l’année 2024, réalisé en collaboration avec le cabinet de MKG Consulting, fait état d’une année atypique, marqué par de forts contrastes selon les gammes de produits, les saisons et les régions.

« Le tourisme français a fait preuve d’une bonne résistance, avec des résultats en légère progression par rapport à 2023. La hausse des prix après le Covid, qui avait gonflé les chiffres d’affaires, s’estompe. Nous constatons un retour à la normale » a commenté Dominique Marcel lors d’une conférence de presse.

Dans le détail, les hébergements ont affiché une croissance de leur chiffre d’affaires de 1,6% en 2024 (1,5% pour les hôtels et 1,8% pour les résidences de tourisme et villages de vacances). Les prix, qui ont progressé de 3,2%, ont compensé un taux d’occupation en recul d’un point.

La région Provence-Alpes-Côte-d’Azur est la grande gagnante (+ 5,5%), tirée par une offre hôtelière dynamique avec de nombreuses ouvertures et rénovations à Nice et Cannes et un excellent ensoleillement, qui ont notamment attiré une clientèle haut de gamme.

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A l’inverse, la façade atlantique a été pénalisée par une météo médiocre : -0,8% en Bretagne et -2,7% en Pays de Loire. Mais les deux régions avaient connu des années 2022 et 2023 excellentes et MKG Consulting y voit un certain retour à la normale.

Parmi les régions gagnantes en 2024, citons encore les Hauts-de-France (+4,6% de chiffre d’affaires pour les hébergeurs, grâce notamment aux épreuves des JO à Lille), le Grand-Est (+3,5%), la Bourgogne-Franche-Comté (+2,1%) et la Normandie (+1,6%) qui a bénéficié des 80 ans du Débarquement.

L’Ile-de-France (hors Paris) affiche également d’excellents résultats (+4,8%), boostée par « le succès populaire des Jeux paralympiques auprès des familles, ainsi que des clients français et des budgets modérés qui ont privilégié la couronne parisienne, plus accessible » note MKG Consulting.

En revanche, Paris a fait le yo-yo et termine l’année sur une note stable. La forte progression de la quinzaine olympique a été corrigée par des baisses lors de nombreuses semaines, notamment au printemps. Par ailleurs, cette stabilité a été atteinte grâce à une hausse des prix (+1,8%), qui a compensé un recul des volumes (-1,4 point de taux d’occupation).

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Au final, la France a moins bien performé que ses principaux concurrents d’Europe du Sud (Espagne, Italie, Grèce…) et même que l’Allemagne. Mais la reprise post-covid pour ces derniers s’est effectuée plus tardivement que pour l’Hexagone.

« Pour autant, la France semble avoir atteint un plateau, avec un avertissement sur le niveau des prix qui peut désormais constituer un frein pour les classes moyennes » estime Dominique Marcel.

Vanguelis Panayotis, p-dg de MKG Consulting, rappelle d’ailleurs que « les prix des hôtels en France ont augmenté de 30% par rapport à 2019 ».

MKG Consulting a également dévoilé les résultats des agences de voyages, à partir des données fournies par Orchestra. En 2024, le volume d’affaires lié aux réservations de séjours touristiques a progressé de 3,4%.

Là encore, la hausse du panier moyen, à 1795 € (+3,7%) a compensé la stagnation du nombre de dossiers (-0,1%). Par ailleurs, le recul du pouvoir d’achat a poussé les Français à réaliser des arbitrages.

Ils se sont partiellement détournés du long-courrier (-1,9% en volume d’affaires), au bénéfice des destinations plus proches : +9,8% pour l’Espagne, +25% pour l’Italie, +22,7% pour le Maroc, +7% pour la Tunisie.

« Dans un contexte de concurrence accrue entre les pays, nous devons être très vigilants. Il faut capitaliser au mieux sur le formidable succès des Jeux olympiques et paralympiques et ne surtout pas relâcher les investissements et les efforts en termes d’image, d’accueil, de sécurité… Le tourisme exige un engagement global, à long terme » conclut Dominique Marcel.

Et de plaider, encore et toujours, pour la mise en place d’une vraie stratégie touristique nationale alors que la France a connu trois ministres du tourisme en un an et qu’Atout France est dans la tourmente, dans un contexte de réduction budgétaire.

Pour 2025, MKG Consulting espère une croissance du chiffre d’affaires des hébergements de l’ordre de 2,7%.

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