Girardot Voyages : avec Blanche, la 5e génération prend le pouvoir ! [ABO]

Il ne faisait pas chaud, en plein milieu de la France, mais une fois franchies les portes du Forum de Girardot Voyages, la chaleur humaine compense le thermomètre bloqué sous la barre du 0 degré.

Pour sa nouvelle édition, l'entreprise familiale qui a fêté ses 100 ans quelques semaines avant que la crise sanitaire ne débarque a décidé de faire passer quelques messages à ses troupes.

Ils étaient 160 sur près de 300 salariés à phosphorer sur leur métier et le futur de l'industrie.

Les chauffeurs des lignes conventionnées absents ne pouvaient pas arrêter leur activité, sous peine de priver quelques milliers d'élèves de ramassages scolaires.

Après un atelier sur la fresque du tourisme pour "aider les équipes à se projeter dans l'avenir et redonner de l'espoir, il fallait leur montrer qu'il existe des solutions dans une actualité légèrement anxiogène."

Un exemple qui illustre bien l'enjeu de cette journée : regarder loin devant sans crainte et rassurer les équipes.

Avec des dirigeants qui approchent la soixantaine et quelques lieutenants en âge de prendre leur retraite, l'autocariste a pris le sujet par les cornes sous l'impulsion de la 5e génération, symbolisée par Blanche Girardot.

Une jeune femme de son époque qui entend dépoussiérer l'institution sans oublier ses valeurs et l'héritage familial.

Et là vous vous dites, que je me suis laissé berner, par le joli minois de l'ancienne étudiante en communication.

Il suffit de la regarder, d'entendre les agents de voyages ou les chauffeurs qui l'apostrophent, les "Blanche" par-ci et par là, mais aussi de discuter avec les salariés pour se rendre compte que, malgré la charge qui pèsera sur ses épaules, la jeune femme est déjà en phase avec le terrain et les préoccupations des équipes.

"Elle est étonnante, jeune et douce, mais pour autant elle n'a pas peur de trancher, de tenir tête et de donner son opinion. Je suis venu ici parce que j'ai envie de travailler avec elle," nous explique Marlène Grosbon, la tête d'affiche du Forum.

Alors que la transition de 3 dirigeants (Pascal, Philippe et Christophe Girardot) sur une seule tête pensante prendra encore quelques années, Blanche va profiter de cette période pour endosser le costume.

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Elle en profitera aussi pour structurer la société, afin de l'épauler à l'avenir.

Il y a un an et demi, sous l'impulsion de la fille de Philippe Girardot, Marine Genevois a été nommée responsable marketing et communication. Du même âge que la dirigeante en herbe, elle se charge notamment des évènements internes et externes.

"Quand je suis arrivé la société fonctionnait déjà très bien, mais nous faisions face au veillissement de nos collaborateurs. qui sont en poste depuis 20 ou 30 ans et qui prennent leur retraite. Dans le même temps, nous avons plus de difficulté à recruter auprès des jeunes générations. C'est dans l'optique d'attirer des profils ayant la vingtaine ou la trentaine, que nous avons recruté Marine.

Mes oncles et mon père ont eu ce qu'ils appellent leur Dream Team. Ils l'ont construite, et là, ils m'aident à chercher et bâtir la mienne," nous explique l'ex-animatrice du réseau de distribution qui postule pour devenir présidente.

Il n'y a pas de bon dirigeant qui ne soit épaulé.

Comme l'explique Isaac Getz, les entreprises reposent trop souvent sur les principes de subordination et de contrôle. Le staff est infantilisé, l'autonomie souvent oubliée.

"La principale ressource du concept de l'entreprise libérée : des responsables au service de leurs collaborateurs pour que ces derniers donnent le meilleur d'eux-mêmes", nous livrait le professeur à l'ESCP Business School.

Et comme seul on n'avance sans doute plus vite, mais on va moins loin, Blanche Girardot veut s'entourer d'une équipe forte et s'inspire des préceptes du conférencier.

Après presque 7 ans d'expérience, comme responsable commerciale de FTI Voyages, Marlène Grosbon rejoint les rangs de l'autocariste, comme directrice du tourisme.

"Pour pouvoir mener à bien les missions qui me seront confiées à terme, il fallait me mettre dans une position où je pourrais accompagner 300 personnes au quotidien.

Et nous avions besoin de trouver des responsables pour diriger les deux gros secteurs d'activité que sont le transport et le tourisme. Ce deuxième poste est donc une création.

L'enjeu est d'avoir quelqu'un pour s'occuper de la production et de la distribution," détaille la dirigeante.

L'ancienne responsable d'agence de Thomas Cook et déléguée régionale de Costa, va donc apprendre les ficelles du tour-opérating en compagnie de Véronique Sauvée, qui partira à la retraite dans quelques trimestres.

A la tête d'un réseau de 10 agences et d'une brochure amenée à évoluer dans les prochaines années, Marlène Grosbon ne manquera pas de défis à relever pour inscrire le nom de Girardot dans la durée au sein d'un secteur en pleine mutation.

Au niveau du tour-opérateur, l'avenir des circuits en autocar est clairement posé sur le bureau.

"Nous menons des réflexions sur la façon de réinventer une production qui devra correspondre aux futures attentes des consommateurs.

Je fais peut-être fausse route, mais je pense que nous devrons repenser la manière dont nous envisageons les circuits. Il faudra sans doute, dans l'avenir, considérer davantage l'autocar comme un moyen de locomotion.

Les nouvelles générations ont envie de vivre une expérience, nos voyages doivent permettre de vivre ces émotions."

Pour autant, les autocars verts ne disparaîtront pas des routes de France ou d'Europe. Ils continueront à assurer leur fonction première : transporter des gens.

La production du futur devra intégrer cette évolution, pour faire de ce véhicule un mode de transport pour atteindre une destination et y rayonner, et non pas pour y passer le plus clair de son temps.

"Les cars répondent aux problématiques environnementales.

Plus globalement, nous voulons arriver à adapter l'offre pour les actifs et les jeunes et peut-être faire plus de billetterie événementielle, concerts, etc. Nous avons plein de choses à faire.

J'ai choisi Marlène, car nous partageons la même vision des choses. C'est important pour m'orienter et me driver vers où j'ai envie d'aller."

Cette confiance indispensable et presque aveugle ne dessert d'autre ambition que de sécuriser la société et lui assurer la pérennité qu'a su transmettre la fratrie au pouvoir.

Chez les Girardot la révolution se fait dans la continuité.

L'avenir passera toujours par les voyages en groupe, le développement de la présence auprès des comités d'entreprise et de l'activité réceptive (Bienvenue en Bourgogne Franche-Comté), sans oublier de poursuivre la digitalisation.

Aujourd'hui, le site internet réalise autant de revenus qu'une agence de voyages physique, le tout avec des paniers moyens très élevés, grâce notamment à l'efficacité redoutable de la newsletter, capable en seulement quelques heures de remplir un voyage !

La plateforme redistribue les réservations vers les agences. Elles auront en charge l'avant et l'après-séjour. A ces travaux s'ajoute une refonte de l'image de marque.

Et si Hercule était tout seul pour venir à bout de ses 12 travaux, Blanche Girardot s'entoure. Mais quid du processus de recrutement quand on a 25 ans et assez peu d'expérience professionnelle ?

"La direction générale m'épaule et me donne son avis, mais je prends la décision finale. Ils me font confiance.

Je marche beaucoup au feeling, à l'affect. J'arrête mon choix sur un profil, parce que je pense avoir affaire à une personne de confiance en qui je crois, et avec laquelle je partage des valeurs communes.

Pour Marlène Grosbon, j'ai sondé plusieurs personnes, puis je l'ai vue opérer sur les réunions commerciales. Je l'ai vu faire passer ses messages, c'était une évidence," poursuit Blanche Girardot.

Et si les défis au niveau de la production ne sont pas une mince affaire, sur la distribution, l'objectif est de laisser plus de place au voyage sur-mesure et, pourquoi pas, d'agrandir le réseau.

La structuration effectuée doit permettre d'acquérir de nouvelles agences.

Sous l'autorité de la directrice du tourisme, Bérangère Jouveneau a été nommée animatrice du mini-réseau, tandis qu'un responsable de la production devrait compléter le middle office.

Dans le bureau à côté de celui de Marlène s'installera Michaël Chiocchia, en charge de la partie transport. En place dans l'entreprise depuis 10 ans, il devrait prendre la place de son mentor, Pascal Ducroux, l'actuel titulaire de la fonction.

Cette promotion a coulé de source, aussi bien pour la future dirigeante que pour le CoDir.

Cartésien et rigoureux, il aura pour mission de poursuivre le virage environnemental pris par la flotte, sous son impulsion.

"En six ans nous avons diminué notre émission de CO2 de 35%, pour l'ensemble de notre flotte, juste grâce à l'écoconduite. Nous devons aller plus loin encore, pour réduire notre consommation de 5l aux cent kilomètres, contre 3,5 litres actuellement.

Nous avons des enjeux sur le renouvèlement du parc. Ils sont aussi importants pour notre image de marque que pour les usagers," rappelle-t-il.

Et si nous avons grandement donné la parole à la nouvelle génération, ce n'est pas parce que l'ancienne n'existe plus ou que la page est définitivement tournée.

Chez Girardot Voyages, l'individu a tendance à s'effacer au profit du collectif et de sa réussite. Après tout, c'est peut être aussi ça la raison du succès.

"Le vrai rôle de Pascal, Philippe et Christophe, est de nous donner la plus belle boîte à outils pour nous permettre de pérenniser le groupe.

Ils veulent nous laisser les meilleurs véhicules et les meilleures conditions pour que, sans eux, nous puissions réussir," conclut la jeune femme.