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Israël : "Un accident de voiture est plus probable que de se prendre une roquette..."

les TO français sont-ils inquiets de la situation dans le pays ?


En France, les journaux télévisés diffusent quotidiennement des images de guerre en provenance d'Israël et des Territoires Palestiniens. Mais la situation est-elle si critique qu'il y paraît dans le pays ? Le tourisme peut-il continuer comme si de rien n'était ? Selon les tour-opérateurs spécialistes et les institutionnels français, la sécurité n'est pas remise en cause pour les voyageurs en Israël. Mais ceux-ci doivent tout de même observer certaines précautions.


Rédigé par Pierre Coronas le Lundi 19 Novembre 2012

En rouge, les zones "formellement déconseillées" par le Quai d'Orsay, en orange celles où "une vigilance particulière doit être observée" et, en jaune, celles où "une vigilance normale doit être observée" - Diplomatie.gouv.fr
En rouge, les zones "formellement déconseillées" par le Quai d'Orsay, en orange celles où "une vigilance particulière doit être observée" et, en jaune, celles où "une vigilance normale doit être observée" - Diplomatie.gouv.fr
La situation en Israël est-elle aussi alarmante que ce que les images diffusées par les médias français laissent croire ?

A en croire le point de vue sur la question des institutionnels et des professionnels français du tourisme spécialistes de la destination, la réponse semble négative.

Alors que Thomas Cook Belgium a annoncé, dimanche 18 novembre 2012, l'annulation de l'ensemble de ses séjours dans le pays jusqu'à fin novembre 2012, les tour-opérateurs français ne prévoient pas de prendre la même décision.

Le CETO ne s'est d'ailleurs pas encore prononcé sur le sujet. Selon Jürgen Bachman, son secrétaire général, l'organisation est actuellement en contact avec les TO et "étudie la situation."

Destination Voyages et Voyageurs du Monde n'annulent pas

Un statu quo qu'observe aussi Destination Voyages, voyagiste spécialiste d'Israël, qui compte environ 150 touristes sur place à l'heure actuelle. Isy Tordjman, son fondateur, affirme être en contact avec ses correspondants locaux.

D'après les informations qu'ils lui transmettent, il explique qu'il n'a aucun motif d'inquiétude pour la sécurité de ses clients. "Il y a certainement plus de risque d'avoir un accident de voiture que de se prendre une roquette en Israël, explique-t-il.

L'armée israélienne a la technologie pour intercepter ces roquettes avant qu'elles ne frappent."

Il n'envisage absolument pas d'annuler ses départs. Selon lui, sa clientèle, principalement composée de pèlerins chrétiens et de communautaires juifs, n'est pas influençable par l'actualité.

"Nos vols vont continuer, affirme Isy Tordjman. Nous n'avons pas les mêmes clients que Thomas Cook Belgique. Nos voyageurs sont motivés. Ils ne partent pas en Israël comme ils partiraient, par exemple dans les Maldives, pour un séjour balnéaire."

Un opinion partagée par Jean-François Rial, Président-directeur général (Pdg) de Voyageurs du Monde, un TO qui programme aussi des voyages en Israël. Une vingtaine de ses clients se trouve actuellement dans le pays.

"Nous ne sommes pas un voyagiste de masse comme Thomas Cook. Nous n'avons donc prévu aucune annulation, précise-t-il.

Mais étant donné la situation, nous proposons à nos clients sur le départ de reporter leur séjour s'ils le souhaitent. Mais ceux qui veulent partir continuent de partir."

Le Pdg du voyagiste explique seulement que les circuits évitent de passer à moins de 40 kilomètres de la bande de Gaza.

A Tel Aviv, "la vie se déroule normalement"

C'est en effet une des préconisations du ministère des Affaires étrangères. Dans ses « Conseils aux Voyageurs », le Quai d'Orsay affirme que "la majeure partie du territoire d'Israël présente aujourd'hui des conditions de sécurité satisfaisantes."

Il déconseille cependant certaines régions comme les zones frontalières avec le Liban, la Syrie, l’Égypte "et le sud du pays limitrophe de la bande de Gaza."

A la suite d'une mise à jour appliquée ce lundi 19 novembre 2012, le ministère proscrit les déplacements à moins de 7 kilomètres de la zone, sauf justification.

On ne sait pas si l'absence d'alerte plus importante de la part ministère est une question de diplomatie, mais certains s'étonnent que le pays ne soit pas plus formellement déconseillé par le Quai d'Orsay.

Ce que confirme David Sprecher du réceptif israélien Plus Travel, qui doit faire face aux inquiétudes des professionnels hexagonaux. Il estime lui aussi qu'il est effectivement prudent de proscrire les déplacements dans un rayon de 40 km de la Bande de Gaza.

Mais il affirme que les lieux saints de Jérusalem et du Nord du pays (Nazareth et Lac de Tibériade) sont hors de danger étant donné qu'ils "sont bien plus loin de ladite Bande de Gaza."

Selon lui, dans ces zones "la vie se déroule normalement, tout comme à Tel Aviv, haut lieu du tourisme local." Une impression que partagent les touristes français présents à Tel Aviv au moment où les premières roquettes ont été tirées vers la ville (voir ci-dessous).

Il ajoute que toutes les compagnies aériennes, dont Air Méditerranée et Air France-KLM, continuent d'assurer leurs programmes à destination d'Israël.

Son agence n'a enregistré que quelques annulations "à très court terme". Mais aucune pour la saison 2013. "Au contraire, nous enregistrons des nouvelles demandes, en particulier pour des combinés Israël/Jordanie", se félicite-t-il.

Il ajoute que les réservations hôtelières se portent bien "car le secteur pense raisonnablement qu'une trêve sera bientôt d'actualité entre les belligérants."

Et, pour appuyer ses déclarations, David Sprecher rappelle que Plus Travel lance ces jours-ci ses premiers packages avec l'Hôtel Mövenpick de Ramallah, en Territoires Palestiniens Autonomes.

Il a foi en un retour au calme et assure que "les professionnels israéliens et palestiniens comptent énormément sur la communauté des agents de voyages pour promouvoir ces destinations dès la paix retrouvée."

Témoignage d'Alban, touriste français présent à Tel Aviv pendant l'alerte

Alban, 26 ans, était présent, en tant que touriste, à Tel Aviv le jour où les premières roquettes ont été tirées en direction de la ville - Photo DR
Alban, 26 ans, était présent, en tant que touriste, à Tel Aviv le jour où les premières roquettes ont été tirées en direction de la ville - Photo DR
Alban Agogué est Français. A 26 ans, il était en voyage en Israël au moment où le conflit actuel s'est déclaré. Il était présent à Tel Aviv le jour où les premières roquettes palestiniennes ont été tirées en direction de la ville en bord de mer. Il nous livre ici son témoignage.

TourMaG.com - Que s’est-il passé au moment où les premières roquettes ont été lancées vers Tel Aviv ?

Alban Agogué :
"En vacances pendant une semaine en Israël avec mes parents afin de visiter Jérusalem et le Néguev, nous avions décidé de rester le dernier jour et soir à Tel Aviv.

Nous avions profité tranquillement de la plage l'après-midi. Puis en soirée nous avons décidé de rejoindre la vieille ville de Jaffa (à 20-30 min à pied de Tel Aviv) en longeant la promenade côtière. Il était dans les 19h de mémoire.

Tout était très calme et paisible. Puis d'un coup, une sirène retentit. C'est un bruit très fort qui sort de nulle part et qui a duré au moins une minute trente.

En regardant autour de nous, on voit que l'effervescence gagne les gens qui courent ou certaines voitures qui étaient stationnées et qui commencent à démarrer.

On traverse les boulevards qui mènent de l'autre côté du front de mer et on intercepte le 1er taxi qui vient et qui nous conseille de rester à l'hôtel. "

TM.com - Est-ce que la sécurité a été renforcée sur place à la suite de cette alerte ?

A.A. :
"Il y avait déjà beaucoup de sécurité la semaine précédant les tirs de roquettes donc dans la rue je n'ai pas vu de grand changement le soir même. Par contre j'entendais pas mal de bruit d'avion ou hélicoptère la nuit de ma chambre."

TM.com - Est-ce que, en tant que touriste, vous vous êtes senti menacés ?

A.A. :
"La semaine avant les tirs, pas de problème particulier. Les gens sont plutôt sympathiques et le climat est agréable. C'est assez facile de discuter avec les taxis et les commerçants locaux.

Après, la nuit où j'étais à Tel Aviv, je suis sorti après la sirène car je voulais voir ce qui se passait. Il y avait souvent des gens qui se regroupait devant les écrans de TV dans les fast food pour suivre les news.

Je leur demandais et ils m'expliquaient ce qui se passait, qu'il y avait des roquettes qui tombaient près de Tel Aviv.

Donc c'est vrai que pour moi c'était un peu stressant mais pour les locaux pas trop car ils étaient apparemment habitués à ce genre de situation et étaient confiant en l'« Iron Dôme » (système anti-roquettes israélien, Ndlr).

La vie reprenait tranquillement son cours et on ne peut pas dire que c'était la panique dans les rues."

TM.com - Avez-vous reçu des consignes particulières ?

A.A. :
"A part le chauffeur de taxi qui nous a conseillé de rester tranquilles, non. A la TV ils conseillaient de ne pas s'approcher de la Bande de Gaza.

Je suis parti le vendredi matin, au tout début du conflit, donc pas le temps de voir la suite.

En globalité, le retentissement de la sirène a quand même un peu chamboulé la soirée prévue et nous a fait prendre conscience du contexte géopolitique. Après ce n'était pas non plus la panique à Tel Aviv."

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