TourMag.com : Quels sont les obstacles auxquels se heurtent les entreprises qui entreprennent de décarboner le voyage d’affaires ?
Brigitte Jakubowski : Il y a un vrai décalage entre les attentes et ce qui est réalisable. Premier frein : l’offre, car nous sommes encore loin de pouvoir voler sur des avions qui vont consommer beaucoup moins de kérosène.
Deuxième frein : la mesure de l’empreinte carbone d’un voyage en avion reste imparfaite. Aujourd’hui, elle est calculée « par siège » et ne tient pas compte du poids du passager. Or, sur un même vol, une personne de 50 kilos en classe affaires va pourtant « dépenser » moins de CO2 qu’un passager de 100 kilos en classe éco.
Affiner ce mode de calcul permettrait aussi aux compagnies aériennes de corréler le prix du billet à l’émission carbone réelle.
Néanmoins, une entreprise a déjà la possibilité d’arbitrer en faveur d’une compagnie plus vertueuse qu’une autre en matière d’empreinte carbone, même si on sait que le prix du billet reste un critère de décision important.
Ce qui prévaut encore aujourd’hui dans le choix , ce n’est pas la conscience écologique mais la nécessité de faire ou non le voyage, à des horaires et à des prix qui conviennent à l’entreprise et aux voyageurs.
Avec la hausse actuelle du prix des billets, on assiste d’ailleurs à un arbitrage favorable à la décarbonation sur le long-courrier : « avant, je payais 1000 euros pour aller à New York, aujourd’hui, c’est 3000 euros. Est-il vraiment nécessaire que je m’y rende physiquement ? »
Brigitte Jakubowski : Il y a un vrai décalage entre les attentes et ce qui est réalisable. Premier frein : l’offre, car nous sommes encore loin de pouvoir voler sur des avions qui vont consommer beaucoup moins de kérosène.
Deuxième frein : la mesure de l’empreinte carbone d’un voyage en avion reste imparfaite. Aujourd’hui, elle est calculée « par siège » et ne tient pas compte du poids du passager. Or, sur un même vol, une personne de 50 kilos en classe affaires va pourtant « dépenser » moins de CO2 qu’un passager de 100 kilos en classe éco.
Affiner ce mode de calcul permettrait aussi aux compagnies aériennes de corréler le prix du billet à l’émission carbone réelle.
Néanmoins, une entreprise a déjà la possibilité d’arbitrer en faveur d’une compagnie plus vertueuse qu’une autre en matière d’empreinte carbone, même si on sait que le prix du billet reste un critère de décision important.
Ce qui prévaut encore aujourd’hui dans le choix , ce n’est pas la conscience écologique mais la nécessité de faire ou non le voyage, à des horaires et à des prix qui conviennent à l’entreprise et aux voyageurs.
Avec la hausse actuelle du prix des billets, on assiste d’ailleurs à un arbitrage favorable à la décarbonation sur le long-courrier : « avant, je payais 1000 euros pour aller à New York, aujourd’hui, c’est 3000 euros. Est-il vraiment nécessaire que je m’y rende physiquement ? »
Un frein : le modèle économique des agences de voyages qui se rémunèrent sur les ventes de prestation
TourMag.com : Les entreprises peuvent aussi arbitrer en faveur d’hôteliers labellisés ?
Brigitte Jakubowski : L’hôtellerie fait beaucoup d’efforts pour diminuer son impact environnemental mais dans ce secteur aussi le bilan carbone reste parcellaire. En France, 70% du parc hôtelier est d’ailleurs composé d’indépendants bien moins outillés que les grands groupes pour calculer leur empreinte carbone.
Un voyageur d’affaires qui réserve va d’abord regarder si la chambre lui plait, si le prix convient et la proximité avec son lieu de rendez-vous. Et ensuite, peut-être, si l’hôtel possède un label.
C’est le même constat auprès des loueurs de voitures. Quant au train, on attend d’avoir des chiffres de son empreinte carbone globale. Au roulage, le train émet peu de CO2, mais son bilan carbone n’intègre que l’énergie consommée.
TourMag.com : Comment une entreprise peut-elle néanmoins agir pour décarboner ses voyages d’affaires ?
Brigitte Jakubowski : Cela passe déjà dans un premier temps par la digitalisation. L’entreprise doit se doter des outils qui vont lui permettre de réaliser des arbitrages pour ses déplacements professionnels.
Mais là aussi, il y a un frein : le modèle économique des agences de voyages qui se rémunèrent sur les ventes de prestations. Dans ce contexte, elles ne sont pas prêtes à se tirer une balle dans le pied en disant à leur client : « faites plutôt une visio qu’un voyage à Boston pour un rendez-vous de 3 heures ».
Il existe certainement d’autres modèles à mettre en place comme la valorisation de la vente de produits informatiques.
Brigitte Jakubowski : L’hôtellerie fait beaucoup d’efforts pour diminuer son impact environnemental mais dans ce secteur aussi le bilan carbone reste parcellaire. En France, 70% du parc hôtelier est d’ailleurs composé d’indépendants bien moins outillés que les grands groupes pour calculer leur empreinte carbone.
Un voyageur d’affaires qui réserve va d’abord regarder si la chambre lui plait, si le prix convient et la proximité avec son lieu de rendez-vous. Et ensuite, peut-être, si l’hôtel possède un label.
C’est le même constat auprès des loueurs de voitures. Quant au train, on attend d’avoir des chiffres de son empreinte carbone globale. Au roulage, le train émet peu de CO2, mais son bilan carbone n’intègre que l’énergie consommée.
TourMag.com : Comment une entreprise peut-elle néanmoins agir pour décarboner ses voyages d’affaires ?
Brigitte Jakubowski : Cela passe déjà dans un premier temps par la digitalisation. L’entreprise doit se doter des outils qui vont lui permettre de réaliser des arbitrages pour ses déplacements professionnels.
Mais là aussi, il y a un frein : le modèle économique des agences de voyages qui se rémunèrent sur les ventes de prestations. Dans ce contexte, elles ne sont pas prêtes à se tirer une balle dans le pied en disant à leur client : « faites plutôt une visio qu’un voyage à Boston pour un rendez-vous de 3 heures ».
Il existe certainement d’autres modèles à mettre en place comme la valorisation de la vente de produits informatiques.
Aller vers une convergence des plans de mobilité des entreprises et de leurs voyages d’affaires
TourMag.com : À court terme, quels sont les autres leviers ?
Brigitte Jakubowski : Il faut aller vers une convergence des plans de mobilité des entreprises et de leurs voyages d’affaires. Actuellement, toutes les entreprises de plus de 50 salariés travaillent sur leur plan de mobilité pour les trajets domicile-travail, autour des mobilités douces. Et donc, avec du vélo, de la marche, mais aussi du covoiturage et des véhicules électriques par exemple.
Il va falloir incorporer les déplacements professionnels dans ce plan mobilité, et donc, en termes de digitalisation, avoir des outils qui nous permettent de le faire. Ce qui implique aussi, au niveau de l’organisation des entreprises, de mettre en convergence le travel management et le mobility management qui dépendent encore aujourd’hui de directions différentes.
En résumé : même s’il y a encore beaucoup de freins, il existe déjà des marges de manœuvre pour pouvoir rapidement émettre moins de carbone dans le voyages d’affaires et aussi dépenser moins d’argent tout en garantissant la sécurité et le bien-être du voyageur.
Brigitte Jakubowski : Il faut aller vers une convergence des plans de mobilité des entreprises et de leurs voyages d’affaires. Actuellement, toutes les entreprises de plus de 50 salariés travaillent sur leur plan de mobilité pour les trajets domicile-travail, autour des mobilités douces. Et donc, avec du vélo, de la marche, mais aussi du covoiturage et des véhicules électriques par exemple.
Il va falloir incorporer les déplacements professionnels dans ce plan mobilité, et donc, en termes de digitalisation, avoir des outils qui nous permettent de le faire. Ce qui implique aussi, au niveau de l’organisation des entreprises, de mettre en convergence le travel management et le mobility management qui dépendent encore aujourd’hui de directions différentes.
En résumé : même s’il y a encore beaucoup de freins, il existe déjà des marges de manœuvre pour pouvoir rapidement émettre moins de carbone dans le voyages d’affaires et aussi dépenser moins d’argent tout en garantissant la sécurité et le bien-être du voyageur.