A la fin des années 60, Michèle Sani sillonne la Tunisie, au volant de sa 4L. Une expérience qui lui permettra de décrocher son premier job chez Tunisie Contact - DR : M.S.
TourMaG.com - Michèle Sani, vous êtes depuis 2007 journaliste chez TourMaG.com. Une profession que vous exercez depuis les années 80. Avant cela, vous avez eu bien d'autres métiers, voire "plusieurs vies professionnelles". Pourriez-vous revenir sur votre parcours ?
Michèle Sani : Bien que fille et sœur de journaliste, je ne me destinais ni au journalisme, ni au tourisme.
Après des études assez basiques - plutôt envie de faire la fête que de travailler - sans trop savoir ce qu’ils allaient faire de moi, mes parents m’avaient inscrite dans une école de secrétariat. J’ai donc appris la sténo et la dactylo…
A l’époque, on ne se faisait pas de souci pour trouver du travail et entrer dans la vie active. En fait, cette formation m’aura bien servi durant mes années de journalisme.
TourMaG.com - Comment en êtes-vous arrivée au tourisme ?
Michèle Sani : Mon intérêt pour le tourisme et le voyage débute en 1968, l’année où mon père achète une maison en Tunisie, à Tabarka, le village de ses parents, où il avait vécu une bonne partie de sa vie, et où je suis née. Mais je n’en avais aucun souvenir.
J’avais 4 ou 5 ans quand la famille a quitté la Tunisie pour Paris, bien avant l’indépendance.
La Tunisie est mon premier voyage à l’étranger (après Londres comme « jeune fille au pair »). J’ai donc découvert Tabarka, un trou perdu dans un magnifique environnement.
Avec ma sœur, nous décidons de prendre de longues vacances durant 2 années de suite. Nous partons avec ma 4L, direction Paris-Marseille-La Goulette. Et nous sillonnons la Tunisie dans tous les sens.
C'est un pays facile à découvrir, sans grandes distances et très diversifié. A cette époque le tourisme tunisien prend son essor.
Dans le sud, il n’y a que le Sahara Palace, comme un grand paquebot du désert, qui surplombe l’oasis en corbeille.
C’est « the place to be », le refuge de nombreuses personnalités politiques et artistiques. La dernière fois que je l’ai vu, il était à l’abandon, presque une ruine laissée aux vents de sable.
A Tozeur, il y avait un mage, Haj Taleb Ammar, de renommée internationale. Passage presque obligé des hôtes du Sahara Palace.
On disait que Simone Veil - à qui il avait prédit un portefeuille ministériel - lui aurait offert son pèlerinage à La Mecque. Jaques Chirac s’était vu promettre des lendemains qui chantent. Edgar Faure, le célèbre avocat, Hervé Bazin étaient de ses clients.
Ma sœur et moi sommes allées consulter le Maje. Croyez-le ou pas, dans mon avenir, il a vu « beaucoup de voyages ».
A Djerba, je découvre les paillotes du Club Méditerranée et l'Ulysse, "le" palace de l'époque. Hammamet s'ouvre au tourisme.
Michèle Sani : Bien que fille et sœur de journaliste, je ne me destinais ni au journalisme, ni au tourisme.
Après des études assez basiques - plutôt envie de faire la fête que de travailler - sans trop savoir ce qu’ils allaient faire de moi, mes parents m’avaient inscrite dans une école de secrétariat. J’ai donc appris la sténo et la dactylo…
A l’époque, on ne se faisait pas de souci pour trouver du travail et entrer dans la vie active. En fait, cette formation m’aura bien servi durant mes années de journalisme.
TourMaG.com - Comment en êtes-vous arrivée au tourisme ?
Michèle Sani : Mon intérêt pour le tourisme et le voyage débute en 1968, l’année où mon père achète une maison en Tunisie, à Tabarka, le village de ses parents, où il avait vécu une bonne partie de sa vie, et où je suis née. Mais je n’en avais aucun souvenir.
J’avais 4 ou 5 ans quand la famille a quitté la Tunisie pour Paris, bien avant l’indépendance.
La Tunisie est mon premier voyage à l’étranger (après Londres comme « jeune fille au pair »). J’ai donc découvert Tabarka, un trou perdu dans un magnifique environnement.
Avec ma sœur, nous décidons de prendre de longues vacances durant 2 années de suite. Nous partons avec ma 4L, direction Paris-Marseille-La Goulette. Et nous sillonnons la Tunisie dans tous les sens.
C'est un pays facile à découvrir, sans grandes distances et très diversifié. A cette époque le tourisme tunisien prend son essor.
Dans le sud, il n’y a que le Sahara Palace, comme un grand paquebot du désert, qui surplombe l’oasis en corbeille.
C’est « the place to be », le refuge de nombreuses personnalités politiques et artistiques. La dernière fois que je l’ai vu, il était à l’abandon, presque une ruine laissée aux vents de sable.
A Tozeur, il y avait un mage, Haj Taleb Ammar, de renommée internationale. Passage presque obligé des hôtes du Sahara Palace.
On disait que Simone Veil - à qui il avait prédit un portefeuille ministériel - lui aurait offert son pèlerinage à La Mecque. Jaques Chirac s’était vu promettre des lendemains qui chantent. Edgar Faure, le célèbre avocat, Hervé Bazin étaient de ses clients.
Ma sœur et moi sommes allées consulter le Maje. Croyez-le ou pas, dans mon avenir, il a vu « beaucoup de voyages ».
A Djerba, je découvre les paillotes du Club Méditerranée et l'Ulysse, "le" palace de l'époque. Hammamet s'ouvre au tourisme.
TourMaG.com - Parlez-nous de votre premier emploi...
Michèle Sani : A Paris, Hosni Djemmali, jeune directeur de l’Office du Tourisme de Tunisie installé sur les Champs Elysées, décide, en 1970, de quitter l’administration pour créer son entreprise, Tunisie Contact, rue de Richelieu, près des jardins du Palais Royal.
Il connaissait mon père, l’un des rédacteurs en chef de Radio Monte Carlo, une radio qui était très écoutée en Tunisie.
Hosni cherchait du personnel pour son agence. Mon père me met en contact. Dans le tourisme, je n’avais comme tout bagage qu’une connaissance approfondie de la Tunisie touristique. Heureuse coïncidence.
Donc j’ai commencé comme ça, en apprenant sur le terrain. Je suis devenue vendeuse et cheffe de produit ! Et j’ai vraiment vécu en direct le déploiement du tourisme tunisien.
Un jour, il n'y a pas si longtemps, dans un congrès ou un salon je ne sais plus, Hosni m'a dit : « vous savez Michèle que vous avez été la cause d’une des plus grandes insomnies de ma vie ». Et pourquoi ? « C’est le jour où je vous ai embauchée, je me demandais si j’allais pouvoir vous payer à la fin du mois ».
Je vous rassure, aujourd’hui tout va bien pour lui.
TourMaG.com - Comment êtes-vous devenue une spécialiste de la croisière ?
Michèle Sani : Au bout de 4 ans de Tunisie, j’ai envie de changer.
Paquet, la grande - et seule - compagnie de croisière française au départ de France, cherche des commerciaux.
Je me présente avec un certain culot, car je ne connais rien à la croisière. A part le ferry pour Newhaven ou La Goulette, je ne suis jamais montée sur un bateau.
Claude Dexidour, un grand Monsieur de la croisière aujourd’hui disparu, m’engage ! J’y reste 5 ans.
Là, je suis initiée et formée à la croisière en faisant quelques stages à bord, en participant à quelques croisières, dont une magnifique « Musicale » à bord du Mermoz, un must à l’époque.
Les débuts sont difficiles, surtout avec les chefs d’agences et les vendeuses qui, pour beaucoup, connaissaient mieux le « produit » que moi.
Certaines cadors de l’époque étaient redoutables. C’étaient des vedettes. Les clients prenaient rendez-vous s’ils voulaient être servis. Alors pensez, une petite commerciale…
Chez Thomas Cook, place de la Madeleine, chez American Express rue Scribe, ou Kuoni en bas du boulevard Malesherbes, près du siège de la compagnie, elles me terrorisaient du haut de leur savoir.
Au bout de 5 ans, la compagnie a licencié en plusieurs vagues. J’ai fait partie d’une vague...
Michèle Sani : A Paris, Hosni Djemmali, jeune directeur de l’Office du Tourisme de Tunisie installé sur les Champs Elysées, décide, en 1970, de quitter l’administration pour créer son entreprise, Tunisie Contact, rue de Richelieu, près des jardins du Palais Royal.
Il connaissait mon père, l’un des rédacteurs en chef de Radio Monte Carlo, une radio qui était très écoutée en Tunisie.
Hosni cherchait du personnel pour son agence. Mon père me met en contact. Dans le tourisme, je n’avais comme tout bagage qu’une connaissance approfondie de la Tunisie touristique. Heureuse coïncidence.
Donc j’ai commencé comme ça, en apprenant sur le terrain. Je suis devenue vendeuse et cheffe de produit ! Et j’ai vraiment vécu en direct le déploiement du tourisme tunisien.
Un jour, il n'y a pas si longtemps, dans un congrès ou un salon je ne sais plus, Hosni m'a dit : « vous savez Michèle que vous avez été la cause d’une des plus grandes insomnies de ma vie ». Et pourquoi ? « C’est le jour où je vous ai embauchée, je me demandais si j’allais pouvoir vous payer à la fin du mois ».
Je vous rassure, aujourd’hui tout va bien pour lui.
TourMaG.com - Comment êtes-vous devenue une spécialiste de la croisière ?
Michèle Sani : Au bout de 4 ans de Tunisie, j’ai envie de changer.
Paquet, la grande - et seule - compagnie de croisière française au départ de France, cherche des commerciaux.
Je me présente avec un certain culot, car je ne connais rien à la croisière. A part le ferry pour Newhaven ou La Goulette, je ne suis jamais montée sur un bateau.
Claude Dexidour, un grand Monsieur de la croisière aujourd’hui disparu, m’engage ! J’y reste 5 ans.
Là, je suis initiée et formée à la croisière en faisant quelques stages à bord, en participant à quelques croisières, dont une magnifique « Musicale » à bord du Mermoz, un must à l’époque.
Les débuts sont difficiles, surtout avec les chefs d’agences et les vendeuses qui, pour beaucoup, connaissaient mieux le « produit » que moi.
Certaines cadors de l’époque étaient redoutables. C’étaient des vedettes. Les clients prenaient rendez-vous s’ils voulaient être servis. Alors pensez, une petite commerciale…
Chez Thomas Cook, place de la Madeleine, chez American Express rue Scribe, ou Kuoni en bas du boulevard Malesherbes, près du siège de la compagnie, elles me terrorisaient du haut de leur savoir.
Au bout de 5 ans, la compagnie a licencié en plusieurs vagues. J’ai fait partie d’une vague...
TourMaG.com - Qu'avez-vous fait par la suite ?
Michèle Sani : De l’incentive. Je retrouve vite du travail chez Daro Voyages, rue Royale.
A l’époque, c’est une agence prestigieuse, avec des implants dans d’importantes sociétés. Philippe Bamberger est un grand patron, un homme qui compte dans les instances professionnelles.
Il me demande de créer un service « incentive » et d'embaucher une collaboratrice. Une nouvelle fois, sur le terrain, je m'initie au démarchage auprès des entreprises et à l’accompagnement.
Avec Sophie - que je recrute - nous avons vécu, elle à destination et moi à Paris, la plus grosse galère qu’une agence de voyages peut vivre.
LIRE : Tempête et choléra, ou la pire des galères de Sophie Fournier, groupiste de métier
Nous avions vendu Malte (destination alors exotique) pour un groupe, un important client de Daro, qui invitait des partenaires internationaux.
Nous avions fait le voyage de repérage avec le client. Tout était carré, ok.
Le jour du départ fut le prélude à une série de catastrophes, grèves, tempête, mise en quarantaine à l’aéroport de la Valette pour cause de choléra, passeur (ils étaient sur la petite île de Gozo) qui refuse de prendre la mer à cause de l’heure tardive, etc.
Responsables de tout alors qu’on ne maîtrise rien...
TourMaG.com - Et là, vous opérez un virage à 180° dans votre carrière...
Michèle Sani : Je deviens journaliste à Tour Hebdo. J’écrivais déjà pour moi, pour ma famille, mes amis. Des textes sur mes voyages, sur mes rencontres, etc. En fait j’ai toujours aimé écrire.
En 1980, Pierre Doulcet crée Tour Hebdo. Je le rencontre dans une réunion professionnelle.
Je lui dis que j’aime écrire et il me demande de lui envoyer des textes sur mes derniers voyages. Ce que je fais. Il m’engage comme pigiste. Avec lui, j’apprends le métier. Et du métier, il en a.
Mes premiers reportages comme pigiste restent, avec le recul, des expériences uniques. Je pense au Yémen (janvier 1982) qui s’ouvre à peine au tourisme.
LIRE : Du tourisme au Yémen.... on y a cru !
Cuba qui est encore sous influence soviétique. On parle russe partout. Varadero, où nous allons car on nous annonce que ce sera « la » grande station balnéaire de l’île.
La plage de sable très clair est immense, déserte est immense, magnifique. Dans mon souvenir, une grande et luxueuse demeure, dans le domaine construit en 1930 par un milliardaire américain : Dupont de Nemours.
Mais aussi Dubaï (mai 1981). Il n’y a pas une tour, seulement deux hôtels. Le Djebel Ali, pour moi le luxe suprême, du jamais vu avec en point d’orgue une piscine ré-fri-gé-rée !
L’autre hôtel dans le désert, près de la frontière du Sultanat d’Oman, le Hatta Fort. Là encore, je suis médusée par ce que je vois.
Quand je relis certains articles gardés de cette époque, je trouve que j’écrivais mieux que maintenant. Je prenais sans doute plus de temps. Il y avait un certain lyrisme, du sentiment, des couleurs, des parfums, des saveurs… Certainement trop de superlatifs !
Cela est vraiment dépassé. Aujourd’hui, il faut être rapide, efficace, précis. Quasiment une phrase - une info…
Michèle Sani : De l’incentive. Je retrouve vite du travail chez Daro Voyages, rue Royale.
A l’époque, c’est une agence prestigieuse, avec des implants dans d’importantes sociétés. Philippe Bamberger est un grand patron, un homme qui compte dans les instances professionnelles.
Il me demande de créer un service « incentive » et d'embaucher une collaboratrice. Une nouvelle fois, sur le terrain, je m'initie au démarchage auprès des entreprises et à l’accompagnement.
Avec Sophie - que je recrute - nous avons vécu, elle à destination et moi à Paris, la plus grosse galère qu’une agence de voyages peut vivre.
LIRE : Tempête et choléra, ou la pire des galères de Sophie Fournier, groupiste de métier
Nous avions vendu Malte (destination alors exotique) pour un groupe, un important client de Daro, qui invitait des partenaires internationaux.
Nous avions fait le voyage de repérage avec le client. Tout était carré, ok.
Le jour du départ fut le prélude à une série de catastrophes, grèves, tempête, mise en quarantaine à l’aéroport de la Valette pour cause de choléra, passeur (ils étaient sur la petite île de Gozo) qui refuse de prendre la mer à cause de l’heure tardive, etc.
Responsables de tout alors qu’on ne maîtrise rien...
TourMaG.com - Et là, vous opérez un virage à 180° dans votre carrière...
Michèle Sani : Je deviens journaliste à Tour Hebdo. J’écrivais déjà pour moi, pour ma famille, mes amis. Des textes sur mes voyages, sur mes rencontres, etc. En fait j’ai toujours aimé écrire.
En 1980, Pierre Doulcet crée Tour Hebdo. Je le rencontre dans une réunion professionnelle.
Je lui dis que j’aime écrire et il me demande de lui envoyer des textes sur mes derniers voyages. Ce que je fais. Il m’engage comme pigiste. Avec lui, j’apprends le métier. Et du métier, il en a.
Mes premiers reportages comme pigiste restent, avec le recul, des expériences uniques. Je pense au Yémen (janvier 1982) qui s’ouvre à peine au tourisme.
LIRE : Du tourisme au Yémen.... on y a cru !
Cuba qui est encore sous influence soviétique. On parle russe partout. Varadero, où nous allons car on nous annonce que ce sera « la » grande station balnéaire de l’île.
La plage de sable très clair est immense, déserte est immense, magnifique. Dans mon souvenir, une grande et luxueuse demeure, dans le domaine construit en 1930 par un milliardaire américain : Dupont de Nemours.
Mais aussi Dubaï (mai 1981). Il n’y a pas une tour, seulement deux hôtels. Le Djebel Ali, pour moi le luxe suprême, du jamais vu avec en point d’orgue une piscine ré-fri-gé-rée !
L’autre hôtel dans le désert, près de la frontière du Sultanat d’Oman, le Hatta Fort. Là encore, je suis médusée par ce que je vois.
Quand je relis certains articles gardés de cette époque, je trouve que j’écrivais mieux que maintenant. Je prenais sans doute plus de temps. Il y avait un certain lyrisme, du sentiment, des couleurs, des parfums, des saveurs… Certainement trop de superlatifs !
Cela est vraiment dépassé. Aujourd’hui, il faut être rapide, efficace, précis. Quasiment une phrase - une info…
Michèle animant un débat, du temps où elle travaillait comme journaliste chez Tour Hebdo - DR : M.S.
TourMaG.com - Puis vous obtenez votre carte de presse...
Michèle Sani - En 1983, Pierre Doulcet me propose de m’intégrer à Tour Hebdo. Je rencontre Geneviève Bieganowski et ferai plus tard équipe avec Pascal Pagnoux, une personnalité très complexe et attachante. Il est parti vivre en Espagne.
J’ai ma carte de presse en 1983 ou 1984, je me souviens pas de l’année, mais j’ai le numéro sous le nez, c’est le 52715. L'obtention de cette carte de presse, ce fut pour moi un grand moment.
Je prends en charge la rubrique dédiée à la production.
Par la suite, je prends la responsabilité des hors séries qui ont vocation de manuels de ventes pour les agents de voyages.
Je pars donc sur les destinations en louant une voiture. Il m’arrive de partir une semaine et plus. Je rencontre en solo les responsables locaux, les hôteliers. Je prends mon temps. Impensable aujourd’hui !
TourMaG.com - Durant votre carrière de journaliste, y'a-t-il des événements ou des voyages qui vous ont particulièrement marquée ?
Michèle Sani : Il y a eu le voyage en Concorde. C’était le premier tour du monde du supersonique organisé par Kuoni Londres et Kuoni France.
A quelques jours du départ, ils ont deux no show. Au dernier moment donc, ils décident d’inviter des journalistes. Ce sera Denis Tillinac pour le Figaro Magazine et Tour Hebdo pour la presse professionnelle. Visas et vaccinations faits en catastrophe…
J'ai aussi vécu d’assez près la vie du Syndicat National des Agences de Voyages (SNAV) - aujourd’hui Les Entreprises du Voyage - durant près de 5 ans, de novembre 2000 à mai 2005.
J’ai participé à la réalisation et à la rédaction de leur mensuel papier. C’était sous la présidence de César Balderacchi, une forte personnalité.
Je travaillais en étroite collaboration avec Philippe Demonchy, le président fondateur du réseau Selectour, alors porte-parole du syndicat patronal. Je suivais de près leurs travaux, j’assistais à leurs différentes commissions.
J’y ai vécu des moments intenses. Je me souviens de l’émotion de tous et de l’esprit de solidarité des tour-opérateurs au lendemain des attentats du 11 septembre 2001.
Autour de René-Marc Chikli, président du Conseil des Producteurs, ils s’étaient réunis en cellule de crise dès le 12 septembre. Ils avaient décidé de prendre en charge les frais d’annulation sur les Etats-Unis, le Canada et les destinations dites sensibles.
En une semaine, ils comptaient près de 11 000 annulations !
Enfin, la mise en place de la réduction du temps de travail dans les agences de voyages n’a pas été une mince affaire. (La loi n°1998-461 du 13 juin 1998, dite loi « Aubry », fixait la durée légale du travail à 35 heures hebdomadaires au 1er janvier 2000 pour les entreprises de plus de 20 salariés et au 1er janvier 2002 pour les autres, ndlr).
Journaliste dans la presse pro tourisme ne se traduit pas seulement par de beaux voyages carte postale. C’est une industrie, une économie, des métiers, une politique, une réglementation. Ce sont des fusions, des créations d’entreprises… avec des temps forts et importants pour toute la profession.
TourMaG.com - Quels temps forts, par exemple ?
Michèle Sani : Je pense au carnet de change (1983) sous Mitterrand, avec Pierre Mauroy comme Premier Ministre. Son plan d’austérité drastique après une trop forte augmentation des dépenses de l’État.
Dans ce plan, il y a l’instauration du carnet de change qui interdit pratiquement aux Français de sortir de France.
Pour la première et seule fois de toute leur histoire, les professionnels du tourisme descendent dans la rue. Manifestent avec des pancartes, place de l’Opéra.
Je retiens aussi la loi de 1992, qui fixe les conditions d’exercice des agences de voyages, la commission zéro, le 11 septembre 2001, le Printemps arabe (2011) que j’ai vécu en direct pour TourMaG.com avec la Tunisie en première ligne, la chute de la Maison Fram et aussi Jet tours, Nouvelles Frontières, Marmara… des grandes marques françaises absorbées par les majors européens...
Michèle Sani - En 1983, Pierre Doulcet me propose de m’intégrer à Tour Hebdo. Je rencontre Geneviève Bieganowski et ferai plus tard équipe avec Pascal Pagnoux, une personnalité très complexe et attachante. Il est parti vivre en Espagne.
J’ai ma carte de presse en 1983 ou 1984, je me souviens pas de l’année, mais j’ai le numéro sous le nez, c’est le 52715. L'obtention de cette carte de presse, ce fut pour moi un grand moment.
Je prends en charge la rubrique dédiée à la production.
Par la suite, je prends la responsabilité des hors séries qui ont vocation de manuels de ventes pour les agents de voyages.
Je pars donc sur les destinations en louant une voiture. Il m’arrive de partir une semaine et plus. Je rencontre en solo les responsables locaux, les hôteliers. Je prends mon temps. Impensable aujourd’hui !
TourMaG.com - Durant votre carrière de journaliste, y'a-t-il des événements ou des voyages qui vous ont particulièrement marquée ?
Michèle Sani : Il y a eu le voyage en Concorde. C’était le premier tour du monde du supersonique organisé par Kuoni Londres et Kuoni France.
A quelques jours du départ, ils ont deux no show. Au dernier moment donc, ils décident d’inviter des journalistes. Ce sera Denis Tillinac pour le Figaro Magazine et Tour Hebdo pour la presse professionnelle. Visas et vaccinations faits en catastrophe…
J'ai aussi vécu d’assez près la vie du Syndicat National des Agences de Voyages (SNAV) - aujourd’hui Les Entreprises du Voyage - durant près de 5 ans, de novembre 2000 à mai 2005.
J’ai participé à la réalisation et à la rédaction de leur mensuel papier. C’était sous la présidence de César Balderacchi, une forte personnalité.
Je travaillais en étroite collaboration avec Philippe Demonchy, le président fondateur du réseau Selectour, alors porte-parole du syndicat patronal. Je suivais de près leurs travaux, j’assistais à leurs différentes commissions.
J’y ai vécu des moments intenses. Je me souviens de l’émotion de tous et de l’esprit de solidarité des tour-opérateurs au lendemain des attentats du 11 septembre 2001.
Autour de René-Marc Chikli, président du Conseil des Producteurs, ils s’étaient réunis en cellule de crise dès le 12 septembre. Ils avaient décidé de prendre en charge les frais d’annulation sur les Etats-Unis, le Canada et les destinations dites sensibles.
En une semaine, ils comptaient près de 11 000 annulations !
Enfin, la mise en place de la réduction du temps de travail dans les agences de voyages n’a pas été une mince affaire. (La loi n°1998-461 du 13 juin 1998, dite loi « Aubry », fixait la durée légale du travail à 35 heures hebdomadaires au 1er janvier 2000 pour les entreprises de plus de 20 salariés et au 1er janvier 2002 pour les autres, ndlr).
Journaliste dans la presse pro tourisme ne se traduit pas seulement par de beaux voyages carte postale. C’est une industrie, une économie, des métiers, une politique, une réglementation. Ce sont des fusions, des créations d’entreprises… avec des temps forts et importants pour toute la profession.
TourMaG.com - Quels temps forts, par exemple ?
Michèle Sani : Je pense au carnet de change (1983) sous Mitterrand, avec Pierre Mauroy comme Premier Ministre. Son plan d’austérité drastique après une trop forte augmentation des dépenses de l’État.
Dans ce plan, il y a l’instauration du carnet de change qui interdit pratiquement aux Français de sortir de France.
Pour la première et seule fois de toute leur histoire, les professionnels du tourisme descendent dans la rue. Manifestent avec des pancartes, place de l’Opéra.
Je retiens aussi la loi de 1992, qui fixe les conditions d’exercice des agences de voyages, la commission zéro, le 11 septembre 2001, le Printemps arabe (2011) que j’ai vécu en direct pour TourMaG.com avec la Tunisie en première ligne, la chute de la Maison Fram et aussi Jet tours, Nouvelles Frontières, Marmara… des grandes marques françaises absorbées par les majors européens...
Michèle Sani écrit depuis 2007 pour TourMaG.com. Elle a notamment couvert tous les événements en Tunisie depuis le Printemps arabe - DR : M.S.
TourMaG.com - Aujourd'hui, vous travaillez pour TourMaG.com...
Michèle Sani : J'ai rejoins TourMaG.com fin 2007.
Jean da Luz, le président du groupe, m'a contactée de la part de Pierre Amalou avec qui j'avais travaillé à Tour Hebdo.
Il lui a fait confiance. Il m'a fait confiance sans me connaître. Du jour au lendemain, à l'âge où d'autres s'apprêtent à prendre leur retraite, je me suis lancée dans le web, dans l’immédiateté, la réactivité… alors que j’avais refusé de rejoindre Pierre Doulcet qui créait le Quotidien du Tourisme, me disant qu'un quotidien serait trop dur pour moi.
Ce métier de journaliste tourisme a une particularité par rapport aux autres secteurs d’activité. Nous sommes très (parfois trop) proches de nos lecteurs.
Nous voyageons ensemble, nous participons aux mêmes congrès, aux mêmes instances. Nous vivons ensemble des moments intenses, inoubliables.
Je pense aux congrès Selectour de Maurice, de Saint-Petersbourg... Aux soirées de gala de certains congrès du SNAV, Petra en Jordanie. Ce sont des moments d'intense communion.
C’est un métier de convivialité où l'on se fait de belles relations, où l'on rencontre de fortes personnalités. Ce qui est parfois professionnellement inconfortable. Il faut savoir garder ses distances, le sens critique et toute l’objectivité nécessaire pour être crédible aux yeux de tous.
Comment vous dire ? Aujourd’hui, je reste toujours avide de découvertes, de rencontres. J’aime faire parler les gens, connaître leur histoire.
Je me souviens quand j’étais une ado, on me reprochait d’être trop curieuse, je posais toujours trop de questions… J’interrompais les adultes… Je crois que ce défaut m’a beaucoup aidée dans ce métier de journaliste tourisme !
Je voudrais aussi dire que j’ai participé à la naissance d’une belle association, l’AFST, qui réunit près de 900 seniors du tourisme tous métiers confondus.
Aujourd’hui, nous menons avec l’APST de belles actions de tutorat auprès des jeunes entrepreneurs(euses). Avec valeur de transmission, certains d’entre nous vont dans les écoles de tourisme. Pour beaucoup des seniors d’aujourd’hui, le tourisme a été un métier-passion.
TourMaG.com - Quel regard portez-vous sur les femmes qui travaillent dans le secteur du tourisme ?
Michèle Sani : Elles sont majoritaires dans la distribution traditionnelle. Vendeuse, cheffe d’agence, elles savent convaincre en douceur une clientèle elle-même souvent féminine. Elles savent écouter et argumenter.
Je les vois suivre sérieusement les formations qui leur sont proposées et organiser leur vie familiale pour participer aux éductours.
Beaucoup sortent de BTS. Beaucoup se lancent dans les nouveaux métiers du tourisme en « home office », comme apporteuse d’affaires ou créatrice de start-up.
Mais, débutante ou en fin de carrière, pourquoi sont-elles si mal payées ? Les voyages pour compenser ? Cela a toujours été un leurre !
Dans les compagnies aériennes, dans les chaînes hôtelières, on voit de belles carrières féminines, des cadres supérieures avec des salaires motivants.
Mais je crois que le plafond de verre est toujours là. Il est encore bien rare de les voir aux postes de dirigeants, à une direction générale, une présidence.
Elles ont, autant que les hommes, l’esprit de découverte et de négociation. Beaucoup de femmes exercent avec succès le métier de cheffe de produits chez les TO ou dans le domaine de l’incentive.
Elles recherchent de nouveaux itinéraires, de nouveaux hôtels. Dans le tourisme, c’est un formidable métier de terrain et de négociation.
Dans ma carrière de pro du tourisme, c’est le métier que j’ai préféré.
Michèle Sani : J'ai rejoins TourMaG.com fin 2007.
Jean da Luz, le président du groupe, m'a contactée de la part de Pierre Amalou avec qui j'avais travaillé à Tour Hebdo.
Il lui a fait confiance. Il m'a fait confiance sans me connaître. Du jour au lendemain, à l'âge où d'autres s'apprêtent à prendre leur retraite, je me suis lancée dans le web, dans l’immédiateté, la réactivité… alors que j’avais refusé de rejoindre Pierre Doulcet qui créait le Quotidien du Tourisme, me disant qu'un quotidien serait trop dur pour moi.
Ce métier de journaliste tourisme a une particularité par rapport aux autres secteurs d’activité. Nous sommes très (parfois trop) proches de nos lecteurs.
Nous voyageons ensemble, nous participons aux mêmes congrès, aux mêmes instances. Nous vivons ensemble des moments intenses, inoubliables.
Je pense aux congrès Selectour de Maurice, de Saint-Petersbourg... Aux soirées de gala de certains congrès du SNAV, Petra en Jordanie. Ce sont des moments d'intense communion.
C’est un métier de convivialité où l'on se fait de belles relations, où l'on rencontre de fortes personnalités. Ce qui est parfois professionnellement inconfortable. Il faut savoir garder ses distances, le sens critique et toute l’objectivité nécessaire pour être crédible aux yeux de tous.
Comment vous dire ? Aujourd’hui, je reste toujours avide de découvertes, de rencontres. J’aime faire parler les gens, connaître leur histoire.
Je me souviens quand j’étais une ado, on me reprochait d’être trop curieuse, je posais toujours trop de questions… J’interrompais les adultes… Je crois que ce défaut m’a beaucoup aidée dans ce métier de journaliste tourisme !
Je voudrais aussi dire que j’ai participé à la naissance d’une belle association, l’AFST, qui réunit près de 900 seniors du tourisme tous métiers confondus.
Aujourd’hui, nous menons avec l’APST de belles actions de tutorat auprès des jeunes entrepreneurs(euses). Avec valeur de transmission, certains d’entre nous vont dans les écoles de tourisme. Pour beaucoup des seniors d’aujourd’hui, le tourisme a été un métier-passion.
TourMaG.com - Quel regard portez-vous sur les femmes qui travaillent dans le secteur du tourisme ?
Michèle Sani : Elles sont majoritaires dans la distribution traditionnelle. Vendeuse, cheffe d’agence, elles savent convaincre en douceur une clientèle elle-même souvent féminine. Elles savent écouter et argumenter.
Je les vois suivre sérieusement les formations qui leur sont proposées et organiser leur vie familiale pour participer aux éductours.
Beaucoup sortent de BTS. Beaucoup se lancent dans les nouveaux métiers du tourisme en « home office », comme apporteuse d’affaires ou créatrice de start-up.
Mais, débutante ou en fin de carrière, pourquoi sont-elles si mal payées ? Les voyages pour compenser ? Cela a toujours été un leurre !
Dans les compagnies aériennes, dans les chaînes hôtelières, on voit de belles carrières féminines, des cadres supérieures avec des salaires motivants.
Mais je crois que le plafond de verre est toujours là. Il est encore bien rare de les voir aux postes de dirigeants, à une direction générale, une présidence.
Elles ont, autant que les hommes, l’esprit de découverte et de négociation. Beaucoup de femmes exercent avec succès le métier de cheffe de produits chez les TO ou dans le domaine de l’incentive.
Elles recherchent de nouveaux itinéraires, de nouveaux hôtels. Dans le tourisme, c’est un formidable métier de terrain et de négociation.
Dans ma carrière de pro du tourisme, c’est le métier que j’ai préféré.
Pour retrouver tous les articles consacrés à la Journée internationale des droits des femmes 2019, cliquez ici.