Compagnies aériennes et prix bradés : "la seule manière de freiner voire d’éradiquer de telles annonces consisterait à ne plus attribuer de créneaux aéroportuaires aux transporteurs coupables, voire de les obliger à en rendre" - Depositphotos.com
Décidément les stupidités ont la vie dure. La semaine dernière encore Vueling récidivait avec des tarifs promotionnels à 9,99 € TTC. Cela ne veut strictement rien dire car le seul montant des taxes est supérieur au prix annoncé.
D’ailleurs en navigant sur le site de la compagnie, on se rend très vite compte que les prix n’ont rien à voir avec les tarifs annoncés. Par exemple, le meilleur tarif pour un aller/retour de Paris à Madrid aller le 03 novembre, retour le 19 novembre est de 170 €. J’ai pris volontairement un exemple sur des dates éloignées.
Lire aussi : Transport aérien : où s'arrêtera donc la folle course aux prix bradés ?
Je note d’ailleurs que les autres transporteurs sont contraints à emboiter la même politique tarifaire qui consiste à promouvoir des prix introuvables sur le site de la compagnie.
Mais j’ai tout de même vu, au hasard des Beauvais-Marseille à prix bradés à 20 € aller/retour avec Ryanair, et même des Paris-Malaga à 91 € aller/retour chez Transavia, toutes taxes comprises cela va sans dire. Sur le site de Vueling, on trouve aussi des locations de voitures à 10 € par jour ou des hôtels à 20 € par nuit, ces derniers réservés avec Booking.Com qui prélève au mois 20% du montant.
Petite question : que reste-t-il aux réels prestataires de service, qu’ils soient loueurs de voitures ou hôteliers ?
D’ailleurs en navigant sur le site de la compagnie, on se rend très vite compte que les prix n’ont rien à voir avec les tarifs annoncés. Par exemple, le meilleur tarif pour un aller/retour de Paris à Madrid aller le 03 novembre, retour le 19 novembre est de 170 €. J’ai pris volontairement un exemple sur des dates éloignées.
Lire aussi : Transport aérien : où s'arrêtera donc la folle course aux prix bradés ?
Je note d’ailleurs que les autres transporteurs sont contraints à emboiter la même politique tarifaire qui consiste à promouvoir des prix introuvables sur le site de la compagnie.
Mais j’ai tout de même vu, au hasard des Beauvais-Marseille à prix bradés à 20 € aller/retour avec Ryanair, et même des Paris-Malaga à 91 € aller/retour chez Transavia, toutes taxes comprises cela va sans dire. Sur le site de Vueling, on trouve aussi des locations de voitures à 10 € par jour ou des hôtels à 20 € par nuit, ces derniers réservés avec Booking.Com qui prélève au mois 20% du montant.
Petite question : que reste-t-il aux réels prestataires de service, qu’ils soient loueurs de voitures ou hôteliers ?
Prix bradés : de qui se moque-t-on ?
De qui se moque-t-on et comment peut-on encore autoriser de telles pratiques surtout après la pandémie que nous avons traversée et la nécessité d’appliquer une meilleure pratique écologiste ? Ces effets d’annonce confirment bien que leurs auteurs considèrent leurs clients comme des imbéciles.
Leur seul but consiste à les attirer sur leur site pour leur « refourguer » c’est bien le mot, des tarifs 10 fois au moins supérieurs à leurs annonces.
Certes les autorités de Bruxelles avaient bien obligé les compagnies à réserver au moins 10 sièges aux tarifs les plus bas, ceux largement promotionnés, mais qui va contrôler que cette injonction est suivie d’effet ?
Pour tout dire, je suis scandalisé par cette pratique et cela ne date pas d’aujourd’hui. Cela fait des années que je la dénonce, sans d’ailleurs qu’il y ait un quelconque effet. Le plus terrible est que les clients finissent par croire à ces boniments.
Et lorsqu’ils ne trouvent que des prix normaux, ils s’estiment lésés. Il est effectivement difficile de comprendre que l’on trouve des vols transatlantiques moins chers que des Paris-Rome voire même des Paris-Nice. Et c’est d’ailleurs bien incompréhensible.
Leur seul but consiste à les attirer sur leur site pour leur « refourguer » c’est bien le mot, des tarifs 10 fois au moins supérieurs à leurs annonces.
Certes les autorités de Bruxelles avaient bien obligé les compagnies à réserver au moins 10 sièges aux tarifs les plus bas, ceux largement promotionnés, mais qui va contrôler que cette injonction est suivie d’effet ?
Pour tout dire, je suis scandalisé par cette pratique et cela ne date pas d’aujourd’hui. Cela fait des années que je la dénonce, sans d’ailleurs qu’il y ait un quelconque effet. Le plus terrible est que les clients finissent par croire à ces boniments.
Et lorsqu’ils ne trouvent que des prix normaux, ils s’estiment lésés. Il est effectivement difficile de comprendre que l’on trouve des vols transatlantiques moins chers que des Paris-Rome voire même des Paris-Nice. Et c’est d’ailleurs bien incompréhensible.
Que fait la DGCCRF ?
Alors ces pratiques entrainent une spirale perverse pour le transport aérien tout entier. Les prix normaux ne peuvent plus être affichés, petit à petit le prix moyen diminue et pour arriver à équilibrer les comptes, les transporteurs sont conduits à augmenter le coefficient de remplissage ce qui a pour effet de multiplier les voyages inutiles et d’entasser les passagers dans des appareils toujours plus densifiés.
Le tout pour arriver à des résultats économiques très moyens, le transport aérien n’arrivant pas à rémunérer convenablement les énormes capitaux qu’il faut bien investir. C’est ainsi que de très beaux appareils passent à la trappe, comme par exemple l’A 380, car il est de plus en plus délicat d’équilibrer ses coûts alors que c’est le modèle préféré des voyageurs.
Il est urgent que ces pratiques s’arrêtent. On ne peut hélas pas compter sur la profession, chaque compagnie ayant peur des annonces de ses concurrents, procède de la même manière. Il faudra bien s’en remettre à la réglementation. Celle-ci existe d’ailleurs. La vente à perte est interdite dans la quasi-totalité des pays européens. Alors pourquoi n’est-elle jamais sanctionnée.
On m’oppose toujours le fait que le prix marginal peut toujours s’expliquer et qu’un siège occupé vaut mieux qu’un siège vide. C’est faux ! Un siège occupé coûte de l’argent. D’abord il faut bien payer les taxes et elles sont en moyenne de 13 € par vol, et puis chaque passager contribue aux coûts directs d’un vol ne serait-ce que par son poids sans compter les coûts de distribution payés aux GDS, 7 dollars par vol en moyenne.
Il ne me paraît pas impossible de prouver la vente à perte tant elle est évidente ou si on ne trouve pas les tarifs annoncés, la publicité mensongère laquelle est tout aussi interdite.
Pourquoi donc la DGCCRF qui est l’organisme régulateur du commerce français ne s’occupe-t-elle pas du sujet. Et puis comment expliquer que l’on puisse attribuer des « slots » aux transporteurs qui usent de telles pratiques au détriment de compagnies plus vertueuses.
A vrai dire la seule manière de freiner voire d’éradiquer de telles annonces consisterait à ne plus attribuer de créneaux aéroportuaires aux transporteurs coupables, voire de les obliger à en rendre. Après tout c’est bien ce que les autorités européennes demandent aux compagnies auxquelles les Etats ont pu consentir des prêts ou des apports en capital.
Encore une fois, revenons au bon sens.
Le tout pour arriver à des résultats économiques très moyens, le transport aérien n’arrivant pas à rémunérer convenablement les énormes capitaux qu’il faut bien investir. C’est ainsi que de très beaux appareils passent à la trappe, comme par exemple l’A 380, car il est de plus en plus délicat d’équilibrer ses coûts alors que c’est le modèle préféré des voyageurs.
Il est urgent que ces pratiques s’arrêtent. On ne peut hélas pas compter sur la profession, chaque compagnie ayant peur des annonces de ses concurrents, procède de la même manière. Il faudra bien s’en remettre à la réglementation. Celle-ci existe d’ailleurs. La vente à perte est interdite dans la quasi-totalité des pays européens. Alors pourquoi n’est-elle jamais sanctionnée.
On m’oppose toujours le fait que le prix marginal peut toujours s’expliquer et qu’un siège occupé vaut mieux qu’un siège vide. C’est faux ! Un siège occupé coûte de l’argent. D’abord il faut bien payer les taxes et elles sont en moyenne de 13 € par vol, et puis chaque passager contribue aux coûts directs d’un vol ne serait-ce que par son poids sans compter les coûts de distribution payés aux GDS, 7 dollars par vol en moyenne.
Il ne me paraît pas impossible de prouver la vente à perte tant elle est évidente ou si on ne trouve pas les tarifs annoncés, la publicité mensongère laquelle est tout aussi interdite.
Pourquoi donc la DGCCRF qui est l’organisme régulateur du commerce français ne s’occupe-t-elle pas du sujet. Et puis comment expliquer que l’on puisse attribuer des « slots » aux transporteurs qui usent de telles pratiques au détriment de compagnies plus vertueuses.
A vrai dire la seule manière de freiner voire d’éradiquer de telles annonces consisterait à ne plus attribuer de créneaux aéroportuaires aux transporteurs coupables, voire de les obliger à en rendre. Après tout c’est bien ce que les autorités européennes demandent aux compagnies auxquelles les Etats ont pu consentir des prêts ou des apports en capital.
Encore une fois, revenons au bon sens.
Jean-Louis Baroux - DR
Jean-Louis Baroux est l'ancien président d'APG (Air Promotion Group) et le créateur du CAF (Cannes Airlines Forum) devenu le World Air Forum.
Grand spécialiste de l'aérien, il a signé aux éditions L'Archipel ''Compagnies Aériennes : la faillite du modèle'', un ouvrage que tous les professionnels du tourisme devraient avoir lu.
Les droits d'auteur de l'ouvrage seront reversés à une association caritative. On peut l'acquérir à cette adresse : www.editionsarchipel.com.
Grand spécialiste de l'aérien, il a signé aux éditions L'Archipel ''Compagnies Aériennes : la faillite du modèle'', un ouvrage que tous les professionnels du tourisme devraient avoir lu.
Les droits d'auteur de l'ouvrage seront reversés à une association caritative. On peut l'acquérir à cette adresse : www.editionsarchipel.com.