En Australie le tourisme va repartir sans main d'oeuvre et avec une industrie considérablement affaiblie par deux années de crise selon Sébastien Cros, le PDG du réceptif Across Australia - SC
TourMaG.com - Après presque deux années de fermeture, l'Australie a rouvert ses portes, le 21 février 2022. Quel est votre sentiment en tant que réceptif et habitant du pays ?
Sébastien Cros : C'est une super nouvelle.
Tout le monde attendait que l'Australie rouvre, mais je ne pense pas que les touristes vont se précipiter pour y revenir, même après deux années de fermeture. Nous le voyons bien avec des destinations comme les USA ou le Canada.
De plus, j'ai demandé aux tour-opérateurs avec lesquels je travaille de faire passer des messages, comme quoi la réouverture n'allait pas être une grande kermesse.
Nous parlons d'un pays qui a été fermé pendant près de deux ans, ici c'est un véritable désert touristique.
Sébastien Cros : C'est une super nouvelle.
Tout le monde attendait que l'Australie rouvre, mais je ne pense pas que les touristes vont se précipiter pour y revenir, même après deux années de fermeture. Nous le voyons bien avec des destinations comme les USA ou le Canada.
De plus, j'ai demandé aux tour-opérateurs avec lesquels je travaille de faire passer des messages, comme quoi la réouverture n'allait pas être une grande kermesse.
Nous parlons d'un pays qui a été fermé pendant près de deux ans, ici c'est un véritable désert touristique.
"l'Australie est un véritable désert touristique, il va falloir du temps pour que l'industrie refonctionne"
TourMaG.com - Pouvez-vous nous décrire la situation du secteur ?
Sébastien Cros : Tout le monde a abandonné le secteur pour aller dans d'autres industries offrant de meilleures perspectives.
Il y aura un avant et après covid, c'est un peu comme s'il y avait eu un grand raz-de-marée. Tous les spécialistes du tourisme ont été en mode survie durant la pandémie.
Les équipes sont parties ailleurs, notamment dans l'immobilier, un peu comme une France, il me semble. Concernant les guides, c'est la bérézina totale, des autocaristes ont mis la clé sous la porte.
Heureusement qu'ils n'ont pas rouvert les frontières en même temps que les programmes Vacances-Travail (1er décembre 2021, ndlr), les hôtels n'auraient pas pu absorber le flux de nouveaux entrants.
L'hôtellerie n'a pas suffisamment de staff pour s'occuper des voyageurs. Je le répète, mais l'Australie est un véritable désert touristique, il va falloir du temps pour que l'industrie refonctionne.
Ici nous avons tous notre troisième dose, donc la reprise ne posera pas de problème.
TourMaG.com - En tant que spécialiste du pays comment imaginez-vous cette reprise ?
Sébastien Cros : Il existe encore des inconnues.
La covid va arriver en Australie, c'est une certitude. J'attends une loi plaçant la maladie comme une maladie bénigne, donc que les personnes contaminées n'aient pas de période d'isolement.
Voilà pourquoi, pour le moment je n'autorise, pas les voyages en groupe. Pour une véritable reprise, il va falloir attendre au moins 6 mois. Encore à l'heure actuelle, le nombre de vols est assez faible, même à l'intérieur du pays.
Je table aussi sur le fait qu'une partie de notre clientèle va attendre 2023 pour revenir, préférant observer ce qu'il se passera dans les prochains mois.
Sébastien Cros : Tout le monde a abandonné le secteur pour aller dans d'autres industries offrant de meilleures perspectives.
Il y aura un avant et après covid, c'est un peu comme s'il y avait eu un grand raz-de-marée. Tous les spécialistes du tourisme ont été en mode survie durant la pandémie.
Les équipes sont parties ailleurs, notamment dans l'immobilier, un peu comme une France, il me semble. Concernant les guides, c'est la bérézina totale, des autocaristes ont mis la clé sous la porte.
Heureusement qu'ils n'ont pas rouvert les frontières en même temps que les programmes Vacances-Travail (1er décembre 2021, ndlr), les hôtels n'auraient pas pu absorber le flux de nouveaux entrants.
L'hôtellerie n'a pas suffisamment de staff pour s'occuper des voyageurs. Je le répète, mais l'Australie est un véritable désert touristique, il va falloir du temps pour que l'industrie refonctionne.
Ici nous avons tous notre troisième dose, donc la reprise ne posera pas de problème.
TourMaG.com - En tant que spécialiste du pays comment imaginez-vous cette reprise ?
Sébastien Cros : Il existe encore des inconnues.
La covid va arriver en Australie, c'est une certitude. J'attends une loi plaçant la maladie comme une maladie bénigne, donc que les personnes contaminées n'aient pas de période d'isolement.
Voilà pourquoi, pour le moment je n'autorise, pas les voyages en groupe. Pour une véritable reprise, il va falloir attendre au moins 6 mois. Encore à l'heure actuelle, le nombre de vols est assez faible, même à l'intérieur du pays.
Je table aussi sur le fait qu'une partie de notre clientèle va attendre 2023 pour revenir, préférant observer ce qu'il se passera dans les prochains mois.
Australie : "le tourisme n'était même pas en réanimation, mais considéré comme mort"
TourMaG.com - Existe-t-il des contraintes à l'intérieur même de l'Australie ?
Sébastien Cros : Des Etats font encore des check-in et check-out avec l'obligation de télécharger des applications. L'Australie-Occidentale dont Perth sont encore fermées aux autres Etats.
Il existe des contraintes à l'intérieur même du pays.
Dans cette région qui a eu une stratégie zéro covid, la population a été trop surprotégée. il risque d'y avoir des problèmes. Je ne vais pas rouvrir des petites parties de la destination.
Il est donc plus facile de faire un Paris - Sydney, qu'un Sydney - Perth, puisque ce n'est pas possible. Malgré tout, la réouverture devrait se faire prochainement.
La décision du Premier ministre australien Scott Morrison a pris vraiment tout le monde. Nous nous attendions à une reprise des voyages début avril 2022, mais les élections locales en mai ont anticipé la prise de décision.
Il a dû réaliser que 800 000 personnes vivaient du tourisme, alors qu'il les avait complètement oublié depuis deux ans.
C'est une décision politique et symbolique.
il existe quelques points d'ombre à soulever, notamment concernant les conséquences d'une contamination pour un voyageur.
Ici, il existe une période d'isolement de 7 jours, je ne sais pas si les touristes seront concernés, en cas de test positif. C'est pour cela que concernant les groupes, je préfère attendre.
Nous allons y aller doucement, je ne me précipite pas. Les touristes ne vont pas revenir en claquant des doigts, ceux qui attendent beaucoup risquent de prendre une douche froide.
Sébastien Cros : Des Etats font encore des check-in et check-out avec l'obligation de télécharger des applications. L'Australie-Occidentale dont Perth sont encore fermées aux autres Etats.
Il existe des contraintes à l'intérieur même du pays.
Dans cette région qui a eu une stratégie zéro covid, la population a été trop surprotégée. il risque d'y avoir des problèmes. Je ne vais pas rouvrir des petites parties de la destination.
Il est donc plus facile de faire un Paris - Sydney, qu'un Sydney - Perth, puisque ce n'est pas possible. Malgré tout, la réouverture devrait se faire prochainement.
La décision du Premier ministre australien Scott Morrison a pris vraiment tout le monde. Nous nous attendions à une reprise des voyages début avril 2022, mais les élections locales en mai ont anticipé la prise de décision.
Il a dû réaliser que 800 000 personnes vivaient du tourisme, alors qu'il les avait complètement oublié depuis deux ans.
C'est une décision politique et symbolique.
il existe quelques points d'ombre à soulever, notamment concernant les conséquences d'une contamination pour un voyageur.
Ici, il existe une période d'isolement de 7 jours, je ne sais pas si les touristes seront concernés, en cas de test positif. C'est pour cela que concernant les groupes, je préfère attendre.
Nous allons y aller doucement, je ne me précipite pas. Les touristes ne vont pas revenir en claquant des doigts, ceux qui attendent beaucoup risquent de prendre une douche froide.
"le tourisme vert en Australie est pour le moment une utopie"
TourMaG.com - L'industrie a l'air sérieusement amochée en Australie...
Sébastien Cros : Nous sortons de deux ans durant lesquels le tourisme n'était même pas en réanimation, mais considéré comme mort.
Nous n'avons eu strictement aucune aide depuis un an. De mon côté, j'ai dû resserrer drastiquement les rangs. L'industrie n'a pas pu vivre avec le marché domestique, car tous les états ont fermé les uns aux autres.
Nous avons tous été oubliés. Dans mes équipes, beaucoup ont totalement bifurqué et ne veulent pas revenir en raison de l'instabilité de l'activité. Toutes les infrastructures touristiques en Australie ont extraordinairement souffert.
Dans tous les cas, la destination restera chère, avec un dollar australien qui n'a pas baissé et un coût de la vie resté très élevé. L'Australie reste une destination élitiste.
Nous sabrerons le champagne vraiment au redémarrage du tourisme, quand les guides auront repris, le retour des équipes, etc.. ce ne sera pas avant septembre, voire en 2023.
Il va falloir régénérer le secteur, c'est sans doute pour cela que que l'Etat australien a décidé d'offrir les frais des visas vacances-travail.
TourMaG.com - En France, nous avons eu des débats importants sur le tourisme d'après, est-ce le cas aussi de l'autre côté du globe ?
Sébastien Cros : Bien sûr, nous en avions aussi parlé, il y a un an.
Par contre je tiens à préciser quelque chose sur ce sujet, il ne faut pas se mentir le tourisme vert en Australie est pour le moment une utopie. Il est très compliqué de faire des voyages purement écologiques.
Dernièrement j'ai eu une demande pour un voyage dans le centre rouge en voiture électrique, ce n'est absolument pas possible. Entre les distances et l'absence de bornes de recharge, les périples en électrique sont impossibles.
A Sydney, les ferries polluent aussi.
C'est encore un pays de pionniers. Par ici, tout comme la Nouvelle-Zélande qui a un parc hôtelier pas terrible, le tourisme est polluant. Il y a encore beaucoup à faire à ce niveau, j'espère que nous y arriverons.
Puis pour ceux qui ont envie de venir et qui ont des remords, je leur dis que c'est le voyage d'une vie, autant y rester plus longtemps que prévus et d'allonger le séjour.
Sébastien Cros : Nous sortons de deux ans durant lesquels le tourisme n'était même pas en réanimation, mais considéré comme mort.
Nous n'avons eu strictement aucune aide depuis un an. De mon côté, j'ai dû resserrer drastiquement les rangs. L'industrie n'a pas pu vivre avec le marché domestique, car tous les états ont fermé les uns aux autres.
Nous avons tous été oubliés. Dans mes équipes, beaucoup ont totalement bifurqué et ne veulent pas revenir en raison de l'instabilité de l'activité. Toutes les infrastructures touristiques en Australie ont extraordinairement souffert.
Dans tous les cas, la destination restera chère, avec un dollar australien qui n'a pas baissé et un coût de la vie resté très élevé. L'Australie reste une destination élitiste.
Nous sabrerons le champagne vraiment au redémarrage du tourisme, quand les guides auront repris, le retour des équipes, etc.. ce ne sera pas avant septembre, voire en 2023.
Il va falloir régénérer le secteur, c'est sans doute pour cela que que l'Etat australien a décidé d'offrir les frais des visas vacances-travail.
TourMaG.com - En France, nous avons eu des débats importants sur le tourisme d'après, est-ce le cas aussi de l'autre côté du globe ?
Sébastien Cros : Bien sûr, nous en avions aussi parlé, il y a un an.
Par contre je tiens à préciser quelque chose sur ce sujet, il ne faut pas se mentir le tourisme vert en Australie est pour le moment une utopie. Il est très compliqué de faire des voyages purement écologiques.
Dernièrement j'ai eu une demande pour un voyage dans le centre rouge en voiture électrique, ce n'est absolument pas possible. Entre les distances et l'absence de bornes de recharge, les périples en électrique sont impossibles.
A Sydney, les ferries polluent aussi.
C'est encore un pays de pionniers. Par ici, tout comme la Nouvelle-Zélande qui a un parc hôtelier pas terrible, le tourisme est polluant. Il y a encore beaucoup à faire à ce niveau, j'espère que nous y arriverons.
Puis pour ceux qui ont envie de venir et qui ont des remords, je leur dis que c'est le voyage d'une vie, autant y rester plus longtemps que prévus et d'allonger le séjour.
"les réceptifs ne peuvent plus être les banquiers du tourisme"
TourMaG.com - Vous avez un autre message à faire passer aussi, il me semble...
Sébastien Cros : Les réceptifs sont toujours les derniers payés. Cette situation ne peut plus durer, surtout après une telle crise.
En Australie, une chartre va être mise en place, pour que nous ne soyons plus les banquiers du tourisme. J'ai avancé sur des discussions avec les partenaires et concurrents australiens, pour régler la problématique des paiements différés.
C'est une question chaude, ici.
Les prestataires que sont les guides et les hôteliers vont vouloir être payés à la réservation, dans le même temps, les réceptifs n'ont plus beaucoup de trésoreries. Nous ne pouvons plus nous permettre de faire des avances.
Il y aura des changements dans le monde du tourisme.
Sébastien Cros : Les réceptifs sont toujours les derniers payés. Cette situation ne peut plus durer, surtout après une telle crise.
En Australie, une chartre va être mise en place, pour que nous ne soyons plus les banquiers du tourisme. J'ai avancé sur des discussions avec les partenaires et concurrents australiens, pour régler la problématique des paiements différés.
C'est une question chaude, ici.
Les prestataires que sont les guides et les hôteliers vont vouloir être payés à la réservation, dans le même temps, les réceptifs n'ont plus beaucoup de trésoreries. Nous ne pouvons plus nous permettre de faire des avances.
Il y aura des changements dans le monde du tourisme.