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Carnaval de Rio : le Brésil retrouve des couleurs bien méritées

en direct du Carnaval de Rio


Alors que la saison des carnavals bat son plein un peu partout dans le monde, celui de Rio Janeiro est en train d’offrir l’un de ses meilleurs crus. Dynamisé par une frénésie de fête après deux années de restriction, il est également synchronisé avec le retour au pouvoir du président Lula dont les démocrates brésiliens et internationaux attendent beaucoup. Quant aux touristes, ils sont venus massivement afficher leur passion pour ce pays exceptionnel où la ministre de la culture par exemple, n’est autre qu’une immense chanteuse : Margareth Menezes, qui défend cette année les couleurs de son école de samba : « La mangueira na Sapucai ».


Rédigé par le Mardi 21 Février 2023

A Rio, comme dans d’autres villes du Brésil d’ailleurs (notamment Salvador, Recife, Belem), le carnaval signifie une semaine de folie, d’extravagance, de transgression, durant laquelle, selon la tradition carnalesque, tous les excès sont permis. Depositphotos.com Auteur celsopupo
A Rio, comme dans d’autres villes du Brésil d’ailleurs (notamment Salvador, Recife, Belem), le carnaval signifie une semaine de folie, d’extravagance, de transgression, durant laquelle, selon la tradition carnalesque, tous les excès sont permis. Depositphotos.com Auteur celsopupo
Depuis vendredi, Rio de Janeiro fait plaisir à voir et à vivre. Le maire de la ville vient de remettre les clés de son royaume au roi du Carnaval. Un prénommé Momo. Ce qui signifie que le carnaval peut commencer. Or, quand à Rio on parle de carnaval, on ne parle pas que d’un petit ou de plusieurs défilés festifs affichant quelques excentricités sous des torrents de musique. Non.

A Rio, comme dans d’autres villes du Brésil d’ailleurs (notamment Salvador, Recife, Belem), le carnaval signifie une semaine de folie, d’extravagance, de transgression, durant laquelle, selon la tradition carnalesque, tous les excès sont permis.

En quelques heures, les premiers déguisements apparaissent tandis que les maquilleurs font fortune et que les vendeurs de gadgets de pacotille : masques, couronnes de fleurs, bijoux, serre-tête, paillettes tentent de gagner les quelques réals qui leur permettront de joindre les deux bouts, au cœur d’une économie informelle particulièrement difficile à combattre.

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Durant quelques jours, on se transforme, on change de personnalité et l’on se laisse aller à toutes ses envies dans un climat totalement permissif où les jeunes surtout et quelques moins jeunes donnent la priorité au mouvement, à la boisson et bien sûr à la danse.

Et quelle danse ? La samba qui, reprend totalement ses droits et qui, plus que jamais, après deux ans de pandémie, dont une année d’annulation totale, refait le plein dans ses bals, ses boîtes de nuit, ses écoles où beaucoup de cariocas et de touristes viennent parfaire leur déhanchement et leur sens du rythme.

Car la samba est un art. Et qui plus est, elle vient d’être classée « héritage culturel intangible ». On apprend donc la samba et l’on se fait un devoir d’être bon danseur ( et danseuse !).


Brésil : le retour du président Lula et des touristes

Margareth Menezes, Ministre de la Culture a affirmé sa volonté de faire de la tradition carnavalesque le fer de lance du tourisme national mais surtout de la culture nationale brésilienne, en intégrant les carnavals de toutes les autres régions - Photo JS
Margareth Menezes, Ministre de la Culture a affirmé sa volonté de faire de la tradition carnavalesque le fer de lance du tourisme national mais surtout de la culture nationale brésilienne, en intégrant les carnavals de toutes les autres régions - Photo JS
Mais, si Rio cette année affiche une telle frénésie, c’est aussi parce que le retour à la tête du pays du président Lula est de nature à garantir le retour de la démocratie tellement mise à mal par le président précédent aujourd’hui réfugié aux USA.

L’air carioca est plus léger. Et les habitants de cette ville de 6 millions d’habitants dont les symboles comme le Christ du Corcovado et le Pain de sucre, sont connus du monde entier, sont de toute évidence libérés donc encore plus joyeux qu’à l’habitude.

Le tout dans une ambiance sécurisée malgré la faible présence de policiers. Le tout dans une ambiance internationale de nouveau. Car, les touristes aussi sont de retour et sont particulièrement nombreux à l’être.

En priorité, les touristes nationaux ont repris le chemin du carnaval. Représentant environ un tiers de la fréquentation hôtelière, ils optent pour toutes les catégories d’hébergement y compris les plus coûteuses. Car, n’oublions pas que le Brésil n’est pas une destination bon marché, en particulier sur le créneau du haut de gamme : 800 euros la nuit pour une chambre privilège du Fairmont (Groupe Accor) ou 300 euros pour une double du Novotel, auxquels s’ajoutent des additions de restaurants relativement élevées.

Quant aux croisières de carnaval qui, durant une semaine, vont de port en port et offrent un carnaval ininterrompu à bord, de jour comme de nuit, elles affichent des tarifs astronomiques de 3000 euros minimum la semaine. Et pas toujours en « all inclusive » !

Quant aux tarifs du spectacle phare du Sambodrome où se produisent les écoles de samba les deux derniers jours, ils peuvent très vite atteindre des tarifs dissuasifs pour beaucoup de bourses et pour les meilleures places.

Certes, les bars le long des plages de Copacabana ou Ipanema servent des bières à deux euros. De quoi combler une clientèle jeune particulièrement nombreuse attirée par la réputation du carnaval, et surtout par son ambiance festive.

Nous avons même rencontré de jeunes françaises venues écouter à Rio de la musique « Funk » ! Tandis que les couples et « solos » gay ont élu domicile par milliers dans cette destination célébrant le corps et les apparences en toute liberté.

Outre les Brésiliens, les Nord Américains cette année sont venus massivement dépenser leurs dollars et danser la samba, talonnant souvent les touristes en provenance de la région, soit surtout des Argentins et des Chiliens alors que Boliviens et Péruviens sont moins nombreux que précédemment.

Quant aux Européens, bien que non comptabilisés cette année, ils ont à l’évidence renoué avec la destination. Les vols Air France et TAP au départ de Paris ont en effet fait le plein et sur place, nos compatriotes ne manquaient pas à l’appel.

Pour Embratur, l’agence nationale du tourisme brésilien, il ne fait guère de doute que cette année sera une année exceptionnelle qui, après un effondrement, devrait permettre au tourisme national de retrouver sa bonne santé pré pandémique soit au 6 millions de touristes internationaux dont une partie de plus en plus conséquente ne se contente pas seulement de l’état de Rio mais s’aventure dans le nord et en Amazonie… (Nous en reparlerons).

Le carnaval de Rio : un investissement pour tout le pays

Pour en revenir au carnaval, notons que celui ci est d’autant plus attractif qu’il propose pendant toute sa durée, des parades spontanées : les fameux « blocos » qui, comme leur nom pourrait l’indiquer « bloquent » les rues de la ville pendant des heures, croulant sous une foule bigarrée de cariocas et autres touristes déguisés avec excentricité, qui en lézard, qui en viking, qui en carmélite, qui en tortue géante…

Débordant de musique ces « blocos » au nombre de 600 dont un agenda est publié par les autorités de la ville constituent une sorte de carnaval « off » exprimant le génie d’une population chaleureuse qui, rappelons le, a sa gentillesse et son sourire comme atout premier. Ce qui devrait lui permettre de conquérir une place bien plus élevée dans le classement des destinations internationales.

D’ores et déjà, Embratur met d’ailleurs en place ses nouvelles équipes et réfléchit à sa stratégie de promotion pour les mois à venir. Notamment sur le marché européen. Quant à la ministre de la Culture, lors d’une conférence de presse à laquelle nous avons assisté, elle a affirmé sa volonté de faire de la tradition carnavalesque le fer de lance du tourisme national mais surtout de la culture nationale brésilienne, en intégrant les carnavals de toutes les autres régions.

Désireuse d’encourager les écoles de samba à parfaire leur œuvre, elle a précisé que les différents gouvernements locaux, régionaux et nationaux collaboreraient de nouveau pour aider au financement de ces institutions dont les budgets s’élèvent à plusieurs millions d’euros, mais sont la vitrine et le miroir de la culture nationale et le méritent.

(Pour mémoire, le gouvernement précédent avait purement et simplement supprimé le ministère de la Culture et les budgets des écoles !).


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