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Chambéry, une ville nature et chargée d'Histoire

TourMaG.com fait son tour de France


TourMaG.com part à la découverte des régions de France. Aujourd'hui, direction Chambéry. La capitale des Ducs de Savoie, entourée des parcs de la Chartreuse et des Bauges, traversée par un GR, dotée d’un penchant pour les vins et la cuisine, peut hisser sans problème l’étendard de « ville nature ». Du sentier Jean-Jacques Rousseau à celui des Cascades, des Halles rénovées aux adresses de bouche des quartiers, cap sur une préfecture qui colle aux Alpes et à ses traditions.


Rédigé par Jean-François RUST le Vendredi 22 Juillet 2016

« Chambéry, cité nature », on n’y pense pas d’évidence. La préfecture se prête plus spontanément à la visite des lieux phares de l’ex-royaume de Savoie, château des Ducs en tête - DR : J.-F.R.
« Chambéry, cité nature », on n’y pense pas d’évidence. La préfecture se prête plus spontanément à la visite des lieux phares de l’ex-royaume de Savoie, château des Ducs en tête - DR : J.-F.R.
Un symbole récent - oh, pas grand-chose ! - témoigne de l’attention accrue de Chambéry pour sa nature.

La Leysse, modeste rivière traversant depuis des décennies la ville sous le bitume, a été en partie découverte, avenue des Ducs de Savoie.

L’échancrure, sur 120 m, s’inscrit dans un projet à long terme de reconquête des berges, afin de créer un axe vert.

« Chambéry, cité nature », on n’y pense pas d’évidence. La préfecture se prête plus spontanément à la visite des lieux phares de l’ex-royaume de Savoie, château des Ducs en tête.

Mais Chambéry respire aussi l’air des montagnes.

Le GR 96, de Samoëns à Entremont-le-Vieux, passe devant la fontaine des Eléphants et draine dans son sillage le doux parfum des alpages.

Depuis le centre-ville, le sentier rouge et blanc grimpe en moins d’une heure jusqu’au seuil des Charmettes, la maison de campagne où Jean-Jacques Rousseau vécut des jours heureux avec Mme de Warens, de 1736 à 1742.

« Je travaillais au jardin, je cueillais les fruits (…) et le bonheur me suivait partout », écrit l’auteur dans Les Confessions, livre VI.

Parc du Buisson Rond, le poumon vert

Cet aspect bucolique n’a guère changé. A peine a-t-on grimpé quelques hectomètres depuis le carré Curial que la verdure s’impose, versants boisés par là, parcelles arboricoles ici.

La vue sur le massif des Bauges et la Croix du Nivolet, splendide, se dégage rapidement et l’itinéraire est un but d’excursion de nombreux Chambériens.

A l’écart de l’hyper centre, le parc du Buisson Rond, lui, peu connu des touristes, est un vrai poumon vert.

Au bout du faubourg populaire Montmélian, les étudiants adorent s’y retrouver autour de la splendide roseraie, aménagée devant le château de Boigne.

Proche du centre encore, le quartier des Monts témoigne également de l’intrusion campagnarde en ville.

Une fois franchie la voie ferrée, la très romantique et villageoise Montée Haute Bise grimpe à l’assaut de la colline. Elle se poursuit le long de rues résidentielles jusqu’à un parc, égrenant une série de belvédères champêtres accessibles à pied.

Ne rêvez pas, vous êtes bien dans Chambéry ! Depuis le belvédère Chantemerle, la vue grand angle sur le centre urbain tranche avec l’aspect pré-montagnard du mamelon.

Cascade du torrent du Vard, la montagne en ville ! 

Une autre échappée enfonce le clou de l’étiquette « nature » que l’on peut accoler à Chambéry. C’est le sentier des Cascades.

Pour le rejoindre, nul besoin de rouler longtemps. Il suffit de sortir un peu de la ville par le quartier du Biollay, de traverser la commune riveraine de Jacob-Bellecombette et de s’arrêter, à l’entrée de Cognin, au départ d’un chemin.

10 minutes de marche suffisent alors pour se retrouver au pied de la troisième cascade du torrent du Vard, qui dévale bruyamment de la Chartreuse voisine. La montagne en ville !

A ceux qui douteraient du sujet, nous conseillons la visite de la Maison des Parcs et des Montagnes, quartier Curial, à Chambéry.

C’est une bonne manière de comprendre comment la ville est enserrée entre trois écosystèmes majeurs : le massif de la Chartreuse au sud-ouest ; les Bauges à l’est ; et le territoire alluvionnaire du lac du Bourget, au nord.

Les Halles, pôle d’échanges

Le marché des Halles a été modifié, il est encadré d’enseignes  plus « commerciales » mais reste un pôle d’échanges majeur - DR : J.-F.R.
Le marché des Halles a été modifié, il est encadré d’enseignes plus « commerciales » mais reste un pôle d’échanges majeur - DR : J.-F.R.
Parlons cuisine, à présent. Si Chambéry n’a pas la prétention de concurrencer Lyon, il est tout de même normal qu’avec un tel cadre, les trésors des alpages s’insinuent dans ses veines.

Un lieu, un seul, résume ce penchant pour les plaisirs de bouche : les Halles.

Pendant plus de cinq ans, parler de l’endroit à un Chambérien était comme évoquer l’Arche Perdue devant un aventurier en manque.

Beaucoup ont mal supporté les longs travaux de rénovation qui ont condamné les Halles à la fermeture, de 2005 à 2011, avant leur réouverture en novembre cette année là.

Les mardis, mercredis, vendredis et samedis, le quartier revit désormais et les étals affichent avec fierté les produits de proximité, fromages, pâtes, charcuteries, alcools…

Le marché a été modifié, il est encadré d’enseignes plus « commerciales » mais reste un pôle d’échanges majeur, souvent prolongé d’un café pris à la terrasse de la célèbre brasserie Folliet, torréfacteur depuis 1880.

Tomes, crozets, vermouths

Vous aimez les fromages savoyards ? La Laiterie des Halles, place de Genève, comblera vos désirs de beauforts, tomes, chevrotins.

Les pâtisseries ? Cédric Pernot, à la tête du Fidèle Berger, institution des arcades de la rue de Boigne, vous séduira avec son Saint-Anthelme, spécialité aux noisettes.

Les pâtes ? Alpina Savoie produit depuis 1844, à Chambéry, crozets et nouilles, héritage de l’histoire commune avec Turin.

Les vins ? Au moins dix-huit restaurants et commerces, en ville, ouvrent, sous le label Vignobles et Découvertes, les bouteilles issues des cépages autochtones Mondeuse, Jacquère, Altesse, Gringet…

D’autres alcools ? Chambéry a inventé un vermouth, produit du génépi et du marc de Savoie, alors que l’entreprise Dolin, fondée en 1821, excelle en liqueurs et sirops.

Et si vous avez besoin d’une recette, il suffira d’écouter la célèbre chroniqueuse locale Mercotte, sur France Bleu Pays de Savoie, experte en pâtisserie.

Un dernier mot encore. Chambéry se veut la cité du solaire, abritant notamment l’INES, l’Institut National de l’Energie Solaire.

Et comme beaucoup de villes moyennes, elle mise sur les éco-quartiers.

Le projet déployé sur l’ancien site industriel Vetrotex devrait regrouper commerces, services, espaces verts, logements et entreprises de nouvelle génération.

Autre signe d’une « capitale » qui, sans l’afficher vraiment, entretient sa nature au cœur.

Adresses utiles

Chambéry Tourisme et Congrès
Office de Tourisme
5 bis place du Palais de Justice
73000 Chambéry
Tél : 04 79 33 42 47

www.chambery-tourisme.com/

Savoie Mont Blanc Tourisme
0820 00 73 74

www.savoie-mont-blanc.com/

Chambéry : 7 lieux incontournables à visiter

Le musée des Beaux-Arts revu et visité. Rouvert depuis 2012 après une longue rénovation, le musée, ex-halle aux grains médiévale et lieu de vote lors du rattachement de la Savoie à la France, présente une importante et remarquable collection de peintures de l’école italienne. A voir au 1er étage, clair et lumineux, des primitifs sur bois, des œuvres Renaissance de Sienne et de Florence, des tableaux du 17ème s. de l’école de Naples, piémontaise du 18ème s. et de l’école savoyarde. Sur 400 m² rythmés par des piliers sous voûtes, le rez-de-chaussée est réservé aux expositions temporaires. Une bonne partie des œuvres provient de la donation d’Hector Garriod, marchand d’art à Florence.

Le Château des Ducs de Savoie, palais d’édiles. En cœur de ville, au bord du Vieux-Chambéry, il a abrité les comtes et ducs de Savoie de la fin du 13ème s. au milieu du 16ème s., puis les rois de Piémont-Sardaigne. Mixant les époques, il est composé de deux anciennes tours (14ème s.), d’une chapelle (15ème s.), de l’ancienne Chambre des Comptes (16ème s.) et du bâtiment central, la Préfecture (reconstruite au 19ème s.). Car s’il n’y a plus de rois en Savoie, il subsiste dans les murs, là où le 14 juin 1860 le territoire fut officiellement remis à la France, le représentant de l’Etat et les élus locaux du Conseil général. La chapelle, elle, a eu l’honneur d’abriter le Saint-Suaire, avant son transfert à Turin. D’où son titre de Sainte-Chapelle. Elle est accessible en visite guidée, après avoir vu ses trompe-l’œil et ses vitraux, du 16ème s., restaurés. Les espaces extérieurs du château sont redevenus, depuis mars 2014, des lieux publics, sauf le week-end.

La rue de Boigne et la fontaine des Eléphants, hommage au guerrier des Indes. Il peut se targuer du titre de « plus grand aventurier de Chambéry ». Il ? Le général Benoît de Boigne, militaire et mercenaire ayant bâti sa fortune en Inde, au tournant des 18ème et 19ème s. Rentré les mains pleines dans sa ville natale, il l’embellit et fait percer la rue de Boigne, entre le château des Ducs de Savoie et l’ancien hôpital de la Charité. Rectiligne et élégante avec ses arcades, elle affiche un air très turinois et bourgeois. On y trouve encore de vénérables boutiques, comme la célèbre pâtisserie Au Fidèle Berger. A l’opposé du château, se dresse la fontaine des Eléphants. Quatre faces de pachydermes (d’où le surnom de « fontaine des quatre-sans-cul »), surmontés d’une colonne en tronc de palmier, ont été sculptées et posées là en mémoire du bienfaiteur de Boigne. Pour que les Chambériens ne l’oublient pas.

Le Vieux-Chambéry et la place Saint-Léger, le cœur pastel. Par touches de rénovations successives, depuis 25 ans, le Vieux-Chambéry retrouve son éclat médiévalo-Renaissance. Dressés à touche-touche sur des pilotis de mélèze au-dessus d’un ancien marécage, les hôtels particuliers et anciens bâtiments boutiquiers s’entremêlent dans un lacis de ruelles traversées « d’allées », équivalent chambérien des traboules, le dénivelé en moins. On a dit que le centre-ville de Chambéry était l’un des plus habités de France. Ce cœur urbain étendu au pied du château, mélange d’architecture médiévale et sarde, aux teintes pastel, dégage un charme certain, tout comme la longue place Saint-Léger, qui lui sert d’agora. Dans cette rue-place entourée d’enseignes coulait autrefois le canal de l’Albanne, recouvert depuis. Rousseau logeait à côté. A voir aussi, les beaux hôtels particuliers de la rue Croix d’Or et les « allées » secrètes rejoignant celle-ci à la rue Desaix.

Quartier Curial, Chambéry version 20ème s. Il incarne le renouveau architectural engagé par Chambéry à partir des années 1980. Près de la rue Croix d’Or, le départ des militaires des anciennes casernes a permis cette reconquête, qui pêche encore en son cœur par un manque de convivialité. Le carré Curial en est l’exemple, esplanade cartésienne entourée de quelques commerces de bouche, mais triste. Jouxtant le carré, l’espace André Malraux (Mario Botta – 1987) abrite une salle de 950 places et un cinéma. Scène nationale, il accueille concerts, théâtre et danse. Le quartier héberge également la médiathèque Jean-Jacques Rousseau (1992) et le très réussi (vu de l’extérieur, avec ses palmiers sous verrière) centre de congrès Le Manège, dans l’ancienne caserne de cavalerie (1992).

Les Charmettes, le bonheur selon Rousseau. « Dans l’espace de quatre ou cinq ans, j’ai joui d’un siècle de vie et d’un bonheur pur et plein qui couvre de son charme tout ce que mon sort présent a d’affreux ». Ainsi parle Rousseau de la maison des Charmettes, dans Les Rêveries du promeneur solitaire. On peut le comprendre. Non content de s’y abandonner dans les bras de sa tutrice, Mme de Warens, il découvre les joies de la nature depuis cette bâtisse à étage d’allure montagnarde, bordée d’un jardin à la française et de champs pré alpins, à deux pas du centre. Les pièces sont sobrement meublées et le cadre, rustique. Par beau temps, la maison (visite gratuite) et son vallon offrent un cadre champêtre idyllique.

Rotonde SNCF, le cercle parfait. Magnifique structure métallique de type Eiffel, la Rotonde, au nord de la ville, a été construite de 1906 à 1910 pour retourner (et réparer) les locomotives, grâce au pont tournant qui permet en quelques secondes de placer les motrices dans le bon sens. L’ouvrage, dernier bâtiment de ce type encore en activité en France, repose sur plus de 3 000 pieux de bois. Il est équipé de 36 voies rayonnantes et de 72 places de locomotives. Labellisée « patrimoine du 20ème s. », la Rotonde accueille les visiteurs via l’office de tourisme.

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