Consultation Air France : ce pseudo référendum n’a pas de valeur légale pour faire entériner un plan qui ne peut être signé que par les représentants officiels des salariés, c’est-à-dire les syndicats © Christian Schwier - Fotolia
Comment sortir de l’impasse dans laquelle se sont mis les interlocuteurs sociaux d’Air France ? Voilà bien la question à laquelle la consultation des salariés du groupe veut répondre.
Avec le recul, il est toujours facile d’expliquer comment on en est arrivé à cette situation de blocage. Paradoxalement elle a pour cause une meilleure santé économique de l’entreprise et peut être une certaine maladresse dans la présentation des chiffres de 2017. Je m’explique.
Les comptes de l’année dernière montrent une progression certaine du résultat d’exploitation supérieure à 1,4 milliard d’euros ce qui est tout à fait honorable, mais qui s’explique par l’alignement des planètes dont tout le transport aérien a bénéficié. Or le résultat net du groupe affiche une perte de plus de 200 millions d’euros.
Certes la différence s’explique par l’apurement du compte retraites de KLM, mais le résultat final est bien là.
Les dirigeants d’Air France ont bien vu le danger potentiel. Les interlocuteurs sociaux et particulièrement les syndicats de pilotes se sont accrochés au bon résultat d’exploitation et oubliant volontairement la perte de l’année, due certes, à un événement exceptionnel.
Et ils ont demandé à bénéficier d’une cagnotte qui n’existe pas plus que celle de la France du temps de Lionel Jospin où les partenaires sociaux ont à l’époque voulu voir les bonnes recettes fiscales de l’année en oubliant l’endettement du pays.
Avec le recul, il est toujours facile d’expliquer comment on en est arrivé à cette situation de blocage. Paradoxalement elle a pour cause une meilleure santé économique de l’entreprise et peut être une certaine maladresse dans la présentation des chiffres de 2017. Je m’explique.
Les comptes de l’année dernière montrent une progression certaine du résultat d’exploitation supérieure à 1,4 milliard d’euros ce qui est tout à fait honorable, mais qui s’explique par l’alignement des planètes dont tout le transport aérien a bénéficié. Or le résultat net du groupe affiche une perte de plus de 200 millions d’euros.
Certes la différence s’explique par l’apurement du compte retraites de KLM, mais le résultat final est bien là.
Les dirigeants d’Air France ont bien vu le danger potentiel. Les interlocuteurs sociaux et particulièrement les syndicats de pilotes se sont accrochés au bon résultat d’exploitation et oubliant volontairement la perte de l’année, due certes, à un événement exceptionnel.
Et ils ont demandé à bénéficier d’une cagnotte qui n’existe pas plus que celle de la France du temps de Lionel Jospin où les partenaires sociaux ont à l’époque voulu voir les bonnes recettes fiscales de l’année en oubliant l’endettement du pays.
Les représentants des pilotes sont tout sauf des gestionnaires
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Pour essayer de minimiser l’impact des résultats, la direction du Groupe Air France/KLM a bien appuyé sur deux éléments de fond : d’abord le fait que les 2/3 du profit d’exploitation provenait de KLM et non d’Air France et d’autre part que les deux grands concurrents européens IAG et le groupe Lufthansa avaient un résultat deux fois supérieur.
Ce faisant, ils comptaient mettre les syndicats de pilotes devant leurs responsabilités : on ne peut pas distribuer ce que l’on n’a pas. Peut-être auraient-ils dû insister davantage sur le résultat négatif de l’exercice, mais on peut comprendre qu’ils aient tout de même voulu donner un message positif, d’autant plus que leurs homologues européens n’hésitaient pas à claironner leurs profits.
Seulement les représentants des pilotes sont tout sauf des gestionnaires. Ils arguent de pseudo blocages de rémunérations qu’ils auraient subis au cours des dernières années en oubliant que pendant ce temps, la masse salariale a continué à augmenter alors que le nombre de salariés était en diminution.
C’est-à-dire que le gâteau qui a grossi a été partagé en un plus petit nombre de salariés et, par conséquent, chacun a vu son revenu augmenter alors qu’ils prétendent le contraire. Mais après tout, ils sont dans leur rôle.
Celui-ci consiste à défendre une catégorie de salariés qui d’ailleurs ne représente que 10% de l’effectif total de l’entreprise, fusse au détriment des autres 90% du personnel. Seulement ils pilotent les avions et ils peuvent désorganiser l’entreprise même avec un nombre de grévistes très minoritaires.
Ce faisant, ils comptaient mettre les syndicats de pilotes devant leurs responsabilités : on ne peut pas distribuer ce que l’on n’a pas. Peut-être auraient-ils dû insister davantage sur le résultat négatif de l’exercice, mais on peut comprendre qu’ils aient tout de même voulu donner un message positif, d’autant plus que leurs homologues européens n’hésitaient pas à claironner leurs profits.
Seulement les représentants des pilotes sont tout sauf des gestionnaires. Ils arguent de pseudo blocages de rémunérations qu’ils auraient subis au cours des dernières années en oubliant que pendant ce temps, la masse salariale a continué à augmenter alors que le nombre de salariés était en diminution.
C’est-à-dire que le gâteau qui a grossi a été partagé en un plus petit nombre de salariés et, par conséquent, chacun a vu son revenu augmenter alors qu’ils prétendent le contraire. Mais après tout, ils sont dans leur rôle.
Celui-ci consiste à défendre une catégorie de salariés qui d’ailleurs ne représente que 10% de l’effectif total de l’entreprise, fusse au détriment des autres 90% du personnel. Seulement ils pilotent les avions et ils peuvent désorganiser l’entreprise même avec un nombre de grévistes très minoritaires.
Le personnel au sol goûte peu l’attitude si égoïste des pilotes
Pour faire entendre raison à la minorité qui met la société par terre, car les conséquences ne sont pas seulement immédiates, elles vont impacter l’ensemble de l’exercice 2018, Jean Marc Janaillac n’a pas hésité à mettre son poste en jeu. D’abord en lançant une consultation sur l’ensemble du personnel pour lui demander s’il est d’accord avec la dernière proposition faite par la direction, et en annonçant, fusse en termes choisis, son départ de l’entreprise s’il ne recueillait pas l’approbation de la majorité des salariés.
Il prend probablement très peu de risques car le personnel au sol goûte peu l’attitude si égoïste des pilotes ou tout au moins de leurs représentants. Il est donc quasiment certain que la consultation montrera une approbation massive aux dernières positions de la présidence d’Air France.
Mais tout ne sera pas réglé pour autant. En effet ce pseudo référendum n’a pas de valeur légale pour faire entériner un plan qui ne peut être signé que par les représentants officiels des salariés, c’est-à-dire les syndicats. Par contre, si l’approbation à la Direction Générale s’avère massive, cela constituera un énorme moyen de pression sur les pilotes et on peut alors espérer, qu’au prix d’un dernier aménagement des propositions, même cosmétique, on puisse s’acheminer vers la fin du conflit.
Si ce n’était pas le cas, il faudrait alors constater l’impossibilité dans laquelle la compagnie française peut se mettre en phase avec la gestion actuelle du transport aérien.
Alors, faute d’aller vers une solution radicale qui serait le dépôt de bilan de l’entreprise, comme l’ont fait tous les grands transporteurs américains avec le Chapter 11, le groupe s’enfoncera progressivement dans une situation « à l’italienne », dont on peut mesurer le résultat.
Il prend probablement très peu de risques car le personnel au sol goûte peu l’attitude si égoïste des pilotes ou tout au moins de leurs représentants. Il est donc quasiment certain que la consultation montrera une approbation massive aux dernières positions de la présidence d’Air France.
Mais tout ne sera pas réglé pour autant. En effet ce pseudo référendum n’a pas de valeur légale pour faire entériner un plan qui ne peut être signé que par les représentants officiels des salariés, c’est-à-dire les syndicats. Par contre, si l’approbation à la Direction Générale s’avère massive, cela constituera un énorme moyen de pression sur les pilotes et on peut alors espérer, qu’au prix d’un dernier aménagement des propositions, même cosmétique, on puisse s’acheminer vers la fin du conflit.
Si ce n’était pas le cas, il faudrait alors constater l’impossibilité dans laquelle la compagnie française peut se mettre en phase avec la gestion actuelle du transport aérien.
Alors, faute d’aller vers une solution radicale qui serait le dépôt de bilan de l’entreprise, comme l’ont fait tous les grands transporteurs américains avec le Chapter 11, le groupe s’enfoncera progressivement dans une situation « à l’italienne », dont on peut mesurer le résultat.
Jean-Louis Baroux est l'ancien président d'APG (Air Promotion Group) et le créateur du CAF (Cannes Airlines Forum) devenu le World Air Forum.
Grand spécialiste de l'aérien, il a signé aux éditions L'Archipel ''Compagnies Aériennes : la faillite du modèle'', un ouvrage que tous les professionnels du tourisme devraient avoir lu.
Les droits d'auteur de l'ouvrage seront reversés à une association caritative. On peut l'acquérir à cette adresse : www.editionsarchipel.com.
Grand spécialiste de l'aérien, il a signé aux éditions L'Archipel ''Compagnies Aériennes : la faillite du modèle'', un ouvrage que tous les professionnels du tourisme devraient avoir lu.
Les droits d'auteur de l'ouvrage seront reversés à une association caritative. On peut l'acquérir à cette adresse : www.editionsarchipel.com.