CLIQUEZ POUR AGRANDIR - Les fraudes sont toutes réalisés selon le même modèle - Easel.ly - DR P.C
Ah la dématérialisation des paiements ! Grâce aux cartes bancaires (CB), finies les liasses de billets, finies les encombrantes petites pièces de monnaie...
Et surtout, fini le risque, pour les commerçants, de se faire dérober la caisse pleine de la recette d'une ou plusieurs journées.
Enfin, c'est ce qu'on croyait. Car, si tout le monde est conscient du manque de sécurité d'une transaction par chèque (le compte concerné peut ne pas être assez approvisionné), les agents de voyages commencent à comprendre que les réservations à distance via une CB peuvent aussi présenter des risques.
En effet, de nombreux points de vente en France ont été victimes de fraudes à l'issue de ventes de billets ou de forfaits par téléphone ou sur Internet.
Et ce type d'arnaque semble connaître une recrudescence ces derniers temps.
Certains escrocs parviennent à acheter des prestations touristiques sous une fausse identité et grâce à des numéros de cartes bancaires préalablement piratés ou subtilisés.
Et, à chaque fois, c'est l'agence de voyages qui y perd !
Et surtout, fini le risque, pour les commerçants, de se faire dérober la caisse pleine de la recette d'une ou plusieurs journées.
Enfin, c'est ce qu'on croyait. Car, si tout le monde est conscient du manque de sécurité d'une transaction par chèque (le compte concerné peut ne pas être assez approvisionné), les agents de voyages commencent à comprendre que les réservations à distance via une CB peuvent aussi présenter des risques.
En effet, de nombreux points de vente en France ont été victimes de fraudes à l'issue de ventes de billets ou de forfaits par téléphone ou sur Internet.
Et ce type d'arnaque semble connaître une recrudescence ces derniers temps.
Certains escrocs parviennent à acheter des prestations touristiques sous une fausse identité et grâce à des numéros de cartes bancaires préalablement piratés ou subtilisés.
Et, à chaque fois, c'est l'agence de voyages qui y perd !
Usurpation d'identité et vol de codes de cartes bancaires
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Le mode opératoire est presque toujours le même. L'agence reçoit un appel ou un message électronique de la part d'une personne qui souhaite réserver à distance une place sur un vol ou un séjour.
Le vendeur prend alors soin de lui demander des photocopies de ses papiers d'identité, un relevé d'identité bancaire (RIB) et, éventuellement, un bilan lorsqu'il s'agit d'une demande au nom d'une société.
Des documents qui permettent de vérifier la fiabilité du futur acheteur.
Une fois ces informations confirmées, la vente est réalisée. Le client donne un numéro de CB ainsi que le cryptogramme affiché derrière la carte.
Le terminal de paiement de l'agence délivre son ticket. La transaction est acceptée et les fonds sont crédités quelques minutes plus tard sur le compte du point de vente.
Jusque là tout va bien. Mais c'est après que ça se complique. Quelques jours plus tard, le directeur de l'agence est généralement contacté par sa banque qui lui signale que le titulaire de la CB en conteste son utilisation. Les fonds sont alors débités du compte pour être recrédités sur celui du plaignant.
L'agent tente donc de contacter le client avec qui il a traité. Mais c'est là qu'il se rend compte que ce dernier a usurpé une identité et qu'il s'est donc fait berner. Malheureusement, il est souvent trop tard : la prestation vendue a été assurée, l'agence n'a plus l'argent et le fraudeur s'est envolé dans la nature.
Le vendeur prend alors soin de lui demander des photocopies de ses papiers d'identité, un relevé d'identité bancaire (RIB) et, éventuellement, un bilan lorsqu'il s'agit d'une demande au nom d'une société.
Des documents qui permettent de vérifier la fiabilité du futur acheteur.
Une fois ces informations confirmées, la vente est réalisée. Le client donne un numéro de CB ainsi que le cryptogramme affiché derrière la carte.
Le terminal de paiement de l'agence délivre son ticket. La transaction est acceptée et les fonds sont crédités quelques minutes plus tard sur le compte du point de vente.
Jusque là tout va bien. Mais c'est après que ça se complique. Quelques jours plus tard, le directeur de l'agence est généralement contacté par sa banque qui lui signale que le titulaire de la CB en conteste son utilisation. Les fonds sont alors débités du compte pour être recrédités sur celui du plaignant.
L'agent tente donc de contacter le client avec qui il a traité. Mais c'est là qu'il se rend compte que ce dernier a usurpé une identité et qu'il s'est donc fait berner. Malheureusement, il est souvent trop tard : la prestation vendue a été assurée, l'agence n'a plus l'argent et le fraudeur s'est envolé dans la nature.
Système de "poupées russes"
Le système est parfaitement rodé. Selon Patrick Yvars, chef de la Brigade des Fraudes aux Moyens de Paiements (BFMP) de Paris, c'est un véritable réseau d'escrocs qui sévit dans ces affaires.
Ils agissent selon la logique des "poupées russes", explique le patron de la BFMP. Un premier acteur s'arrange pour obtenir des numéros valides d'une CB à l'insu de son titulaire.
Pour cela, il recourt souvent à l'utilisation de l'appareil photographique intégré aux smartphones pour capturer le recto et le verso de la CB.
Ce premier maillon de la chaîne de l'arnaque revend ensuite les informations ainsi obtenues à un autre escroc. Celui-ci se débrouille alors pour se doter des papiers d'identité falsifiés mais correspondant à une personne réelle avant de contacter l'agence de voyages et acheter les prestations.
A partir de là, l’enchaînement se poursuit en suivant les étapes précédemment décrites. Et les billets se retrouvent bien souvent en vente, à des tarifs défiant toute concurrence, sur des sites tels que LeBonCoin.fr ou encore Vivastreet.
Ils agissent selon la logique des "poupées russes", explique le patron de la BFMP. Un premier acteur s'arrange pour obtenir des numéros valides d'une CB à l'insu de son titulaire.
Pour cela, il recourt souvent à l'utilisation de l'appareil photographique intégré aux smartphones pour capturer le recto et le verso de la CB.
Ce premier maillon de la chaîne de l'arnaque revend ensuite les informations ainsi obtenues à un autre escroc. Celui-ci se débrouille alors pour se doter des papiers d'identité falsifiés mais correspondant à une personne réelle avant de contacter l'agence de voyages et acheter les prestations.
A partir de là, l’enchaînement se poursuit en suivant les étapes précédemment décrites. Et les billets se retrouvent bien souvent en vente, à des tarifs défiant toute concurrence, sur des sites tels que LeBonCoin.fr ou encore Vivastreet.
Les terminaux de paiements à distance sont-ils efficaces ?
Parmi les nombreux agents escroqués, certains font entendre leur voix et mettent en cause leurs banques. C'est le cas notamment d'Hervé Audren, directeur de l'agence Z Tours (réseau Afat), à Morlaix dans le Finistère (29).
Victime de ce type de fraude en 2010, il remet en question l'utilité et la fiabilité des terminaux de paiements à distance par CB souscrits par les commerçants auprès de leur établissement bancaire.
Il déplore que ce système "qui coûte très cher – entre 0,3% et 2,5% du montant de chaque transaction - laisse passer" ce genre d'arnaques.
"On respecte à la lettre les directives et quand un problème surgit, c'est quand même le commerçant qui paie, déplore-t-il. L'ennemi, c'est la banque. Ils sont tenus de restituer les sommes au titulaire de la carte donc ils prennent d'un côté pour rembourser de l'autre."
En effet, depuis la transposition en France, en juillet 2009, de la réglementation européenne du 13 novembre 2007, le titulaire d'une CB peut contester un paiement dans un délai de 13 mois.
Dans ce cas-là, la banque est obligée de procéder au remboursement intégral et immédiat des sommes engagées.
"Évidemment, le banquier va répercuter la perte sur le commerçant qui va se voir débiter des fonds initialement crédités, explique Me Frédéric Leplat, avocat à la cour et Maître de conférence à l'Université de Lille.
En l’occurrence, on parle d'une « rectification comptable ». Et, dans ce cas, c'est le commerçant qui perd tout."
Victime de ce type de fraude en 2010, il remet en question l'utilité et la fiabilité des terminaux de paiements à distance par CB souscrits par les commerçants auprès de leur établissement bancaire.
Il déplore que ce système "qui coûte très cher – entre 0,3% et 2,5% du montant de chaque transaction - laisse passer" ce genre d'arnaques.
"On respecte à la lettre les directives et quand un problème surgit, c'est quand même le commerçant qui paie, déplore-t-il. L'ennemi, c'est la banque. Ils sont tenus de restituer les sommes au titulaire de la carte donc ils prennent d'un côté pour rembourser de l'autre."
En effet, depuis la transposition en France, en juillet 2009, de la réglementation européenne du 13 novembre 2007, le titulaire d'une CB peut contester un paiement dans un délai de 13 mois.
Dans ce cas-là, la banque est obligée de procéder au remboursement intégral et immédiat des sommes engagées.
"Évidemment, le banquier va répercuter la perte sur le commerçant qui va se voir débiter des fonds initialement crédités, explique Me Frédéric Leplat, avocat à la cour et Maître de conférence à l'Université de Lille.
En l’occurrence, on parle d'une « rectification comptable ». Et, dans ce cas, c'est le commerçant qui perd tout."
"Aucune garantie face à l'utilisation frauduleuse d'une CB"
Le directeur de Z Tours a, lui, décidé d'assigner sa banque en justice. Mais, il a peu de chances de remporter cette bataille judiciaire. "La convention signée entre le commerçant et sa banque fixe l'ensemble des garanties relatives à la sécurité des transactions, précise Me Leplat.
Le système des terminaux de paiement à distance permet d'être sûr que le compte utilisé est suffisamment approvisionné. En revanche, la convention type n'offre aucune garantie face à une utilisation frauduleuse du titre de paiement."
Difficile, dans ces conditions, d’espérer obtenir une condamnation de l'établissement bancaire. Selon l'avocat, le seul recours pour l'agent victime est de porter plainte. Mais là aussi, la démarche paraît vaine.
En effet, à la BFMP, on explique que s'il est facile d'identifier la localisation des escrocs qui "officient souvent depuis des cyber-cafés d'Abidjan", selon Patrick Yvars, il est très compliqué de les interpeller à cause du manque de coopération entre les polices françaises et ivoiriennes.
Le système des terminaux de paiement à distance permet d'être sûr que le compte utilisé est suffisamment approvisionné. En revanche, la convention type n'offre aucune garantie face à une utilisation frauduleuse du titre de paiement."
Difficile, dans ces conditions, d’espérer obtenir une condamnation de l'établissement bancaire. Selon l'avocat, le seul recours pour l'agent victime est de porter plainte. Mais là aussi, la démarche paraît vaine.
En effet, à la BFMP, on explique que s'il est facile d'identifier la localisation des escrocs qui "officient souvent depuis des cyber-cafés d'Abidjan", selon Patrick Yvars, il est très compliqué de les interpeller à cause du manque de coopération entre les polices françaises et ivoiriennes.
Système 3D Secure
Pour en finir avec ces fraudes, des agents victimes commencent à se regrouper à l'initiative de Jean-Claude Journeau. Ce dernier s'est fait arnaquer selon la technique décrite précédemment. Il a subi un préjudice de près de 100 000 euros.
Il a créé le collectif Ave CB en novembre 2011 avec pour objectif de rassembler un maximum de dossiers.
Le but de sa démarche est d'être en mesure de "peser sur les autorités pour qu'elles fassent évoluer la réglementation et améliorent la sécurité des paiements à distance."
En attendant, le Groupement d’Intérêt Economique (GIE) des cartes bancaires préconise le recours à des systèmes de sécurité renforcé comme le 3D Secure.
Il a été mis en place par Voyages-sncf.com ou le site d'Air France.
Ce qui a permis à ces agences en ligne de considérablement réduire le nombre de fraudes grâce à l'envoi d'un SMS qui permet de vérifier que c'est bien le titulaire de la CB qui effectue le paiement.
C'est, pour le moment, la solution la plus efficace en la matière, même si certains constatent que le dispositif a tendance à décourager certains clients. Et, selon Me Leplat, ce système peut être adapté à une vente à distance par téléphone.
Mais, là aussi, attention ! Car, selon l'avocat, "il existe encore des moyens de modifier le numéro de téléphone sur lequel le message de vérification est envoyé."
Autant dire que les agents de voyages vont devoir encore redoubler de vigilance afin de ne pas continuer à tomber dans les pièges de ces fraudeurs chevronnés.
Il a créé le collectif Ave CB en novembre 2011 avec pour objectif de rassembler un maximum de dossiers.
Le but de sa démarche est d'être en mesure de "peser sur les autorités pour qu'elles fassent évoluer la réglementation et améliorent la sécurité des paiements à distance."
En attendant, le Groupement d’Intérêt Economique (GIE) des cartes bancaires préconise le recours à des systèmes de sécurité renforcé comme le 3D Secure.
Il a été mis en place par Voyages-sncf.com ou le site d'Air France.
Ce qui a permis à ces agences en ligne de considérablement réduire le nombre de fraudes grâce à l'envoi d'un SMS qui permet de vérifier que c'est bien le titulaire de la CB qui effectue le paiement.
C'est, pour le moment, la solution la plus efficace en la matière, même si certains constatent que le dispositif a tendance à décourager certains clients. Et, selon Me Leplat, ce système peut être adapté à une vente à distance par téléphone.
Mais, là aussi, attention ! Car, selon l'avocat, "il existe encore des moyens de modifier le numéro de téléphone sur lequel le message de vérification est envoyé."
Autant dire que les agents de voyages vont devoir encore redoubler de vigilance afin de ne pas continuer à tomber dans les pièges de ces fraudeurs chevronnés.