Héliades présente : En Crète, certains aimeraient bien sauver leur patrimoine

Epaminondas est tailleur de pierres. Il possède la patience des artisans séculaires.

Quand il partage le raki quotidien, il parle vite et fort. Il a toujours quelque chose à expliquer à ses camarades et visiblement, c’est souvent drôle. Mais le flux du débit m‘empêche d’en profiter.

Avec moi, il change de rythme. Il choisit des mots simples, et n’hésite pas à les répéter de différentes manières, croquis à l’appui si besoin, pour que je parvienne à saisir le sens. Et si je déclare forfait, il insiste gentiment en ajoutant : « On a le temps ! ».

Epaminondas aurait fait un formidable professeur des écoles !

Mais Nonda, pour les intimes, une cinquantaine d’années au compteur, vient d’une famille de sept enfants, là-haut dans la montagne. Pas question d’aller trop longtemps à l’école en ce temps-là. Le bois, les olives, les chèvres, les légumes, tout le monde doit participer.

Epaminondas suppose que je suis un peu journaliste et je le soupçonne d’avoir un objectif. Il aimerait bien que je parle de son village justement.

Quand il entre dans son église, il met un cierge pour la paix, un pour la justice et le troisième pour ce qui sera bon pour lui. Un sage qui n’hésite pas à demander de l’aide à plus fort que lui quand il s’agit de remonter des maisons en pierres.

Parce que les Grecs d’ici n’ont plus d’argent pour rebâtir proprement leur patrimoine. Parce qu’il lui semble que seuls les étrangers peuvent s’offrir le luxe d’un ouvrage à l’ancienne, comme il veut et comme il sait faire. Et donc lui donner du travail. Et du travail en ce moment, Epaminondas n’en a pas.

Alors on ne sait jamais…

Demain, il m’emmène dans son village.

Le mot du jour, ochi lefta, il n’y a plus d’argent en Grèce…

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