Arrivée à Makrigialos, ma maison sur le port - Photo A.P
La fin du séjour s’est profilée beaucoup plus rapidement que je ne l’avais imaginé.
Le temps statique n’est pas immobile. Chronos avance aveuglément et se moque bien de mes expériences dilatoires.
Je vais quitter la maison blanche et le village. J’ai appris que, dès cet été, un TO francophone en faisait une nouvelle étape de ses randonnées pédestres à travers l’île. Ce ne sera pas la plus belle en termes d’esthétique, mais sans doute la plus rafraîchissante.
Makrigialos doit son nom à la longue grève qui borde la baie. Semée de bars et de tavernes aujourd’hui fermés, je la suppose joyeuse et musicale au soleil estival.
Mais je sais à présent, pour y avoir vécu ces quatre semaines hivernales, que cette façade maritime est quelque peu frauduleuse.
La vraie Crète, celle que j’aime sans modération, est à l’abri dans les montagnes et s’éteint doucement de vieillesse. Les côtes, même la sudiste que je pensais épargnée, sont mitées et dévorées par un cancer insidieux.
Il ronge aussi bien les locaux, écartelés entre les nouveaux appétits d’argent des jeunes et les coupes budgétaires drastiques imposées par l’Europe (voir jeudi), que les résidents venus d’ailleurs (voir mercredi).
Le temps statique n’est pas immobile. Chronos avance aveuglément et se moque bien de mes expériences dilatoires.
Je vais quitter la maison blanche et le village. J’ai appris que, dès cet été, un TO francophone en faisait une nouvelle étape de ses randonnées pédestres à travers l’île. Ce ne sera pas la plus belle en termes d’esthétique, mais sans doute la plus rafraîchissante.
Makrigialos doit son nom à la longue grève qui borde la baie. Semée de bars et de tavernes aujourd’hui fermés, je la suppose joyeuse et musicale au soleil estival.
Mais je sais à présent, pour y avoir vécu ces quatre semaines hivernales, que cette façade maritime est quelque peu frauduleuse.
La vraie Crète, celle que j’aime sans modération, est à l’abri dans les montagnes et s’éteint doucement de vieillesse. Les côtes, même la sudiste que je pensais épargnée, sont mitées et dévorées par un cancer insidieux.
Il ronge aussi bien les locaux, écartelés entre les nouveaux appétits d’argent des jeunes et les coupes budgétaires drastiques imposées par l’Europe (voir jeudi), que les résidents venus d’ailleurs (voir mercredi).
"Cette famille est une légende"
Seul à l’extrême limite du port, tel un village gaulois bien connu, le café de Manolis et d’Anna résiste à sa manière. Leur raki est paraît-il le meilleur de la région, parce qu’il a gardé le parfum d’enfance du diktame crétois.
Mais cet endroit que j’ai fréquenté avec bonheur tout ce mois est un réel espace d’exception dans le paysage. "Cette famille est une légende" dit-on d’eux.
Il y a plus de vingt ans, on venait déjà de très loin pour passer quelques heures mémorables chez le père, un pallikare que n’aurait pas renié Kazantzakis.
La taverne, solitaire sur la plage déserte, était célèbre pour sa liberté d’être. La nostalgie de cette époque résonne toujours dans les échanges entre habitués.
La liberté crétoise n’est plus qu’intérieure chez certains et ne résistera sans doute pas aux bulldozers financiers.
En attendant ce laminage programmé, j’emporte, avec nostalgie moi aussi, une brassée d’images et de sourires, des mélodies ancestrales sur son de lyres, une palette marine chatoyante d’embruns, et la chaleur humaine de résistants dignes de leurs ancêtres de romans ou des singes de Blondin. Qu’ils en soient remerciés.
Mais cet endroit que j’ai fréquenté avec bonheur tout ce mois est un réel espace d’exception dans le paysage. "Cette famille est une légende" dit-on d’eux.
Il y a plus de vingt ans, on venait déjà de très loin pour passer quelques heures mémorables chez le père, un pallikare que n’aurait pas renié Kazantzakis.
La taverne, solitaire sur la plage déserte, était célèbre pour sa liberté d’être. La nostalgie de cette époque résonne toujours dans les échanges entre habitués.
La liberté crétoise n’est plus qu’intérieure chez certains et ne résistera sans doute pas aux bulldozers financiers.
En attendant ce laminage programmé, j’emporte, avec nostalgie moi aussi, une brassée d’images et de sourires, des mélodies ancestrales sur son de lyres, une palette marine chatoyante d’embruns, et la chaleur humaine de résistants dignes de leurs ancêtres de romans ou des singes de Blondin. Qu’ils en soient remerciés.
Le mot du jour, terma, c’est fini, mais l’aventure vous tente, la maison bleue est sur www.makrigialos.com.
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