Huttopia ou l'utopie de la déconnexion ?

Et dire que la semaine dernière, nous étions heureux de vous présenter l'agence Out of reach dont la spécialité est le voyage 100% déconnecté.

Au même moment - ou presque - Huttopia publiait un communiqué dénonçant « le nouveau critère obligatoire relatif au wifi dans le classement des campings en France»

Et ce nouveau critère, instauré conjointement par la Direction du Tourisme, Atout France et la Fédération Nationale de l'Hôtellerie de Plain Air, prévoit que tout camping 2* doit disposer du wifi pour chaque emplacement.

Ah. Mince. Même dans un camping en pleine nature, le web doit nous suivre, et c'est une obligation. Sauf si on est officiellement électrosensible (soit mieux vaut guérir que prévenir, soit on tombe dans l'hypocrisie).

Et si moi, je veux aller dans un camping de qualité (sauf mon respect pour ceux qui ne sont pas 2*) et sans connexion, pour me détacher un peu de la tornade d'information qui nous submerge tous les jours ?

Et si j'ai envie, une fois par an, pendant une semaine, d'être injoignable, de ne pas savoir ce qu'on a découvert sur Benalla et de ne pas regarder la dernière vidéo de chaton trop mignon ?

Comme le résume simplement Huttopia « Ce choix de la déconnexion est assumé et réfléchi. Nous sommes convaincus qu’à une époque où nous sommes toujours plus connectés et dépendants d’internet, certains d’entre nous peuvent ressentir le besoin de "couper" le temps des vacances. De plus en plus d’acteurs touristiques revendiquent ce positionnement, en particulier en Amérique du Nord où l’on parle de "digital detox" ».

Huttopia, comme beaucoup d'autres, mise sur la nature, le calme, la douceur, et décrocher, « bercé par les vents ». Les touristes réclament de plus en plus l'authenticité, le retour aux sources, l'humain (bref, tout sauf l'uniformisation)...

Nous, on pense que sans notification facebook dans la poche, c'est mieux. Et sans possibilité d'accès à ses mails professionnels.

Marrant, d'ailleurs, que les acteurs du tourisme pour l'hébergement en plein air veuillent empêcher les vacanciers de se déconnecter, un peu plus d'un an après que le droit à la déconnexion ait intégré le droit du travail.

Voici ce qu'en dit le ministère du Travail : « Les salariés sont de plus en plus connectés en dehors des heures de bureau, la frontière entre vie professionnelle et personnelle est ténue, le temps de travail n’est plus continu… C’est donc pour s’adapter à cette réalité et créer les protections nécessaires à la santé des salariés qu’un droit à la déconnexion est inscrit dans la loi ».

Il semble qu'on ai encore du chemin à faire.

Allez, au pire, si vraiment l'idée c'est de ne surtout jamais au grand jamais se déconnecter, qu'on se rassure. Nous sommes en octobre 2018, et la 4G est accessible un peu partout sur le territoire.

Ouf. On l'a échappé belle. Un peu plus et on se recentrait sur l'essentiel.