En 2013, l'hôtel Lambert avait aussi été frappé par incendie pendant sa rénovation tout comme Notre-Dame lundi 15 avril 2019 - Photo C. Mousset
Après le coup de l'émotion, la colère.
Au lendemain de l'incendie qui a frappé Notre-Dame de Paris lundi 15 avril 2019, nous avions interviewé Sophie Bigogne, secrétaire du Syndicat Professionnel des guides interprètes conférenciers (SPGIC).
Elle nous faisait part de son immense tristesse : "Nous avons eu peur car nous avons pensé que nous n'allions peut-être pas la garder. Notre-Dame est désormais amputée. Nous avons perdu ce qui faisait l'âme de la capitale, que l'on soit croyant ou pas (...) Ce qui va être compliqué, c'est de faire les visites des autres cathédrales, Reims, Chartres, Rouen... c'est notre quotidien, et nous l'aurons toujours en nous."
Aujourd'hui c'est davantage un sentiment de colère qui prédomine chez les guides. Plusieurs d'entre eux nous ont fait parvenir leur témoignage.
Au lendemain de l'incendie qui a frappé Notre-Dame de Paris lundi 15 avril 2019, nous avions interviewé Sophie Bigogne, secrétaire du Syndicat Professionnel des guides interprètes conférenciers (SPGIC).
Elle nous faisait part de son immense tristesse : "Nous avons eu peur car nous avons pensé que nous n'allions peut-être pas la garder. Notre-Dame est désormais amputée. Nous avons perdu ce qui faisait l'âme de la capitale, que l'on soit croyant ou pas (...) Ce qui va être compliqué, c'est de faire les visites des autres cathédrales, Reims, Chartres, Rouen... c'est notre quotidien, et nous l'aurons toujours en nous."
Aujourd'hui c'est davantage un sentiment de colère qui prédomine chez les guides. Plusieurs d'entre eux nous ont fait parvenir leur témoignage.
Mettre ce type de monument sous haute surveillance
Autres articles
-
SNCF et Michelin dévoilent le guide "Échappées en train régional"
-
L'office de tourisme de Biarritz lance un guide "Transition Écologique"
-
Le guide 2023 des Logis Hôtels confirme la montée en gamme
-
TourMaG lance le 1er "Guide Partez en France des nouveautés et projets touristiques"
-
Guides-conférenciers : "Depuis avril, ça ne s'arrête pas !" 🔑
Ils vivent au quotidien en contact avec le patrimoine. Pour eux, il n'est pas entretenu à la hauteur de la fierté qu'à la France de dire qu'elle est la première destination touristique.
Ils dénoncent le manque d'entretien élémentaire : "Là où on pourrait réparer, on attend faute de moyens et le problème augmente, coûtant au final plus cher car nécessitant des travaux très importants, parfois faits dans l'urgence. Notre-Dame était un exemple..." nous précise l'un d'entre eux.
Autre mise en cause : la sur-fréquentation de certains sites "provoquant des dommages évidents".
"Mon sentiment" ajoute un autre guide conférencier, "c'est qu'il y a quand même quelque chose qui ne fonctionne pas dans certains services de l'Etat... On pourrait quand même imaginer que ce genre de phare du patrimoine soit sous haute surveillance, que lorsqu'on doit y faire des travaux on redouble de vigilance...
Nous avions déjà eu un désastre de ce genre consécutif à des travaux à l'Hôtel Lambert*, pas très loin...
Et puis à force de faire des économies de bouts de chandelles au Ministère de la Culture, on finit par perdre des centaines de millions...et je parle juste de l'énorme chantier qui va suivre, pas de la perte mémorielle inestimable dont cet incendie est la cause.
Je ne comprends pas que Notre-Dame n'ait pas été aussi bien surveillée que la Banque de France en fait. "
Ils dénoncent le manque d'entretien élémentaire : "Là où on pourrait réparer, on attend faute de moyens et le problème augmente, coûtant au final plus cher car nécessitant des travaux très importants, parfois faits dans l'urgence. Notre-Dame était un exemple..." nous précise l'un d'entre eux.
Autre mise en cause : la sur-fréquentation de certains sites "provoquant des dommages évidents".
"Mon sentiment" ajoute un autre guide conférencier, "c'est qu'il y a quand même quelque chose qui ne fonctionne pas dans certains services de l'Etat... On pourrait quand même imaginer que ce genre de phare du patrimoine soit sous haute surveillance, que lorsqu'on doit y faire des travaux on redouble de vigilance...
Nous avions déjà eu un désastre de ce genre consécutif à des travaux à l'Hôtel Lambert*, pas très loin...
Et puis à force de faire des économies de bouts de chandelles au Ministère de la Culture, on finit par perdre des centaines de millions...et je parle juste de l'énorme chantier qui va suivre, pas de la perte mémorielle inestimable dont cet incendie est la cause.
Je ne comprends pas que Notre-Dame n'ait pas été aussi bien surveillée que la Banque de France en fait. "
Une politique du patrimoine inadaptée
"Je considère nos politiques comme les principaux responsables, que ce soit au niveau national ou local, en particulier à Paris. Incurie, coupes budgétaires, choix trop souvent aberrants parallèlement à de l’argent dilapidé dans des événements contestables" ajoute cet autre guide.
Un manque de moyen et d'attention pointés du doigt par Didier Rykner, rédacteur en chef du magazine la Tribune de l'art, et Alexandre Gady, historien de l'art.
Interrogés par France Info ils mettent en cause des normes de sécurité insuffisantes, des monuments délaissés ou encore une politique du patrimoine inadaptée.
Mais ce qui inquiète désormais les guides conférenciers, c'est la promesse d'Emmanuel Macron Président de la République de reconstruire Notre-Dame en 5 ans, soit en 2024 date des Jeux Olympiques à Paris .
"D'abord on s'en fiche qu'elle soit "prête" pour les jeux olympiques ! Ce qu'on veut c'est que cela soit bien fait. Que le temps d'analyse, d'études de l'état post-incendie, des dégâts réels visibles et invisibles (dans la pierre, le bois...) ne soit pas bâclé. Comment un président - qui n'est pas architecte, historien d'art etc. - peut-il faire cette annonce alors que les spécialistes disent que c'est irréalisable ?" conclut cette guide.
Un manque de moyen et d'attention pointés du doigt par Didier Rykner, rédacteur en chef du magazine la Tribune de l'art, et Alexandre Gady, historien de l'art.
Interrogés par France Info ils mettent en cause des normes de sécurité insuffisantes, des monuments délaissés ou encore une politique du patrimoine inadaptée.
Mais ce qui inquiète désormais les guides conférenciers, c'est la promesse d'Emmanuel Macron Président de la République de reconstruire Notre-Dame en 5 ans, soit en 2024 date des Jeux Olympiques à Paris .
"D'abord on s'en fiche qu'elle soit "prête" pour les jeux olympiques ! Ce qu'on veut c'est que cela soit bien fait. Que le temps d'analyse, d'études de l'état post-incendie, des dégâts réels visibles et invisibles (dans la pierre, le bois...) ne soit pas bâclé. Comment un président - qui n'est pas architecte, historien d'art etc. - peut-il faire cette annonce alors que les spécialistes disent que c'est irréalisable ?" conclut cette guide.
* L’hôtel Lambert est un hôtel particulier situé dans l’île Saint-Louis bâti en 1940. Lors de sa rénovation, un important incendie avait eu lieu dans la nuit du 9 au 10 juillet 2013, faisant des dégâts notamment dans les derniers étages et le toit, qui s'est effondré sur le cabinet des bains peint par Eustache Le Sueur.