J.-P. Mas : "Boycotter les Maldives, une fausse bonne idée..."

Aux Maldives, la peine de mort est susceptible de s’appliquer à des enfants.

Ce procédé obscurantiste est exécrable !

Jacques Maillot, dans un élan de générosité, invite les professionnels du voyage à boycotter les Maldives.

Évitons la précipitation et les amalgames : Il est logique que nous refusions de travailler avec un établissement qui faciliterait la prostitution des enfants.

Nous le boycottons et le dénonçons parce que nous rejetons la pédophilie, qui est pénalement un crime.

En boycottant un pays, nous nous érigerions d’une certaine façon en maîtres à penser ou directeurs de conscience de nos clients.

S’il est de notre rôle de les informer sur le caractère contraire aux droits de l’Homme et aux traités internationaux des nouvelles dispositions du code pénal des Maldives, il ne nous appartient pas d’arbitrer leur décision de voyage. Nos clients sont libres.

Refuser d’aller dans un pays en raison de ses pratiques ou du caractère odieux de son système relève du libre arbitre de chacun.

Ainsi, je ne suis jamais allé en Afrique du Sud au temps de l’apartheid : c’était une démarche personnelle.

De même, j’ai longtemps refusé d’aller en Birmanie : c’était une erreur. Même si le tourisme y enrichit les généraux de la junte, il fait vivre des familles.

Faire circuler les hommes c’est créer un appel d’air favorable à la circulation des idées.

En refusant d’aller aux Maldives, j’exprime ma réprobation à l’égard de l’évolution obscurantiste de ce pays. En imposant mon choix personnel à mes clients, je limiterais leur libre arbitre.

J’éprouverais vite des difficultés à positionner le curseur du boycott : les pays où les voleurs ont la main coupée, ceux où les femmes adultère sont lapidées, ceux qui punissent de mort l’homosexualité ; les pays ou les opposants croupissent dans des cachots, ceux qui ne respectent pas les processus démocratiques, ceux qui oppriment des minorités, ceux qui limitent l’accès aux réseaux sociaux, les régimes mafieux…

Jean-Pierre Mas
Président du Syndicat national des agents de voyages

PS : Le SNAV et le SETO ont écrit ensemble au Ministre du Tourisme des Maldives pour le mettre en garde sur le fait que cette décision va nuire à l'image et au développement touristique du pays.