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Jean-Pierre Philibert (FEDOM) : "Les motifs impérieux et la septaine ont tué le tourisme en Outre-mer"

l'interview de Jean-Pierre Philibert, président de la FEDOM


Jean-Pierre Philibert, président de la Fédération des Entreprises des Outre-Mer demande au gouvernement de bénéficier des mêmes dispositifs dérogatoires que les stations de montagne notamment sur la prise en charge des coûts fixes, sans seuil d'éligibilité. Interview.


Rédigé par le Mardi 23 Mars 2021

Jean-Pierre Philibert : "Nous appelons à l'équité. Nos entreprises du tourisme sont assez comparables à celles de la montagne avec toutefois des coûts fixes supérieurs à la moyenne" - DR
Jean-Pierre Philibert : "Nous appelons à l'équité. Nos entreprises du tourisme sont assez comparables à celles de la montagne avec toutefois des coûts fixes supérieurs à la moyenne" - DR
TourMaG.com - Vous avez écrit à Sébastien Lecornu, Ministre des Outre-Mer, à Alain Griset Secrétaire d'Etat en charge des PME et à Jean-Baptiste Lemoyne Secrétaire d'Etat en charge du tourisme (voir pièce jointe ci-dessous) pour alerter le gouvernement sur la situation des entreprises du tourisme et du secteur HCR (hôtellerie, café, restauration) en Outre-Mer. Vous réclamez les mêmes aides que les entreprises situées dans les zones de montage. Pourtant, la situation est-elle comparable ?

Jean-Pierre Philibert :
La problématique des entreprises du tourisme en Outre-mer est exactement la même que pour les stations de montagne avec un critère d'aggravation supplémentaire pour le secteur HCR en Outre-mer.

Les stations de montagne ont vécu une saison quasi blanche avec la fermeture des remontées mécaniques. Le tourisme de montagne a dû faire face à des contraintes extraordinaires.

Nous avons aussi des conditions imposées et extraordinaires avec les mesures de septaine qui ont pu être mises en place puis levées, et les motifs impérieux.

L'ANMSM (Association Nationale des Maires des Stations de Montagne) a réalisé un sondage auprès de ses adhérents et annonce une baisse de chiffre d'affaires de 48% par rapport à 2020.

Nous n'avons pas le même type d'indicateur. En revanche nous avons les données de la fréquentation aérienne. L'aéroport Pôle Caraïbes à Pointe-à-Pitre a enregistré 66715 pax en février 2021, contre 240 019 en février 2020, soit une chute de 72%.

Résultat : le tourisme après les fêtes de fin d'année a été inexistant. Les motifs impérieux et la septaine ont tué le tourisme en Outre-mer.

Sauf que les entreprises situées sur les territoires de montagne, ont pu bénéficier de dispositifs d'aides dérogatoires.

Un dispositif dérogatoire comme pour le tourisme à la montagne

TourMaG.com - Vous souhaitez bénéficier de ces mêmes dispositifs ?

Jean-Pierre Philibert :
Nous appelons à l'équité. Nos entreprises du tourisme sont assez comparables à celles de la montagne, avec toutefois des coûts fixes supérieurs à la moyenne.

Tout comme la montagne nous avons une forte saisonnalité. Mais nous avons une contrainte professionnelle supplémentaire : nos salariés n'ont pas le statut de saisonnier. C'est une contrainte inerrante au modèle économique ultra-marin.

Au même titre que les coûts fixes sont structurellement plus élevés que la moyenne, dépassant dans la plupart des cas les 20% du seuil de chiffre d’affaire.

Il apparaît indispensable que le dispositif dit « coûts fixes » sans condition de chiffre d'affaires puisse s’appliquer à nos secteurs HCR et à nos résidences de tourisme des Outre-mer dans les mêmes conditions qu’à ceux situés en montagne.

Politiquement nous comprenons que la montagne ait bénéficié d'un dispositif spécifique. En revanche pourquoi les territoires ultra-marins n'en bénéficient-ils pas ?

C'est cet aspect qui soulève beaucoup de colère. Nous avons le sentiment d'avoir été les grands oubliés de cette mesure.

"Nous demandons la levée des motifs impérieux"

TourMaG.com - Avez-vous eu un retour du gouvernement sur ces demandes ?

Jean-Pierre Philibert :
Le cabinet de M. Lecornu nous a déjà appelé. J'ai le sentiment qu'ils ont envie de nous aider. Mais il va falloir convaincre Bercy.

TourMaG.com - Sur les motifs impérieux, quelle est votre vision ? Quelles sont vos demandes ?

Jean-Pierre Philibert :
Cette mesure est très discriminatoire, car c'est une façon de considérer les territoires d'Outre-mer comme des territoires étrangers.

Ces motifs impérieux sont justifiés par le gouvernement par le risque de pression hospitalière. Mais nous avons des capacités hospitalières en lien avec nos territoires. Evidemment le CHU de Martinique est plus petit qu'un CHU parisien, mais la taille du département n'est pas la même non plus...

Nous demandons que ces motifs impérieux soient levés. L'arrivée sur nos territoires pourrait être conditionnée à la présentation d'un certificat de vaccination, ou d'un test PCR négatif moins de 72h avant le départ, ainsi qu'à un autre test PCR à effectuer sur place.

Il faut que le gouvernement réfléchisse bien à ce sujet, au moins pour l'été. Nous allons avoir tous nos affinitaires qui vont souhaiter rentrer et c'est très important pour nos compagnies aériennes, qui souffrent énormément.

"Que les congés bonifiés puissent intégrer la liste des motifs impérieux"

A minima nous demandons à ce que les congés bonifiés puissent intégrer la liste des motifs impérieux. Il faudrait au moins une extension et un peu plus de souplesse.

Mais ce que nous demandons surtout c'est la levée de ces motifs impérieux dans des conditions acceptables pour les touristes, c'est à dire : vaccin ou tests PCR.

TourMaG.com - Pensez-vous que les lignes pourront bouger sur ce sujet ?

Jean-Pierre Philibert :
Autant sur les mesures économiques et d'aides nous pouvons argumenter (le Gouvernement n'est pas autiste vis à vis de l'Outre-mer) autant sur l'épidémie c'est plus compliqué. Il souhaite protéger les populations, et ne veut pas les effrayer non plus.

Rappelez-vous des des réticences au début de l'épidémie. Mais il faut que le Gouvernement nous entende car je sens énormément d'inquiétude de la part de nos entreprises du tourisme, il y a même une sorte de résignation.

Certaines considèrent qu'elles ne verront pas le bout...

Courrier de la FEDOM


Céline Eymery Publié par Céline Eymery Rédactrice en Chef - TourMaG.com
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Tags : fedom, outre-mer
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Commentaires

1.Posté par Yves Brossard le 24/03/2021 07:54 | Alerter
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Merci à Jean-Pierre PHILIBERT et à la FEDOM pour leur soutien essentiel, à notre cause (perdue ?).

Relativement à l’application des « motifs impérieux » interdisant les voyages vers les Outre-mer français sans motif professionnel, Jean-Pierre Philibert souligne les écarts de traitement entre la métropole et les Outre-mer français, dommageables aux plans politique, social et économique : « Cette mesure est très discriminatoire, car c'est une façon de considérer les territoires d'Outre-mer comme des territoires étrangers. »

Soit dit - en insistant - cette mesure entrave considérablement les français des Outre-mer résidant en métropole et pénalise les agences de voyages et tour opérateurs pour qui les Outre-mer constituent un débouché commercial naturel quand les frontières extra européennes sont verrouillées.

Quant au traitement inéquitable réservé aux industries touristiques des Outre-mer, par rapport à celles de nos collègues de la montagne (que nous soutenons d’autant plus vivement que nous vivons une situation similaire), Jean-Pierre Philibert, représentant les entreprises des Outre-mer en appelle, sinon à la raison, à l’équité : « Nous appelons à l'équité. Nos entreprises du tourisme sont assez comparables à celles de la montagne, avec toutefois des coûts fixes supérieurs à la moyenne. »

Puisse son appel être suivi d’effet car il est encore possible d’éviter un naufrage, l’anticipation étant souvent le meilleur des remèdes.

2.Posté par JEAN CLAUDE FABRE le 24/03/2021 14:24 | Alerter
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Comme d'habitude le Président JP PHILIBERT a des interventions pertinentes. Les DOM ont l'habitude des crises en tous genres, climatiques, sociales, concurrentielles, et savent s'adapter aux phénomènes avec une grande capacité de résilience. Après plusieurs mois d'efforts collectifs pour cause sanitaire, on s'aperçoit qu'un parc très limité de lits touristiques bénéficie d'aides financières, soit à peine 30 % du territoire pour la Guadeloupe, qui compte plus de 12 000 lits diffus sans accompagnement notoire, mettant en danger toute l'économie de la destination, et bien souvent des familles modestes. L'abandon de ce parc aura de graves conséquences politiques et économiques sur ce tourisme "inclusif", devenu la principale force de développement territorial depuis 20 ans. Des mesures urgentes paraissent indispensables pour éviter le déclin de toutes les activités transversales dépendantes du tourisme, premier moteur de l'économie mondiale, notamment le trafic aérien et la production agricole locale.

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