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Madère : l'image de la destination durablement écornée ?

Les professionnels du tourisme pestent contre les médias au sujet de Madère


Madère est au cœur de l'actualité. Les incendies et la pagaille à l'aéroport de l'île font l'ouverture des journaux télévisés ou des radios. Le traitement est certes négatif pour l'image de la destination, mais surtout les professionnels dénoncent les fausses informations relayées par nos confrères. Le bad buzz est tel que le cabinet d'Emmanuel Macron a passé un coup de fil au SETO pour prendre la température.


Rédigé par le Vendredi 23 Août 2024

Les professionnels du tourisme pestent contre les médias au sujet de Madère - Depositphotos @ArturBociarski
Les professionnels du tourisme pestent contre les médias au sujet de Madère - Depositphotos @ArturBociarski
Le mécontentement ne monte pas seulement dans l'aéroport de Funchal.

Dans le hangar, des centaines de voyageurs sont entassés et dorment à même le carrelage dans l'attente d'un éventuel billet d'avion retour.

Les images ont fait le tour des médias en France et jeté l'opprobre sur une destination assez peu habituée à défrayer la chronique.

Madère doit aussi faire face à un autre problème.

"Je fais tout mon possible, pour que les médias arrêtent de relayer des fake news en France.

Dire que les incendies empêchent les avions de se poser est une énorme bêtise. Le problème aérien réside dans les vents violents qui ont frappé l'île et contrarié l'atterrissage de certains avions,
" s'indigne Helmut Stückelschweiger, le président de TOP Of Travel.

Un peu partout l'amalgame a été fait entre les incendies et les vols annulés, créant une confusion et un vent de panique chez les clients.

Sur place la situation est compliquée principalement pour les voyageurs individuels qui ont préféré organiser eux-mêmes leurs séjours.

Faute d'intermédiaire, ils se retrouvent livrés à eux-mêmes.

Madère : l'Elysée appelle le SETO !

Malgré tout, le mal est fait. Les incendies sévissent dans un territoire à la configuration complexe pour lutter contre ce phénomène.

"Deux canadairs viennent d'arriver pour combattre les flammes.

Les zones touristiques ne sont pas du tout touchées, même si quelques levadas ont dû être fermés. Entre 5 000 et 7 000 hectares ont brûlé, c'est malheureux.

Une fois de plus, les feux n'ont rien à voir avec les images des clients à l'aéroport, cela vient uniquement des passagers plantés par Ryanair et easyJet,
" poursuit le patron du tour-opérateur.

Ils seraient 200 à 250 laissés pour compte selon ses dires.

Pour les séjours à forfait, les opérateurs ont pris les devants et relogé tout le monde. Une nouvelle fois, c'est en pleine crise que les agents de voyages et intermédiaires démontrent tout leur intérêt.

"Nous avons trouvé des solutions pour les centaines de clients que nous avons sur place," affirme le responsable autrichien.

Au SETO, l'impact est plutôt limité, même si le cabinet de l'Elysée a téléphoné au président du syndicat pour sonder la situation, suite à un long reportage de TF1 sur le sujet.

Madère : "Les compagnies aériennes ont du culot !"

Alors que chacun cherche des solutions, les vols affichent complet ou à des tarifs prohibitifs. Les compagnies aériennes renvoient les mécontents devant les grilles du consulat français pour faire bouger le Gouvernement.

"Les compagnies qui créent la pagaille, faute de pilote et d'avion, ont véritablement du culot d'appeler à l'aide le Quai d'Orsay. Le problème est lié seulement aux transports, rien de plus. Les tour-opérateurs n'ont rien à voir avec la situation actuellement.

Nous avons des compatriotes qui ne veulent pas acheter la protection d'un voyage à forfait et qui appellent au secours.

Notre réponse au grand public : en passant avec un professionnel, vous n'avez aucune dépense dans les 3 jours après votre départ supposé,
" rappelle René-Marc Chikli.

Et les SOS n'y changeront rien : il n'y aura pas d'avion mis en place par les pouvoirs publics qu'on se le dise.

Comme après chaque saison estivale, les professionnels désignent un seul et unique coupable : les compagnies aériennes. A force de tirer les services vers le bas, elles en oublient leurs clients et obligations.

"Elles tiennent le marché et le mènent à la baguette !

Dans le même temps, en manque d'avions et de pilotes, elles doivent réguler et saisissent le moindre prétexte pour annuler.

Peut-être qu'un jour des pénalités leur seront imposées, mais c'est au gouvernement et à l'Europe de faire bouger les lignes
,
" déclare le président du SETO.

Madère : Le gouvernement et l'Europe doivent secouer les compagnies !

Pour Helmut Stückelschweiger, il est temps d'agir.

"Ce problème de vent ne date pas d'aujourd'hui.

Cette fois-ci nous avons sans doute eu plus de rafales que d'habitude. Mais je ne comprends pas pourquoi les autorités ne mettent pas en place des solutions techniques pour éviter les annulations de vols.

Il existe un projet de radar permettant de guider plus précisément les avions en fonction du vent. Il est prévu pour 2026, mais pourquoi attendre aussi longtemps ?
" questionne le patron du tour-opérateur, l'un des leaders français sur le tourisme de l'Ile.

En attendant, des milliers de voyageurs seraient bloqués sur l'archipel.

L'aéroport est de nouveau accessible, les avions se posent et repartent avec des voyageurs. Dans quelques jours, les scènes de chaos ne seront plus qu'un mauvais souvenir, le temps d'évacuer les passagers sans billets retour.

"easyJet aurait envoyé un avion en début de semaine et Ryanair aurait annoncé à ses clients qu'ils rentreront dimanche prochain, les laissant se dépatouiller pour se loger jusqu'à cette date.

Après, pour vous donner un peu de contexte, le seul endroit où Madère fait la Une de l'actualité c'est la France. Ailleurs en Europe, personne ne parle du feu et de l'île.

Aucun ami autrichien ne m'a écrit pour me demander ce qu'il se passait ici, par contre dans l'Hexagone les appels sont très nombreux,
" reconnaît le président de TOP Of Travel.

Madère : Quand les autorités réagiront-elles ?

Dans une période plutôt morne pour l'actualité, les médias tricolores s'en donnent à cœur joie.

Madère est partout et les autorités locales... nulle part !

"Personne ne réagit ici (à Madère, ndlr) ou même à Paris.

Les représentants touristiques ne prennent pas la parole, c'est silence radio. Quand vont-ils réagir ? Je ne vais pas pouvoir éteindre l'"incendie" tout seul,
" constate-t-il.

L'office de tourisme est pour l'heure aux abonnés absents. Or, les heures passent et le travail de sape des images commence à faire son effet. Hier, nous vous relations les appels de voyageurs français souhaitant annuler des séjours pour l'automne.

Le SETO craint, lui-aussi, que l'image de la destination soit durablement écornée.

"Je plains le responsable de l'office de tourisme local, tant l'image de la destination en a pris un coup...

Je ne sais pas trop ce qu'ils pourraient faire mais il faut réagir.

Voir des avions atterrir de travers, puis expliquer reportage après reportage les spécificités et les difficultés pour se poser, tout en sachant que beaucoup de voyageurs ont peur de prendre ce moyen de transport, voilà qui n'arrangera pas les affaires de la destination.

A cela vous ajoutez, les voyageurs dormant par terre à l'aéroport, c'est catastrophique,
" analyse René-Marc Chikli.

Avec un peu de chance, le capharnaüm politique va reprendre ses droits ce vendredi, donner du grain à moudre aux médias, et reléguer Madère à un relatif anonymat.

Dans quelques jours, le grand public aura oublié les images de l'incendie et les avions atterrissant de biais sur la piste de Funchal...


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Commentaires

1.Posté par xenon24 le 23/08/2024 09:17 | Alerter
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Les médias font leur travail, ils rapportent avec plus ou moins d’objectivité les événements. On oublie trop souvent que le transport aérien est une industrie sujette à beaucoup d’aléas, certains plus ou moins prévisibles, d’autres pas du tout. Certes les compagnies aériennes ont une responsabilité vis-à-vis de leurs passagers en cas d’aléas et la différence de traitement se retrouve dans le prix du billet. Lorsqu’on achète un billet pour quelques dizaines d’euros, il ne faut pas s’attendre à ce que la compagnie investisse des centaines pour dédommager ses passagers. Surtout pour ceux qui ne souhaite pas acheter une couverture d’assurance.

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