A soixante ans Michel Messager quitte, comme il l’avait annoncé, le poste de Secrétaire Général de l’APS, qu’il occupait depuis dix ans. Dès la semaine prochaine Emmanuel Toromanof, l’actuel fondé de pouvoir lui succédera. Rien n’est improvisé. La succession est préparée de longue date.
Une silhouette toute en rondeur, une pipe à la bouche, un air bourru… pour tout dire l’homme parle peu. Il s’anime dès qu’il s’agit des autres, les anciens du métier qu’il respecte, infiniment, et les acteurs de la nouvelle génération qui trouvent chez lui une écoute attentive.
Une filiation hors du commun
A y regarder de près Michel Messager cultive les contrastes. Bourru, certes, mais aussi courtois, réservé mais parfois sacrément culotté, il est comme ça. Il paraît solitaire alors qu’il est un homme de clan. Fidèle en amitié il a la rancune tenace. Aller à sa rencontre c’est faire un voyage dans un passé où le hasard et les rencontres mènent la danse.
Tout commence à la Bataille de la Somme pendant la guerre de 14/18. Son grand-père maternel, Henri Guiter, enrôlé comme lieutenant dans les chars est blessé par un éclat d’obus. A l’hôpital militaire il est soigné par une infirmière douce et bien jolie. Lui vient d’un milieu très modeste. Son père livre le charbon, sa mère fait des ménages. Elle est d’excellente noblesse. Ils se marieront et auront trois enfants.
Une silhouette toute en rondeur, une pipe à la bouche, un air bourru… pour tout dire l’homme parle peu. Il s’anime dès qu’il s’agit des autres, les anciens du métier qu’il respecte, infiniment, et les acteurs de la nouvelle génération qui trouvent chez lui une écoute attentive.
Une filiation hors du commun
A y regarder de près Michel Messager cultive les contrastes. Bourru, certes, mais aussi courtois, réservé mais parfois sacrément culotté, il est comme ça. Il paraît solitaire alors qu’il est un homme de clan. Fidèle en amitié il a la rancune tenace. Aller à sa rencontre c’est faire un voyage dans un passé où le hasard et les rencontres mènent la danse.
Tout commence à la Bataille de la Somme pendant la guerre de 14/18. Son grand-père maternel, Henri Guiter, enrôlé comme lieutenant dans les chars est blessé par un éclat d’obus. A l’hôpital militaire il est soigné par une infirmière douce et bien jolie. Lui vient d’un milieu très modeste. Son père livre le charbon, sa mère fait des ménages. Elle est d’excellente noblesse. Ils se marieront et auront trois enfants.
Du côté paternel le grand père est ouvrier dans une cave de Saint-Emilion où il tourne les bouteilles jusqu’au jour où… il gagne le gros lot à la loterie ! De là a acheter le château où il travaille il n’y avait qu’un pas à franchir. Ce fut fait !
Le tourisme de mémoire, une invention « maison »
Et le tourisme dans tout ça ? J’y viens. Le père de la jolie mariée, l’un des dirigeants PLM
(la ligne Paris – Lyon – Marseille) a créé le « Le Tourisme Européen » qui organise des séjours pour des groupes associatifs sur la Riviera. Henri Guiter commence à travaille avec son beau père puis décide de créer sa propre entreprise. Il veut la nommer « Le Tourisme Mondial». Rappelé à plus de modestie par sa femme, il en restera au «Le Tourisme Français ».
Henri Guiter invente le tourisme de mémoire en organisant des voyages en autocars sur les champs de batailles avec spectacle Son et Lumière à Verdun. Il lance des voyages en autocar en Europe du Sud puis au-delà de la Méditerranée, en Tunisie, en Algérie… Le succès est au rendez-vous. Sans doute profite-t-il des conseils d’un voisin de bureau avec qui il sympathise, un jeune plein d’idées qui s’appelle Marcel Bleustein Blanchet. Le Tourisme Français fut une entreprise pionnière. Après la seconde guerre elle deviendra un des leaders sur le marché français.
Illusions perdues
Pendant ce temps Michel Messager est un enfant qui connaît trop tôt, à six / sept ans, la vie de pension. Il voit peu ses parents séparés et très occupés. L’un de ses premiers beaux souvenirs ? Le jour où son grand-père est venu le chercher à la pension et l’a pris sous son aile. Il avait dix ans. Adolescence dorée dans les beaux quartiers parisiens ?
Il en convient avec gouvernante à son service mais une famille absente. Etudes brillantes ? Il a fait son Droit, puis des études de Sciences Politiques et de marketing qu’il poursuit au Canada tout en travaillant dans une filiale du Tourisme Français a Montréal qui vendait alors aux Canadiens des circuits en autocar à travers l’Europe.
De retour en France Michel Messager intègre l’affaire familiale. L’atmosphère y est parfois pesante. Outre le grand-père, il y a la mère, l’oncle, la tante, les cousins, les cousines... Des rivalités internes se cristallisent. Les affaires se font difficiles et la concurrence se développe.
Henri Guiter, toujours maître à bord, alors qu’il flirte avec les 90 ans, décide alors de vendre l’entreprise. Michel Messager entré par la petite porte a pris du galon. Il s’oppose à cette vente et veut reprendre l’affaire. Il trouve les fonds auprès des banques. La famille toute entière fait front contre celui qui veut moderniser l’entreprise et redistribuer les cartes. Michel Messager partira et l’autocariste André Gaubert reprendra le Tourisme Français. L’entreprise au passé prospère disparaîtra quelques courtes années après.
Les années APS
Du jour au lendemain il se retrouve sans travail et ce grand-père qu’il admire et qui le lâche sera une souffrance longue à cicatriser. Après avoir occupé des postes à responsabilité chez les autres, (Touropa, Tourisme Verney) il crée une société de conseils aux entreprises de tourisme (Consul’Tours). Le marché répond, l’affaire marche et se développe.
En petit comité, avec des intervenants extérieurs, il réalise pour les autres des études approfondies et participe à la mise en place de nombreux plans marketing et commerciaux. Les honoraires suivent. L’expérience dure six ans jusqu'au jour où il est sollicité par Olivier Delaire.
Le président de l’APS aujourd’hui disparu lui demande de prendre le poste vacant de Secrétaire Général de l’association. Michel Messager accepte et ferme une société résolument bénéficiaire. C’était il y a dix et il y avait un beau challenge. Il semble aujourd’hui partir heureux de cette longue collaboration, des services qu’il apporté aux adhérents et du travail qu’il a accompli avec son équipe.
Le tourisme de mémoire, une invention « maison »
Et le tourisme dans tout ça ? J’y viens. Le père de la jolie mariée, l’un des dirigeants PLM
(la ligne Paris – Lyon – Marseille) a créé le « Le Tourisme Européen » qui organise des séjours pour des groupes associatifs sur la Riviera. Henri Guiter commence à travaille avec son beau père puis décide de créer sa propre entreprise. Il veut la nommer « Le Tourisme Mondial». Rappelé à plus de modestie par sa femme, il en restera au «Le Tourisme Français ».
Henri Guiter invente le tourisme de mémoire en organisant des voyages en autocars sur les champs de batailles avec spectacle Son et Lumière à Verdun. Il lance des voyages en autocar en Europe du Sud puis au-delà de la Méditerranée, en Tunisie, en Algérie… Le succès est au rendez-vous. Sans doute profite-t-il des conseils d’un voisin de bureau avec qui il sympathise, un jeune plein d’idées qui s’appelle Marcel Bleustein Blanchet. Le Tourisme Français fut une entreprise pionnière. Après la seconde guerre elle deviendra un des leaders sur le marché français.
Illusions perdues
Pendant ce temps Michel Messager est un enfant qui connaît trop tôt, à six / sept ans, la vie de pension. Il voit peu ses parents séparés et très occupés. L’un de ses premiers beaux souvenirs ? Le jour où son grand-père est venu le chercher à la pension et l’a pris sous son aile. Il avait dix ans. Adolescence dorée dans les beaux quartiers parisiens ?
Il en convient avec gouvernante à son service mais une famille absente. Etudes brillantes ? Il a fait son Droit, puis des études de Sciences Politiques et de marketing qu’il poursuit au Canada tout en travaillant dans une filiale du Tourisme Français a Montréal qui vendait alors aux Canadiens des circuits en autocar à travers l’Europe.
De retour en France Michel Messager intègre l’affaire familiale. L’atmosphère y est parfois pesante. Outre le grand-père, il y a la mère, l’oncle, la tante, les cousins, les cousines... Des rivalités internes se cristallisent. Les affaires se font difficiles et la concurrence se développe.
Henri Guiter, toujours maître à bord, alors qu’il flirte avec les 90 ans, décide alors de vendre l’entreprise. Michel Messager entré par la petite porte a pris du galon. Il s’oppose à cette vente et veut reprendre l’affaire. Il trouve les fonds auprès des banques. La famille toute entière fait front contre celui qui veut moderniser l’entreprise et redistribuer les cartes. Michel Messager partira et l’autocariste André Gaubert reprendra le Tourisme Français. L’entreprise au passé prospère disparaîtra quelques courtes années après.
Les années APS
Du jour au lendemain il se retrouve sans travail et ce grand-père qu’il admire et qui le lâche sera une souffrance longue à cicatriser. Après avoir occupé des postes à responsabilité chez les autres, (Touropa, Tourisme Verney) il crée une société de conseils aux entreprises de tourisme (Consul’Tours). Le marché répond, l’affaire marche et se développe.
En petit comité, avec des intervenants extérieurs, il réalise pour les autres des études approfondies et participe à la mise en place de nombreux plans marketing et commerciaux. Les honoraires suivent. L’expérience dure six ans jusqu'au jour où il est sollicité par Olivier Delaire.
Le président de l’APS aujourd’hui disparu lui demande de prendre le poste vacant de Secrétaire Général de l’association. Michel Messager accepte et ferme une société résolument bénéficiaire. C’était il y a dix et il y avait un beau challenge. Il semble aujourd’hui partir heureux de cette longue collaboration, des services qu’il apporté aux adhérents et du travail qu’il a accompli avec son équipe.
Trois questions à Michel Messager Secrétaire Général de l’APS
« Nous avons géré l’APS comme une entreprise avec les principes d’une association professionnelle »
TourMag.com - Quel bilan faites vous de ces dix années passées à l’APS
Michel Messager. Nous avons réalisé beaucoup de choses, mais rien n’aurait été possible sans une équipe solide et responsable et sans Emmanuel Toromanof comme adjoint. Nous avons géré l’APS comme une entreprise, tout en gardant les principes forts d’une association professionnelle.
Je suis heureux de laisser une équipe reconnue comme performante, professionnelle et solidaire. La preuve : fin 1997 l’association comptait un permanent pour 186 adhérents. En 2007 elle en compte un pour 212 !
J’ai par ailleurs eu la chance de travailler en harmonie avec deux présidents, Olivier Delaire et Bernard Didelot avec qui j’ai toujours eu des rapports de confiance voire, de complicité. Nous sommes passés de 2000 adhérents en 1997 à près de 3 000 aujourd’hui. Au cours de cette période nous avons également initié de nombreux services pour les adhérents, réalisé une trentaine de dossiers thématiques, une vingtaine d’études et enfin optimisé auprès du grand public l’image de la garantie des fonds déposés.
T.M.com - Avez-vous des regrets ?
M.M. Les acteurs de notre profession n’anticipent pas assez. Je prends pour exemple les adhérents de notre association qui, lorsqu’ils connaissent des difficultés, viennent nous voir souvent trop tard. Ce n’est pas à la fin qu’il faut venir mais avant. Nous sommes là pour donner des conseils, chercher des solutions, trouver, par exemple de nouveaux actionnaires.
T.M.com - Soixante ans, c’est jeune pour une retraite. Quels sont vos projets ?
M.M. Je vais prendre un peu de recul. J’aimerais pourvoir transmettre à la profession tout ce qu’elle m’a apporté. Nos métiers évoluent dans un marché international et nous sommes en France encore trop repliés sur nous-mêmes.
Nous insistons sur la promotion des produits, pas assez sur les services dont la responsabilité est un argument insuffisamment mis en valeur. Nous sommes absents des grands combats, je pense notamment au tourisme durable à l’éducation ou à la préservation du patrimoine dans le monde alors que nous devrions être en première ligne. J’aimerais œuvrer pour que la profession trouve vraiment ses lettres de noblesse auprès du grand public.
Dans cet esprit je vais consacrer du temps aux travaux du Conseil National du Tourisme dont je suis l’un des vingt membres permanents. Régis Bulot, qui fut pendant dix huit ans président des Relais et Châteaux, et moi-même présidons et animons la section « Economie du Tourisme ». Je vais également assurer quelques missions de « conseil » pour l’APS. A soixante ans la vie n’est pas finie et j’ai encore bien des projets. L’heure de tailler les rosiers et de tondre le gazon n’a pas encore sonné.
« Nous avons géré l’APS comme une entreprise avec les principes d’une association professionnelle »
TourMag.com - Quel bilan faites vous de ces dix années passées à l’APS
Michel Messager. Nous avons réalisé beaucoup de choses, mais rien n’aurait été possible sans une équipe solide et responsable et sans Emmanuel Toromanof comme adjoint. Nous avons géré l’APS comme une entreprise, tout en gardant les principes forts d’une association professionnelle.
Je suis heureux de laisser une équipe reconnue comme performante, professionnelle et solidaire. La preuve : fin 1997 l’association comptait un permanent pour 186 adhérents. En 2007 elle en compte un pour 212 !
J’ai par ailleurs eu la chance de travailler en harmonie avec deux présidents, Olivier Delaire et Bernard Didelot avec qui j’ai toujours eu des rapports de confiance voire, de complicité. Nous sommes passés de 2000 adhérents en 1997 à près de 3 000 aujourd’hui. Au cours de cette période nous avons également initié de nombreux services pour les adhérents, réalisé une trentaine de dossiers thématiques, une vingtaine d’études et enfin optimisé auprès du grand public l’image de la garantie des fonds déposés.
T.M.com - Avez-vous des regrets ?
M.M. Les acteurs de notre profession n’anticipent pas assez. Je prends pour exemple les adhérents de notre association qui, lorsqu’ils connaissent des difficultés, viennent nous voir souvent trop tard. Ce n’est pas à la fin qu’il faut venir mais avant. Nous sommes là pour donner des conseils, chercher des solutions, trouver, par exemple de nouveaux actionnaires.
T.M.com - Soixante ans, c’est jeune pour une retraite. Quels sont vos projets ?
M.M. Je vais prendre un peu de recul. J’aimerais pourvoir transmettre à la profession tout ce qu’elle m’a apporté. Nos métiers évoluent dans un marché international et nous sommes en France encore trop repliés sur nous-mêmes.
Nous insistons sur la promotion des produits, pas assez sur les services dont la responsabilité est un argument insuffisamment mis en valeur. Nous sommes absents des grands combats, je pense notamment au tourisme durable à l’éducation ou à la préservation du patrimoine dans le monde alors que nous devrions être en première ligne. J’aimerais œuvrer pour que la profession trouve vraiment ses lettres de noblesse auprès du grand public.
Dans cet esprit je vais consacrer du temps aux travaux du Conseil National du Tourisme dont je suis l’un des vingt membres permanents. Régis Bulot, qui fut pendant dix huit ans président des Relais et Châteaux, et moi-même présidons et animons la section « Economie du Tourisme ». Je vais également assurer quelques missions de « conseil » pour l’APS. A soixante ans la vie n’est pas finie et j’ai encore bien des projets. L’heure de tailler les rosiers et de tondre le gazon n’a pas encore sonné.