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Open Sky : la Tunisie prête pour le grand chambardement ?

conférence de la FTAV


Le week-end dernier la Fédération Tunisienne des Agences de Voyages et de Tourisme (FTAV) fêtait son 50e anniversaire en organisant une conférence internationale sur l’ouverture annoncée du ciel tunisien. Une première. L’open sky est-il une menace ou une opportunité pour les pros du tourisme tunisien ? Et le pays est-il prêt à le recevoir ?


Rédigé par Michèle Sani le Lundi 26 Mai 2014

L‘arrivée de l‘open sky en Tunisie est inéluctable, c'est juste une question de temps - DR : © mrks_v - Fotolia.com
L‘arrivée de l‘open sky en Tunisie est inéluctable, c'est juste une question de temps - DR : © mrks_v - Fotolia.com
A l'occasion de son 50e anniversaire, la Fédération tunisienne des agences de voyages (FTAV) a organisé, le week-end dernier une conférence sur le thème de l'ouverture du ciel tunisien.

Participaient notamment à cette conférence qui a réuni près de 300 professionnels et experts, Amel Karboul ministre du Tourisme, Chiheb Ben Ahmed ministre du Transport, Kamel Ben Miled directeur général de l’Aviation civile Tunisie, Richard Soubielle vice-président du SNAV, Jean-Louis Baroux président de APG, Michel de Blust secrétaire général de l’Association européenne des agences de voyages et des tour-opérateurs (ECTAA).

Les agences de voyages, où qu’elles soient à travers le monde, sont un maillon fort de la chaîne touristique. Et ceci s’observe particulièrement en Tunisie où, depuis 1964 la FTAV intervient sur la scène touristique nationale et internationale en jouant son rôle de syndicat patronal.

Elle est aujourd’hui présidée par Mohamed Toumi, un représentant de la nouvelle génération.

"Qu’il soit profitable à tous dans une règle de jeu équitable"

A la question de savoir pourquoi le choix d’un tel thème, il répond en sachant que l‘arrivée de l‘open sky en Tunisie est inéluctable. Juste une question de temps.

"Doit-on se réjouir de l’ouverture du ciel aux compagnies aériennes low cost ou bien au contraire doit-on y voir un déluge qui risque d’emporter notre profession tant ceux qui exercent dans la billetterie que les réceptifs de TO ?

L’open sky devra se faire dans une démarche gagnant gagnant, être profitable à tous dans une règle de jeu équitable. Il devra servir le consommateur tunisien, l’économie nationale les usagers en général et le tourisme en particulier."


Il donne deux exemples : depuis plusieurs années, les aéroports de Tabarka et Tozeur sont en open sky. La démarche est un échec.

S’y préparer en modifiant la façon de travailler

"Il faut s’y préparer pour en profiter tout en tenant compte des intérêts contradictoires, ceux des compagnies aériennes, des autorités aéroportuaires, des hôteliers, des agences de voyages, des consommateurs", c’est-ce que dit en substance l’expert Ahmed Smaoui, ancien ministre des Transports, ancien PDG de Tunisair et de l’ONTT.

En abaissant le prix du transport et en donnant le libre choix de la durée du séjour aux consommateurs, l‘ouverture du ciel tunisien est en adéquation avec l‘évolution des marchés.

Les consommateurs voyagent plus souvent, moins longtemps…

Amel Karbul Ministre du tourisme voit cet « open sky » comme une opportunité propice à développer le trafic tourisme et à dynamiser celui des investisseurs potentiels.

En sortant du carcan des 7, 14 ou 21 jours et de l’étreinte des tour-opérateurs cette libéralisation amènera hôteliers et agences de voyages réceptives à modifier leur façon de travailler.

Il leur faudra proposer de nouveaux produits adaptés à une nouvelle souplesse, à des départs et des arrivées quotidiens. Ils devront s’organiser pour mettre en place des modules de séjours de 2 ou 3 jours, d’autres types d’excursions et surtout relever le niveau général de leurs prestations.

A la tribune Laura Baeza, ambassadeur, chef de délégation de l’Union Européenne en Tunisie, rappelle l’expérience européenne qui s’est traduite par la mise en place du marché le plus grand et le plus intégré au monde dans le domaine du transport aérien, sans restrictions d’accès au marché et de tarification.

Cela a pris dix ans, de 1987 à 1997 pour le faire aboutir, a rappelé Michel de Blust, secrétaire général de l’ECTAA).

Vers un espace commun Pan-Euro-Méditerranée de l’aviation

L’Europe travaille depuis longtemps pour élargir ce marché unique à ses pays voisins - tant au sud qu’à l’est - en vue de la création d’un Espace Commun de l’Aviation à l’échelle Pan-Euro-Méditerranée.

C’est dans ce cadre que l’UE négocie avec la Tunisie. Deux rounds on déjà eu lieu. Le troisième se prépare.

"Les accords négociés impliquent l’ouverture du marché mais aussi l’assouplissement des barrières à l’investissement dans les compagnies aériennes, une coopération approfondie et la convergence réglementaire. Cela va au-delà des simples accords de ciels ouverts négociés par les Etats-Unis", explique Laura Baeza.

Et elle ajoute : "Un accord euro-méditerranéen permettrait à la Tunisie de surmonter les restrictions actuelles des accords bilatéraux. Les transporteurs pourront opérer librement entre les aéroports de la zone sans limitation en ce qui concerne les capacités en termes de contingents de vols, de tarifs ou de nationalités".

Cet accord serait donc fait sur le même modèle que ceux conclus avec le Maroc (2006 après 3 ans de préparation) et la Jordanie (2010).

L’expérience Marocaine et ses retombées sont attentivement suivies en Tunisie, pays plus "protectionniste, frileux, prudent" ? (les trois termes furent à plusieurs reprises employés durant les débats).

Le trafic marocain est passé de 5,6 à 11 millions de passagers

L’expérience marocaine s’es traduite par un marché plus ouvert, plus de trafic, de nouvelles routes, plus de concurrence et des tarifs plus bas a affirmé Laura Baeza.

Une étude indépendante a estimé que le bénéfice économique a dépassé 3,5 milliards d’euros entre 2006 et 2011. Le nombre de passagers a pratiquement doublé en passant de 5,6 millions à 11 millions par an avec un taux de croissance annuelle de 14 % sur la période 2006 - 2011.

Les tarifs ont baissé de 40 % environ, le gain pour les consommateurs est estimé à environ 3 milliards d’euros sur la période.

Enfin, le nombre d’opérateurs entre l’UE et le Maroc est passé de 24 à plus de 40 en 2013. Les transporteurs marocains utilisent désormais l’accord pour relier l’Afrique à l’UE.

Des dizaines de milliers d’emplois directs ou induits auraient ainsi été crés au Maroc en particulier dans le secteur du tourisme.

Laissons le mot de la fin à Richard Soubielle, le tout nouveau vice-président du SNAV. Il a souligné l’importance des partenariats tissés entre la Tunisie et la France, premier marché émetteur européen et de loin en dépit de sa chute de trafic.

Après trois années difficiles, le trafic français à destination de la Tunisie reprend des couleurs. Selon le dernier baromètre du SNAV les prises de commandes enregistrées en avril 2014 étaient en progression de 10 % (+ 14 % en CA) par rapport à avril 2013. Dans le même temps celles pour l’Espagne, l’Italie, la Grèce et la Turquie chutaient.

Pour Richard Soubielle 2014 s’annonce comme une année de relance. 2015 sera celle d’une confirmation.

"Il est important de réussir la saison 2014. Nous voulons voir revenir nos clients contents de leurs vacances en Tunisie. La balle est dans votre camp".

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Tags : open sky, tunisie
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