Tunisie : le Cap Bon, la presqu’île de la vigne, du blé et de l’oranger

A une soixantaine de kilomètres de Tunis-Carthage, cette presqu’île résume à elle seule la diversité du pays.

Au départ de Nabeul, j’ai sillonné le Cap Bon, visité le dernier-né des 5 étoiles tunisiens, découvert Kerkouane, une cité et une nécropole puniques inscrites au patrimoine mondial de l’UNESCO.

J’ai bavardé avec des fauconniers. J’ai rencontré des femmes remarquables une gardienne des traditions culinaires et une ingénieure agricole œnologue.

J’avais un guide, un Nabeulien de souche, un brin chauvin, un pro du tourisme agent de voyages à Nabeul. Ahmed Bettaieb est aussi depuis deux ans le président élu de la Fédération tunisienne des agences de voyages et de tourisme (FTAV).

Une situation stratégique incontournable en Méditerranée, la douceur d’un climat et la fertilité des sols ont fait de cette verte presqu’ile un incontournable carrefour de rencontres.

Phéniciens, Grecs Romains, Byzantins, Arabes, Turcs... Tous les peuples du monde méditerranéen voulurent conquérir la conquérir. Nabeul portait dans l’Antiquité le nom grec de Néapolis (ou « nouvelle cité »).

Sa fondation daterait du Ve siècle av. J.-C. et sa qualification de comptoir carthaginois lui confèrerait même le titre de la plus ancienne ville d’Afrique du Nord.

Pays de la vigne, de l’olive et du blé le Cap Bon fut avant Carthage le cellier et le grenier de Rome. Elle est aussi le pays de l’oranger et de l’amandier (nous sommes en pleine saison), des piments et du jasmin...

Célèbre pour ses poteries, ses assiettes peintes et ses faïences elle ne se limite pas à fabriquer les meilleurs produits artisanaux. Elle transforme le jonc et l’alpha en nattes, en couffins et paniers, les fleurs (bigaradier, géranium bourbon et rose de Damas) en essences de parfum et les récoltes en produits de terroir.

Actuellement Nabeul n’offre qu’un seul hôtel ouvert au tourisme international : le Khayam Garden commercialisé en France comme « Framissima ». Les autres sont fermés.

Le grand choix hôtelier se trouve à Hammamet, sa voisine immédiate la grande station touristique pionnière (avec Djerba du pays.

« Elles brodent, cousent, tissent, cuisinent, font de la poterie, s’occupent de la maison.... à Nabeul toutes les femmes travaillent » me dit une Nabeulienne d’un bel âge et elle ajoute « les Nabeuliens sont des nobles fermiers ».

Sans doute descendants d’une terre fertile comme le démontre Hajer Lassoued héritière avec sa sœur d’un patrimoine vieux de plus de 400 ans.

Au cœur de la médina dans le cadre historique de sa maison familiale aux plafonds bas et voutés, aux murs épais, elle accueille les visiteurs en costume traditionnel régional où la dentelle est reine.

Sous sa marque Neapolyssa, elle fait découvrir les produits du terroir à commencer par la harissa ce condiment épicé à base de piments rouges séchés au soleil et principalement produits dans le Cap Bon.

Symbole de l’héritage culinaire nabeulien, elle est inscrite depuis 2022 au patrimoine immatériel de l’Humanité par l’UNESCO. Cette reconnaissance internationale met en valeur un savoir-faire ancestral qui relève les plats préférés des Tunisiens.

Hajer fait aussi valoir son huile d’olive, ses eaux florales de fleur d’oranger, de géranium ou de roses. Elle propose des expériences mariant l’oléotourisme aux délices du terroir dans le cadre de démonstrations – préparations ou cooking class -. Les visiteurs participent alors à la préparation d’un menu suivi d’un déjeuner-dégustation autour des plats préparés. (Toute l’année - 4 à 12 personnes. Sur rendez-vous).

En savoir plus : NEAPOLYSSA, Hymne à la Harissa

On arrive au château Neferis et à son domaine agricole par une jolie route tracée au milieu des vignes et des champs d’oliviers.

Proche de la ville de Grombalia il est à une quarantaine de kilomètres de Tunis (et une trentaine de Nabeul). Si les Romains étaient déjà sur cette terre, Neferis fut créé en 2000 à l’emplacement du premier vignoble français planté en 1878.

L’ancien domaine colonial – les bâtiments datent de 1893 – fut repris par une entreprise viticole sicilienne en partenariat avec une société de développement agricole.

Elle est désormais exploitée en concession par une entreprise privée tunisienne. Sa production de vin est considérée comme la plus importante et surtout la plus qualitative de Tunisie.

« Notre domaine s’étend sur 450 hectares et emploie une soixantaine d’ouvriers qualifiés et trois commerciaux dont une femme. Le vignoble couvre 200 hectares plantés en Syrah, Carignan, Cinsault, Grenache, Chardonnay et Muscat d’Alexandrie.

La diversité de notre encépagement et la modération de la densité de plantation, 3 000 pieds à l’hectare, optimisent la qualité de notre production » m’explique Ridha Charrada, ingénieur œnologue et directeur de ce vaste domaine qui exploitait aussi près de 8 000 oliviers et de vastes étendues de céréales.

Les vins rouge, rosé ou blanc (Magnifique, Selian, Château Defleur, Terrale et Diamant rose) sont vendus dans les grandes surfaces, les grands restaurants et les hôtels de luxe du pays. Ils sont pour beaucoup destinés à l’exportation (Russie, Monaco, Chine, Belgique, Allemagne et États-Unis).

Le domaine propose des visites de la cave, des chais, de la mise en bouteille accompagnées de commentaires sur l’histoire du Domaine, sur les techniques vitivinicoles ainsi que sur les données socio-économiques du vin.

Elles se terminent par des dégustations accompagnées d’apéritifs ou de repas. Et c’est une jeune-femme de 29 ans, Abed Mayssa, ingénieure agricole alimentaire responsable qualité et œnologue qui prend la main, organise, commente la visite et anime dans les règles de l’art la cérémonie des dégustations. (Sur réservation).

La petite ville de El-Haouaria au nord-ouest de Kerkouane à la pointe extrême du cap Bon (Sicile au large) est une référence dans l’art de la fauconnerie. Mais ici pas de clinquant. C’est un sport populaire très réglementé pratiqué par des amateurs et transmis avec passion de père en fils depuis des générations.

La saison de la chasse court de début mars à fin juin, une chasse à double face. Le rapace d’abord, faucon chasseur en piqué et épervier privilégiant le vol bas. Dressés en une vingtaine de jours, ils seront relâchés à la fin de la saison.

Le gibier ensuite, essentiellement cailles et bécasses en grand nombre en cette saison dans les forêts alentours plantées d’oliviers, de chênes verts alentours. Avec le même oiseau de proie, un bon chasseur peut prendre jusqu'à 80 cailles dans la journée.

La région compte près 500 chasseurs regroupés dans une association. Certains d’entre eux, les plus expérimentés peuvent bénéficier d’une autorisation pour garder leur faucon et former une nouvelle génération de fauconniers.

En bordure de mer, un refuge pour rapaces blessés et un petit musée viennent d’ouvrir. (Demander l’emplacement au premier habitant de El-Haouiaria rencontré). Tous les ans au cours de deuxième quinzaine de juin se déroule sur trois jours le Festival de l’Epervier avec des compétitions, des colloques sur l’art et les traditions de la fauconnerie, des spectacles folkloriques....

À environ 3 kilomètres de El-Haouaria se trouvent les grottes de Ghar el-Kebir creusées principalement du temps des Romains. Le site servait de carrières de pierre utilisées à l’édification des monuments de Carthage. (D’avril à septembre, en partie ouvertes à la visite).

Plus d’infos, dates et contacts : Tourisme Cap bon - Voyage Nabeul - Que faire à Nabeul

Une adresse à retenir : voisin des grottes « La Daurade » un restaurant de poissons et crustacés, pied dans l’eau et vue magnifique sur la mer.

Implanté au sud-est du Cap Bon et adossé à une côte escarpée Le Royal Tulip Korbous Bay Thalasso & Springs (la marque 5 étoiles du Louvre Hotels Group - Adult Only) est une escapade idéale pour les amoureux de calme, de beau, de gastronomie et de services attentionnés.

Il est l’un des rares hôtels de luxe à proposer en Tunisie les services d’un concierge « Clés d’Or » (affilié aux Clés d’Or Maroc).

Largement ouvert sur la célèbre baie de Carthage, il bénéficie d’un panorama admirable avec au loin la silhouette de la non moins célèbre colline de Sidi Bou Said.

Cet établissement a la particularité unique en son genre de proposer à ses hôtes un vaste espace de soins thérapeutiques et esthétiques combinant les bienfaits du milieu marin avec ceux du thermalisme grâce aux sources chaudes (54 °) de Carpis, l’appellation antique de Korbous.

Le Centre avec son hammam, ses piscines intérieures, ses 40 cabines de soins, sa piscine couverte, son bassin de relaxation et ses terrasses privatives surplombant la mer couvrent une surface 3675 m2 répartis sur quatre niveaux. Il dispose de son propre ascenseur accessible depuis les chambres.

Le Royal Tulip Korbous dispose de 118 chambres de 40 m2, de 41 suites de 90 m2 et de 3 villas avec piscine. Sa grande piscine est alimentée en eau thermale (rafraichie à 34°) en hiver et en eau de mer durant la belle saison.

Ouvert en 2022, situé à 60 kilomètres de l’aéroport de Tunis Carthage (et à 35 km de Nabeul), ce complexe haut de gamme est équipé pour l’organisation de colloques congrès et séminaires. Il dispose d'une grande salle polyvalente d'une capacité de 300 personnes et de 3 salles de sous-commission dotées d’équipements à la pointe de la technologie.

Plus d’infos : Hotel 5 star Korbous Bay Thalasso & Springs | Royal Tulip

La route de l’UNESCO. La Tunisie porte l’empreinte de 3 000 ans d’histoire. Son patrimoine archéologique est l’un des plus riches du Bassin méditerranéen avec plusieurs centaines de sites antiques. Une vingtaine présente un intérêt majeur.

Neuf figurent au Patrimoine Mondial de l’UNESCO. Douze sont sur la liste indicative et, de la harissa aux poteries des femmes de Sejnane sept éléments et pratiques sont inscrits au patrimoine culturel immatériel.

La route du cinéma. De la comédie au drame, de la science-fiction au péplum, de la romance au film de guerre une soixantaine de films internationaux ont été tournés dans les décors tunisiens.

Célèbres ou méconnus en voici quelques exemples :
Star Wars - Épisode I ( Georges Lucas 1999) - Le Patient anglais (1996) - Pirates (Roman Polanski 1986) - Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ (Jean Yanne 1982) - Madame Butterfly (Frédéric Mitterrand 1995) - Les Morfalous (Henri Verneuil 1984) - Monty Python - La Vie de Brian (Terry Jones 1979) - Fort Saganne (1984)