Phare de Coimbra, l’université irrigue avec sa population étudiante les cafés et les restaurants des différents quartiers - DR : J.-F.R.
Au Portugal, on dit de Porto « qu’elle travaille », de Lisbonne « qu’elle s’amuse » et de Braga « qu’elle prie »… On pourrait ajouter de Coimbra « qu’elle étudie ».
Tout dans cette ville du centre-ouest du Portugal semble tourner en effet autour du savoir. Et en premier lieu sa configuration urbaine.
Où que l’on soit, le regard porte immanquablement vers la colline sommitale où trône l’université de la ville et ses dépendances, un « tertre de la connaissance » implanté ici depuis 1308.
La balade dans ce quartier étudiant livre des images qu’on pourrait croire d’un autre âge : vieux « amphis » du bâtiment historique ; salles de thèse intimidantes ; diplômés habillés de la célèbre capa e batina (cape et soutane) noires… les codes locaux semblent immuables.
Tout dans cette ville du centre-ouest du Portugal semble tourner en effet autour du savoir. Et en premier lieu sa configuration urbaine.
Où que l’on soit, le regard porte immanquablement vers la colline sommitale où trône l’université de la ville et ses dépendances, un « tertre de la connaissance » implanté ici depuis 1308.
La balade dans ce quartier étudiant livre des images qu’on pourrait croire d’un autre âge : vieux « amphis » du bâtiment historique ; salles de thèse intimidantes ; diplômés habillés de la célèbre capa e batina (cape et soutane) noires… les codes locaux semblent immuables.
A coimbra, le « Brûlage des rubans »
Autres articles
Ce « spectacle » est l’un des intérêts de Coimbra, cité de 145 000 habitants située dans la région des Beiras.
Hors périodes d’examens, d’octobre à mai, quelques-uns parmi les plus irréductibles défenseurs de la tradition s’évertuent à porter cette cape et cette soutane ainsi que le ruban (fita) de couleur qui va avec. Il est rouge pour les étudiants en droit, bleu pour les lettres, jaune pour la médecine…
Et si l’on peut apercevoir de temps à autre des déchirures dans les capes noires, ce n’est pas par négligence : elles sont traditionnellement découpées autant de fois que leurs propriétaires rencontrent de déceptions amoureuses…
En tant que touriste, c’est en mai que l’on peut voir les célébrations les plus marquantes. Le mois signe en effet le début des festivités de la fin de l’année universitaire.
Le rituel est codifié. Le 1er jeudi, aux douze coups de minuit, ceux en voie d’achever leurs cursus brûlent symboliquement leur ruban de couleur. C’est la « Queima des fitas » (le « Brûlage des rubans »). La grande nouba peut commencer !
Défilé des bizuts admis à l’université, bals, excursion jusqu’à l’Atlantique (l’océan est à moins de 45 km) pour un bain salvateur, concerts… Pendant une semaine, Coimbra célèbre la vie étudiante.
Hors périodes d’examens, d’octobre à mai, quelques-uns parmi les plus irréductibles défenseurs de la tradition s’évertuent à porter cette cape et cette soutane ainsi que le ruban (fita) de couleur qui va avec. Il est rouge pour les étudiants en droit, bleu pour les lettres, jaune pour la médecine…
Et si l’on peut apercevoir de temps à autre des déchirures dans les capes noires, ce n’est pas par négligence : elles sont traditionnellement découpées autant de fois que leurs propriétaires rencontrent de déceptions amoureuses…
En tant que touriste, c’est en mai que l’on peut voir les célébrations les plus marquantes. Le mois signe en effet le début des festivités de la fin de l’année universitaire.
Le rituel est codifié. Le 1er jeudi, aux douze coups de minuit, ceux en voie d’achever leurs cursus brûlent symboliquement leur ruban de couleur. C’est la « Queima des fitas » (le « Brûlage des rubans »). La grande nouba peut commencer !
Défilé des bizuts admis à l’université, bals, excursion jusqu’à l’Atlantique (l’océan est à moins de 45 km) pour un bain salvateur, concerts… Pendant une semaine, Coimbra célèbre la vie étudiante.
Une des premières facultés d’Europe
Ce relâchement n’a d’égal que le sérieux des études, dispensées dans un cadre assez austère. Et pour cause. L’Université de Coimbra a été créée il y a plus de 700 ans, après qu’elle eu été transférée depuis Lisbonne.
Elle avait été fondée sur les bords du Tage dix-huit ans auparavant. A l’époque, c’était la seconde plus ancienne faculté de la péninsule ibérique, après celle de Salamanque, et l’une des premières d’Europe.
Coimbra ayant été capitale du royaume portugais aux 12e et 13e s., la ville jouissait d’un certain prestige.
Après plusieurs allers-retours avec Lisbonne au cours du 14e s., l’université du royaume s’installe définitivement à Coimbra en 1537. Elle restera l’unique lieu d’érudition au Portugal jusqu’en… 1911.
Dans l’intervalle, elle accompagne le cours de l’histoire portugaise. D’abord installée dans le couvent Santa Cruz, elle déménage lors de son transfert en 1537 dans l’ancien Palais Royal, au sommet de la colline de Coimbra.
Elle y siège toujours et s’étendra même au fil des siècles à l’ensemble du quartier. Une ville dominée par une université, d’où émerge une haute tour du 18e s. flanquée de quatre horloges, quel symbole !
La « colline étudiante » balaye ainsi le reste de la ville de son regard insistant. Elle toise le rio Mondego, le fleuve qui traverse la cité. Elle surveille le comportement de ses ouailles, tapis sous les toits de tuiles.
Et elle semble ne vouloir lâcher ses étudiants vers la basse ville profane qu’après qu’ils aient consciencieusement rempli leurs devoirs universitaires…
Elle avait été fondée sur les bords du Tage dix-huit ans auparavant. A l’époque, c’était la seconde plus ancienne faculté de la péninsule ibérique, après celle de Salamanque, et l’une des premières d’Europe.
Coimbra ayant été capitale du royaume portugais aux 12e et 13e s., la ville jouissait d’un certain prestige.
Après plusieurs allers-retours avec Lisbonne au cours du 14e s., l’université du royaume s’installe définitivement à Coimbra en 1537. Elle restera l’unique lieu d’érudition au Portugal jusqu’en… 1911.
Dans l’intervalle, elle accompagne le cours de l’histoire portugaise. D’abord installée dans le couvent Santa Cruz, elle déménage lors de son transfert en 1537 dans l’ancien Palais Royal, au sommet de la colline de Coimbra.
Elle y siège toujours et s’étendra même au fil des siècles à l’ensemble du quartier. Une ville dominée par une université, d’où émerge une haute tour du 18e s. flanquée de quatre horloges, quel symbole !
La « colline étudiante » balaye ainsi le reste de la ville de son regard insistant. Elle toise le rio Mondego, le fleuve qui traverse la cité. Elle surveille le comportement de ses ouailles, tapis sous les toits de tuiles.
Et elle semble ne vouloir lâcher ses étudiants vers la basse ville profane qu’après qu’ils aient consciencieusement rempli leurs devoirs universitaires…
Etudier ici plutôt qu’à Lisbonne…
Au 16e s et au début du 17e s., l’université est à son apogée. Mais la main mise des Jésuites sur les études va progressivement l’enfermer dans une philosophie conservatrice.
Il faut l’intervention du marquis de Pombal, ministre du roi José Ier, à partir de 1759, pour introduire les réformes et promouvoir la culture des Lumières, alors en pleine ébullition. Les Jésuites expulsés, des bâtiments sont récupérés pour l’enseignement.
De nouvelles disciplines, mathématiques, physique, sciences, sont dispensées.
L’université va ainsi se développer jusqu’à l’instauration de la république, en 1910. Avec une conséquence irrémédiable : la démocratisation de l’enseignement et l’ouverture d’autres universités au Portugal. Fin de l’hégémonie de Coimbra.
Un siècle plus tard, après d’autres tourments, l’université a conservé son standing. Elle compte désormais trois campus (Humanités ; Sciences et Technologies ; Santé) et huit facultés.
Par choix ou par tradition familiale, des jeunes préfèrent poursuivre leurs études ici plutôt qu’à Lisbonne. Obtenir un diplôme de droit ou de médecine à Coimbra est toujours un gage de prestige et de respectabilité.
Il faut l’intervention du marquis de Pombal, ministre du roi José Ier, à partir de 1759, pour introduire les réformes et promouvoir la culture des Lumières, alors en pleine ébullition. Les Jésuites expulsés, des bâtiments sont récupérés pour l’enseignement.
De nouvelles disciplines, mathématiques, physique, sciences, sont dispensées.
L’université va ainsi se développer jusqu’à l’instauration de la république, en 1910. Avec une conséquence irrémédiable : la démocratisation de l’enseignement et l’ouverture d’autres universités au Portugal. Fin de l’hégémonie de Coimbra.
Un siècle plus tard, après d’autres tourments, l’université a conservé son standing. Elle compte désormais trois campus (Humanités ; Sciences et Technologies ; Santé) et huit facultés.
Par choix ou par tradition familiale, des jeunes préfèrent poursuivre leurs études ici plutôt qu’à Lisbonne. Obtenir un diplôme de droit ou de médecine à Coimbra est toujours un gage de prestige et de respectabilité.
Bibliothèque aux 40 000 ouvrages
25 000 étudiants se partagent les bancs de l’université. Parmi eux, environ 4 000 étrangers, dont beaucoup de Brésiliens.
La visite de la bâtisse historique, plusieurs fois remaniée au fil du temps, impressionne.
Depuis la grande cour accessible par la porte Férrea (17e s.), on accède au palais des Ecoles, de style manuélin.
Apercevoir depuis un couloir supérieur un doctorant soutenir sa thèse dans la salle des Actes, ornée des portraits des rois du Portugal, en dit long sur le poids de la tradition… et le stress vécu par les candidats. La salle de l’examen privé est à l’unisson, avec les sévères portraits en pied des 95 anciens recteurs de l’Université.
Mais le clou de la visite est la bibliothèque Joanina. Ce véritable bijou du savoir, en bois précieux et plafonds en trompe-l’œil, compte près de 40 000 ouvrages et manuscrits.
Hors l’enceinte du bâtiment historique, le quartier exhale un étonnant parfum universitaire. Aux immeubles d’enseignement imposants et froids bâtis sous la dictature de Salazar s’oppose l’ancien collège des Jésuites, fondé en 1542 et transformé en 2009 en musée de la Science de l’Université.
Entre le laboratoire de chimie, le cabinet de physique et de vieux « amphis », on découvre une spectaculaire collection d’histoire naturelle, reflet de toutes les conquêtes maritimes du Portugal dans le monde.
La visite de la bâtisse historique, plusieurs fois remaniée au fil du temps, impressionne.
Depuis la grande cour accessible par la porte Férrea (17e s.), on accède au palais des Ecoles, de style manuélin.
Apercevoir depuis un couloir supérieur un doctorant soutenir sa thèse dans la salle des Actes, ornée des portraits des rois du Portugal, en dit long sur le poids de la tradition… et le stress vécu par les candidats. La salle de l’examen privé est à l’unisson, avec les sévères portraits en pied des 95 anciens recteurs de l’Université.
Mais le clou de la visite est la bibliothèque Joanina. Ce véritable bijou du savoir, en bois précieux et plafonds en trompe-l’œil, compte près de 40 000 ouvrages et manuscrits.
Hors l’enceinte du bâtiment historique, le quartier exhale un étonnant parfum universitaire. Aux immeubles d’enseignement imposants et froids bâtis sous la dictature de Salazar s’oppose l’ancien collège des Jésuites, fondé en 1542 et transformé en 2009 en musée de la Science de l’Université.
Entre le laboratoire de chimie, le cabinet de physique et de vieux « amphis », on découvre une spectaculaire collection d’histoire naturelle, reflet de toutes les conquêtes maritimes du Portugal dans le monde.
Cafés nocturnes et discothèques
Le reste de la colline et de la ville suintent la vie étudiante.
Parlons des républicas, ces logements collectifs que se partagent les étudiants par régions d’origine ou spécialités universitaires.
Ancêtres de la colocation, elles sont reconnaissables aux calicots et aux banderoles « identitaires » qui ornent fenêtres et balcons.
Les visiteurs en quête de lieux de vie ne seront pas en peine. L’animation bât son plein le soir sur les terrasses de la place de la République et celles situées devant l’ancienne cathédrale.
Disséminés ailleurs en ville, cafés nocturnes et discothèques donnent le rythme à une cité fière de son histoire académique.
LIRE AUSSI : In Tours Portugal : reprise lente mais concrète sur le marché français
Parlons des républicas, ces logements collectifs que se partagent les étudiants par régions d’origine ou spécialités universitaires.
Ancêtres de la colocation, elles sont reconnaissables aux calicots et aux banderoles « identitaires » qui ornent fenêtres et balcons.
Les visiteurs en quête de lieux de vie ne seront pas en peine. L’animation bât son plein le soir sur les terrasses de la place de la République et celles situées devant l’ancienne cathédrale.
Disséminés ailleurs en ville, cafés nocturnes et discothèques donnent le rythme à une cité fière de son histoire académique.
LIRE AUSSI : In Tours Portugal : reprise lente mais concrète sur le marché français
Pratique
Office de Tourisme du Centre du Portugal : centerofportugal.com/fr
Sur place :
Location de voiture à l’aéroport de Porto. Coimbra est à 1h20 de route, au sud.
Climat chaud l’été, agréable en automne et au printemps. Les hivers peuvent être humides mais aussi ensoleillés.
Décalage horaire : - 1h.
Où dormir ? Hôtel Vila Galé Coimbra.
A 10 mn à pied du centre-ville, cet hôtel moderne propose 229 chambres fonctionnelles et spacieuses. Piscine et spa. A/p de 80 €.
Pour se rendre au Portugal, consultez les Conseils aux Voyageurs.
Consultez aussi la carte interactive des pays verts, orange et rouges !
Sur place :
Location de voiture à l’aéroport de Porto. Coimbra est à 1h20 de route, au sud.
Climat chaud l’été, agréable en automne et au printemps. Les hivers peuvent être humides mais aussi ensoleillés.
Décalage horaire : - 1h.
Où dormir ? Hôtel Vila Galé Coimbra.
A 10 mn à pied du centre-ville, cet hôtel moderne propose 229 chambres fonctionnelles et spacieuses. Piscine et spa. A/p de 80 €.
Pour se rendre au Portugal, consultez les Conseils aux Voyageurs.
Consultez aussi la carte interactive des pays verts, orange et rouges !