René-Marc Chikli : "L'objectif, ce n'est pas d'organiser de beaux congrès. Il faut que se rapprocher aussi de"l'incoming", de façon à ne pas être les parias vis-à-vis de l'Etat. Nous sommes "Le Tourisme" et il faut arrêter de penser que nous représentons telle ou telle partie du Tourisme" - Photo CE
TourMaG.com - René-Marc Chikli, quel regard portez-vous sur la situation des acteurs du tourisme en France ?
René-Marc Chikli:]b Nous sommes dans une activité globale, que ce soient distributeurs, producteurs, etc… qui est en pleine mutation.
Chacun essaye de retrouver ses traces. C'est fondamental. Il y a un mouvement qui se crée entre nous et le consommateur. Et le consommateur, à juste titre, peut rester dans un schéma "classique", pour tel produit ou telle destination. Par exemple, pour l'Egypte, dont l'effondrement fait très mal aux tour-opérateurs, le consommateur avait tendance à rester fidèle aux tour-opérateurs qui programmaient l'Egypte.
En revanche, quand il s'agit de destinations plus accessibles, le consommateur utilise ou pas un réseau de distribution. Mais tout le monde consulte internet, puis fait son choix et choisit tel ou tel canal !
On est multi canal. Donc c'est pas la peine de savoir dans quel type de canal, ça profite à l'un ou à l'autre. Normalement, cela devrait profiter à tout le monde, pour peu que chacun révise son modèle économique.
Donc la révision du modèle économique des grands groupes, qui essaient de s'adapter à la nouvelle demande des consommateurs, c'est tout à fait normal. Il serait même anormal qu'ils ne le fassent pas.
Malheureusement, ça touche l'emploi. Mais tout le monde sait que les nouvelles technologies sont destructrices d'emploi ! Il n'est donc pas étonnant que dans notre secteur du tourisme, qui reste encore l'un des secteurs les plus importants dans le monde. Et chaque pays va pouvoir se réorganiser autour d'une industrie touristique florissante. A l'intérieur de l'industrie touristique, les modèles vont changer.
Les grands tour-opérateurs, qui pour certains ont gagné beaucoup d'argent à une époque, en ont perdu aussi beaucoup ces derniers temps. Et ils sont obligés de modifier leur modèle, sachant pertinemment qu'ils ne peuvent plus être "différenciant".
Et leur nouvelle stratégie consiste justement à aller chercher des produits différenciant. En cherchant une exclusivité !
N'oublions pas qu'il fut un temps où tout le monde faisait tout ! Demain chacun devra bien se positionner. Et ceux qui avaient anticipé cette évolution sont aujourd'hui en meilleure position que d'autres, et notamment des grands mammouths. Mais il ne faut pas non plus enterrer tout le monde.
René-Marc Chikli:]b Nous sommes dans une activité globale, que ce soient distributeurs, producteurs, etc… qui est en pleine mutation.
Chacun essaye de retrouver ses traces. C'est fondamental. Il y a un mouvement qui se crée entre nous et le consommateur. Et le consommateur, à juste titre, peut rester dans un schéma "classique", pour tel produit ou telle destination. Par exemple, pour l'Egypte, dont l'effondrement fait très mal aux tour-opérateurs, le consommateur avait tendance à rester fidèle aux tour-opérateurs qui programmaient l'Egypte.
En revanche, quand il s'agit de destinations plus accessibles, le consommateur utilise ou pas un réseau de distribution. Mais tout le monde consulte internet, puis fait son choix et choisit tel ou tel canal !
On est multi canal. Donc c'est pas la peine de savoir dans quel type de canal, ça profite à l'un ou à l'autre. Normalement, cela devrait profiter à tout le monde, pour peu que chacun révise son modèle économique.
Donc la révision du modèle économique des grands groupes, qui essaient de s'adapter à la nouvelle demande des consommateurs, c'est tout à fait normal. Il serait même anormal qu'ils ne le fassent pas.
Malheureusement, ça touche l'emploi. Mais tout le monde sait que les nouvelles technologies sont destructrices d'emploi ! Il n'est donc pas étonnant que dans notre secteur du tourisme, qui reste encore l'un des secteurs les plus importants dans le monde. Et chaque pays va pouvoir se réorganiser autour d'une industrie touristique florissante. A l'intérieur de l'industrie touristique, les modèles vont changer.
Les grands tour-opérateurs, qui pour certains ont gagné beaucoup d'argent à une époque, en ont perdu aussi beaucoup ces derniers temps. Et ils sont obligés de modifier leur modèle, sachant pertinemment qu'ils ne peuvent plus être "différenciant".
Et leur nouvelle stratégie consiste justement à aller chercher des produits différenciant. En cherchant une exclusivité !
N'oublions pas qu'il fut un temps où tout le monde faisait tout ! Demain chacun devra bien se positionner. Et ceux qui avaient anticipé cette évolution sont aujourd'hui en meilleure position que d'autres, et notamment des grands mammouths. Mais il ne faut pas non plus enterrer tout le monde.
TourMaG.com - Mais c'est bien une spécificité française ?
R.-M.C. : Mais ce n'est pas nouveau !
Et il est stupide de dire que les Français ont tout pour voyager en France, sans aller plus loin ! Les Français, comme les autres, ont envie d'aller à l'étranger. Il est vrai que le marché français, aujourd'hui, est difficile.
Nous n'avons pas de croissance, alors que sur le marché anglais ou allemand, la croissance est revenue. Nous, ce sera peut-être en 2014, mais en attendant, nous vivons en décroissance depuis trois ans !
Bien sûr, faire voyager les Français, c'est plus difficile que de faire voyager des Allemands ou des Anglais. Mais il ne faut pas dire que les Français ne voyagent pas.
Simplement, le marché français, contrairement à l'Italie ou à l'Espagne, a beaucoup de mal à redémarrer. Le consommateur a changé aussi, il peut accéder plus rapidement au produit, mais tout ceci profite aussi au distributeur, notamment sur des produits "à la carte", pour lequel le consommateur fait confiance à son agent de voyages.
Alors c'est vrai, c'est un marché différent. Bien sûr, il y a eu des erreurs de positionnement sur ce marché. En Allemagne ou en Angleterre, trois acteurs majeurs possèdent le marché.
En France, c'est une multitude… mais ça fait vivre tout le monde !
Pour aller plus loin, je dirais que ceux qui sont perdants sont les grands Manitous du tourisme qui n'ont pas en France 80% de parts de marché alors qu'ils l'ont ailleurs ! Mais, à la limite, c'est plutôt un différenciant positif !
La preuve, c'est que nous avons de très belles entreprises françaises durant des années, florissantes ! Il y a de la place pour tout le monde. Et pour l'instant, le marché français ne permet pas la concentration. Demain, avec Google, c'est moins sûr !
Et nous sommes dans un secteur, le tourisme, dont tout le monde s'accorde à dire que ce sera un secteur dominant dans les prochaines années. Mais le changement de modèle économique est indispensable.
C'est d'ailleurs ce qui fera comprendre au consommateur qu'il doit retourner dans les boutiques, parce qu'il ne pourra pas se débrouiller tout seul ! Parce que chaque entreprise proposera des services "différenciant", gage de professionnalisme, surtout avec une marque "forte" ! C'est l'enjeu.
Mais il y a de l'avenir pour tout le monde : il y en a pour les comparateurs, mais pas n'importe lesquels, il y a de l'avenir pour les TO, mais pas n'importe lesquels… C'est en mouvement.
On doit être prudent. Et, en critiquant sa profession, on se tire une balle dans le pied ! Il y a d'ailleurs de nouveaux opérateurs, récemment entrés sur le marché et qui réussissent fort bien. Avec des volumes d'affaires importants. Mais ils ont tout de suite pensé à se différencier !
TourMaG.com - Donc, producteurs distributeurs même combat ?
R.-M.C: C'est évident. Nous devons travailler ensemble pour maitriser notre consommateur. Si nous travaillons les uns contre les autres, on va à contresens !
TourMaG.com - Et comment ?
R.-M.C. : Pilotage des ventes et du client ensemble ! Y compris les adresses et tous ces vieux tabous. On ne peut plus rester statiques dans un monde où le client est en mouvement perpétuel.
Et voir des rémunérations adaptées à tout ça !
On nous reproche souvent de ne pas être très actifs au niveau des négociations. Mais n'oublions que de 20% de ventes directes, nous atteignons globalement 50% de ventes directes !
Il y a des tabous qui ont été franchis, producteurs comme distributeurs vendent en direct ! Le multi canal n'est plus un conflit.
Et à partir de ce constat, demain il faudra trouver des moyens de travailler ensemble sur le consommateur. Ne pas faire du BtoB histoire de se faire plaisir ! Ça ne sert à rien de signer des bons contrats s'il n'y a aucune vente derrière.
Il y a de très belles opérations qui ont été réalisées et chacun a été gagnant !
Ce que je ne comprends pas, c'est que finalement, tout le monde est d'accord !
Que s'est-il passé durant les cinq dernières années ? La grande distribution, à qui pendant très longtemps il ne fallait pas vendre de produits, a finalement trouvé sa place !
Internet a aussi pris sa place. Les généralistes imposaient leur point de vue. C'est fini !
Et le généraliste ne fait plus du tout la même chose ! Encore une fois, ce n'est pas la profession qui est en cause, ce sont les modèles économiques qui ne sont plus adaptés à la nouvelle donne du consommateur et de l'environnement.
Le store to web, le web to store, il faut y être. En revanche, il faut maitriser le fichier client ! Et surtout, nous devons chacun redevenir performants… avec des partenaires !
TourMaG.com - Justement, entre distributeurs et producteurs, subsistent aussi deux facteurs de tension : les flux financiers et le pilotage des ventes, de la part des réseaux. Ne serait-il pas temps de vous mettre, les uns et les autres, autour d'une table et de chercher des solutions ?
R.-M.C. : C'est quand même très délicat. On est dans du commercial pur. Mais quand ça ne vas pas, on voudrait une cadre institutionnel !
Ça reste des négociations de gré à gré… et je trouve que c'est très bien ! En fait on a tout confondu et l'on aurait dû extraire tout ce qui n'était pas commercial.
Aujourd'hui, si nous avons un point commun ensemble c'est bien de dire qu'il faut qu'on anime le client. Parce que ce client n'est plus aussi fidèle : il passe du web au store ou du store au web…
C'est vrai qu'il y a eu des accords qui ont été signés naguère afin de développer le fichier client entre un producteur et la distribution. Aujourd'hui, les entreprises qui veulent performer auront tout intérêt à trouver des accords de ce type avec les distributeurs. Et chacun y trouvera son compte…
TourMaG.com - Les taux de commission et les flux financiers?
R.-M.C. : Les taux de commission ? On a eu une très mauvaise période, "chien et chat"…
Il y a des appels d'offre qui devraient rester dans le secret des réseaux de distribution !
Maintenant, le problème des ressources des producteurs, qui n'ont pas forcément de quoi entretenir leur stock. Il faut souvent acheter d'une année sur l'autre et c'est de l'intérêt du distributeur de pouvoir soutenir le producteur, afin que le client reste et n'aille pas chercher un produit disponible… ailleurs !
TourMaG.com - En clair, la trésorerie ne devrait pas rester chez le distributeur…
R.-M.C. : C'est un point qu'en tant que Syndicat (SETO, NDLR) nous avons l'intention de défendre dans la nouvelle directive européenne. Notre objectif est bien de ramener la trésorerie vers ceux qui produisent et essayer de fournir intelligemment ceux qui distribuent.
Soit il y a une méthode brutale qui risque d'équilibrer l'un et de déséquilibrer l'autre, soit on trouve un accord intéressant … Moi, je crois fortement que le fait que chacun fasse son métier et que chacun ait son institution peut globalement arriver à quelque chose. Parce que, une institution qui regroupe tout ça, je n'en ai jamais connu le moindre résultat.
Le fait que chacun ait une bonne représentation me parait essentiel. En 2014, chacun aura ses représentants, ce qui devrait permettre d'avancer. C'est d'ailleurs pourquoi j'ai tenu à la construction de cette Fédération !
TourMaG.com - Et dans ce cas, le SNAV deviendrait le syndicat des distributeurs, le Seto celui des producteurs ?
R.-M.C: Le Seto se place en tant que producteur. Et nous faisons un tri dans les demandes d'adhérents. Je ne fais pas de commercial et je pense que dans d'autres institutions cela devrait être la même chose !
Le jour où les choses seront plus claires on pourra éventuellement trouver des fils conducteurs sur les points qui nous rapprochent plutôt que de nous éloigner !
Mais on y arrivera qu'à partir du moment où il y aura un rééquilibrage des institutions. C'est pour ça que nous avons créé ce syndicat. Ça plait ou ça ne plait pas, mais il fallait le faire.
Rapidement, face aux modifications des lois européennes, il fallait être présent chez IATA notamment. Quand on est une association on est spectateur, quand on est syndicat on est autour de la table ! Et demain, nous serons là en tant que syndicat, si on veut bien nous accueillir…
Mais nous prenons le temps. Nous avons été extrêmement courtois vis-à-vis de la Convention Collective : il y a un syndicat qui a mené les débats et nous devions l'accompagner. Nous l'avons fait. Sur la Médiation, nous l'avons fait ensemble. Demain, l'APST a besoin de nous, nous serons là et nous avons d'ailleurs d'excellentes relations.
Nous appartenons à une profession dans laquelle il s'est passé beaucoup de choses dans le passé et le marché était plus facile. Aujourd'hui, vouloir remodeler l'ensemble de cette profession, c'est un sacré travail ! Mais ce n'est simplement que de le réadapter à sa réalité.
Mais nous ne sommes pas la vieille France du Tourisme ! Regardez, dans tous les grands secteurs, en France, il y a des lois qui régissent telle ou telle profession. Quelles sont les lois qui ont été établies pour le tourisme ? Nous n'avons pas, vis-à-vis des pouvoirs publics, de visage !
On est plein d'intelligents, mais l'intelligent tue l'intelligence ! Mon attente est de trouver quelqu'un qui présente une véritable vision de la profession. C'est pour ça que nous nous sommes battus pour créer cette Fédération.
Bien sûr, certains peuvent dire qu'ils sont d'accord. Mais il faut aussi donner un budget. C'est triste, c'est politique. Si on est d'accord pour monter une Fédération, on est d'accord pour faire tous les efforts nécessaires à sa création.
TourMaG.com - Et où en êtes-vous, justement ?
R.-M.C En tant que Syndicat, nous avons toujours dit que nous rejoindrions une Fédération. Il y a de très bonnes choses qui se font par les institutions, y compris par le Snav.
Il y a des gens compétents, des choses se font et c'est très bien. Mais chacun travaille sur son pré-carré, dans le désordre, face à un monde global ! On est condamné à se fédérer.
TourMaG.com - La Présidence du Snav devrait changer cette année. Pensez-vous pouvoir travailler "mieux" avec un nouveau Président ?
R.-M.C. : On est dans un schéma un peu dérangeant.
Faut pas croire que nous n'avons rien fait avec l'ancien président, au contraire ! On a fait beaucoup de choses avec le Snav… même si on travaille mieux avec le Snav quand on est en crise !! Faut être honnête, quand on vit les mêmes crises, on est d'autant plus proches.
En fait, ce dont nous avons besoin, c'est d'avoir une vision nouvelle par rapport à un monde nouveau. Si le nouveau Président du Snav veut s'inscrire dans ce nouveau principe en disant "je ne suis propriétaire de rien mais je souhaite que nos actions soient communes, fédérées, par rapport à un monde nouveau et décidé à faire bouger les lignes".
Là, on aura réussi !
Mais, dernière remarque, je pense que les gens qui sont à la tête des institutions doivent être dénaturés de tous. Au Seto, nous avons tout de suite indiqué que le Président ne devait pas être un tour-opérateur… en fonction.
Demain, il faudra que ce soit un spécialiste de la gestion d'institutions. Il comprendra vite le métier et pourra défendre la profession face aux pouvoirs publics tant français qu'européens.
C'est le véritable enjeu. L'objectif, ce n'est pas d'organiser de beaux congrès. Il faut que se rapprocher aussi de"l'incoming", de façon à ne pas être les parias vis-à-vis de l'Etat.
Nous sommes "Le Tourisme" et il faut arrêter de penser que nous représentons telle ou telle partie du Tourisme.
Nous devons tous avoir un point commun: le Tourisme !
A l'export comme à l'import. D'ailleurs, le premier syndicat français devrait être un syndicat de réceptifs.
Voyez tous ces ministres étrangers qui passent leur temps à voyager afin de présenter leur pays. Si nous avions un ministre du Tourisme en France, il devrait passer son temps à l'étranger, comme ses homologues tunisiens, égyptiens, etc., à rencontrer les Présidents du Seto Chinois ou Japonais… et leur présenter la destination !
Nous avons ce point commun qui est le tourisme… mais on ne sait pas le faire vivre.
R.-M.C. : Mais ce n'est pas nouveau !
Et il est stupide de dire que les Français ont tout pour voyager en France, sans aller plus loin ! Les Français, comme les autres, ont envie d'aller à l'étranger. Il est vrai que le marché français, aujourd'hui, est difficile.
Nous n'avons pas de croissance, alors que sur le marché anglais ou allemand, la croissance est revenue. Nous, ce sera peut-être en 2014, mais en attendant, nous vivons en décroissance depuis trois ans !
Bien sûr, faire voyager les Français, c'est plus difficile que de faire voyager des Allemands ou des Anglais. Mais il ne faut pas dire que les Français ne voyagent pas.
Simplement, le marché français, contrairement à l'Italie ou à l'Espagne, a beaucoup de mal à redémarrer. Le consommateur a changé aussi, il peut accéder plus rapidement au produit, mais tout ceci profite aussi au distributeur, notamment sur des produits "à la carte", pour lequel le consommateur fait confiance à son agent de voyages.
Alors c'est vrai, c'est un marché différent. Bien sûr, il y a eu des erreurs de positionnement sur ce marché. En Allemagne ou en Angleterre, trois acteurs majeurs possèdent le marché.
En France, c'est une multitude… mais ça fait vivre tout le monde !
Pour aller plus loin, je dirais que ceux qui sont perdants sont les grands Manitous du tourisme qui n'ont pas en France 80% de parts de marché alors qu'ils l'ont ailleurs ! Mais, à la limite, c'est plutôt un différenciant positif !
La preuve, c'est que nous avons de très belles entreprises françaises durant des années, florissantes ! Il y a de la place pour tout le monde. Et pour l'instant, le marché français ne permet pas la concentration. Demain, avec Google, c'est moins sûr !
Et nous sommes dans un secteur, le tourisme, dont tout le monde s'accorde à dire que ce sera un secteur dominant dans les prochaines années. Mais le changement de modèle économique est indispensable.
C'est d'ailleurs ce qui fera comprendre au consommateur qu'il doit retourner dans les boutiques, parce qu'il ne pourra pas se débrouiller tout seul ! Parce que chaque entreprise proposera des services "différenciant", gage de professionnalisme, surtout avec une marque "forte" ! C'est l'enjeu.
Mais il y a de l'avenir pour tout le monde : il y en a pour les comparateurs, mais pas n'importe lesquels, il y a de l'avenir pour les TO, mais pas n'importe lesquels… C'est en mouvement.
On doit être prudent. Et, en critiquant sa profession, on se tire une balle dans le pied ! Il y a d'ailleurs de nouveaux opérateurs, récemment entrés sur le marché et qui réussissent fort bien. Avec des volumes d'affaires importants. Mais ils ont tout de suite pensé à se différencier !
TourMaG.com - Donc, producteurs distributeurs même combat ?
R.-M.C: C'est évident. Nous devons travailler ensemble pour maitriser notre consommateur. Si nous travaillons les uns contre les autres, on va à contresens !
TourMaG.com - Et comment ?
R.-M.C. : Pilotage des ventes et du client ensemble ! Y compris les adresses et tous ces vieux tabous. On ne peut plus rester statiques dans un monde où le client est en mouvement perpétuel.
Et voir des rémunérations adaptées à tout ça !
On nous reproche souvent de ne pas être très actifs au niveau des négociations. Mais n'oublions que de 20% de ventes directes, nous atteignons globalement 50% de ventes directes !
Il y a des tabous qui ont été franchis, producteurs comme distributeurs vendent en direct ! Le multi canal n'est plus un conflit.
Et à partir de ce constat, demain il faudra trouver des moyens de travailler ensemble sur le consommateur. Ne pas faire du BtoB histoire de se faire plaisir ! Ça ne sert à rien de signer des bons contrats s'il n'y a aucune vente derrière.
Il y a de très belles opérations qui ont été réalisées et chacun a été gagnant !
Ce que je ne comprends pas, c'est que finalement, tout le monde est d'accord !
Que s'est-il passé durant les cinq dernières années ? La grande distribution, à qui pendant très longtemps il ne fallait pas vendre de produits, a finalement trouvé sa place !
Internet a aussi pris sa place. Les généralistes imposaient leur point de vue. C'est fini !
Et le généraliste ne fait plus du tout la même chose ! Encore une fois, ce n'est pas la profession qui est en cause, ce sont les modèles économiques qui ne sont plus adaptés à la nouvelle donne du consommateur et de l'environnement.
Le store to web, le web to store, il faut y être. En revanche, il faut maitriser le fichier client ! Et surtout, nous devons chacun redevenir performants… avec des partenaires !
TourMaG.com - Justement, entre distributeurs et producteurs, subsistent aussi deux facteurs de tension : les flux financiers et le pilotage des ventes, de la part des réseaux. Ne serait-il pas temps de vous mettre, les uns et les autres, autour d'une table et de chercher des solutions ?
R.-M.C. : C'est quand même très délicat. On est dans du commercial pur. Mais quand ça ne vas pas, on voudrait une cadre institutionnel !
Ça reste des négociations de gré à gré… et je trouve que c'est très bien ! En fait on a tout confondu et l'on aurait dû extraire tout ce qui n'était pas commercial.
Aujourd'hui, si nous avons un point commun ensemble c'est bien de dire qu'il faut qu'on anime le client. Parce que ce client n'est plus aussi fidèle : il passe du web au store ou du store au web…
C'est vrai qu'il y a eu des accords qui ont été signés naguère afin de développer le fichier client entre un producteur et la distribution. Aujourd'hui, les entreprises qui veulent performer auront tout intérêt à trouver des accords de ce type avec les distributeurs. Et chacun y trouvera son compte…
TourMaG.com - Les taux de commission et les flux financiers?
R.-M.C. : Les taux de commission ? On a eu une très mauvaise période, "chien et chat"…
Il y a des appels d'offre qui devraient rester dans le secret des réseaux de distribution !
Maintenant, le problème des ressources des producteurs, qui n'ont pas forcément de quoi entretenir leur stock. Il faut souvent acheter d'une année sur l'autre et c'est de l'intérêt du distributeur de pouvoir soutenir le producteur, afin que le client reste et n'aille pas chercher un produit disponible… ailleurs !
TourMaG.com - En clair, la trésorerie ne devrait pas rester chez le distributeur…
R.-M.C. : C'est un point qu'en tant que Syndicat (SETO, NDLR) nous avons l'intention de défendre dans la nouvelle directive européenne. Notre objectif est bien de ramener la trésorerie vers ceux qui produisent et essayer de fournir intelligemment ceux qui distribuent.
Soit il y a une méthode brutale qui risque d'équilibrer l'un et de déséquilibrer l'autre, soit on trouve un accord intéressant … Moi, je crois fortement que le fait que chacun fasse son métier et que chacun ait son institution peut globalement arriver à quelque chose. Parce que, une institution qui regroupe tout ça, je n'en ai jamais connu le moindre résultat.
Le fait que chacun ait une bonne représentation me parait essentiel. En 2014, chacun aura ses représentants, ce qui devrait permettre d'avancer. C'est d'ailleurs pourquoi j'ai tenu à la construction de cette Fédération !
TourMaG.com - Et dans ce cas, le SNAV deviendrait le syndicat des distributeurs, le Seto celui des producteurs ?
R.-M.C: Le Seto se place en tant que producteur. Et nous faisons un tri dans les demandes d'adhérents. Je ne fais pas de commercial et je pense que dans d'autres institutions cela devrait être la même chose !
Le jour où les choses seront plus claires on pourra éventuellement trouver des fils conducteurs sur les points qui nous rapprochent plutôt que de nous éloigner !
Mais on y arrivera qu'à partir du moment où il y aura un rééquilibrage des institutions. C'est pour ça que nous avons créé ce syndicat. Ça plait ou ça ne plait pas, mais il fallait le faire.
Rapidement, face aux modifications des lois européennes, il fallait être présent chez IATA notamment. Quand on est une association on est spectateur, quand on est syndicat on est autour de la table ! Et demain, nous serons là en tant que syndicat, si on veut bien nous accueillir…
Mais nous prenons le temps. Nous avons été extrêmement courtois vis-à-vis de la Convention Collective : il y a un syndicat qui a mené les débats et nous devions l'accompagner. Nous l'avons fait. Sur la Médiation, nous l'avons fait ensemble. Demain, l'APST a besoin de nous, nous serons là et nous avons d'ailleurs d'excellentes relations.
Nous appartenons à une profession dans laquelle il s'est passé beaucoup de choses dans le passé et le marché était plus facile. Aujourd'hui, vouloir remodeler l'ensemble de cette profession, c'est un sacré travail ! Mais ce n'est simplement que de le réadapter à sa réalité.
Mais nous ne sommes pas la vieille France du Tourisme ! Regardez, dans tous les grands secteurs, en France, il y a des lois qui régissent telle ou telle profession. Quelles sont les lois qui ont été établies pour le tourisme ? Nous n'avons pas, vis-à-vis des pouvoirs publics, de visage !
On est plein d'intelligents, mais l'intelligent tue l'intelligence ! Mon attente est de trouver quelqu'un qui présente une véritable vision de la profession. C'est pour ça que nous nous sommes battus pour créer cette Fédération.
Bien sûr, certains peuvent dire qu'ils sont d'accord. Mais il faut aussi donner un budget. C'est triste, c'est politique. Si on est d'accord pour monter une Fédération, on est d'accord pour faire tous les efforts nécessaires à sa création.
TourMaG.com - Et où en êtes-vous, justement ?
R.-M.C En tant que Syndicat, nous avons toujours dit que nous rejoindrions une Fédération. Il y a de très bonnes choses qui se font par les institutions, y compris par le Snav.
Il y a des gens compétents, des choses se font et c'est très bien. Mais chacun travaille sur son pré-carré, dans le désordre, face à un monde global ! On est condamné à se fédérer.
TourMaG.com - La Présidence du Snav devrait changer cette année. Pensez-vous pouvoir travailler "mieux" avec un nouveau Président ?
R.-M.C. : On est dans un schéma un peu dérangeant.
Faut pas croire que nous n'avons rien fait avec l'ancien président, au contraire ! On a fait beaucoup de choses avec le Snav… même si on travaille mieux avec le Snav quand on est en crise !! Faut être honnête, quand on vit les mêmes crises, on est d'autant plus proches.
En fait, ce dont nous avons besoin, c'est d'avoir une vision nouvelle par rapport à un monde nouveau. Si le nouveau Président du Snav veut s'inscrire dans ce nouveau principe en disant "je ne suis propriétaire de rien mais je souhaite que nos actions soient communes, fédérées, par rapport à un monde nouveau et décidé à faire bouger les lignes".
Là, on aura réussi !
Mais, dernière remarque, je pense que les gens qui sont à la tête des institutions doivent être dénaturés de tous. Au Seto, nous avons tout de suite indiqué que le Président ne devait pas être un tour-opérateur… en fonction.
Demain, il faudra que ce soit un spécialiste de la gestion d'institutions. Il comprendra vite le métier et pourra défendre la profession face aux pouvoirs publics tant français qu'européens.
C'est le véritable enjeu. L'objectif, ce n'est pas d'organiser de beaux congrès. Il faut que se rapprocher aussi de"l'incoming", de façon à ne pas être les parias vis-à-vis de l'Etat.
Nous sommes "Le Tourisme" et il faut arrêter de penser que nous représentons telle ou telle partie du Tourisme.
Nous devons tous avoir un point commun: le Tourisme !
A l'export comme à l'import. D'ailleurs, le premier syndicat français devrait être un syndicat de réceptifs.
Voyez tous ces ministres étrangers qui passent leur temps à voyager afin de présenter leur pays. Si nous avions un ministre du Tourisme en France, il devrait passer son temps à l'étranger, comme ses homologues tunisiens, égyptiens, etc., à rencontrer les Présidents du Seto Chinois ou Japonais… et leur présenter la destination !
Nous avons ce point commun qui est le tourisme… mais on ne sait pas le faire vivre.