Soutien au Maroc : "nous sommes sur des croissances à deux chiffres"

S’il fallait une parole pour évoquer la reprise de l’activité touristique au Maroc, celle de l’agent au contrôle immigration en arrivant à l’aéroport de Marrakech est plutôt parlante : « pas besoin de relancer la destination, elle l’est déjà ». Tout est dit ou presque.

Mais après les paroles, les preuves. Sur place, les professionnels du tourisme qui ont effectué le déplacement ont pu constater que deux mois après le séisme survenu le 8 octobre (l’épicentre était situé à une centaine de kilomètres de Marrakech), tout semble être rentré dans l’ordre. Les quelques jours qui ont suivi la secousse ont été difficiles mais la capacité de résilience de la population a vite repris le dessus.

« Au moment du tremblement de terre, il y a eu 20 secondes de confusion et de panique, après on s’est vite ressaisis » résume une guide du tout nouveau musée du Patrimoine Immatériel consacré à la place Jamaâ el-Fna située juste à côté. Si par mesure de précaution, le bâtiment a fermé durant un mois, il retrouve aujourd’hui ses niveaux de fréquentation habituels, « jusqu’à 700 visiteurs par jour ».

Cœur battant de Marrakech, la place Jamaâ el-Fna grouille de monde, comme si de rien n’était. Tout autour les hôtels, cafés et restaurants sont bien remplis. « En organisant ce 24 heures à Marrakech, l’idée était de montrer que la destination va bien ». Avec derrière l’objectif de « préserver et protéger les prochaines vacances de Noël, de Pâques et ensuite l’été » explique René-Marc Chikli qui rappelle que « de – 80% de réservations la semaine du séisme, le niveau de trafic est revenu à la normale au bout seulement d’un mois ».

Une bonne nouvelle qui n’empêche pas le président du SETO d’envoyer à nouveau une petite pique aux compagnies aériennes qui ne se sont pas montrées coopératives. « Nous leur avons adressé une lettre en leur demandant de faire preuve de plus de souplesse dans leurs conditions ». Voilà aussi qui devrait nourrir à l’avenir un véritable travail de réflexion pour éviter de tels désagréments avec « des partenaires aériens qui ne jouent pas le jeu ».

Présent à Marrakech, Selatt Erdogan, directeur commercial de Mondial Tourisme, tient à dire combien il est engagé sur le Maroc et que cette destination « ne désemplit pas ». Sur Essaouira, il vient d’ailleurs d’organiser un éductour mobilisant 35 personnes, tous réseaux confondus.

« Sur le Maroc, nous sommes sur des croissances à deux chiffres. Les baisses qu’on a connu sur les trois premières semaines, on va les rattraper d’ici quelques mois sans aucun problème » confirme René-Marc Chikli.

« La courbe s’est redressée très vite » explique pour sa part Raouf Benslimane à la tête du groupe Thalasso N°1 - Ô Voyages qui affirme aujourd’hui que « l’impact du séisme est effacé ». Le dirigeant, pour qui le Maroc représente la troisième destination dans son activité, n’oublie-pas de saluer le travail effectué par l’ONMT qui s’est montré « très réactif et créatif pour donner une bonne image, et maintenir les départs sur le pays et notamment Marrakech ».

Dans une stratégie de développement très ambitieuse, Thalasso N°1 - Ô Voyages espère « d’ici deux vite franchir le cap des 50 000 pax sur le Maroc contre 10 000 – 15 000 ces dernières années ».

Pour montrer son intérêt et son soutien à la destination Maroc, le SETO va donc organiser son prochain forum à Rabat les 24 et 25 avril 2024. « À l’exception de Porto en 2019, nous n’avons jamais fait cet évènement à l’étranger » fait remarquer René-Marc Chikli.

Sur le choix de Rabat, c’est aussi une manière montrer qu’au Maroc il n’y a pas que Marrakech ou Agadir. « Depuis Rabat, on peut partir et découvrir d’autres endroits dans la région » précise le président.

Quant à l’inévitable question sur l’impact du conflit israélo-palestinien, René-Marc Chikli ne cache pas que « plus on parle de ça, plus ça traumatise, avec notamment des chaines d’infos spécialisées qui passent leur temps à dire qu’il ne faut pas bouger ».

La réalité, c’est que le SETO sait se montrer extrêmement réactif, « fermer des destinations avant même que cela n’apparaisse sur le site du MEAE (ministère de l'Europe et des Affaires étrangères). « Dans le voyage à forfait, on est capable d’anticiper » ajoute-t-il.

Si l’Egypte restera « toujours attractive, quoi qu’il arrive », la Jordanie, qui elle aussi est devenue extrêmement séduisante « peut repartir du jour au lendemain ». « Il faut pour cela pour cela rassurer » martèle René-Marc Chikli.

Rassurer, encore et toujours, comme s’efforcent de le faire tous les TO présents à Marrakech qui savent pertinemment que regagner la confiance du client demeure une priorité. Le Maroc en tout cas fait ce qu’il faut.