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Ryanair : la fermeture des bases est « une déclaration de guerre » pour les pilotes

Un dialogue social impossible ?


En 2018, le spécialiste irlandais du voyage à bas-coûts a connu ses premières grèves. A la suite de celles-ci, elle revoit ses objectifs financiers à la baisse, et annonce fermetures de bases et réduction de flotte. Plus qu'une provocation, les pilotes parlent d'une vraie "déclaration de guerre".


Rédigé par le Dimanche 14 Octobre 2018

Après avoir fait grève pour la première fois de l'histoire de la compagnie, les pilotes se disent "punis" © Ryanair
Après avoir fait grève pour la première fois de l'histoire de la compagnie, les pilotes se disent "punis" © Ryanair
A Eindhoven (Pays-Bas) et à Brême (Allemagne), Ryanair s’apprête à fermer des bases.

A Düsseldorf (Allemagne), la compagnie à bas-coût irlandaise va réduire sa flotte.

Pour l’ensemble de ses pilotes et des personnels de cabine de part l’Europe, ces trois décisions sont perçues comme une punition, à la suite des nombreuses mesures de grèves menées ces derniers mois un peu partout sur le continent.

Pour l’European Cockpit Association (ECA), qui regroupe les principaux syndicats de pilotes européens dont le SNPL, il s’agit même d’une « déclaration de guerre ».

Ces décisions « exacerbent sérieusement la récente détérioration des relations entre la compagnie aérienne, ses pilotes et son personne de cabine », écrit l’ECA dans un communiqué en date du vendredi 12 octobre 2018, demandant un retrait immédiat de ces mesures et un changement dans l’attitude « conflictuelle et contre-productive » de la direction.

Un accord impossible ?

« Il est difficile de voir comment Ryanair peut, de manière réaliste, espérer conclure des accords avec ses syndicats avec de telles menaces en suspens », explique aussi Dirk Polloczek, président de l’ECA.

Car après les inédits mouvements de grèves de l’été dernier, les syndicats de pilotes négocient toujours un accord collectif avec la direction. Une direction qui a par ailleurs annoncé le 1er octobre dernier qu’elle revoyait à b[la baisse ses objectifs financiers annuels, à cause de l’impact de ces grèves.]b

« Prendre des mesures qui obligent les pilotes et les PNC à déménager ou à perdre leur emploi et leurs revenus n’est certainement pas ce dont nous avons besoin pour créer une confiance et une base solide pour des négociations constructives », regrette Martin Locher, président du syndicat Vereinigung Cockpit.

« Si Ryanair souhaite sérieusement conclure des accords d’ici Noël, un tel comportement est inutile », ajoute-t-il, parlant de décisions incompatibles avec le dialogue social.

Marseille : vers une condamnation en appel ?

Un dialogue social que s'apprête aussi à mener le SNPL.

Après voir fermé sa base de Marseille-Provence en 2013, suite à une condamnation pour travail dissimulé, la compagnie irlandaise a annoncé récemment qu’elle reviendrait en France dès l’été 2019, avec pour projet d’ouvrir des bases à Marseille ou à Bordeaux.

Un retour en force qui inquiète les syndicats de pilotes. Dans un récent communiqué, le SNPL indiquait qu’il « sera particulièrement attentif au respect des conditions de travail et d’emploi des futurs pilotes basés en France ».

Un peu plus tôt au mois de septembre, la Cour de cassation avait annulé toutes les condamnations prononcées à l’encontre de Ryanair, ce qui avait permis à la compagnie d’annoncer dans la foulée son retour dans l’Hexagone et l’embauche d’employés sous contrats locaux français.

Toutefois, le dossier a été renvoyé à la Cour d’appel de Paris, ce qui donne encore de l’espoir au SNPL de voir les Irlandais condamnés pour fraude et travail dissimulé.

« Les éléments de fond portés au dossier d’instruction consécutivement à la plainte déposée par le SNPL n’en demeurent pas moins valides et une condamnation définitive de Ryanair par la Cour d’Appel de Paris est hautement probable », rappelle le premier syndicat de pilotes de France, qui « n’hésitera pas à entrer à nouveau en justice contre toutes les tentatives de contournement de la législation en vigueur ».

Communiqué de Ryanair suite à la parution de l'article

Ryanair a rejeté les affirmations mensongères de l’ECA et de leurs syndicats de pilotes, qui prétendent à tort que la fermeture des bases de Ryanair est une "punition" plutôt qu'une réponse raisonnable à la détérioration de la situation du marché caractérisée par la hausse des prix du pétrole (maintenant à 85USD le baril) et des tarifs aériens en baisse.

Ryanair a rappelé qu'au cours des dernières semaines, Lufthansa a fermé sa base de Düsseldorf, que Wizz a fermé sa base de Poznan, que Norwegian a fermé ses bases de Belfast et d’Édimbourg, qu'EasyJet a supprimé deux avions de sa base de Porto et que toutes les compagnies aériennes réduisent les vols et les lignes cet hiver en raison de la flambée des prix du pétrole à 85 USD le baril, et toutes les compagnies aériennes signalent un environnement tarifaire en déclin. De plus, Primera et Small Planet (Allemagne) ont fait faillite.

• Primera Air; faillite; environ. 300 licenciements
• Small Planet; faillite; flotte réduite de 8 à 2 avions
• Norwegian: fermeture des bases de Belfast et d'Édimbourg
• Easyjet; 2 avions retirés de la base de Porto
• Lufthansa; fermeture de la base de Düsseldorf
• Wizzair; fermeture de la base à Poznan
• SunExpress (Allemagne); fermeture de la base de Nuremberg

Ryanair a déjà prévu des bénéfices moins élevés cette année, qui sont le reflet des prix plus bas et de la hausse du prix du pétrole cet hiver, témoignant d’un environnement défavorable non seulement à Ryanair mais aussi à d’autres compagnies aériennes européennes, notamment EasyJet, Wizzair, Lufthansa et d’autres.

Kenny Jacobs de Ryanair a déclaré :

« L’ECA et les syndicats de pilotes sont silencieux lorsque Lufthansa, Wizzair et Norwegian ferment leurs bases ou réduisent leurs horaires. Ils sont également silencieux sur la réalité de la faillite de Small Planet (Allemagne) et de Primera ces dernières semaines, causant des centaines de pertes d’emplois,

La fermeture de 2 bases Ryanair à Eindhoven et à Brême et une réduction de 5 à 3 avions à Niederrhein constituent une réponse modeste mais nécessaire à ces circonstances défavorables. Ryanair a déjà averti que si le prix du pétrole continuait d'augmenter ou si les tarifs aériens continuaient de baisser, nous ne pourrions pas exclure de nouvelles fermetures de bases ou des réductions de capacité en Allemagne ou dans d'autres pays de l'UE.

Ces fermetures regrettables sont dues à des conditions de marché défavorables, et nous rejetons ces fausses déclarations des pilotes de Lufthansa sous la bannière de l’ECA.
»

Pierre Georges Publié par Pierre Georges Journaliste - TourMaG.com
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Tags : ECA, Ryanair, SNPL
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