Les éléphants du Mékong Eléphant Camp - DR
J'ai lu avec beaucoup d'intérêt et un peu de désespoir l'article intitulé "Vers la fin des promenades à dos d'éléphant pour les touristes ?" sur le site de Tour Hebdo le 15 avril
Les promenades à dos d'éléphants seraient donc "une pratique" qu'il conviendrait "de ne pas cautionner".
Les TO anglais, précurseurs dans ce domaines, sont nombreux à renoncer "à l'exploitation des pachydermes à des fins touristiques".
La France va-t-elle suivre, s'interroge le rédacteur de l'article.
Le sujet n'est pas du tout anodin.
Les promenades à dos d'éléphants seraient donc "une pratique" qu'il conviendrait "de ne pas cautionner".
Les TO anglais, précurseurs dans ce domaines, sont nombreux à renoncer "à l'exploitation des pachydermes à des fins touristiques".
La France va-t-elle suivre, s'interroge le rédacteur de l'article.
Le sujet n'est pas du tout anodin.
"Ce qui se prépare, c'est la disparition des éléphants du Laos"
En réalité, la France a déjà commencé. L'article cite la position tranchée de Dolores Merino Cebrian, directrice responsabilité d'entreprise de Transat France.
Mais c'est également la position de TUI (donc Nouvelles Frontières, Marmara, Aventuria, TUI France ….) qui mettra l'an prochain les balades à dos d'éléphant en option dans ses brochures.
L'enfer, dit-on est pavé des meilleures intentions.
Car ce qui se prépare ainsi, c'est la disparition à court terme des éléphants du Laos.
Tout d'abord, il faut rappeler que ce qui tue à petit feu les éléphants du Laos, c'est leur exploitation en forêt, où ils travaillent au débardage (pour l'essentiel, illégal).
Cette activité est dangereuse, pour la forêt primaire du Laos qui disparaît à vue d'oeil, mais aussi pour les éléphants, qui se tuent, se blessent et sont abandonnés, s'épuisent.
Le système laotien de « copropriété familiale » amène les membres des familles à rentabiliser au mieux leur « part », exprimée en temps de disponibilité de l'éléphant. Et les pachydermes sont surexploités. La natalité est en chute libre. Au Laos, il y a plus de morts d'éléphants que de naissances d'éléphanteaux.
Les revenus des cornacs travaillant sur ces chantiers sont très élevés, pas seulement selon des standard laotiens.
Chaque éléphant sorti du cycle infernal des chantiers de coupe donne un répit au cheptel laotien.
Mais c'est également la position de TUI (donc Nouvelles Frontières, Marmara, Aventuria, TUI France ….) qui mettra l'an prochain les balades à dos d'éléphant en option dans ses brochures.
L'enfer, dit-on est pavé des meilleures intentions.
Car ce qui se prépare ainsi, c'est la disparition à court terme des éléphants du Laos.
Tout d'abord, il faut rappeler que ce qui tue à petit feu les éléphants du Laos, c'est leur exploitation en forêt, où ils travaillent au débardage (pour l'essentiel, illégal).
Cette activité est dangereuse, pour la forêt primaire du Laos qui disparaît à vue d'oeil, mais aussi pour les éléphants, qui se tuent, se blessent et sont abandonnés, s'épuisent.
Le système laotien de « copropriété familiale » amène les membres des familles à rentabiliser au mieux leur « part », exprimée en temps de disponibilité de l'éléphant. Et les pachydermes sont surexploités. La natalité est en chute libre. Au Laos, il y a plus de morts d'éléphants que de naissances d'éléphanteaux.
Les revenus des cornacs travaillant sur ces chantiers sont très élevés, pas seulement selon des standard laotiens.
Chaque éléphant sorti du cycle infernal des chantiers de coupe donne un répit au cheptel laotien.
"Une alternative"
Les camps d'éléphant offrent une alternatives.
Ils permettent au cornacs d'obtenir des revenus (très inférieurs …), et assurent aux éléphants des conditions de vie excellentes, leur permettant de vivre en bonne santé longtemps (deux touristes, c'est toujours moins lourd qu'un tronc d'une tonne, glissant le long d'une pente en saison des pluies, et auquel l'éléphant est attaché par une chaîne).
Les camps d'éléphant ont permis à la Thaïlande de reconstituer lec heptel et d'éloigner le risque d'extinction. Ils proposent aujourd'hui des activités diversifiés.
Les camps d'éléphant du Laos proposent diverses activités, mais le cœur est bien la balade à dos d'éléphant. Sans ces balades, aucun de ces camps ne serait rentable.
Car contrairement à la Thaïlande, les camps laotiens ne sont soutenus par aucune subvention publique. Et contrairement à la Thaïlande, il n'y a pas au Laos de marché intérieur, qui soutiendrait l'activité (ce qui est le cas en Thaïlande où les touristes nationaux sont plus nombreux que les voyageurs étrangers).
Donc pour le moment, la rentabilité des camps laotiens repose sur l'activité « incoming », et sur les balades.
Que se passera-t-il si les camps ne sont plus rentables ?
Les cornacs et leurs éléphants retourneront en forêt. S'ils sont incapables d'y travailler, ils seront abandonnés, car trop couteux à entretenir, et retourneront à la vie sauvage.
Là, ils seront chassés par les villages isolés qui les craignent, braconné, dépecés, leur squelette vendus aux musées, certaines parties de leur corps vendus aux acheteurs des ingrédients de la médecine traditionnelle chinoise, leur défenses aux collectionneur d'ivoire …. où alors ils seront vendus au cirques coréens, chinois, où ils termineront leur vie dans des conditions pitoyables.
Ce n'est pas une hypothèse d'école, tout cela a déjà largement commencé.
Ils permettent au cornacs d'obtenir des revenus (très inférieurs …), et assurent aux éléphants des conditions de vie excellentes, leur permettant de vivre en bonne santé longtemps (deux touristes, c'est toujours moins lourd qu'un tronc d'une tonne, glissant le long d'une pente en saison des pluies, et auquel l'éléphant est attaché par une chaîne).
Les camps d'éléphant ont permis à la Thaïlande de reconstituer lec heptel et d'éloigner le risque d'extinction. Ils proposent aujourd'hui des activités diversifiés.
Les camps d'éléphant du Laos proposent diverses activités, mais le cœur est bien la balade à dos d'éléphant. Sans ces balades, aucun de ces camps ne serait rentable.
Car contrairement à la Thaïlande, les camps laotiens ne sont soutenus par aucune subvention publique. Et contrairement à la Thaïlande, il n'y a pas au Laos de marché intérieur, qui soutiendrait l'activité (ce qui est le cas en Thaïlande où les touristes nationaux sont plus nombreux que les voyageurs étrangers).
Donc pour le moment, la rentabilité des camps laotiens repose sur l'activité « incoming », et sur les balades.
Que se passera-t-il si les camps ne sont plus rentables ?
Les cornacs et leurs éléphants retourneront en forêt. S'ils sont incapables d'y travailler, ils seront abandonnés, car trop couteux à entretenir, et retourneront à la vie sauvage.
Là, ils seront chassés par les villages isolés qui les craignent, braconné, dépecés, leur squelette vendus aux musées, certaines parties de leur corps vendus aux acheteurs des ingrédients de la médecine traditionnelle chinoise, leur défenses aux collectionneur d'ivoire …. où alors ils seront vendus au cirques coréens, chinois, où ils termineront leur vie dans des conditions pitoyables.
Ce n'est pas une hypothèse d'école, tout cela a déjà largement commencé.
"Nos éléphants vont très bien"
Dans le sud du Laos, où il n'y a pas de camp, et où la coupe du bois est bel et bien interdite, il n'y a plus de femelle en âge d'enfanter. A très court terme, il n'y aura plus d'éléphant dans le sud du Laos.
Je suis propriétaire d'un camp, à Pakbeng. Nous avons quatre éléphants à nous, dont les cornacs sont nos salariés. Et 4 à 5 cornacs et éléphants « free lance ». C'est un joli petit camp, au milieu de la forêt, les balades sont magnifiques.
Nos éléphants vont très bien. Si nous ne pouvons plus organiser de balades, nous nous adapterons. Mais nous ne serons plus rentables. Nous continuerons à nous occuper de nos éléphants, bien entendu. Et subviendrons aux besoin de leur cornac. Nous pouvons nous le permettre.
Mais nous ne ferons malheureusement pas école.
Profitons de ce moment pour ouvrir entre nous un dialogue constructif sur les conditions dans lesquelles nos éléphants sont hébergés, et informons correctement les voyageurs, qui sont en droit de savoir comment sont nos éléphants sont traités. Il y a des mauvaises pratiques, inutile de le nier, mais donnons-nous les moyens de les repérer, et de les exclure de nos propositions.
Soyons attentifs a ce que disent les associations et ONG qui luttent au quotidien pour la survie de l'espèce au Laos, et ont des positions très similaires à la notre.
Je demande à tous ceux qui sont décisionnaires de prendre ce qui précède en considération, avant de prendre des positions radicales qui paraissent à première vue justifiées, mais dont les conséquences seraient dramatiques.
Olivier Rymer
Directeur de ASEV-TRAVEL
Co-Propriétaire du Mekong Eléphant Camp
Je suis propriétaire d'un camp, à Pakbeng. Nous avons quatre éléphants à nous, dont les cornacs sont nos salariés. Et 4 à 5 cornacs et éléphants « free lance ». C'est un joli petit camp, au milieu de la forêt, les balades sont magnifiques.
Nos éléphants vont très bien. Si nous ne pouvons plus organiser de balades, nous nous adapterons. Mais nous ne serons plus rentables. Nous continuerons à nous occuper de nos éléphants, bien entendu. Et subviendrons aux besoin de leur cornac. Nous pouvons nous le permettre.
Mais nous ne ferons malheureusement pas école.
Profitons de ce moment pour ouvrir entre nous un dialogue constructif sur les conditions dans lesquelles nos éléphants sont hébergés, et informons correctement les voyageurs, qui sont en droit de savoir comment sont nos éléphants sont traités. Il y a des mauvaises pratiques, inutile de le nier, mais donnons-nous les moyens de les repérer, et de les exclure de nos propositions.
Soyons attentifs a ce que disent les associations et ONG qui luttent au quotidien pour la survie de l'espèce au Laos, et ont des positions très similaires à la notre.
Je demande à tous ceux qui sont décisionnaires de prendre ce qui précède en considération, avant de prendre des positions radicales qui paraissent à première vue justifiées, mais dont les conséquences seraient dramatiques.
Olivier Rymer
Directeur de ASEV-TRAVEL
Co-Propriétaire du Mekong Eléphant Camp