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Sous couvert d'éthique, la mort programmée des éléphants du Laos

le courrier des lecteurs du directeur d'ASEV Travel


Après avoir lu plusieurs articles sur la fin programmée des balades à dos d'éléphants, Olivier Rymer, directeur d'ASEV Travel et Co-Propriétaire du Mekong Eléphant Camp, a souhaité réagir et donner sa vision de l'activité.


Rédigé par le Mercredi 27 Avril 2016

Les éléphants du Mékong Eléphant Camp - DR
Les éléphants du Mékong Eléphant Camp - DR
J'ai lu avec beaucoup d'intérêt et un peu de désespoir l'article intitulé "Vers la fin des promenades à dos d'éléphant pour les touristes ?" sur le site de Tour Hebdo le 15 avril

Les promenades à dos d'éléphants seraient donc "une pratique" qu'il conviendrait "de ne pas cautionner".

Les TO anglais, précurseurs dans ce domaines, sont nombreux à renoncer "à l'exploitation des pachydermes à des fins touristiques".

La France va-t-elle suivre, s'interroge le rédacteur de l'article.

Le sujet n'est pas du tout anodin.

"Ce qui se prépare, c'est la disparition des éléphants du Laos"

En réalité, la France a déjà commencé. L'article cite la position tranchée de Dolores Merino Cebrian, directrice responsabilité d'entreprise de Transat France.

Mais c'est également la position de TUI (donc Nouvelles Frontières, Marmara, Aventuria, TUI France ….) qui mettra l'an prochain les balades à dos d'éléphant en option dans ses brochures.

L'enfer, dit-on est pavé des meilleures intentions.

Car ce qui se prépare ainsi, c'est la disparition à court terme des éléphants du Laos.

Tout d'abord, il faut rappeler que ce qui tue à petit feu les éléphants du Laos, c'est leur exploitation en forêt, où ils travaillent au débardage (pour l'essentiel, illégal).

Cette activité est dangereuse, pour la forêt primaire du Laos qui disparaît à vue d'oeil, mais aussi pour les éléphants, qui se tuent, se blessent et sont abandonnés, s'épuisent.

Le système laotien de « copropriété familiale » amène les membres des familles à rentabiliser au mieux leur « part », exprimée en temps de disponibilité de l'éléphant. Et les pachydermes sont surexploités. La natalité est en chute libre. Au Laos, il y a plus de morts d'éléphants que de naissances d'éléphanteaux.

Les revenus des cornacs travaillant sur ces chantiers sont très élevés, pas seulement selon des standard laotiens.

Chaque éléphant sorti du cycle infernal des chantiers de coupe donne un répit au cheptel laotien.

"Une alternative"

Les camps d'éléphant offrent une alternatives.

Ils permettent au cornacs d'obtenir des revenus (très inférieurs …), et assurent aux éléphants des conditions de vie excellentes, leur permettant de vivre en bonne santé longtemps (deux touristes, c'est toujours moins lourd qu'un tronc d'une tonne, glissant le long d'une pente en saison des pluies, et auquel l'éléphant est attaché par une chaîne).


Les camps d'éléphant ont permis à la Thaïlande de reconstituer lec heptel et d'éloigner le risque d'extinction. Ils proposent aujourd'hui des activités diversifiés.

Les camps d'éléphant du Laos proposent diverses activités, mais le cœur est bien la balade à dos d'éléphant. Sans ces balades, aucun de ces camps ne serait rentable.

Car contrairement à la Thaïlande, les camps laotiens ne sont soutenus par aucune subvention publique. Et contrairement à la Thaïlande, il n'y a pas au Laos de marché intérieur, qui soutiendrait l'activité (ce qui est le cas en Thaïlande où les touristes nationaux sont plus nombreux que les voyageurs étrangers).

Donc pour le moment, la rentabilité des camps laotiens repose sur l'activité « incoming », et sur les balades.

Que se passera-t-il si les camps ne sont plus rentables ?

Les cornacs et leurs éléphants retourneront en forêt. S'ils sont incapables d'y travailler, ils seront abandonnés, car trop couteux à entretenir, et retourneront à la vie sauvage.

Là, ils seront chassés par les villages isolés qui les craignent, braconné, dépecés, leur squelette vendus aux musées, certaines parties de leur corps vendus aux acheteurs des ingrédients de la médecine traditionnelle chinoise, leur défenses aux collectionneur d'ivoire …. où alors ils seront vendus au cirques coréens, chinois, où ils termineront leur vie dans des conditions pitoyables.

Ce n'est pas une hypothèse d'école, tout cela a déjà largement commencé.

"Nos éléphants vont très bien"

Dans le sud du Laos, où il n'y a pas de camp, et où la coupe du bois est bel et bien interdite, il n'y a plus de femelle en âge d'enfanter. A très court terme, il n'y aura plus d'éléphant dans le sud du Laos.

Je suis propriétaire d'un camp, à Pakbeng. Nous avons quatre éléphants à nous, dont les cornacs sont nos salariés. Et 4 à 5 cornacs et éléphants « free lance ». C'est un joli petit camp, au milieu de la forêt, les balades sont magnifiques.

Nos éléphants vont très bien. Si nous ne pouvons plus organiser de balades, nous nous adapterons. Mais nous ne serons plus rentables. Nous continuerons à nous occuper de nos éléphants, bien entendu. Et subviendrons aux besoin de leur cornac. Nous pouvons nous le permettre.

Mais nous ne ferons malheureusement pas école.

Profitons de ce moment pour ouvrir entre nous un dialogue constructif sur les conditions dans lesquelles nos éléphants sont hébergés, et informons correctement les voyageurs, qui sont en droit de savoir comment sont nos éléphants sont traités. Il y a des mauvaises pratiques, inutile de le nier, mais donnons-nous les moyens de les repérer, et de les exclure de nos propositions.

Soyons attentifs a ce que disent les associations et ONG qui luttent au quotidien pour la survie de l'espèce au Laos, et ont des positions très similaires à la notre.

Je demande à tous ceux qui sont décisionnaires de prendre ce qui précède en considération, avant de prendre des positions radicales qui paraissent à première vue justifiées, mais dont les conséquences seraient dramatiques.

Olivier Rymer

Directeur de ASEV-TRAVEL

Co-Propriétaire du Mekong Eléphant Camp

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Commentaires

1.Posté par Pascale le 28/04/2016 11:19 | Alerter
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En gros et si je comprends bien, cela veut dire que, comme dans une guerre, il faut bien accepter les dérapages de certains, et donc la torture, (car il n'y a pas d'autres mots a ce que j' ai vu) et la mort bien souvent , d'un minimum d'éléphants ... au profit de la survie de l'espèce.
Mais quand même, si je me réfère à ce que j'ai lu et vu, cela me paraît intolérable.
Bien sûr, comme vous le dites, il faudrait repérer et punir sévèrement, les auteurs de ces tortures. Les pays...
Mais déjà que pas un seul touriste ne s'intéresse aux conditions de dressage des animaux qui les "promènent" ... comment leur indiquer en plus ... les endroits où, selon vous, ces dressage seraient corrects ? Et comment en être sûrs ?

Je raisonne donc différemment. .. (mais pas tant que ça). ...que vous.
Et sûre de rien sauf de l'ignominie humaine et de son goût pour l'appât du gain ... je privilégie le choix de sauver un petit nombre d'éléphants torturés.
Avec les risques incertains de ce que vous expliquez. Mais que je n'ai effectivement pas en tête...

Si vous avez assez de revenus et de temps pour aider les kornacs. .. et bien ... faites le et abandonnez vos balades si elles obligent les éléphants à subir un dressage trop dur.
Mais je comprends votre point de vue. Il se tient bien. C'est juste que vos arguments n'excusent rien à mes yeux. Je suis bloquée sur les sévices ....
Me demander d'accepter vos arguments c'est, pour moi, la même chose que si vous me demandiez, à moi, d'accepter que l'on torture et tue des milliers de personnes...pour éviter l'extinction de la race humaine.
Et ben...je ne peux pas. ... "ils" le font déjà avec le terrorisme. Des milliers de gens mourront encore. Pour des histoires de fric. De pétrole. De ventes d'avions ou de bateaux. Sous couvert de guerres de religion.
Le monde est pourri jusqu'a la moelle. Y compris envers les animaux.

Cordialement...

2.Posté par Gabrielle le 21/07/2016 16:01 | Alerter
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Parce que entre maltraiter les éléphants en leur faisant faire des balades, qui ne respectent clairement pas leurs besoins fondamentaux et les tuer en leur faisant faire porter du bois il n'y a pas de juste milieu?

Quelques centres ont pris la décision de ne plus faire monter les touristes sur le dos des éléphants, mais de seulement marcher à leurs côtés, assister à leurs bains et d'autres activités. C'est pas moins rentable, c'est pas moins "fun" c'est juste une question d'éducation. Si vos éléphants vont très bien, tant mieux pour vous et surtout tant mieux pour eux, mais ouvrez les yeux, ce n'est pas le cas de la majorité des éléphants dans les sites qui font ces activités, ils n'ont absolument pas des "conditions de vie excellentes" comme vous le dîtes et accepter ça c'est juste immonde, c'est avoir aucun respect pour ces animaux qui sont pourtant votre gagne pain.

Fort heureusement, les gens commencent de plus en plus à être sensibilisés à ces questions la, et effectivement il va falloir trouver des alternatives, semblables à celles qui existent déjà, mais à partir du moment où l'on commencera vraiment à réfléchir à ces problèmes, nous commencerons à trouver des solutions.

Je trouve limite honteux de justifier ce mal traitement que subissent les éléphants dans les centres de randonnées à dos d'éléphant en disant que ça permet la survie de l'espèce.. C'est vraiment se donner bonne conscience comme on peut que de se dire CA. Si vous aimiez les éléphants, vous devriez plutôt réfléchir à d'autres solutions, innovantes. Sinon c'est un peu comme si on disait "élever, manger et tuer des vaches ça permet à cette espèce de persister, car sans élevage nous aurions plus besoin de vache", désolée mais c'est un peu hallucinant.

3.Posté par HAWK le 02/08/2016 11:02 | Alerter
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Bien d'accord avec Gabrielle, vous pouvez proposer d'autres activités que des balades sur des nacelles qui les éreintent. Donc ne cherchez pas de fausses excuses, et adaptez-vous à la demande au lieu de gémir. C'est là que l'on comprend bien que ces animaux ne sont pour vous que du business, le reste n'est que façade.
Les TO anglais sont précurseurs car les anglo-saxons ont toujours été en avance sur nous quant à la condition animale.
Prenez exemple sur l'Elephant Nature Park de Chian Maï en Thaïlande. Pas de pitreries ni de nacelles, vous passez la journée à leur côté, c'est tout aussi plaisant pour ceux qui aiment vraiment les animaux.
Et toute exploitation à des fins touristiques des animaux devraient être boycottées, ils s'en porteraient mieux.

4.Posté par marie le 26/11/2018 19:26 | Alerter
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Je suis, de tout coeur et de toute ma raison, d'accord avec Pascale, Gabrielle et Hawk - dont les témoignages ont malheureusement plus de 2 ans. Est-ce que on oublie? Est-ce qu'on s'habitue ? Ou est-ce que les "touristes" vont continuer de se distraire et de se faire plaisir d'une manière aussi insensible ? Etre en vacances est-ce que cela veut inévitablement dire arrêter de penser, arrêter de réfléchir, arrêter d'écouter sa raison et son coeur ?
Il serait effectivement instructif qu'un "business fondé sur le dos des éléphants" ose nous montrer à nous touristes les façons dont sont dressés les éléphants. Avant que la sagesse de ces animaux - et peut-être les tortures endurées- leur fasse décider de se soumettre. Qui me convaincra qu'un animal de 2 ou 3 tonnes ne pourrait pas se révolter et sévir à son tour s'il le décidait ?
Il serait temps de citer le Centre de Conservation des Elephants (E.C.C.) de Sayabury au Laos.
Allez sur leur site. Ils expliquent tout honnêtement. Les "stagiaires" n'ont, pas plus que quiconque, le droit de leur monter sur le dos; pas le droit de profiter d'eux pour notre plaisir. On cueille, on coupe, on ramasse, on porte le tout, on nourrit, on nettoie leurs crottins (énormes!!) dans certains enclos, on les observe, on les cotoie et parallèment on rend de petits services genre bricolage ou photographie ou vidéo

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