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Voyage d’affaires : coup de froid sur la RSE ?

CDS : le Grand Live du Voyage d'Affaires en partenariat avec IFTM


Plusieurs enquêtes laissent à penser que la durabilité n’est plus au cœur des priorités du voyage d’affaires. Si le contexte économique et politique y est pour beaucoup, il semble que les acteurs soient focalisés sur les reporting au détriment de l’action.


Rédigé par le Vendredi 24 Janvier 2025

Jeudi 16 janvier 2025, une table-ronde était consacrée à la RSE dans le cadre du Grand Live du Voyage d’affaires de CDS Groupe en partenariat avec IFTM. @capture d’ecran.
Jeudi 16 janvier 2025, une table-ronde était consacrée à la RSE dans le cadre du Grand Live du Voyage d’affaires de CDS Groupe en partenariat avec IFTM. @capture d’ecran.
Alors que 2024 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée et première à dépasser le seuil de 1,5 °C de réchauffement climatique, un ensemble de signaux négatifs viennent contrarier les bonnes volontés en matière de durabilité.

Outre-Rhin, la directive CSRD suscite un certain nombre de résistances. L’Allemagne a demandé à la Commission Européenne son report d’au moins deux ans.

Lire aussi : RSE : qu'est-ce que la directive CSRD ?

Pire, une étude de BCD montre que seuls 4% des voyageurs d'affaires tiennent compte de critères de durabilité dans le choix de prestations de voyage d'affaires.

« C'est peu, mais c’est peut-être parce qu'il n'y a pas l'affichage qu'il faut dans les SBT. Il y a un gros manque d'éducation sur le sujet », selon Julien Etchanchu, directeur de la durabilité au sein d'Advito, branche conseil de BCD Travel, pour qui b[la CSRD comporte « un volet stratégique crucial ».]b

L’élection du climatosceptique Donald Trump à la présidence des Etats-Unis modifiera-t-elle l’approche américaine en termes de RSE ?

Pour Fanny Everard, en charge du programme durable au sein de la GBTA et basée aux États-Unis : « Il y a un mouvement aux États-Unis un peu en vent contraire, mais la stratégie est intégrée dans la vision à long terme des entreprises. Si le discours change par rapport à la vision politique du président, la stratégie reste. Elle devient peut-être plus sophistiquée. »

A quand le passage à l’action ?

Une enquête sur la durabilité de leur voyage d'affaires menée par la TMC britannique Clarity Business Travel auprès de ses clients, révèle que les entreprises se concentrent toujours sur le reporting à 78 % plutôt que sur l'action.

Une tendance confirmée par le GBTA Sustainability Acceleration Challenge, un sondage réalisé auprès de 421 entreprises, la maturité des programmes est de 1,3 sur une échelle de 5.

« Aujourd'hui, on a beaucoup parlé de ce que la RSE peut faire, mais on n'est pas encore dans l'implémentation des pratiques », confirme Fanny Everard. Un blocage que connait également la France.

Pour Julien Etchanchu, directeur de la durabilité d'Advito : « si la méthodologie est importante, ce n’est pas capital. L’important est d’agir, ce n'est pas de mesurer comme il faut. »

La politique des petits pas semble convaincre les participants à cette table ronde.

Pour autant, Arnaud Verges, directeur monde du voyage d'affaires chez Safran et membre actif de l’association Marco Polo. recommande de s’appuyer sur des chiffres. « Depuis novembre 2021, on a un tableau de bord avec la mesure d'empreinte carbone sur l'air, le rail, l'hôtel, la location de véhicule, le taxi et le véhicule personnel... avec un certain nombre de filtres, relativement dynamiques. Sur la base de l'analyse de toutes ces mesures, nous avons élaboré un plan de 122 actions mises en œuvre depuis septembre 2022 », explique-t-il.

Safran est bon élève. « La décarbonation est la priorité stratégique du groupe », affirme Arnaud Vergès. Il en est pour preuve le chiffre de 41% de réduction de l'empreinte carbone sur les déplacements professionnels en 2024 par rapport à 2018, à iso périmètre et le rattachement d’une direction au plus haut niveau de l'organisation.

« Nous avons activé certains leviers, notamment sur l'aérien, en renforçant les vols directs et poussant des compagnies aériennes qui ont des flottes plus récentes d'avions. Ça nous permet de réduire l'empreinte carbone de 15 à 20 %. C'est moins 25% d’émissions sur la location courte durée de véhicules parce qu'on a poussé des véhicules électriques. Sur les hôtels, on pousse les hôtels éco-responsables, ce qui représente -10% de CO2 », détaille Arnaud Vergès.

Le rôle des SBT dans la réduction des émissions de CO2 est non négligeable. « Nous sommes capables, par exemple, de dire si un hôtel est muni de bornes de recharge électriques. Nous avons des partenariats extrêmement forts, notamment avec Booking, qui remonte un certain nombre de certifications. Nous étions jusqu'à présent sur du déclaratif, aujourd’hui, nous sommes sur de la certification. Elle organise, elle standardise et donne des normes Marché que nous affichons dans l’outil de réservation », explique Antoine Grebot, responsable des ventes du SBT Goelett.

Côté OBT et SBT, après la politique du prix le plus bas, « le but, demain, serait de pouvoir proposer du best ecological fare en intégrant un nombre de critères qu'on aura définis, à savoir le type d'appareil, la destination, une politique voyage, une consommation CO2, un label, une certification. Ce sont nos travaux actuels, répond Antoine Grebot,

SAF, augmentation du prix des billets…

François-Xavier Izenic, animateur de la table-ronde, rappelle que 25% des voyages d'affaires ne seraient pas utiles. Une marge de manœuvre non négligeable.

Quid du SAF ? « Les prévisions de SAF de IATA sont délirantes. Dire qu'on va pouvoir adresser 65% des besoins d'ici 2050 avec un trafic qui triple, c'est absolument ubuesque. On n'aura jamais assez de matières premières ou d'énergie renouvelable pour adresser la demande d'un secteur qui brûle 1,2 milliard de litres de pétrole par jour. Ce n'est pas possible », peste Julien Etchanchu, directeur de la durabilité d'Advito.

Lire aussi : Carburant durable : une véritable solution d'avenir ?

Contraindre le voyageur ne serait pas non plus la bonne solution. Il est préconisé de l’accompagner.

Autre levier : l’augmentation du prix du billet ?

« Ça pourrait, mais de manière plus globale. C'est un sujet complexe qui, à mon avis, ne peut pas venir des compagnies, mais au niveau européen, voire mondial. Je pense qu'il est temps d'être plus réaliste et d'avoir un plan, parce qu'on a toujours des prévisions de croissance ininterrompues », commente Antoine Gerbot.

« Avec un plan réaliste, on pourrait aller vers une transition, faire peut-être un peu moins de demandes, des prix un peu plus élevés, et on prendrait l'avion un peu moins qu'avant », conclut-il.


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