Mardi dernier, Yannick Jadot intervenait au micro de France Inter.
"J'étais il y a quelques jours, à côté de Grenoble, d'ici 10 ans c'est la moitié des stations de ski de moyenne et de basse altitude qui n'aura plus assez de neige," déclarait alors le candidat à la présidentielle de 2022.
Suite à cette déclaration, nous avons décidé d'interviewer (pour lire l'article) experts et scientifiques pour connaitre la réelle menace qui pèse sur les montagnes françaises, puisque le laps de temps indiqué nous semblait plutôt exagéré.
Si les intervenants ont inévitablement remis en cause l'échéance, ils n'ont absolument pas éludé l'urgence de la situation.
"Nous allons vers des difficultés d'exploitation récurrentes.
Les marges de manoeuvre que nous aurons demain dépendent des décisions que nous prenons aujourd'hui. Il est encore temps pour agir," assénait Hugues François, ingénieur de recherche à l’INRAE et spécialiste de la question de l'enneigement.
Depuis la publication, l'équipe de Yannick Jadot nous a apporté des précisions précieuses et intéressantes sur le sujet.
"J'étais il y a quelques jours, à côté de Grenoble, d'ici 10 ans c'est la moitié des stations de ski de moyenne et de basse altitude qui n'aura plus assez de neige," déclarait alors le candidat à la présidentielle de 2022.
Suite à cette déclaration, nous avons décidé d'interviewer (pour lire l'article) experts et scientifiques pour connaitre la réelle menace qui pèse sur les montagnes françaises, puisque le laps de temps indiqué nous semblait plutôt exagéré.
Si les intervenants ont inévitablement remis en cause l'échéance, ils n'ont absolument pas éludé l'urgence de la situation.
"Nous allons vers des difficultés d'exploitation récurrentes.
Les marges de manoeuvre que nous aurons demain dépendent des décisions que nous prenons aujourd'hui. Il est encore temps pour agir," assénait Hugues François, ingénieur de recherche à l’INRAE et spécialiste de la question de l'enneigement.
Depuis la publication, l'équipe de Yannick Jadot nous a apporté des précisions précieuses et intéressantes sur le sujet.
"Atout-France estimait qu'en 2030, à 1 500 mètres d'altitude,seuls quelques massifs auraient assez de neige"
Autres articles
Dès 2006, l’OCDE alertait les exploitants des stations de ski sur l'impact du changement climatique sur le secteur des sports d'hiver.
Ce rapport estime qu’alors que 143 domaines skiables des Alpes françaises bénéficiaient d'un enneigement fiable en 2006, ce chiffre passerait à 123 en cas de réchauffement climatique de +1°C, et qu’il baisserait encore à 96 d’entre eux seulement si le réchauffement atteignait 2°C.
Dans le scénario d’un réchauffement de 2°C supplémentaires d'ici 2050, il prévoyait une élévation de 300 mètres de la limite de la fiabilité de l'enneigement naturel qui ramènerait le nombre de domaines skiables disposant d'un enneigement naturel fiable à seulement 80% environ du total dans les départements de Savoie, des Hautes-Alpes et des Alpes-de-Haute-Provence, à 71% en Savoie, à 33% dans les Hautes-Alpes et à 10% dans les Alpes-de-Haute-Provence si la limite remontait de 600 mètres, ce qui serait le cas si le réchauffement atteignait 4°C de plus d'ici 2100.
En 2013, Atout-France estimait plus précisément qu'en 2030, à 1 500 mètres d'altitude, seuls quelques massifs (Jura, Vosges, Alpes du Nord et du centre) pourraient encore disposer d'une couverture neigeuse suffisamment épaisse pendant une durée suffisante pour garantir la pérennité de l'offre touristique hivernale.
Même à 1 800 mètres, les Alpes méridionales et les Pyrénées ne seraient pas tout à fait certaines de disposer d'un manteau suffisant pour la pratique du ski.
En 2020, Météo France indique qu’à l’horizon 2050, la durée d’enneigement diminuera de plusieurs semaines et l’épaisseur moyenne hivernale sera réduite de 10 à 40 %, en moyenne montagne, quel que soit le scénario de concentrations en gaz à effet de serre.
Mais en cas de fortes émissions, la réduction de l’épaisseur moyenne hivernale pourrait atteindre 80 à 90 % à l’horizon 2100 avec une durée d’enneigement très limitée et un manteau neigeux régulièrement inexistant en moyenne montagne.
Ce rapport estime qu’alors que 143 domaines skiables des Alpes françaises bénéficiaient d'un enneigement fiable en 2006, ce chiffre passerait à 123 en cas de réchauffement climatique de +1°C, et qu’il baisserait encore à 96 d’entre eux seulement si le réchauffement atteignait 2°C.
Dans le scénario d’un réchauffement de 2°C supplémentaires d'ici 2050, il prévoyait une élévation de 300 mètres de la limite de la fiabilité de l'enneigement naturel qui ramènerait le nombre de domaines skiables disposant d'un enneigement naturel fiable à seulement 80% environ du total dans les départements de Savoie, des Hautes-Alpes et des Alpes-de-Haute-Provence, à 71% en Savoie, à 33% dans les Hautes-Alpes et à 10% dans les Alpes-de-Haute-Provence si la limite remontait de 600 mètres, ce qui serait le cas si le réchauffement atteignait 4°C de plus d'ici 2100.
En 2013, Atout-France estimait plus précisément qu'en 2030, à 1 500 mètres d'altitude, seuls quelques massifs (Jura, Vosges, Alpes du Nord et du centre) pourraient encore disposer d'une couverture neigeuse suffisamment épaisse pendant une durée suffisante pour garantir la pérennité de l'offre touristique hivernale.
Même à 1 800 mètres, les Alpes méridionales et les Pyrénées ne seraient pas tout à fait certaines de disposer d'un manteau suffisant pour la pratique du ski.
En 2020, Météo France indique qu’à l’horizon 2050, la durée d’enneigement diminuera de plusieurs semaines et l’épaisseur moyenne hivernale sera réduite de 10 à 40 %, en moyenne montagne, quel que soit le scénario de concentrations en gaz à effet de serre.
Mais en cas de fortes émissions, la réduction de l’épaisseur moyenne hivernale pourrait atteindre 80 à 90 % à l’horizon 2100 avec une durée d’enneigement très limitée et un manteau neigeux régulièrement inexistant en moyenne montagne.
Yannick Jadot "le réchauffement climatique s’accélère et nous atteindrons les + 1,5°C en 2030, rendant tous ces scénarios réels"
Or, d’après le GIEC, le réchauffement climatique s’accélère et nous atteindrons les + 1,5°C en 2030, rendant tous ces scénarios réels.
A l’été 2018, le glacier des Deux Alpes, situé à 3600 mètres, a été contraint pour la première fois de fermer ses remontées mécaniques aux skieurs d’été plus tôt que prévu pour cause d’enneigement insuffisant. La situation a été identique pour le glacier de la Grande Motte à Tignes.
Ces situations sont vouées à se répéter et à empirer.
La fonte des glaciers est une réalité. Ceux sous 3 500 mètres disparaîtront d'ici la fin du siècle. De manière générale, ce sont 80 % des glaciers qui auront fondu d’ici la fin du siècle.
L'extension de la période de fonte estivale entraîne déjà une diminution de l’enneigement de 2 à 3 semaines. A moins de 2000 mètres, les versants ont déjà perdu un mois d’enneigement.
Cette diminution de l'enneigement entraîne des difficultés financières pour les stations et perturbe leur viabilité économique.
En effet, les surfaces enneigées artificiellement ont fortement augmenté ces dernières années. En 2014 déjà 21 % du domaine skiable, soit 5 000 hectares de pistes, en était équipé.
Rien qu’en Isère, la neige artificielle représente 47,7 M€ d’investissements planifiés. Sans cette neige artificielle, l'indice de viabilité de l'enneigement, c’est-à-dire la probabilité d'avoir plus de 20cm de neige pendant au moins 100j/saison d'hiver, diminue fortement, passant de 49 % aujourd’hui à seulement 27% en 2050.
La neige artificielle ne garantit pas la pérennité à long terme des stations de ski.
Le président de France Montagnes, Jean-Luc Boch, alerte d’ailleurs sur le fait que « les stations en dessous de 1 200 à 1 300 mètres d’altitude doivent renouveler leur modèle économique », estimant qu’« il faut arrêter de vouloir implanter des canons à neige là où ce n’est pas viable dans le temps ».
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En effet, les surfaces enneigées artificiellement ont fortement augmenté ces dernières années. En 2014 déjà 21 % du domaine skiable, soit 5 000 hectares de pistes, en était équipé.
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