Les bases de province d'Air France sont un échec ; quelles sont leurs chances de survie ? Photo Air France
C'est un secret de Polichinelle : les bases de province d'Air France sont un échec retentissant. Une débâcle.
Même Lionel Guérin, patron de Hop ! et futur DG adjoint en charge du court-courrier l'avoue sans ambages.
"Les bases de province sont un échec. Le seul point positif c'est la proximité des équipages et des escales. Il faudra veiller à conserver cet esprit", a-t-il déclaré en marge d'une conférence avec le réseau Entreprendre.
Pourquoi ce projet, qui devait être le fer de lance de la lutte contre les low-cost, a-t-il échoué ?
Petit retour en arrière.
Même Lionel Guérin, patron de Hop ! et futur DG adjoint en charge du court-courrier l'avoue sans ambages.
"Les bases de province sont un échec. Le seul point positif c'est la proximité des équipages et des escales. Il faudra veiller à conserver cet esprit", a-t-il déclaré en marge d'une conférence avec le réseau Entreprendre.
Pourquoi ce projet, qui devait être le fer de lance de la lutte contre les low-cost, a-t-il échoué ?
Petit retour en arrière.
Lutter contre les low-cost grâce à une meilleure productivité
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Nous sommes en septembre 2011 et Pierre-Henri Gourgeon, le PDG d'Air France, inaugure la première base de province à Marseille, avant d'être remercié quelques semaines plus tard.
A l'époque il avait déclaré vouloir reconquérir des parts de marché face au TGV et contrer les compagnies low cost qui ne cessent de gagner du terrain sur le court et le moyen courrier.
Il espérait ainsi optimiser l'utilisation des avions et du personnel afin d'améliorer la rentabilité et la productivité de 15%.
Après Marseille, c'est au tour de Nice et de Toulouse d'être inaugurées au printemps 2012 par le nouveau PDG Alexandre de Juniac.
Celui-ci s'était empressé de préciser que le programme avait été lancé par son prédécesseur et qu'il n'avait fait que "prendre le train en marche". Comme s'il doutait déjà de la viabilité d'un tel projet…
Au final, ces trois bases devaient apporter 950 millions d'euros de recettes fin 2012 et séduire 4 millions de passagers supplémentaires.
A l'époque il avait déclaré vouloir reconquérir des parts de marché face au TGV et contrer les compagnies low cost qui ne cessent de gagner du terrain sur le court et le moyen courrier.
Il espérait ainsi optimiser l'utilisation des avions et du personnel afin d'améliorer la rentabilité et la productivité de 15%.
Après Marseille, c'est au tour de Nice et de Toulouse d'être inaugurées au printemps 2012 par le nouveau PDG Alexandre de Juniac.
Celui-ci s'était empressé de préciser que le programme avait été lancé par son prédécesseur et qu'il n'avait fait que "prendre le train en marche". Comme s'il doutait déjà de la viabilité d'un tel projet…
Au final, ces trois bases devaient apporter 950 millions d'euros de recettes fin 2012 et séduire 4 millions de passagers supplémentaires.
Les résultats financiers ne sont pas à la hauteur
Mais un an plus tard, les résultats ne sont pas au rendez-vous. Selon un constat dressé par La Tribune, le taux remplissage moyen des avions était inférieur à 64 % et les pertes d'exploitation supérieures aux prévisions.
Début 2013, le Figaro va même jusqu'à annoncer la disparition de ces bases de province, qui n'avaient pas atteint les objectifs fixés.
Une information à l'époque démentie par Air France.
Florence Parly, la directrice des escales d’Air France avait alors déclaré que les bases étaient "un succès opérationnel qui a permis d'attirer un million de passagers supplémentaires en 2012".
Soit encore loin de l'objectif des 4 millions de passagers établit fin 2011.
Celle-ci a d'ailleurs quitté Air France en novembre 2014, probablement lassée par le manque d'efficacité du projet.
Début 2013, le Figaro va même jusqu'à annoncer la disparition de ces bases de province, qui n'avaient pas atteint les objectifs fixés.
Une information à l'époque démentie par Air France.
Florence Parly, la directrice des escales d’Air France avait alors déclaré que les bases étaient "un succès opérationnel qui a permis d'attirer un million de passagers supplémentaires en 2012".
Soit encore loin de l'objectif des 4 millions de passagers établit fin 2011.
Celle-ci a d'ailleurs quitté Air France en novembre 2014, probablement lassée par le manque d'efficacité du projet.
Près de 319 postes en sursis pour 2015
Car du coté des salariés, les efforts de productivité n'ont jamais été suffisants.
En effet, après deux ans de procédure, la cour d'appel de Paris a décidé que la compagnie devait appliquer aux personnels navigants commerciaux basés dans les escales province les mêmes règles d’utilisations et de rémunérations qu'à ceux de région parisienne.
Enfin dernier obstacle, la concurrence sans cesse grandissante des compagnies low-cost.
EasyJet est aujourd'hui passée devant Air France à l'aéroport de Nice, avec 3,06 millions de passagers transportés en 2013, soit 27% de parts de marché. A Toulouse, elle va mettre un troisième avion, cinq nouvelles destinations pour un objectif de 2 millions de passagers.
Aujourd'hui, le constat semble sans appel et l'avenir des bases de plus en plus incertain.
La compagnie vient de préciser aux syndicats les détails d'un nouveau plan de départs volontaires, qui va toucher 496 postes au sol, dont 319 dans ses escales. Les aéroports concernés sont Ajaccio, Bastia, Marseille, Lyon, Strasbourg, Nantes, Nice et Toulouse.
A Marseille, Aimé Musto, le délégué syndical CGT s'étonne des chiffres. "Dans notre base, cela concerne 111 équivalents temps plein. Mais nous sortons déjà d'un plan de départs volontaires qui avait concerné 80 personnes. Il va être difficile de trouver des nouveaux candidats", estime-t-il.
Ce nouveau dégraissage semble pourtant inéluctable. "Le personnel au sol a toujours été pléthorique et les coûts d'escales sont deux à trois fois plus chers que chez ses concurrents. Aucune économie n'a jamais pu être réalisée" estime un analyste.
La compagnie n'a pas souhaité faire de commentaire à ce sujet. Elle préfère rester silencieuse jusqu'à l'annonce de ses résultats, le 19 février prochain.
En effet, après deux ans de procédure, la cour d'appel de Paris a décidé que la compagnie devait appliquer aux personnels navigants commerciaux basés dans les escales province les mêmes règles d’utilisations et de rémunérations qu'à ceux de région parisienne.
Enfin dernier obstacle, la concurrence sans cesse grandissante des compagnies low-cost.
EasyJet est aujourd'hui passée devant Air France à l'aéroport de Nice, avec 3,06 millions de passagers transportés en 2013, soit 27% de parts de marché. A Toulouse, elle va mettre un troisième avion, cinq nouvelles destinations pour un objectif de 2 millions de passagers.
Aujourd'hui, le constat semble sans appel et l'avenir des bases de plus en plus incertain.
La compagnie vient de préciser aux syndicats les détails d'un nouveau plan de départs volontaires, qui va toucher 496 postes au sol, dont 319 dans ses escales. Les aéroports concernés sont Ajaccio, Bastia, Marseille, Lyon, Strasbourg, Nantes, Nice et Toulouse.
A Marseille, Aimé Musto, le délégué syndical CGT s'étonne des chiffres. "Dans notre base, cela concerne 111 équivalents temps plein. Mais nous sortons déjà d'un plan de départs volontaires qui avait concerné 80 personnes. Il va être difficile de trouver des nouveaux candidats", estime-t-il.
Ce nouveau dégraissage semble pourtant inéluctable. "Le personnel au sol a toujours été pléthorique et les coûts d'escales sont deux à trois fois plus chers que chez ses concurrents. Aucune économie n'a jamais pu être réalisée" estime un analyste.
La compagnie n'a pas souhaité faire de commentaire à ce sujet. Elle préfère rester silencieuse jusqu'à l'annonce de ses résultats, le 19 février prochain.