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Défismed : "Les acteurs de l’écotourisme ne sont pas des fumeurs de joints !"

Interview d’Éric Raulet, président de Défismed


Parce qu’on est plus fort à plusieurs, Défismed s’est donné comme mission de réunir les professionnels engagés dans le voyage responsable en méditerranée et les touristes eux-mêmes.


Rédigé par le Mardi 27 Septembre 2022

Défismed fait le tour des initiatives écologiques et patrimoniales du bassin méditerranéen. Crédit : Domaine de la Blaque
Défismed fait le tour des initiatives écologiques et patrimoniales du bassin méditerranéen. Crédit : Domaine de la Blaque
 Il paraît que le droit mène à tout… Et Eric Raulet en est la preuve.

De son propre aveu, « grand ignorant du tourisme » et issu du monde du juridique, il s’est lancé à corps perdu dans un défi de taille : faire connaître et faire grandir les acteurs du tourisme durable sur le pourtour méditerranéen.  

Il se lance d’abord dans la vulgarisation via une série d’événements : « Science & Société », mais déjà, le virus du tourisme le contamine. Il se tourne alors vers le tourisme durable, un secteur clé pour évoluer et avancer.

Pour lui, l’écotourisme se construit main dans la main entre porteurs de projets innovants et usager de ces services.

Nous tous, donc.

 TourMaG.com - Pourquoi qualifiez-vous le voyage responsable de secteur clé ?

Éric Raulet :
Tout le monde voyage, tout le monde sort, ou va ailleurs de temps en temps. Il y a un potentiel énorme qui selon moi est mal utilisé.

De plus en plus de jeunes se penchent sur ce sujet, ça avance.

Il y a énormément de petites expériences pilotes, et si on se met tous ensemble :  acteurs du tourisme, pouvoirs publics et consommateurs, on peut vraiment avancer. Il y a quelques années, nous avions créé le premier MOOC de l’écotourisme avec des universitaires, qui s’appelait « L’écotourisme, imaginons-le ensemble ».

Il y a tout à faire. C’est une source de réflexion incroyable, on a tout à inventer.

Il y a un certain nombre d’acteurs du territoire qui tente d’apporter des alternatives et le tourisme conventionnel lui aussi a le droit de faire des erreurs et évoluer. C’est un défi.

Des acteurs innovants sont partout dans les pays méditerranéens

TourMaG.com - Comment Défismed défend-elle ces acteurs de l’écoutourisme ?

Éric Raulet :
Avec le voyage responsable, on est dans un tourisme de niche. On est dans l’expérientiel, la reconnexion au vivant, la richesse naturelle associée au culturel… Défismed à les fédérer, à les faire connaître.

Nous mettons en avant 25 à 30 défis, entre avril et novembre, sur tout le pourtour méditerranéen. On veut montrer ce qui se fait. Dans toute la Méditerranée, Défismed met en avant des acteurs locaux qui font du tourisme autrement.

On recherche des acteurs innovants qui relient l’écologie et la préservation des patrimoines locaux.

Ils sont partout dans les pays méditerranéens. J’insiste sur le pays, et pas région : de la même manière qu’on pourra parler d’Agadir, qui est sur la côte océanique du Maroc, on pourra parler du Nord, une région certes lointaine du bassin méditerranéen, mais dans un pays méditerranéen.

 TourMaG.com - Qui sont les professionnels de l’écotourisme que vous valorisez ?

Éric Raulet :
Ce sont généralement de tout petits acteurs, avec des histoires de changement de vie.

Comme ce couple belge qui s’est installé en Provence Verte. Ils ont reconverti une ancienne ferme en site d’hébergement écologique sur 30 hectares dans le respect du développement durable le plus total. Ils ont transformé l’abri à cochon en laboratoire d’astronomie et en août, ils organisaient un concert gratuit sous les étoiles.

Ou dans les Pyrénées, à Trencalli, un lieu qui a fait le tour des médias, où les touristes logent dans des cabanes parmi les biches et cerfs sauvages.

Près d’Ajaccio, on a aussi un site néolithique reconstitué avec les moyens de l’époque. Il y a des pirogues que les touristes peuvent utiliser pour découvrir la région autrement.

Au Liban, il y a le premier Parc Naturel National, avec ces chemins de randonnée parmi les cèdres.

De tels lieux inspirent les touristes. Nous cherchons à faire un tour de la Méditerranée insolite pour en montrer toute la richesse.


En Tunisie, un ancien banquier se tourne vers le voyage responsable

TourMaG.com - Concrètement, comment les rendez-vous visibles ?

Éric Raulet :
Sur notre site, nous avons une carte du tourisme insolite, qui permet de montrer l’étendue du défitour par destination. Il y a aussi un carnet d’exploration de l’écotourisme en Méditerranée, avec des témoignages, des retours d’expérience, des photos, des écrits, un livre d’or…

En tout, pour le moment, 300 références figurent sur notre carte.
 
On a envie de dire : « regardez : voilà ce que ça peut donner, même avec des petits moyens ! ». Les professionnels comme les touristes peuvent participer et mettre en avant une expérience insolite.
 
Nous non plus, on n’a pas de gros moyens et cela peut sembler être du bricolage, mais on donne un aperçu de l’étendue de l’existant.

« Professionnels et usagers forment un réseau socioprofessionnel qui doit se solidariser »

TourMaG.com - Vous trouvez qu’on ne voit pas assez que les acteurs de ce secteur sont nombreux ?

Éric Raulet :
Dans les ministères, et chez les institutionnels, souvent, il y a un certain mépris pour ces acteurs alternatifs qui font pourtant vivre le territoire. Les acteurs de l’écotourisme ne sont pas des fumeurs de joints au coin du feu !
 
Alors, non, ils n’attirent pas les clients Chinois. Mais pour autant, ils ont du poids ! Ils sont des dizaines de milliers, avec des projets plus ou moins aboutis, mais il faut les valoriser pour les faire grandir.
 
Les mettre en réseau leur permet de prendre conscience qu’ils ne sont pas si seuls, ce serait un pas important : ils sont parfois à quelques kilomètres et ne se connaissent pas, alors qu’ils auraient beaucoup à s’apporter.
 
Professionnels et usagers forment un réseau socioprofessionnel qui doit se solidariser.

Éric Raulet
Éric Raulet
TourMaG.com - Pour vous, les touristes eux-mêmes doivent s’engager ?

Éric Raulet :
Oui, il faut vraiment que tout le monde se fédère et se solidarise. C’est en tout cas comme ça que nous envisageons notre mission. Les usagers en quête de sens et pourquoi pas les curieux entre deux journées plages ont un rôle à jouer. Avec les professionnels de l’écotourisme, ils doivent se parler.

C’est contaminant, on a un sentiment d’appartenir au vivant, de connexion. Une étincelle de joie qui manque en ce moment.

Ces deux réseaux pourraient fonctionner ensemble, et générer des rencontres toute l’année pour redynamiser les territoires.

C’est important de dire qu’ils ont un rôle à jouer. Même s’ils ne représentent qu’1 % du marché du tourisme en Méditerranée, c’est tout de même 5 millions de touristes par an, donc un potentiel important. Ils ne doivent pas être ignorés, ils contribuent à l’économie locale, ils sont vecteurs de changement de conscience, autour de la notion de sobriété heureuse.

Il montre le champ des possibles et encore une fois, sans être un fumeur de joint dans la forêt.

« Rencontre en tourisme inconnu »

 TourMaG.com - Vous avez créé une campagne de crowdfunding, pourquoi ?

Éric Raulet :
Nous voulons créer un documentaire pour révéler ce tourisme-là et ces retours d’expérience par l’image. « Reconnexion » sera un peu sur le modèle du film « Human » de Yann Arthus-Bertrand : des portraits qui se succèdent.

Une société de diffusion est intéressée, il y aura aussi un livre. Le projet est porté par des jeunes très enthousiastes, et c’est très dynamisant.

 TourMaG.com - Vous souhaitez prendre plus en compte la jeunesse ?

Éric Raulet :
Complètement. On a aussi un Defismed jeunes.
 
Ici, on s’inspire de rendez-vous en terre inconnu, pour créer des rencontres en tourisme inconnu. L’idée est partie de l’OIRD, une association belge basée à Molenbeck, ville tristement connue, qui connait 50 % d’échec scolaire. Pour les réinsérer dans la société, l’OIRD envoie de jeunes volontaires au bout du monde, où ils découvrent d’autres réalités, comme les Massai au Kenya. Un choc culturel qui donne des résultats.
 
Nous ne souhaitons pas aller au bout du monde, mais rester en circuit court et montrer à des jeunes défavorisés qu’il se passe des choses.

Leur faire découvrir des métiers, des entrepreneurs, leur faire prendre part à la transition du tourisme et à cette dynamique économique en découvrant des histoires et un patrimoine.

Les Césars du Voyage Responsable

Rappelons que TourMaG et le Petit Futé organisent "Les Césars du Voyage Responsable".

Forts d’une audience mensuelle de plusieurs millions d’internautes, les deux titres assureront la promotion BtoBtoC des projets candidats.

Cet événement débutera en septembre 2022 avec la phase des votes qui durera jusqu'en février 2023.

La cérémonie des Césars du Voyage Responsable, quant à elle, aura lieu en mars 2023.

Si vous souhaitez candidater, prenez rendez-vous ci-dessous avec Fabien da Luz, DG associé de TourMaG.com.

A lire aussi : Césars du Voyage Responsable : “Il y a une urgence à agir dans notre métier…”



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