Télésiège Montissot : Valloire met 8,5 millions d'euros sur le tapis !

Valloire n’est pas, loin s’en faut, une de ces stations de sports d’hiver où la course aux équipements risque de mettre en difficulté les finances de la commune, aime à rappeler Jean-Marie Martin, Pdg de la SEM Valloire.

La gestion en “bon père de famille” est de rigueur dans ce village de 1 200 âmes, habité 365 jours par an par des autochtones descendants, pour la plupart, des paysans de la Vallée.

On est ici dans la Savoie profonde. Les chasseurs alpins y ont débarqué ici dans les années 20 et l'on y a l’habitude de savoir rester sur ses carres...

A tel point qu'en 2013, le rapport de la Cour des Comptes qualifiait la station d'"outill "vétuste" et disposant d’une capacité trop faible à réaliser des investissements... ».

Depuis les choses ont bien changé et le village-station du Galibier a amorcé sa mue. Le partenariat avec Savoie Station Participation, qui tablait sur un investissement de 28 Millions d’euros sur 10 ans, a porté ses fruits.

A tel point qu'en 2019, Valloire avec ses 16 000 lits, a été classée au sein du « Top 5 » en termes de puissance de production de neige de culture, au même titre que ses concurrentes les plus prestigieuses de Savoie et Haute-Savoie .

Pour autant, on continue de gérer au plus près les ressources et les synergies. Par exemple, Thierry Durand, responsable de la centrale de réservation assume aussi le poste de directeur marketing de la SEM.

Eric Viallet, le responsable des pistes est également le conducteur de travaux de la plupart des chantiers concernant le domaine, été comme hiver, indique Jean-Marie Martin.

Une imbrication qui a pour effet d’accélérer considérablement la réalisation des équipements structurants, et de dynamiser le développement, souligne Bruno Duval, Directeur général adjoint, ancien cadre d'Air France, arrivé il y a quelques mois à peine.

Il souffle dans cette petite station une atmosphère de family business, insufflée par Jean-Marie Martin, lui-même élu municipal.

“Valloire affiche des croissances qui sont le double de celles des stations de la Vallée de la Maurienne. En 2018/19 nous avions fait une excellente saison déjà et tout porte à croire qu’il en sera de même cette année…”

Deux cours d’eau ont permis à Valloire de se prémunir depuis longtemps contre la pénurie des chutes, grâce à un important savoir faire en matière de neige de culture.

Le domaine skiable représente 135 km2 et la hauteur de la station (89% du domaine culmine à plus de 1000 m) et ses ressources stockées dans un lac artificiel la préservent de manière optimale.

Mais les sports d’hiver, prédominants, ne sont pas pour autant l’unique ressource de la commune : 30% des recettes sont générées par la saison estivale, un ratio bien supérieur à la moyenne nationale.

L’inauguration du télésiège de 6 places débrayable de Montissot, véritable dorsale entre les domaines skiables assurera désormais la liaison entre les deux massifs de la Setaz et du Crey du quart.

Il anticipe aussi la future implantation du Club Med (qui devrait arriver d'ici deux à trois ans), et propulse le village au rang de station disposant de techniques dernier cri.

Ce type d’équipement a une durée de 40 ans environ et on peut imaginer que d’ici là, les changements climatiques feront que l’on skiera au dessus de 1500m, souligne Jean-Marie Martin.

Mais ”pour autant, “il n’est pas question de faire la course en avant au matériel", met en garde Jean-Marie Martin qui conclut : « Sans le ski, tout est fini, mais le tout ski, c'est fini »...

Du point de vue marketing aussi, le village-station n’a rien à envier à ses compétiteurs les plus connectés. Si la SEM réalise 14,5 millions d’euros ht, la centrale de réservation, elle, en affiche 6 mie au compteur, dont la moitié en B2B et Groupes.

Le tout a aussi été “revisité” et restructuré pour améliorer le parcours client et l’expérience utilisateur.

La connexion entre les deux sites internet (www.valloire.com et www.Valloire.net a été rationnalisée et l'audience boostée. Près de 2,6 millions d’euros de ventes ont été réalisés en ligne.

Il est désormais possible de réserver, payer et retirer son forfait avec un QRcode au pied des remontées mécaniques. Des expériences sont aussi menées avec des start up de la région pour améliorer les mobilités (bus, trains, auto-partage…) ou optimiser les tarifs dans un esprit de participation.

D’un point de vue "physique", Valloire a investi aussi 1 million d’euros pour réaménager et fluidifier tous les espaces d’accueil vente, avec des guichets améliorés et des files d’attente dotées d’équipements à la pointe de la technologie pour en améliorer sensiblement l’expérience.

A noter aussi deux automates qui permettent de retirer 24/7 les forfaits, voire d’en acheter. Enfin, Valloire teste depuis longtemps déjà, des extensions en avant et en arrière saison, avec ses week ends ski en décembre mais aussi au Printemps (du Ski), dont elle a été une des stations lauréates l’année dernière.

En remplaçant les deux télésièges de Montissot (unquatre places datant de 1996) et des Colérieux (trois places de 1982) par un seul appareil, débrayable de 6 places, la SEM Valloire remédie aux problèmes de déséquilibre de fréquentation entre les deux massifs, mais apporte aussi de la fluidité et du confort.

Il faudra donc désormais 7 minutes pour parcourir les 700 mètres de dénivelé, contre près de 35 minutes auparavant. Avec un débit maximal de 2 700 personnes heure, cette nouvelle remontée, qui transportera aussi dans le sens de la descente, se situe dans le prolongement du télésiège des Verneys, site appelé à accueillir le projet du futur Club Med.

Une première mondiale sur ce télésiège : un tapis d’arrivée dès la construction qui permet de gagner de la place sur l’aire d’arrivée (les skieurs sont « déposés » plutôt que « lancés »), et de rendre l’arrivée plus facile aux débutants.