JEV Langues : "Nous avons remboursé par anticipation tous les vouchers émis fin janvier..."

TourMaG.com - Les spécialistes des voyages scolaires, jeunes et colonies de vacances souffrent énormément des conséquences de la pandémie que nous vivons. Ils s'attendent à vivre une seconde année blanche en 2021, après 2020. Est-ce que JEV Langues, spécialiste des scolarités à l'étranger est dans la même situation ?

Jean-Michel Roques : Nous ne sommes pas du tout dans la même situation. En 2021, nous devrions envoyer plus de 650 jeunes à l'étranger alors qu'habituellement nous faisons partir entre 350 et 400 jeunes par an.

Il y a quelques reports mais plus globalement je n'arrive pas à analyser pourquoi il y a un tel engouement. La crise covid-19 est peut-être un révélateur pour certaines familles : quel avenir pour mon enfant ? Comment élargir les horizons possibles... C'est peut-être un mélange de tout ceci conscient ou non.

TourMaG.com - Vous pouvez donc faire partir vos jeunes en 2021 ? Mais où partent-ils ?

Jean-Michel Roques : Cette année les séjours en Australie, en Nouvelle-Zélande et en Afrique du Sud ne seront pas possibles compte tenu des contraintes imposées par ces pays.

Nous venons de recontacter 136 familles pour leur expliquer la situation. 2/3 d'entre elles se reportent donc sur les Etats-Unis. Et à l'arrivée nous devrions avoir entre 80% et 90% qui vont reporter.

Les USA acceptent le visa J1 qui ne peut s'utiliser qu'une seule fois dans sa vie entre 14 et 18 ans.

Bien sûr les adolescents choisissent une destination qu'ils aiment au départ mais ce qui est vraiment important pour eux, lorsque ce n'est pas possible c'est de pourvoir passer quand même une année à l'étranger.

TourMaG.com - Sur 2020, compte tenu des mesures de confinement en mars, comment avez-vous géré les départs à venir et les jeunes qui étaient déjà sur place ?

Jean-Michel Roques : Le 15 mars 2020 à l'heure du confinement, nous avions énormément de jeunes partout dans le monde. Tous nos partenaires et nos familles étaient prêts à garder les adolescents et nous avons laissé le choix aux familles. Moins de 10% des jeunes sont rentrés en France.

Nous avons hésité, nous ne savions pas s'il fallait poursuivre les séjours ou non et puis nous avons eu l'adhésion des familles. Et en septembre 2020 nous avons engrangé de nombreuses inscriptions et tous nos jeunes programmés ont pu partir, mis à part pour l'Australie, la Nouvelle-Zélande et l'Afrique du Sud.

Les jeunes font le choix de reporter d'un an leur projet ou de changer de destination. Pour les départs, je ne vous cache pas que pour certains dossiers nous avons du refaire le travail 2 ou 3 fois... Nous aurons environ 10% de demandes de remboursement.

TourMaG.com - En mars dernier vous avez dû délivrer des bons à valoir dans le cadre de l'ordonnance du 25 mars 2020 ? Les remboursements à venir ne sont-ils pas une crainte pour vous ?

Jean-Michel Roques : Nous avons remboursé par anticipation tous les vouchers émis fin janvier. Nous sommes une association, notre trésorerie était confortable et nous avons aussi obtenu un Prêt Garanti par l'Etat.

Nos adhérents ont été soulagés de voir que nous remboursions avec 9 mois d'avance et cela a aussi permis un renouvellement plus rapide de notre garantie financière à l'UNAT.

Les garants vont regarder de près le montant des avoirs, et cela pourrait avoir des répercussions sur les contre-garanties ou sur les adhésions.

TourMaG.com - Vous-êtes l'un des co-fondateur de JEV Langues, pourquoi avoir choisi de vous orienter vers des scolarités à l'étranger plutôt que du séjours linguistiques plus classiques ?

Jean-Michel Roques : JEV Langues est une association créée par un groupe de professeurs. Nous sommes partis du principe que pour apprendre une langue il fallait réunir deux principes fondamentaux : d'une part mettre les jeunes en immersion et d'autre part donner du temps au temps.

Nos séjours s'adressent aux adolescents qui ont entre 14 et 19 ans. Nous proposons plusieurs périodes : 2 mois, 3 mois, un semestre ou une année scolaire.

Cela permet d'acquérir la langue, de revenir bilingue, mais aussi d'apporter une ouverture culturelle et de la maturité aux jeunes qui partent. La problématique linguistique sera réglée une fois pour toute, mais ce séjour renforce également les CV au moment de l'embauche ou pour entrer dans une école. C'est un facteur différenciant.

Ce type de séjour est en train de prendre le pas sur les séjours linguistiques de deux ou trois semaines qui coûtent finalement relativement cher pour le temps que les adolescents passent sur place.

TourMaG.com - Comment fonctionnez-vous et où partent les enfants, dans des familles d'accueil ?

Jean-Michel Roques : Oui les jeunes sont accueillis dans des familles d'accueil que nous avons sélectionné et ils suivent ensuite une scolarité classique le temps de leur séjour. Ils sont en immersion.

Nous avons constitué un réseau avec d'autres confrères étrangers qui fonctionnent sur les mêmes critères que nous pour constituer un réseau d'organismes. Nous accueillons aussi des élèves étrangers et travaillons en collaboration avec d'autres pays.

Nous envoyons aussi des jeunes en Allemagne, Chili, Argentine, Espagne ou en Chine. Nous ne travaillons pas uniquement sur les pays anglophones.

TourMaG.com - La pandémie a-t-elle modifié votre façon de travailler ?

Jean-Michel Roques : Comme beaucoup nous nous sommes mis aux visio-conférences. Et je dois dire que cela nous a permis de rassembler beaucoup plus de monde autour de nos réunions d'information. En présentiel nous sommes limités géographiquement.

Grâce à Zoom nous avons pu réunir davantage de parents et de jeunes. Nous avons également pu faire témoigner des adolescents qui étaient sur place en voyage à l'étranger.

Cela nous a donné une tribune plus large et à l'avenir nous nous servirons à nouveau de la visio-conférence.

TourMaG.com - Dernière question, pour les départs de cet été, les inscriptions sont-elles possibles en dernière minute ?

Jean-Michel Roques : Pour les départs de l'été 2021 les inscriptions se termineront au 15 avril 2021 pour les USA. Car il faut le temps d'obtenir les visas et d'inscrire les jeunes dans les établissements.