Le train, Proxima, Kevin Speed : ces futurs concurrents de la SNCF bientôt sur les rails ?

L’ouverture du marché du rail à grande vitesse n’a pas provoqué de révolution de l’offre ferroviaire en France.

Seules des compagnies nationales, Trenitalia et Renfe, ont pour l’instant ouvert des lignes, brisant le monopole de la SNCF.

Preuve que pour s’attaquer au transport ferroviaire cela requiert d’avoir les reins solides.

Le coût des péages ferroviaires perçus par SNCF Réseau est élevé et la grande vitesse ne bénéficie -contrairement au transport régional- d’aucune subvention publique en France. Pour autant, cela n’a pas freiné les ambitions de quelques jeunes pousses qui veulent lancer leur service d’ici la fin de la décennie.

Premier à se lancer dans l’aventure en décembre 2021, Trenitalia fête cette année ses 3 ans d'activité avec près de 3 millions de passagers.

Interrompue depuis un éboulement en août 2023, dans la Vallée de la Maurienne, la ligne initiale de Trenitalia reliant Paris et Lyon à Milan reprendra du service au 1er avril 2025.

La compagnie prévoit deux allers-retours par jour, avec des départs de Paris à 7h30 et à 15h20 et des départs de Milan à 6h25 et 15h53, pour un temps de trajet global entre 6h30 et 7h.

Le train desservira désormais les arrêts suivants entre Paris et Milan : Lyon - Chambéry - Saint-Jean-de-Maurienne (desservis le week-end depuis le 15 décembre 2024) - Modane - Oulx - Turin.

A partir du 15 juin 2025, l’opérateur italien assurera aussi quatre allers-retours par jour sur la ligne Paris-Marseille.

Les villes desservies sur cet axe au départ de Paris Gare de Lyon seront : Lyon Saint-Exupéry, Avignon TGV, Aix-en-Provence TGV et Marseille Saint-Charles.

Depuis juillet 2023, Renfe opère des liaisons directes à grande vitesse entre Barcelone et Lyon puis Madrid et Marseille.

Les trains AVE relient 9 destinations françaises et 6 destinations espagnoles et offrent quatre circulations quotidiennes, deux dans chaque sens.

L'opérateur espagnol poursuit son expansion. Renfe reliera Toulouse à Barcelone au deuxième trimestre de 2025, avec des arrêts à Carcassonne, Perpignan, Figueres et Gérone.

Le Train, compagnie ferroviaire grande vitesse privée ambitionne de se lancer sur des liaisons à grande vitesse inexploitées par la SNCF : Bordeaux-Nantes (en 2 h 54) et Bordeaux-Rennes (en 3 h 27).

Le projet prévoit de relier 11 villes du Grand Ouest au départ de Arcachon - Bordeaux - Angoulême - Nantes - Rennes.

En janvier 2023, Le Train a annoncé la commande de dix trains à grande vitesse au constructeur ferroviaire espagnol Talgo, pour environ 300 millions d’euros.

Avec 50 trains quotidiens dans le Grand Ouest dès la 1ère année, Le Train veut répondre à la demande de plus de 3 millions de voyageurs avec des liaisons régulières, plus tôt le matin, plus tard le soir, en week-end, autant pour les actifs que les voyageurs loisir.

Proposer des prix stables, compétitifs et une offre de service complète pour tous les voyageurs est également une ambition de la compagnie ferroviaire.

Le Train pourrait commencer son activité en 2027. Pour l’instant, elle doit encore sécuriser des financements et préparer le début de l’exploitation de son service.

A terme, Le Train vise un développement vers les autres Régions de France, avec des dessertes grande vitesse plus proches de leurs habitants, et sans passer par Paris.

Proxima, porté par Rachel Picard (ancienne DG de Voyage SNCF), est un projet de liaison à Grande Vitesse reliant Bordeaux, Paris, Angers, Nantes et Rennes à Paris.

La compagnie ferroviaire française a commandé 12 trains à Grande Vitesse connectés et ultramodernes à Alstom pour un montant de 850 millions d’euros (maintenance incluse) 100% fabriqués en France.

Des trains à haute densité (740 places) à 2 niveaux, ce qui justifie la proposition d’une offre vers Paris.

Proxima apparait comme un acteur sérieux de par la capacité de ses dirigeants, mais aussi grâce à la structure d’investissement qui les accompagne pour recueillir l’ensemble de leur besoin de financement (Antin Industrial Partners). La start-up a levé 1 milliard d’euros.

Le modèle de Proxima vise à conquérir des parts de marché en concurrence frontale avec SNCF, sans créer de nouvelles liaisons, ni de nouveaux services, mais en s’appuyant sur la tension actuelle sur l’offre SNCF et la très forte demande.

Le compte à rebours est lancé pour 2028.

Dernière-née des compagnies « start-up », Kevin Speed propose une approche différente de ses concurrents.

Ce nouvel opérateur français entend lancer des liaisons Ilisto de Paris vers Lille, Strasbourg et Lyon, avec une desserte des gares intermédiaires et une approche tarifaire très agressive.

Kevin Speed compte proposer des tarifs à partir de trois euros les 100 km en heure creuse, pour les voyageurs fréquents.

Pas de réservation obligatoire, on passe en tapant avec sa carte ou son téléphone, et on est facturé en fonction des voyages effectués.

La compagnie, qui dit s’inspirer du Shinkansen au Japon, a réalisé avec succès une première levée de fonds et a signé un contrat d'exclusivité avec Alstom pour l’achat de 20 rames grande vitesse.

Kevin Speed espère lancer son service fin 2028.

Midnight Trains, qui voulait contribuer à la relance du train de nuit en commençant par une liaison Paris-Milan-Venise, a jeté l’éponge en juin dernier, face à l’échec de sa deuxième levée de fonds.

Railcoop, la coopérative qui prévoyait de relancer la ligne entre Bordeaux et Lyon, abandonnée par la SNCF en 2014 car non rentable, a été placée en liquidation judiciaire le 15 avril 2024.

Renfe n'a pas atteint son objectif d'exploiter des trains régionaux en France . Le gouvernement français a provisoirement confié à l'entreprise publique SNCF l' exploitation des lignes Nantes-Bordeaux et Nantes-Lyon , ce qui étend son domaine jusqu'en 2036.

L'entreprise espagnole a concurrencé la SNCF elle-même et le privé Le Train, mais n'a pas réussi à s'imposer sur le marché. appel d'offres pour ces contrats clés du système ferroviaire français. La concession permettra à la SNCF de gérer l'exploitation, la maintenance et le service client des deux lignes à partir de décembre 2026.

Elle prévoit par ailleurs la construction d'un atelier de maintenance à Nantes en 2030. Christophe Fanichet, PDG de SNCF Voyageurs, a souligné que cette récompense marque une étape importante dans la première ouverture du marché ferroviaire français à la concurrence dans les services régionaux longue distance, comme le rapporte Expansión ce mercredi.

Renfe ne parvient pas à briser le monopole ferroviaire en France et maintiendra son intérêt à entrer en tant qu'opérateur ferroviaire en France. Source : Archives Hosteltur

Ces itinéraires appartiennent aux Territory Balance Trains (TET), un système similaire à l'interurbain qui reçoit des subventions de l'État en échange de la garantie de qualité, d'accessibilité et de tarifs abordables.

Actuellement, la ligne Nantes-Lyon transporte 620 000 passagers par an avec seulement deux fréquences quotidiennes dans chaque sens, tandis que la ligne Nantes-Bordeaux atteint 400 000 passagers par an.

Tous les corridors TET devraient être ouverts à la concurrence d’ici 2030. Renfe maintient son intérêt en France L'échec de ce premier appel d'offres ne décourage pas Renfe, qui maintient son intérêt pour le marché français.

L'entreprise espagnole cherche à se consolider dans le pays après son entrée en 2023, même si elle a été confrontée à des difficultés dues à des restrictions opérationnelles . Dans ce contexte, elle défend la nécessité de garantir des conditions de concurrence égales pour les nouveaux opérateurs et continuera de participer aux futurs appels d'offres en France.

En parallèle, Renfe poursuit son expansion sur d'autres marchés européens. Cette semaine, elle a annoncé sa collaboration avec Arenaways en Italie , qui renforce sa stratégie d'internationalisation. L'entreprise espère que les futures procédures d'attribution en France lui permettront de consolider sa position sur un marché clé de la mobilité ferroviaire en Europe.