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Voyage en train : quels obstacles limitent encore sa progression en France et en Europe ?

Par Victor Thévenet, expert du secteur ferroviaire chez T&E


Si le réflexe de privilégier le train plutôt que l'avion gagne du terrain parmi les voyageurs, de nombreux obstacles limitent encore sa progression en France et en Europe. Prix des billets, qualité de service, facilité de réservation... Comment rendre le train plus attractif ? Victor Thévenet, expert du secteur ferroviaire chez Transport & Environment (T&E France), apporte des pistes de réflexion.


Rédigé par Victor THEVENET le Lundi 7 Avril 2025

De nombreux obstacles limitent encore la progression du train en France et en Europe et, pour les lever, il faut une politique du rail ambitieuse - DepositPhotos.com, magann
De nombreux obstacles limitent encore la progression du train en France et en Europe et, pour les lever, il faut une politique du rail ambitieuse - DepositPhotos.com, magann
Le 12 mars 2025, la SNCF a vendu 1,5 million de billets de trains pour les vacances d’été. A Noël, 1,7 million de tickets étaient partis en moins de 24 heures.

L’année 2024 a vu la fréquentation des TGV grimper de 14% par rapport à 2019, et même de 33% pour les TER !

Bref, prendre le train devient de plus en plus un réflexe, et il faut s’en féliciter pour le climat.

Pour rappel, un voyageur qui fait Paris-Nice en TGV émettra seulement 2kg de CO2e, contre 181 kg CO2e pour quelqu’un qui prendrait l’avion. Soit une empreinte carbone 90 fois inférieure.

Pour autant, la partie n’est pas gagnée.

Prix des billets : faut-il augmenter la fiscalité sur l’aérien ?

De nombreux obstacles limitent encore la progression du train en France et en Europe.

Ils ne sont pas insurmontables, mais pour les lever il faut une politique du rail ambitieuse, qui se concentre sur les aspects fondamentaux du voyage : le prix, la qualité de service, et la facilité de réservation.

Commençons d’abord par le prix, qui est le critère principal pour de nombreux voyageurs. Aujourd’hui, le coût d’un billet varie énormément, évidemment en fonction de la demande, mais pas seulement.

Ainsi, les péages ferroviaires, qui sont payés par les compagnies (SNCF, Renfe, Eurostar…) aux gestionnaires d’infrastructures (comme SNCF Réseau en France), représentent jusqu’à 40% du prix d’un billet !

De même, certains pays pratiquent des taux de TVA différents sur les tickets, ce qui peut permettre de faire baisser leur coût.

Évidemment, diminuer le prix du billet ne pourra pas se faire au détriment de l’entretien du réseau ou de l’équilibre budgétaire.

L’UE et les Etats membres pourraient donc, par exemple, augmenter la fiscalité sur l’aérien - qui reste peu taxé - afin de compenser ce manque à gagner induit par la baisse des péages ferroviaires ou de la TVA.

Une augmentation du trafic, poussée par une réduction du prix des péages ou de la TVA, permettrait également de compenser, du fait des recettes supplémentaires perçues.

Cela enverrait par ailleurs un signal fort, en montrant que la puissance publique valorise les transports les plus décarbonés.

Lire aussi : Business Travel : vive l’ouverture à la concurrence du train ?

Des incitations financières pour améliorer la qualité de service ?

Passons maintenant à la qualité de service. Elle comprend notamment le confort à bord (prises électriques, Wi-fi stable, bar, etc.).

Améliorer cet aspect pourrait passer par des incitations financières envers les compagnies, par exemple des garanties étatiques leur permettant d'obtenir des prêts afin de rénover ou renouveler leur matériel roulant.

Tout aussi important, l’amélioration de la ponctualité, avec un système fiable et unifié de signalisation (comme l’ERTMS) qui permet de faciliter les circulations entre pays, et qu'il faudrait déployer largement.

Les politiques de compensation en cas de retard pourraient aussi se montrer plus généreuses, et prévoir par exemple 100% de remboursement dès 60 minutes de retard, comme c’est déjà le cas au Royaume-Uni.

Le dernier critère central, c’est la facilité de réservation. Aujourd’hui, il peut être compliqué d’organiser son voyage en train à travers plusieurs pays d’Europe, souvent parce qu’il faut chercher les informations et faire les réservations sur différents sites.

Lire à ce sujet : Train : pourquoi la distribution du ferroviaire est si compliquée ?

Pour éviter cet écueil, l’UE prévoit d’obliger les compagnies à communiquer l’ensemble de leurs données de billettique (prix, horaires…) aux plateformes de réservation, afin de proposer aux voyageurs l’offre la plus complète.

Les plateformes dominantes sur le marché (SNCF Connect, DB Navi) pourraient aussi être obligées d’indiquer les offres de leurs concurrents, comme Trenitalia sur le trajet Paris-Marseille. Les voyageurs auront ainsi en main toutes les informations clés pour construire leur voyage en train.

Retrouvez aussi notre dossier spécial Voyages en train

Victor Thévenet - Photo : T&E
Victor Thévenet - Photo : T&E
Victor Thévenet a rejoint T&E en avril 2022 et dirige le programme ferroviaire de T&E.

Auparavant, il a travaillé en tant que responsable de la politique européenne pour le gestionnaire du réseau de gaz français, sur un large éventail de dossiers liés aux questions énergétiques.

Il a une formation en droit public et en sciences politiques européennes.

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Tags : sncf, train
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