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Plan Montagne : "Nous sommes toujours dans le grand flou !" Alexandre Maulin (DSF)

Interview d'Alexandre Maulin, le président des Domaines Skiables de France (DSF)


Le 27 mai 2021, Jean Castex dévoilait les contours du Plan Montagne. Plus de trois mois après les annonces, le compte n'y est pas. La partie sur l'immobilier de loisirs est toujours "vide" et sur le plan d'investissement c'est le "grand flou" nous dévoile Alexandre Maulin. Si le plan montagne n'est pas bien exécuté, il est un autre dossier qui inquiète le président du puissant syndicat les Domaines Skiables de France : la saison hivernale à venir.


Rédigé par le Dimanche 5 Septembre 2021

Entre grand flou, lenteur et partie vide, le Plan Montagne n'est pas à la hauteur des attentes de destinations qui ont fait une saison hivernale blanche selon Alexandre Maulin, le président des Domaines Skiables de France (DSF) - - Photo crédit Yann Allègre
Entre grand flou, lenteur et partie vide, le Plan Montagne n'est pas à la hauteur des attentes de destinations qui ont fait une saison hivernale blanche selon Alexandre Maulin, le président des Domaines Skiables de France (DSF) - - Photo crédit Yann Allègre
TourMaG.com - Il y a 10 jours, vous avez participé à un Comité de Filière tourisme, lors duquel vous êtes apparus assez remontés, notamment concernant le Plan Montagne. Qu'est-ce qui pose problème ?

Alexandre Maulin :
Ce qui pose problème selon moi, c'est que la partie sur le travail que nous devons faire sur l'immobilier de loisirs, je la trouve vide. Nous n'avons pas avancé.

Savoir gérer le patrimoine immobilier du territoire et ne plus le subir, en donnant aux maires des leviers d'action pour que cet immobilier serve à nos régions, c'est une vision à long terme de la montagne.

Sur la partie investissement, aujourd'hui nous sommes toujours dans le grand flou. Nous parlons là, d'un point important, car nous espérions que cela se déclenche vite et être en mesure d'aider rapidement nous fournisseurs que sont les entreprises des vallées.

TourMaG.com - En résumé, trois mois après les annonces, le Plan montagne n'est pas vide, mais il n'y a pas grand-chose de concret ?

Alexandre Maulin :
Nous attendons toujours que le Plan Montagne se mette en place.

Le but de ce plan était de travailler rapidement pour aider les territoires, mais aujourd'hui, je ne trouve pas que nous ayons travaillé rapidement en faveur des territoires.

Plan Montagne : "avant de demander de l'argent, nous demandons surtout des outils"

TourMaG.com - Vous avez des échanges avec le gouvernement à ce sujet ? Craignez-vous qu'il soit abandonné ?

Alexandre Maulin :
Je ne pense pas qu'il soit abandonné, mais plutôt que le gouvernement a des difficultés.

Nous sommes en contact et nous allons continuer à avancer pour trouver des solutions. Et c'est notre principale ambition.

TourMaG.com - Que demandez-vous sur l'immobilier de loisirs à l'exécutif français ?

Alexandre Maulin :
Nous avons besoin de solutions pour réchauffer les lits froids et remplir les objectifs du gouvernement sur la rénovation thermique. Nous voulons éviter que les résidences de tourisme construites deviennent à l'avenir des lits froids.

A ce niveau avant de demander de l'argent, nous demandons surtout des outils et des textes. Nous ne sommes pas des pleureurs qui viennent simplement demander des millions.

Nous souhaitons savoir comment demain les maires auront la possibilité d'administrer différemment leurs plans d'occupation des sols, pour que le peu de foncier disponible serve à des investissements à long terme plutôt qu'à créer des futurs lits froids ?

Depuis deux ou trois ans, nous avons fait des propositions concrètent sur ces sujets-là. Nous les avons retravaillés et elles sont partagées par les différents acteurs de la montagne.

Je sais que Jean-Baptiste Lemoyne et Joël Giraud (le secrétaire d'État chargé de la ruralité, ndlr) vont remonter au créneau.

Montagne : "Si nous perdons nos fournisseurs des vallées, alors la crise sera systémique"

"Nous voulons travailler et avancer. Nous souhaitons connaître les conditions dans lesquelles nous allons travailler, nous professionnels de la montagne, cet hiver" demande Alexandre Maulin, le président des Domaines Skiables de France - DR
"Nous voulons travailler et avancer. Nous souhaitons connaître les conditions dans lesquelles nous allons travailler, nous professionnels de la montagne, cet hiver" demande Alexandre Maulin, le président des Domaines Skiables de France - DR
TourMaG.com - Six mois après la dernière saison hivernale qui a été malheureusement blanche, pensez-vous que l'écosystème de la montagne a été suffisamment soutenu par le gouvernement ?

Alexandre Maulin :
Comme nous le disons depuis le mois de décembre 2020, il y a des trous dans la raquette.

Autant je pense que nous sommes un certain nombre à être correctement indemnisés, donc assez peu affaibli par l'arrêt, autant certains métiers comme l'hébergement, n'ont pas été assez accompagnés.

Ceux qui sont passés au travers des trous ont été reçus par différents ministres et des solutions sont cherchées. J'espère que cela va déboucher sur des choses concrètes, car si nous perdons nos fournisseurs des vallées, alors la crise sera systémique et se propagera sur le long terme.

TourMaG.com - Alors que le 1er plan n'est pas toujours opérationnel ou flou, Bruno Le Maire a parlé lundi d'un nouveau Plan Montagne. En savez-vous plus à ce sujet ?

Alexandre Maulin :
Je n'ai aucune info sur cette annonce.

Je suppose qu'il va essayer de compenser les difficultés de certains métiers et qu'il va voir pour combler les trous dans la raquette, plutôt que d'être sur des plans massifs.

C'est du moins ce que je souhaite.

Les Domaines skiables de France : "Nous survivons"

TourMaG.com - Ce jeudi 2 septembre 2021, Jean-Baptiste Lemoyne et Alain Griset ont rencontré les professionnels du tourisme. Quel message leur avez-vous fait passer ?

Alexandre Maulin :
Nous devons regarder devant et la prochaine échéance n'est autre que l'hiver qui arrive.

Nous aimerions savoir quelles sont les conditions pour nous garantir une ouverture. Nous avons eu une année blanche, il n'en faut pas une deuxième.

TourMaG.com - Craignez-vous que le manque de préparation de la prochaine saison fasse se termine comme en 2020 ?

Alexandre Maulin :
Nous ne craignons pas ça, car ça ne se passera pas comme ça.

Nous voulons travailler et avancer. Nous souhaitons connaître les conditions dans lesquelles nous allons travailler, nous professionnels de la montagne, cet hiver.

Nous sommes à trois mois de l'ouverture, nous ne pouvons pas attendre les deux pieds dans le même sabot et nous devons avancer.

TourMaG.com - Des discussions ont été entamées à ce sujet ?

Alexandre Maulin :
Nous leur avons laissé jusqu'à la fin du mois d'août, car il y avait beaucoup à faire sur l'été. Un moment nous ne devons pas monopoliser l'attention.

Il est temps de passer à l'action.

TourMaG.com - Après une saison blanche, comment les Domaines Skiables ressortent économiquement de cette crise ?

Alexandre Maulin :
Les négociations que nous avons eues avec le gouvernement pour l'indemnisation des domaines skiables, permettent à tous les acteurs de survivre.

Nous sommes tous affaiblis, mais tous vivants. C'est un moindre mal.

Je ne dirais pas que nous satisfaits de cela, car nous voulions tout simplement ouvrir. Nous survivons tout simplement. Aujourd'hui, notre priorité est de savoir comment nous allons vivre et travailler ?

TourMaG.com - Dans nos colonnes, le Maire de la Clusaz déclarait qu'il fallait inventer un nouveau modèle économique dans les stations. Pensez-vous que celui du ski est à bout de souffle ?

Alexandre Maulin :
Le modèle économique du ski n'est pas à bout de souffle.

Je vais être honnête avec vous, quand je vois qu'avant la pandémie, l'hiver 2019/2020 allait être celui de tous les records, je vois mal pourquoi il faudrait tout changer.

Depuis sa création, le ski n'a jamais cessé d'évoluer. Demain les stations vont continuer à évoluer et le ski aussi, certains territoires ne pourront plus tout miser sur le ski.

Ces derniers miseront alors sur des activités complémentaires. D'autres qui ont une vision plus longue doivent tout de même réfléchir à leur avenir. Nous devons nous développer sur des périodes où nous n'étions pas forts par le passé.

Nous nous sommes peut- être un peu trop contentés de ce que nous avions. Il ne faut pas arrêter le ski pour autant, mais développer des activités. Sans ski, nous n'avons personne, il est le moteur économique de nos territoires.

Romain Pommier Publié par Romain Pommier Journaliste - TourMaG.com
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Commentaires

1.Posté par Yves Brossard le 06/09/2021 11:07 | Alerter
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La montagne et les Outre-mer : même sujet !

Non seulement nous avons une haute saison similaire, ce qui nous rend frères d’une certaine manière, mais en plus nous sommes soumis au même régime politique, administratif, juridique, fiscal et social.
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, nous sommes confrontés aux mêmes soucis :

Répartition des pouvoirs et réorganisation des instances de décision ;
Préservation des outils de travail, donc - aussi - du foncier et des immeubles à vocation d’hébergement temporaire ;
Nécessité de réforme des pouvoirs de définition, et d’ajustement des P.L.U. (Plans Locaux d’Urbanisme) ;
Redéfinition des règles fiscales et sociales applicables aux locations meublées ;
Mise en œuvre d’un politique encadrée (en fonction des ressources) d’investissements susceptibles de maintenir ou développer l’emploi dans les industries touristiques.

Les lits froids, c’est à dire très peu loués, non ou mal exploités, et donc réduisant le potentiel d’activité tout en occupant l’espace inutilement : nous comprenons parfaitement le problème.

Puisque nous rencontrons dans les Outre-mer un problème parallèle : des hôtels revendus à la découpe pour en faire des locations meublées gérées de manière individuelle, et donc inappropriée pour l’alimenter l’offre des tour-opérateurs.

Je ne suis pas surpris des propos d’Alexandre MAULIN : selon lui, cela fait 2 ou 3 ans que des propositions sérieuses ont été faîtes par son organisation professionnelle ; et les lignes n’ont pas bougé.

La situation est exactement identique pour les Outre-mer. La crise sanitaire n’a fait qu’exacerber des tensions qui préexistaient, et démontrer le peu d’empressement à traiter les problèmes structurels.

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