« Ne tuez pas la poule aux œufs d'or » demande Hosni Djemmali à ses confrères tour-opérateurs
TourMaG.com - Vos confrères hôteliers tunisiens font entendre leurs voix. Ils se disent sinistrés et demandent de l'aide à l'Etat. Quelle est votre position ?
Hosni Djemmali : "Quelles sont les entreprises qui peuvent se permettre de perdre 50 % de leur chiffre d'affaires ? Les hôteliers sont la première force vive du pays.
Ils génèrent de très nombreux emplois directs et induits. Aujourd'hui, ils n'ont pas de clients et c 'est le premier de leurs problèmes. Ils n'arrivent pas à régler leurs engagements bancaires et les intérêts cumulés année après année.
Le fait n'est pas nouveau : la crise l'amplifie. Cela fait des années qu'ils ne gagnent pas d'argent en raison des prix misérables pratiqués. Il faudrait passer un coup d'éponge, ouvrir les capitaux à des groupes financiers, assainir les situations.. Il faudrait en effet une aide de l'Etat."
Hosni Djemmali : "Quelles sont les entreprises qui peuvent se permettre de perdre 50 % de leur chiffre d'affaires ? Les hôteliers sont la première force vive du pays.
Ils génèrent de très nombreux emplois directs et induits. Aujourd'hui, ils n'ont pas de clients et c 'est le premier de leurs problèmes. Ils n'arrivent pas à régler leurs engagements bancaires et les intérêts cumulés année après année.
Le fait n'est pas nouveau : la crise l'amplifie. Cela fait des années qu'ils ne gagnent pas d'argent en raison des prix misérables pratiqués. Il faudrait passer un coup d'éponge, ouvrir les capitaux à des groupes financiers, assainir les situations.. Il faudrait en effet une aide de l'Etat."
« Nous n'avons pas à payer la mauvaise gestion d'un partenaire »
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T.M.com. Qu'attendez-vous de l'ouverture du ciel tunisien aux compagnies low cost ?
H.D. : "Qu'ils permettent aux hôteliers de se passer de voyagistes tels que Thomas Cook. La méthode qu'il applique aujourd'hui auprès de ses partenaires fournisseurs français en les taxant de façon unilatérale, il l'avait déjà utilisée avec les hôteliers tunisiens.
Le SNAV a fait une enquête auprès de ses adhérents. Nous ne sommes pas concernés par Thomas Cook mais nous avons répondu. Les professionnels du tourisme n'ont pas à payer le prix de la mauvaise gestion d'un partenaire !"
T.M.com - La révolution et la crise sociale qui a suivi ont des répercussions très négatives sur les services hôteliers. Comment redresser la barre ?
H.D. : "De l'argent a été dépensé de façon inutile. Au lieu de financer des campagnes de promotions et de publicité il eut mieux valu utiliser cet argent en formations et profiter de l'absence des clients et de la disponibilités des employés.
Nous devons motiver les personnels, les former en matière de services, de connaissances des marchés émetteurs.
Depuis des années la formation est un point faible dans la politique touristique tunisienne. Pour améliorer le produit il ne suffit pas de faire des déclarations."
T.M.com - Il semble que les tour-opérateurs continuent à jouer la carte du prix bas dans leur argumentaire de vente Tunisie...
H.D. : "Avec cette crise, les producteurs et les distributeurs français ont pris conscience de l'importance du produit tunisien dans leur activité.
La Tunisie a manqué dans les recettes des agences de voyages. Quant aux tour-opérateurs ils doivent cesser de chercher à tirer les prix vers le bas. Je leur dis « ne tuez pas la poule aux œufs d'or ! Ne bradez pas ! Gardez les prix et exigez la qualité en contrepartie ! ».
La qualité a un prix qui doit permettre aux hôteliers et à leur personnel de vivre. Mieux vaut offrir une prestation, une excursion, un massage ou un surclassement que baisser un prix. L'image de destination bon marché est injuste pour la Tunisie."
H.D. : "Qu'ils permettent aux hôteliers de se passer de voyagistes tels que Thomas Cook. La méthode qu'il applique aujourd'hui auprès de ses partenaires fournisseurs français en les taxant de façon unilatérale, il l'avait déjà utilisée avec les hôteliers tunisiens.
Le SNAV a fait une enquête auprès de ses adhérents. Nous ne sommes pas concernés par Thomas Cook mais nous avons répondu. Les professionnels du tourisme n'ont pas à payer le prix de la mauvaise gestion d'un partenaire !"
T.M.com - La révolution et la crise sociale qui a suivi ont des répercussions très négatives sur les services hôteliers. Comment redresser la barre ?
H.D. : "De l'argent a été dépensé de façon inutile. Au lieu de financer des campagnes de promotions et de publicité il eut mieux valu utiliser cet argent en formations et profiter de l'absence des clients et de la disponibilités des employés.
Nous devons motiver les personnels, les former en matière de services, de connaissances des marchés émetteurs.
Depuis des années la formation est un point faible dans la politique touristique tunisienne. Pour améliorer le produit il ne suffit pas de faire des déclarations."
T.M.com - Il semble que les tour-opérateurs continuent à jouer la carte du prix bas dans leur argumentaire de vente Tunisie...
H.D. : "Avec cette crise, les producteurs et les distributeurs français ont pris conscience de l'importance du produit tunisien dans leur activité.
La Tunisie a manqué dans les recettes des agences de voyages. Quant aux tour-opérateurs ils doivent cesser de chercher à tirer les prix vers le bas. Je leur dis « ne tuez pas la poule aux œufs d'or ! Ne bradez pas ! Gardez les prix et exigez la qualité en contrepartie ! ».
La qualité a un prix qui doit permettre aux hôteliers et à leur personnel de vivre. Mieux vaut offrir une prestation, une excursion, un massage ou un surclassement que baisser un prix. L'image de destination bon marché est injuste pour la Tunisie."
« Petit TO mes arguments reposent sur la satisfaction et la fidélisation des clients »
T.M.com - Comment un tour-opérateur de votre taille se positionne-t-il entre des groupes majors qui trustent le marché et des distributeurs qui refusent de vous référencer ou qui développent leurs propres productions ?
H.D. "Je suis un petit tour-opérateur artisan. Mes arguments reposent sur la qualité des services - je ne veux aucune réclamation – et sur la satisfaction et la fidélisation des clients.
Assez rapidement, quand les agences de voyages et les réseaux de distribution ont fait valoir leurs prérogatives nous avons mis en place une distribution muticanal. Nous avons dans le même temps développé un excellent partenariat avec les réseaux Tourcom et Leclerc Voyages.
Mais que peut faire d'autre un TO de notre dimension quand il n'est pas référencé par les réseaux de distribution sinon vendre en direct ? Nous sommes en train de refaire notre site. Il sera opérationnel à la fin du mois.
T.M.com. A quelles perspectives d'avenir un petit TO indépendant peut-il prétendre aujourd'hui ?
H.D. : Je ne suis pas inquiet. Mes enfants Elyas et Sofia, âgés respectivement de 23 et 24 ans, ont décidé de prendre la relève. Ils entreront en jeu dans les prochaines années.
Après un master Gestion Finances mon fils entre à l'Ecole Hôtelière de Lausanne et ma fille est à l'ESSEC. Ils apporteront des idées nouvelles et s'appuieront sur les nouvelles technologies. Nous serons tous de plus en plus informatisés. Les écoles de tourisme devraient davantage en tenir compte."
T.M.com. Comment êtes-vous devenu hôtelier ?
H.D. : Durant les premières années de Tunisie Contact le marché allemand était leader. Aucun hôtel ne répondait à l'idée que je me faisais d'un lieu de vacances dédié à une clientèle française. J'ai alors souhaité mettre sur le marché un hôtel adapté à la demande et à l'esprit français.
En 1975 j'ai pris en gestion un hôtel simple de bungalows. Situé sur un terrain de 22 hectares, le Skanes Rivage privilégiait la nature.
Henry Gault et Christian Millau avaient eu la gentillesse de participer au lancement. Ce fut un échec. Je n'étais pas préparé. J'avais fait HEC. Hôtelier c'est un métier."
T.M.com. Avez-vous pensé abandonner l'hôtellerie ?
H.D. : Pas du tout. J'ai payé les banques et je suis allé apprendre la gestion et le marketing hôtelier sur le terrain, au sein du groupe Accor. Nous avions des hôtels en gestion.
Nous avions répondu à un appel d'offre de privatisation des hôtels Tanit. Nous avions 35 hectares de réserves foncières. Le marché était porteur. L'arrivée de Jean-Robert Reznik avec qui j'étais en opposition m'a amené à changer de cap. L'histoire m'a donné raison."
T.M.com. Comment avez vous lancé les Sangho ?
H.D. : J'ai découvert le site de Zarzis, à 11 kilomètres du centre ville, un peu par hasard. Je suis immédiatement tombé amoureux de cette magnifique palmeraie maritime.
Il y avait là un projet d'hôtel initié par une banque. L'affaire était en faillite. J'ai vu la banque. J'ai négocié afin de la mettre en exploitation.
Je l'ai mise en valeur et je l'ai achetée au bout de deux ans. C'était en 1978. Depuis nous faisons régulièrement des travaux. Je réinvestis tous les gains.
H.D. "Je suis un petit tour-opérateur artisan. Mes arguments reposent sur la qualité des services - je ne veux aucune réclamation – et sur la satisfaction et la fidélisation des clients.
Assez rapidement, quand les agences de voyages et les réseaux de distribution ont fait valoir leurs prérogatives nous avons mis en place une distribution muticanal. Nous avons dans le même temps développé un excellent partenariat avec les réseaux Tourcom et Leclerc Voyages.
Mais que peut faire d'autre un TO de notre dimension quand il n'est pas référencé par les réseaux de distribution sinon vendre en direct ? Nous sommes en train de refaire notre site. Il sera opérationnel à la fin du mois.
T.M.com. A quelles perspectives d'avenir un petit TO indépendant peut-il prétendre aujourd'hui ?
H.D. : Je ne suis pas inquiet. Mes enfants Elyas et Sofia, âgés respectivement de 23 et 24 ans, ont décidé de prendre la relève. Ils entreront en jeu dans les prochaines années.
Après un master Gestion Finances mon fils entre à l'Ecole Hôtelière de Lausanne et ma fille est à l'ESSEC. Ils apporteront des idées nouvelles et s'appuieront sur les nouvelles technologies. Nous serons tous de plus en plus informatisés. Les écoles de tourisme devraient davantage en tenir compte."
T.M.com. Comment êtes-vous devenu hôtelier ?
H.D. : Durant les premières années de Tunisie Contact le marché allemand était leader. Aucun hôtel ne répondait à l'idée que je me faisais d'un lieu de vacances dédié à une clientèle française. J'ai alors souhaité mettre sur le marché un hôtel adapté à la demande et à l'esprit français.
En 1975 j'ai pris en gestion un hôtel simple de bungalows. Situé sur un terrain de 22 hectares, le Skanes Rivage privilégiait la nature.
Henry Gault et Christian Millau avaient eu la gentillesse de participer au lancement. Ce fut un échec. Je n'étais pas préparé. J'avais fait HEC. Hôtelier c'est un métier."
T.M.com. Avez-vous pensé abandonner l'hôtellerie ?
H.D. : Pas du tout. J'ai payé les banques et je suis allé apprendre la gestion et le marketing hôtelier sur le terrain, au sein du groupe Accor. Nous avions des hôtels en gestion.
Nous avions répondu à un appel d'offre de privatisation des hôtels Tanit. Nous avions 35 hectares de réserves foncières. Le marché était porteur. L'arrivée de Jean-Robert Reznik avec qui j'étais en opposition m'a amené à changer de cap. L'histoire m'a donné raison."
T.M.com. Comment avez vous lancé les Sangho ?
H.D. : J'ai découvert le site de Zarzis, à 11 kilomètres du centre ville, un peu par hasard. Je suis immédiatement tombé amoureux de cette magnifique palmeraie maritime.
Il y avait là un projet d'hôtel initié par une banque. L'affaire était en faillite. J'ai vu la banque. J'ai négocié afin de la mettre en exploitation.
Je l'ai mise en valeur et je l'ai achetée au bout de deux ans. C'était en 1978. Depuis nous faisons régulièrement des travaux. Je réinvestis tous les gains.
« Les clients en longs séjours laissent leurs effets personnels d'une année sur l'autre »
T.M.com. Le Sangho de Zarzis s'est spécialisé dans les longs séjours. Quels sont vos arguments auprès du marché des séniors ?
H.D. : "A Zarsis, tout ce que nous gagnions en été nous le perdions en hiver alors que le climat est très agréable et ensoleillée tout au long de l'année.
J'ai lancé cette formule voici plus de dix ans. Elle a du succès auprès d'une clientèle très fidélisée.
Je vous rappelle qu'en janvier dernier, en pleine révolution tunisienne nous avions 450 séniors en longs séjours qui refusaient de partir !
La recette ? Elle est dans les mains du personnel de l'hôtel et de son directeur. Ils font tout pour que les clients reviennent. A ce niveau ce n'est plus une question de prix mais bien d'état d'esprit, de gentillesse, d'attentions particulières, de créativité en matière d'activités.
Certains séniors séjournent trois mois. Durant leur premier séjour ils plantent un arbre. Ils reviennent ensuite pour voir comment il pousse.
Beaucoup réclament la même chambre et laissent leurs effets personnels d'une année sur l'autre.Nous avons mis à disposition un local spécial pour cela. Ce sont de formidables promoteurs auprès de leurs enfants et petits enfants qui viennent en haute saison.
Il est difficile de nous copier car chacun apporte quelque chose.
La réussite repose aussi sur la confiance et sur les relations employeurs – employés. Certains qui étaient là depuis le début ont pris leur retraite. Je les ai réunis en association. Nous sommes restés proches."
T.M.com. Le Sangho Prestige de Tataouine n'a-t-il pas trop souffert des conséquences de la guerre en Libye.
H.D. : "Au contraire, il a bénéficié d'un excellent taux de remplissage !T oute la presse internationale, toutes les radios du monde l'avaient choisi comme base pour couvrir l'actualité libyenne."
H.D. : "A Zarsis, tout ce que nous gagnions en été nous le perdions en hiver alors que le climat est très agréable et ensoleillée tout au long de l'année.
J'ai lancé cette formule voici plus de dix ans. Elle a du succès auprès d'une clientèle très fidélisée.
Je vous rappelle qu'en janvier dernier, en pleine révolution tunisienne nous avions 450 séniors en longs séjours qui refusaient de partir !
La recette ? Elle est dans les mains du personnel de l'hôtel et de son directeur. Ils font tout pour que les clients reviennent. A ce niveau ce n'est plus une question de prix mais bien d'état d'esprit, de gentillesse, d'attentions particulières, de créativité en matière d'activités.
Certains séniors séjournent trois mois. Durant leur premier séjour ils plantent un arbre. Ils reviennent ensuite pour voir comment il pousse.
Beaucoup réclament la même chambre et laissent leurs effets personnels d'une année sur l'autre.Nous avons mis à disposition un local spécial pour cela. Ce sont de formidables promoteurs auprès de leurs enfants et petits enfants qui viennent en haute saison.
Il est difficile de nous copier car chacun apporte quelque chose.
La réussite repose aussi sur la confiance et sur les relations employeurs – employés. Certains qui étaient là depuis le début ont pris leur retraite. Je les ai réunis en association. Nous sommes restés proches."
T.M.com. Le Sangho Prestige de Tataouine n'a-t-il pas trop souffert des conséquences de la guerre en Libye.
H.D. : "Au contraire, il a bénéficié d'un excellent taux de remplissage !T oute la presse internationale, toutes les radios du monde l'avaient choisi comme base pour couvrir l'actualité libyenne."
En France le tour-opérateur Tunisie Contact réalise un trafic qui atteint les 30 000 clients les « bonnes » années. Il emploie 9 collaborateurs à temps plein.
Sur les rives sud de la Méditerranée les hôtels Sangho représentent 2 300 lits (répartis à Zarzis, Tataouine, Djerba et Marrakech) et emploient 600 personnes.
Sur les rives sud de la Méditerranée les hôtels Sangho représentent 2 300 lits (répartis à Zarzis, Tataouine, Djerba et Marrakech) et emploient 600 personnes.