La ligne a été reprise en 2010 par la Compagnie fédérale des voyageurs de Russie, , filiale des chemins de fer russes RZD, pour inciter la riche clientèle russe à renouer avec ses fastes d’antan sur la Côte d’Azur. /photo JDL
Ma dernière grande traversée ferroviaire remonte à une trentaine d'années.
A l'époque, jeunes mariés et fauchés, nous avions alors traversé toute l'Europe pour rejoindre Bucarest (Roumanie) depuis Marseille. Souvenirs, souvenirs…
Mais avec la démocratisation du transport aérien, le goût du déplacement se perd, l'avion vous déposant en quelques heures dans n'importe quel point du globe.
Certes, pour les amateurs du slow voyage qui fait toujours plus d'émules, il reste encore quelques trajets mythiques qui valent le déplacement.
Ne serait-ce que par la trace qu'ils ont laissé dans l'inconscient collectif.
Le trajet Nice-Moscou en 48h33 qui traverse cinq pays (la Biélorussie, la Pologne, la République tchèque, l'Autriche et l'Italie) et fait halte dans vingt-neuf villes dont Minsk, Varsovie, Vienne et Gênes, desservi autrefois par le célèbrissime Orient Express, en fait partie.
A l'époque, jeunes mariés et fauchés, nous avions alors traversé toute l'Europe pour rejoindre Bucarest (Roumanie) depuis Marseille. Souvenirs, souvenirs…
Mais avec la démocratisation du transport aérien, le goût du déplacement se perd, l'avion vous déposant en quelques heures dans n'importe quel point du globe.
Certes, pour les amateurs du slow voyage qui fait toujours plus d'émules, il reste encore quelques trajets mythiques qui valent le déplacement.
Ne serait-ce que par la trace qu'ils ont laissé dans l'inconscient collectif.
Le trajet Nice-Moscou en 48h33 qui traverse cinq pays (la Biélorussie, la Pologne, la République tchèque, l'Autriche et l'Italie) et fait halte dans vingt-neuf villes dont Minsk, Varsovie, Vienne et Gênes, desservi autrefois par le célèbrissime Orient Express, en fait partie.
Ne vous attendez pas à croiser Hercule Poirot ...
La ligne a été reprise en 2010 par la Compagnie fédérale des voyageurs de Russie, , filiale des chemins de fer russes RZD, pour inciter la riche clientèle russe à renouer avec ses fastes d’antan sur la Côte d’Azur.
Mais ne vous attendez pas pour autant à croiser Hercule Poirot ou la Madonne des Sleepings au détour d'un couloir.
Si le trajet, à peu de chose près, est resté identique, les voitures n'ont plus grand chose à voir (heureusement ?) avec les locomotives à vapeur et les luxueux compartiments du temps jadis.
Notre départ est prévu à 20H50 de la gare de Nice que nous avons rejoint par train, compte tenu du retour prévu en avion.
Nous avions acheté des billets première classe mais la taille exiguë du compartiment, l'absence de lavabo, de toilettes et de douche, nous ont rapidement convaincu de l'impérieuse nécessité d'opter pour la catégorie luxe.
Ceci moyennant un supplément non négligeable (800 euros) qui renchérit considérablement le prix du trajet, fixé à 470 euros (aller) par personne.
Bien entendu, à moins de causer la langue de Tolstoï, un minimum d'anglais s'impose pour parvenir à effectuer la transaction sur place.
Ici, les employés de la compagnie ne parlent que le russe et les hôtesses en blouse grise donnent l'impression de sortir tout droit d'une saynete de la révolution bolchévique. On est loin de l’Orient Express…
Les billets sont aussi imprimés en caractères cyrilliques, ce qui nous vaut quelques aller-retours sur le quai avant de trouver la bonne voiture.
Heureusement le garçon de cabine, Alexei, un Ukrainien qui vit en Pologne, parle couramment la langue de Shakespeare. Il nous sera d'une aide précieuse car nous sommes… les seuls Français à bord !
La cabine est coquette. Elle est prévue pour 3 personnes et dispose d'une surface de 5 à 6m2 environ en comptant la salle de bain qui en affiche deux m2.
Mais ne vous attendez pas pour autant à croiser Hercule Poirot ou la Madonne des Sleepings au détour d'un couloir.
Si le trajet, à peu de chose près, est resté identique, les voitures n'ont plus grand chose à voir (heureusement ?) avec les locomotives à vapeur et les luxueux compartiments du temps jadis.
Notre départ est prévu à 20H50 de la gare de Nice que nous avons rejoint par train, compte tenu du retour prévu en avion.
Nous avions acheté des billets première classe mais la taille exiguë du compartiment, l'absence de lavabo, de toilettes et de douche, nous ont rapidement convaincu de l'impérieuse nécessité d'opter pour la catégorie luxe.
Ceci moyennant un supplément non négligeable (800 euros) qui renchérit considérablement le prix du trajet, fixé à 470 euros (aller) par personne.
Bien entendu, à moins de causer la langue de Tolstoï, un minimum d'anglais s'impose pour parvenir à effectuer la transaction sur place.
Ici, les employés de la compagnie ne parlent que le russe et les hôtesses en blouse grise donnent l'impression de sortir tout droit d'une saynete de la révolution bolchévique. On est loin de l’Orient Express…
Les billets sont aussi imprimés en caractères cyrilliques, ce qui nous vaut quelques aller-retours sur le quai avant de trouver la bonne voiture.
Heureusement le garçon de cabine, Alexei, un Ukrainien qui vit en Pologne, parle couramment la langue de Shakespeare. Il nous sera d'une aide précieuse car nous sommes… les seuls Français à bord !
La cabine est coquette. Elle est prévue pour 3 personnes et dispose d'une surface de 5 à 6m2 environ en comptant la salle de bain qui en affiche deux m2.
Difficile de ranger une valise de taille standard
Le tout est flambant neuf, avec des robinets automatiques à infra rouge, une douche confortable (mais lunatique), un équipement audio-vidéo qui comprend un écran de télévision (non relié au satellite), un poste radio équipé pour lire des CD/DVD et des clés USB et une prise permettant de charger rasoirs, téléphones, etc.
L'ensemble audio-vidéo est relativement complexe, question mode d'emploi, les indications, mode d'emploi et autres affichages se faisant en russe. Même Alexei devra batailler pour parvenir à mettre le tout en marche.
Quelques espaces de rangement (un placard d'angle minuscule une console avec deux tiroirs et des recoins) complètent l'ensemble.
Difficile toutefois de ranger une valise de taille standard, si ce n'est dans la salle de bain ou, mieux, dans la douche.
Un lit superposé permet de faire dormir une troisième personne. Le siège d'une largeur de 2 mètres bascule pour se transformer en lit double d'une largeur convenable.
De l'autre côté de la fenêtre, séparé par une petite table, pivotante, un 2e siège banquette plus petit. Les parois aux tons crème tranchent avec le bleu-vert des fauteuils.
Les portes, la console au-dessus du siège principal équipée de liseuses et de vide-poches, sont habillées façon loupe de palissandre. Chic !
Une petite pression sur la sonnette d'appel et Alexei apparaît comme par miracle quelques instants plus tard pour prendre la commande.
L'ensemble audio-vidéo est relativement complexe, question mode d'emploi, les indications, mode d'emploi et autres affichages se faisant en russe. Même Alexei devra batailler pour parvenir à mettre le tout en marche.
Quelques espaces de rangement (un placard d'angle minuscule une console avec deux tiroirs et des recoins) complètent l'ensemble.
Difficile toutefois de ranger une valise de taille standard, si ce n'est dans la salle de bain ou, mieux, dans la douche.
Un lit superposé permet de faire dormir une troisième personne. Le siège d'une largeur de 2 mètres bascule pour se transformer en lit double d'une largeur convenable.
De l'autre côté de la fenêtre, séparé par une petite table, pivotante, un 2e siège banquette plus petit. Les parois aux tons crème tranchent avec le bleu-vert des fauteuils.
Les portes, la console au-dessus du siège principal équipée de liseuses et de vide-poches, sont habillées façon loupe de palissandre. Chic !
Une petite pression sur la sonnette d'appel et Alexei apparaît comme par miracle quelques instants plus tard pour prendre la commande.
Il est possible de déjeuner ou de dîner dans la cabine
Très stylé, il propose une carte bilingue (ouf!) avec des plats variés (viande, poisson, desserts...) à des tarifs corrects et un plat du jour à partir de 9 euros.
En revanche, les vins démarrent à 20 euros pour un cépage grec. Pour les vignoble français compter de 40 à 50 euros la bouteille et 10 euros pour une bouteille de 25 cl.
On comprend mieux pourquoi les Russes préfèrent la vodka...
Il est tout à fait possible de déjeuner ou de dîner dans la cabine mais vous serez mieux installé dans le wagon restaurant. Sauf qu’ici, toute ressemblance avec des faits ou des personnages ayant existé, serait pure coïncidence...
Les rouges orangés des fauteuils (confortables au demeurant) avec des petites carrés jaunes (sic), vous plongent plutôt dans les seventies de Bob Dylan que dans les romans d'Agatha Christie.
Dommage que la compagnie russe n'ait pas jugé bon d'opter pour une déco plus soft. Mais ne boudons pas notre plaisir : la nourriture est de bonne facture, le service prévenant et les plats cuisinés sur place. Que demander de plus ?
Quant à l'itinéraire, il laisse rêveur : Gênes, Milan, Insbruck, Vienne, Varsovie, Minsk et Moscou, pour ne parler que des gares principales.
En revanche, les vins démarrent à 20 euros pour un cépage grec. Pour les vignoble français compter de 40 à 50 euros la bouteille et 10 euros pour une bouteille de 25 cl.
On comprend mieux pourquoi les Russes préfèrent la vodka...
Il est tout à fait possible de déjeuner ou de dîner dans la cabine mais vous serez mieux installé dans le wagon restaurant. Sauf qu’ici, toute ressemblance avec des faits ou des personnages ayant existé, serait pure coïncidence...
Les rouges orangés des fauteuils (confortables au demeurant) avec des petites carrés jaunes (sic), vous plongent plutôt dans les seventies de Bob Dylan que dans les romans d'Agatha Christie.
Dommage que la compagnie russe n'ait pas jugé bon d'opter pour une déco plus soft. Mais ne boudons pas notre plaisir : la nourriture est de bonne facture, le service prévenant et les plats cuisinés sur place. Que demander de plus ?
Quant à l'itinéraire, il laisse rêveur : Gênes, Milan, Insbruck, Vienne, Varsovie, Minsk et Moscou, pour ne parler que des gares principales.
Des passages un peu stressants aux frontières biélo-russe et russe
Les paysages sont enchanteurs, bucoliques, des plaines italiennes aux alpages autrichiens en passant par les petites datchas qui parsèment par-ci par là les champs quasi désertiques de la Biélorussie.
Le tout à une allure de sénateur dépassant rarement les 90 km, ce qui laisse le temps de méditer, détailler et apprécier.
Quelques rares arrêts prolongés, laisseront à vos clients un (tout petit) peu de temps pour faire des emplettes de première nécessité.
Pour le reste, si vous n'êtes pas du genre contemplatif, prévoyez beaucoup de lecture, de jeux, calez-vous bien dans votre fauteuil et... enjoy !
Seul point noir : les passages aux frontières biélo-russe et russe, un peu stressants, alors que l'obtention du visa en France n'est déjà pas une formalité.
A l'heure du laitier (4h du mat') on frappe sèchement et on nous fait comprendre que le contrôle des passeports approche. Cela fait drôle quand on n'a pas été prévenu...
Un peu hagards, nous entrebâillons la porte. Dans le couloir les autres passagers sont déjà debout et s'affairent.
La veille on nous avait expliqué qu'une voiture restaurant russe allait succéder à celle en place. On nous avait demandé aussi de régler la note. L'équipage est relevé et prend la poudre d'escampette à la frontière.
Le tout à une allure de sénateur dépassant rarement les 90 km, ce qui laisse le temps de méditer, détailler et apprécier.
Quelques rares arrêts prolongés, laisseront à vos clients un (tout petit) peu de temps pour faire des emplettes de première nécessité.
Pour le reste, si vous n'êtes pas du genre contemplatif, prévoyez beaucoup de lecture, de jeux, calez-vous bien dans votre fauteuil et... enjoy !
Seul point noir : les passages aux frontières biélo-russe et russe, un peu stressants, alors que l'obtention du visa en France n'est déjà pas une formalité.
A l'heure du laitier (4h du mat') on frappe sèchement et on nous fait comprendre que le contrôle des passeports approche. Cela fait drôle quand on n'a pas été prévenu...
Un peu hagards, nous entrebâillons la porte. Dans le couloir les autres passagers sont déjà debout et s'affairent.
La veille on nous avait expliqué qu'une voiture restaurant russe allait succéder à celle en place. On nous avait demandé aussi de régler la note. L'équipage est relevé et prend la poudre d'escampette à la frontière.
Cette fois-ci nous arrivons en Russie. On ne rigole plus...
Un policier femme cogne à la porte et demande les passeports.
Elle jette un coup d'oeil attentif aux visas, ouvre la porte de la salle de bain au cas où (vous connaissez vous, beaucoup de gens qui cherchent à s’introduire clandestinement en Russie ?) et scanne les documents d’un geste sec, grâce au lecteur infrarouge porté à la ceinture.
Après quelques minutes, le train se remet en marche. Nous nous rendormons. Un quart d'heure plus tard, nouvel arrêt et nouveau contrôle.
Cette fois-ci nous arrivons en Russie. On ne rigole plus. La fonctionnaire nous remet deux formulaires à remplir, regarde sous le lit, dans la salle de bain et dans la douche.
Elle revient quelques minutes plus tard récupérer les deux papiers dont elle déchire la moitié qu'elle nous remet avec une phrase en russe.
Nous croyons comprendre qu'il faut conserver précieusement le document pour le présenter aux différents contrôles.
Entretemps, il s'est écoulé 2 heures. Il est maintenant 6 heures du mat'.
Qu’est-ce qu’on peut perdre comme temps en formalités, dirait Jean Yanne qui, lui, ne prenait que les nationales…
Mais nous voilà repartis. Dans la nouvelle voiture-restaurant, après l’orangé, voici venir les tons rouges vif, tout à fait conformes avec l’arrivée dans l’ex-empire soviétique.
Quelques heures plus tard, nous arrivons à Moscou, pile poil à l’heure. Le train n’a guère forcé son talent (ni son allure) pour y parvenir. Le voyage s’est révélé agréable, confortable et… dépaysant !
Elle jette un coup d'oeil attentif aux visas, ouvre la porte de la salle de bain au cas où (vous connaissez vous, beaucoup de gens qui cherchent à s’introduire clandestinement en Russie ?) et scanne les documents d’un geste sec, grâce au lecteur infrarouge porté à la ceinture.
Après quelques minutes, le train se remet en marche. Nous nous rendormons. Un quart d'heure plus tard, nouvel arrêt et nouveau contrôle.
Cette fois-ci nous arrivons en Russie. On ne rigole plus. La fonctionnaire nous remet deux formulaires à remplir, regarde sous le lit, dans la salle de bain et dans la douche.
Elle revient quelques minutes plus tard récupérer les deux papiers dont elle déchire la moitié qu'elle nous remet avec une phrase en russe.
Nous croyons comprendre qu'il faut conserver précieusement le document pour le présenter aux différents contrôles.
Entretemps, il s'est écoulé 2 heures. Il est maintenant 6 heures du mat'.
Qu’est-ce qu’on peut perdre comme temps en formalités, dirait Jean Yanne qui, lui, ne prenait que les nationales…
Mais nous voilà repartis. Dans la nouvelle voiture-restaurant, après l’orangé, voici venir les tons rouges vif, tout à fait conformes avec l’arrivée dans l’ex-empire soviétique.
Quelques heures plus tard, nous arrivons à Moscou, pile poil à l’heure. Le train n’a guère forcé son talent (ni son allure) pour y parvenir. Le voyage s’est révélé agréable, confortable et… dépaysant !