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Apéros, chef étoilé... que vont manger les touristes de l’espace ?

Tourisme dans l’Espace : Quelle est l'alimentation des astronautes ?


Michel Messager, notre expert en tourisme spatial nous livre le second volet de sa série sur les coulisses des séjours dans l'espace. Aujourd'hui parlons gastronomie en décortiquant ce que vont manger les touristes de l'espace !


Rédigé par le Mardi 1 Août 2023

L’alimentation est un sujet qu’il ne faut pas négliger, non seulement elle répond aux aspects vitaux des astronautes en termes de santé, mais aussi en termes de convivialité et de maintien de leur moral - Depositphotos.com Auteur studiostoks
L’alimentation est un sujet qu’il ne faut pas négliger, non seulement elle répond aux aspects vitaux des astronautes en termes de santé, mais aussi en termes de convivialité et de maintien de leur moral - Depositphotos.com Auteur studiostoks
Au fur et à mesure que les missions s’allongent les chercheurs et les scientifiques de l’espace, constatent l’importance du repas au-delà̀ de ses aspects purement nutritionnels.

En effet les agences spatiales l’ont bien compris : l’alimentation est un sujet qu’il ne faut pas négliger, non seulement elle répond aux aspects vitaux des astronautes en termes de santé, mais aussi en termes de convivialité et de maintien de leur moral.

Le Média "Alimentarium magazine" dresse, dans un article intitulé « Manger dans l’espace. », un excellent résumé de la situation.

« Dans les années 80, c’est le règne des pochettes en plastique universelles, frappées d’un code-barres identifiant le contenu, tandis que des bandes Velcro permettent aux astronautes de les accrocher à leur guise dans l’habitacle pour pouvoir manger à tout moment. »

Aujourd’hui, la NASA ne développe qu’une partie de la nourriture mangée en orbite, l’essentiel est constitué d’aliments industriels reconditionnés. Sans possibilité encore de réfrigération, les aliments doivent donc être stockés à température ambiante.

Il existe trois principaux types d’aliments conservés pour l’espace.

Trois principaux types d’aliments conservés pour l’espace

- Les aliments réhydratables, y compris les boissons en poudre, conservés par déshydratation (élimination de l’eau de la nourriture préparée). Ils retrouvent leur état normal dès qu’on leur ajoute de l’eau.

- Les aliments thermostablilisés, y compris le thon, sont conservés après avoir subi un traitement thermique et sont prêts-à-manger.

- Les aliments irradiés, y compris le poulet, sont conservés après avoir été exposés à des rayons et sont également prêts-à-manger. L’irradiation a pour autre avantage de tuer les microbes, mais ne rend pas pour autant les aliments radioactifs.

Les critères qui font d’un aliment, un bon aliment pour l’espace

En 2021 la Nasa a lancé un concours doté de 500 000 dollars pour inventer la future nourriture de l'espace. Pour participer à celui-ci, certains critères doivent être retenus, sachant qu’en moyenne un astronaute a besoin quotidiennement de 2.500 kilocalories.

- Les stations spatiales ne disposant pas (encore) de réfrigérateur, l’aliment ou le plat préparé doit pouvoir être conservé entre 5 et 6 mois (durée de la mission).

- Compte tenu de l’espace à l’intérieur des stations, les aliments doivent être très compacts et légers. C’est pourquoi la technique de la lyophilisation doit être ainsi privilégiée.

- Pour éviter toute contamination bactériale, les aliments doivent être stérilisé (à 120 C° pendant 40 min).

- L’apesanteur entrainant une perte partielle du goût et de l'odorat, les aliments devront quelque peu être relevés. Cette apesanteur implique également que les aliments ne fassent pas ou peu de miettes et que leur taux d’humidité reste assez bas.

Touristes de l’espace : rompre la monotonie et la standardisation des repas

Une chose est certaine, c’est que quasiment toutes les observations réalisées s’entendent sur le fait que le principal reproche formulé par les astronautes est le manque de variété dans le choix des aliments.

En ce qui concerne l’expérience gustative, l’ex-astronaute américain Donald Thomas, qui a passé plus de 1000 heures dans l’espace en quatre missions, a déclaré : « que ce n’était pas si mal, mais qu’il ne mangerait jamais dans un restaurant où l’on sert ce genre de plats ! »

C’est pour rompre cette monotonie que l’on a fait appel à de grands chefs. Ainsi, le premier touriste de l’espace, Charles Simonyi en 2007, a eu droit à un menu composé de cailles rôties au vin de Madiran, d’un effiloché de volaille en Parmentier et de pommes fondantes en morceaux. Un menu entièrement préparé par le chef étoilé au guide Michelin, Alain Ducasse.

La cuisine pour les astronautes est devenue le nouveau terrain de jeu des grandes toques mondiales

En 2013, Davide Scabin (chef de Combal.Zero, près de Turin, une étoile Michelin et classé 46 au World's 50 Best) concocta notamment un tiramisu et un risotto au pesto pour le vol de l'Italien Luca Parmitano.

En 2015, Thorsten Schmidt (ex-chef de Malling & Schmidt à Aarhus) prépara un corned-beef aigre-doux avec choux et épices pour le premier astronaute danois de l'histoire, Andreas Mogensen et l’on pourrait multiplier les exemples.

Rappelons que lors de son vol et son séjour dans l’ISS Thomas Pesquet lui aussi a pu déguster des recettes mises au point par deux grands chefs tricolores, Thierry Marx et Alain Ducasse. « Ces recettes constituent un support psychologique dans le cadre des missions de longue durée », confirme Romain Charles, qui, à l'ESA (Agence spatiale européenne), s'occupe de la logistique quotidienne des équipages.

Ni boissons gazeuses, ni boissons alcoolisées dans la station spatiale

Lors d’une conférence à Moscou en 2010, l'astronaute retraité Alexander Lazutkin, en mission sur Mir en 1997, a vendu la mèche et révélé que les astronautes russes n’hésitaient pas à consommer un peu de cognac ou une lampée de vodka de temps en temps. Il a même spécifié que les médecins soviétiques recommandaient, à l'époque, aux cosmonautes de consommer de l’alcool pour "stimuler" leurs systèmes immunitaires et se maintenir en forme.

Pour éviter toute dérive dès 1972 la Nasa interdit boissons gazeuses et boissons alcoolisées dans la station spatiale, qui sera mise en orbite en 1973.

Elle estimait en effet que « cela peut provoquer de terribles problèmes digestifs pour l'équipage. » Dans l'espace le liquide et le gaz ne se dissocient pas. Si un astronaute boit une bière, il expulsera ce mélange sous la forme d'une remontée d’acide assez violente.

Mais surtout, et comme le dit plus prosaïquement Jean-François Clervoy, l’astronaute français : « on ne peut pas laisser ses astronautes être ivres. On doit toujours être prêt à réaliser une manœuvre d'urgence et en étant alcoolisé, cela devient très compliqué. ».

Pour les touristes de l'espace, il faudra donc attendre le retour sur terre pour trinquer !

Comment faire pour les longs voyages spatiaux ?

Désormais la question qui se pose réellement en matière d’alimentation, a trait aux longues missions du style Lune ou Mars.

Sachant que les aliments traités conservent, d’après les études de la NASA, leur valeur nutritionnelle au mieux pendant trois ans, le problème qui se pose si les astronautes emmenaient toute leur nourriture avec eux comme l’explicite Christophe Lasseur, chef du projet d'écosystème autonome "Melisssa" à l'Agence spatiale européenne (ESA) serait le suivant : « entre l'équipement, l'eau, l'oxygène, et la nourriture, il faut compter cinq kilos par jour et par personne.

Pour une mission de 500 jours, c'est donc 2,5 tonnes par astronaute minimum. Tout le problème est donc de réduire les masses embarquées.
»

La solution : la culture à bord ?

Le système de production de légumes de la NASA, surnommé « Veggie », permet aux astronautes de cultiver leur propre nourriture à bord de la SSI. En août 2015, les astronautes ont mangé pour la première fois un légume cultivé dans l’espace, à savoir de la laitue romaine.

« Veggie » a été utilisée pour cultiver du chou chinois en 2017 et des tomates cerises en 2018. Depuis, les expériences se sont enchaînées. Après, le blé et les radis, c’est une culture de piments qui a été lancée en juillet 2021.

L’ISS compte aujourd’hui trois modules de culture. Le dernier, appelé "Advanced Plant Habitat" en anglais (APH) est de la taille d’un four et est arrivé en 2017.

Le plus grand avantage de « Veggie » est l’effet qu’il a sur les astronautes : prendre soin des plantes qui poussent dans l’espace est une activité agréable, familière et psychologiquement constructive. Comme le dit un célébre astronaute : « on en aura besoin quand on ira sur la Lune ou sur Mars ! »

Retrouvez notre série sur les coulisses des séjours dans l'espace.

Apéros, chef étoilé... que vont manger les touristes de l’espace ?
Le dernier ouvrage de Michel Messager "Tourisme Spatial 1954-2022" est en vente sur le site Amazon

Michel Messager
Michel Messager
Michel MESSAGER est directeur associé de Consul Tours, société de conseil travaillant pour une clientèle privée et institutionnelle dans les secteurs du tourisme.

Il est Membre Fondateur de l’Institut Européen du Tourisme Spatial et de l’AFST (Association Française des Seniors du Tourisme). Il est l’auteur de nombreux articles sur le sujet ainsi que de plusieurs livres : le "Tourisme Spatial" publié en 2009 à la documentation française, "Histoire du Tourisme Spatial de 1950 à 2020" sorti en 2021, "Tourisme Spatial et Ecologie" en 2022 et "Tourisme Spatial de 1950 à 2022" chez Amazon. Il est considéré actuellement comme l’un des spécialistes en la matière.

Il intervient fréquemment sur ce sujet à la radio et à la télévision, ainsi qu’au travers de conférences dans de nombreux pays, notamment au Canada où il réside quelques mois par an. Il conseille notamment des entreprises du "new space" et des fonds d’investissements sur les projets financiers en matière de Tourisme Spatial.

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