Comment Air Caraïbes prépare l'après Christine Ourmières

Tout juste une semaine après nos révélations, le Groupe Dubreuil Aéro a refermé une page, celle de l'ère Christine Ourmières.

La semaine dernière, nous vous annoncions que les jours de la présidente-directrice générale, de l'entreprise qui gère la destinée d'Air Caraïbes et French bee, étaient comptés.

Elle avait disparu des radars depuis les fêtes de fin d'année et se trouvait en arrêt maladie depuis cette période. Finalement une note interne envoyée aux équipes mardi 21 janvier 2025 révèle son départ.

"Le groupe Dubreuil et la dirigeante Christine Ourmières-Widener ont choisi de se séparer. Une séparation concertée qui prend effet"ce même jour a expliqué la communication.

Et comme nous le pressentions, Paul Henri Dubreuil va reprendre la destinée du groupe, jusqu'à la mise en place d'une nouvelle gouvernance du pôle aérien.

Le départ de la dirigeante n'est pas le seul ou presque.

En effet, comme annoncé, dans notre précédent article, Eric Michel, le directeur général délégué d'Air Caraïbes était courant décembre sur le départ.

Basé aux Abymes, au siège social de la compagnie, le responsable avait réalisé il y a un peu plus d'un mois son pot de départ. Face aux tensions entre l'actionnaire et sa responsable directe, il a été réintégré pour quelques mois, seulement.

D'après nos informations, son bail a été étendu jusqu'en mars 2025, sans doute dans le but de préparer la suite et aussi pour ne pas que le transporteur se retrouve avec une direction dépeuplée et totalement à reconstruire.

Un retour qui ajoute une certaine confusion à la situation, alors que le départ de Brannon Win, arrivé dans les valises de l'ancienne PDG n'a jamais été communiqué aux équipes.

De plus, il est fort probable que Sophie Jean-Victor revienne dans la partie. L'une des soeurs de Paul Henri Dubreuil a été mise sur la touche par Christine Ourmières.

Elle était chargée de la communication de la compagnie, après avoir assuré la direction de Regional Airlines, l'entité qui chapeaute l'activité aérienne régionale.

Entreprise qui sera vendue à Air France en 2001.

Et ce changement de direction résulte d'un virage pris ces derniers mois au sein du board de l'entreprise.

Nommée à l'été 2023 par Paul-Henri Dubreuil, dans l'optique de reconstituer un duo à l'image de ce qu'avait pu connaitre son père avec Marc Rochet, l'ancienne responsable de TAP Air Portugal est arrivée avec une grande liberté d'action.

Elle a établi un plan sur 3 ans, avec à la fin des discussions pour élargir la flotte.

Sauf qu'au fil du temps, sa latitude d'action a rétréci. Paul-Henri Dubreuil s'impliquant de plus en plus lors des conseils d'administration et dans les prises de décision quant à l'avenir des compagnies du groupe.

Un comble, pour celui qui voyait plutôt d'un mauvais oeil le poids pris par l'aérien dans l'empire familial.

La liberté managériale de Christine Ourmières a été rapidement remise en cause par l'actionnariat. Jean-Paul Dubreuil aurait alors tapé du poing sur la table, comme le rapportent nos confrères de la 1ère France Info.

Le fondateur aurait tiqué suite à une forte hausse des dépenses au siège social de l'entité. Un recrutement onéreux et des recettes qui ne correspondaient pas aux attentes ont été un premier stop mis par la famille.

Délaissée au profit de French bee, la pépite du groupe selon l'ancienne PDG, Air Caraïbes a connu une année compliquée au niveau opérationnel.

Malgré tout en interne, il nous est affirmé que sous son mandat les chiffres étaient à la hauteur des projections. Les syndicats parisiens soutenaient même plutôt le bilan de leur repsonsable.

"C'est un tournant surprenant. Nous avons vu un grand changement par rapport à l'ancienne direction à bien des niveaux. Elle a un management plus humain, elle connaît nos prénoms, nous constatons une meilleure entente générale.

Au niveau des résultats, ça s'améliore aussi," nous lâche désabusé un salarié.

Malgré tout cela n'a pas suffi, car les griefs s'empilaient au fur et à mesure.

En plus de s'être mise à dos progressivement la fratrie et le patriarche, la responsable s'est quelque peu détournée des équipes d'Air Caraïbes. Selon nos indiscrétions, elle privilégiait le staff de French bee souvent cité en exemple.

L'ambiance se tend considérablement dans les bureaux.

Christine Ourmières-Widener veut constituer son équipe de confiance, au détriment des personnes déjà en place, sous l'ère Rochet. Un jeu de chaise musicale a lieu dans le management.

Edmond Richard, le directeur général délégué d'Air Caraïbes, est dégagé, tout comme Hughes Marchessaux.

La low cost placée sur un piédestal et sa DRH nommée à la tête du pôle aérien, alors même que la compagnie n'a dégagé que 2 fois des bénéfices depuis 2016, a été plutôt mal appréhendée par les salariés antillais (ceux d'Air Caraïbes, le siège de French bee étant situé à Orly).

Aux Antilles, les tensions sont telles qu'un syndicat alerte à plusieurs reprises Paul-Henri Dubreuil. Des lettres lui sont directement envoyées durant l'été puis en novembre dernier.

La mise à l'écart de Sophie Jean-Victor serait la goutte de trop dans un pichet au bord de la rupture, comme l'a révélé le journal Challenges.

Privé de son bras droit, Paul-Henri Dubrueil est en première ligne. Il va devoir repartir à la recherche d'un nouveau bras droit pour ouvrir durablement la nouvelle ère d'un groupe dépassant le milliard d'euros de chiffre d'affaires.