Exclusif Air Caraïbes : Christine Ourmières-Widener déjà sur un siège éjectable ? [ABO]

Il n'est jamais facile de clôturer un chapitre et d'en ouvrir un nouveau, particulièrement dans une entreprise familiale.

À l'aube des 100 ans du groupe Dubreuil, et après 57 ans à la tête de l'entreprise, Jean-Paul Dubreuil a laissé les rênes à son fils.

Entré au milieu des années 90, dans l'entreprise dans le but de développer le métier des produits pétroliers, alors que ses sœurs se chargent des secteurs de l'hôtellerie et de l'aérien, Paul-Henri Dubreuil prend seul la destinée de l'empire vendéen, en juillet 2023.

Ce même mois et après plus de 20 ans de succès, le Groupe Dubreuil Aero opère sa mue. Christine Ourmières-Widener débarque, après une pige à la tête de TAP Air Portugal.

Avec l’arrivée de cette femme forte de l’aérien, Paul-Henri Dubreuil veut s’émanciper de l’histoire glorieuse écrite par le binôme constitué de son père et de Marc Rochet, à la tête d’Air Caraïbes et de French Bee.

Quelques semaines plus tard, au salon IFTM Top Resa, elle présente à la presse son plan pour les trois prochaines années. D'après nos informations, la dirigeante ne pourrait pas mener à bien ce projet... car sa mission devrait être écourtée.

Nommée en novembre 2023, comme PDG de l'entité aérienne, après une trop courte passation de seulement 4 mois passés en compagnie de Marc Rochet, Christine Ourmières-Widener se retrouve seule à la tête des compagnies du groupe.

Très prolixe, la sexagénaire n'hésite pas à prendre régulièrement la parole pour partager son plan de route, les pistes de développement ou encore planter une banderille à l'attention de Corsair.

En septembre dernier, elle nous confiait qu'une réflexion sur "l'évolution de la flotte" sera prochainement menée : "Nous sommes en train de rechercher des capacités" pour obtenir de nouveaux sièges d'ici fin 2026.

La dirigeante se projetait alors sur le moyen terme et non sur un départ proche. Bien que présente à la réception de son nouvel appareil, en décembre 2024, elle s'est depuis quelque peu évaporée.

"Tout semblait bien se passer. Habituellement, la première semaine de janvier, la direction nous envoie ses vœux, mais cette année, nous n'avons encore rien reçu. On se pose des questions.

L'absence de communication à ce moment charnière, nous fait dire qu'il y a anguille sous roche," nous confie une salariée préférant garder l'anonymat.

Christine Ourmières-Widener est aux abonnés absents.

Ce mutisme interroge, tout comme la tenue d'une réunion extraordinaire du CSE qui a finalement été annulée au dernier moment.

L'enchainement des évènements est, sans surprise, largement commenté dans les cockpits, tout comme la rumeur annonçant un possible départ de la présidente-directrice générale.

Bien que le Groupe Dubreuil Aéro nous ait déclaré qu'il ne commente pas les ragots, selon nos différentes sources, les jours de Christine Ourmières-Widener à la tête de la société sont bel et bien comptés.

Le départ pourrait être acté dans les prochains jours. Une décision surprenante au moment où les compagnies du Groupe affichent une belle vitalité.

Si 2024 n'a pas été une année évidente pour l'aérien français, notamment aux Antilles, où le ticket moyen a baissé et les violences urbaines en Martinique freiné les ventes, les chiffres sont bons, meilleurs même que par le passé.

D'après des salariés que nous avons contactés, cette information est donc plus qu'inattendue.

"C'est un tournant surprenant. Nous avons vu un grand changement par rapport à l'ancienne direction à bien des niveaux. Elle a un management plus humain, elle connaît nos prénoms, nous constatons une meilleure entente générale.

Au niveau des résultats, ça s'améliore aussi," nous lâche désabusé un autre salarié.

S'il n'est pas facile de connaître les raisons exactes de la probable éviction de Christine Ourmières-Widener, nous en connaissons le contexte.

Pour certains, un clash important aurait scellé le sort de la dirigeante. Pour d'autres, les relations avec l'actionnaire se seraient distendues.

En effet, si Jean-Paul Dubreuil est un véritable amoureux de l'aérien, son fils, lui, est plus craintif sur le sujet. Échaudé par le covid et la fermeture des frontières, il craignait de voir les compagnies couler le Groupe.

Et contrairement à Air France, portée à bout de bras par le gouvernement français, Air Caraïbes et French Bee sont seulement épaulés par l'argent de la famille vendéenne.

Le développement de l'aérien n'est pas donc une priorité absolue, mais ce n'est pas pour autant qu'il ne s'intéresse pas au secteur. Investi et proactif lors des réunions du comité de direction, seule la vision stratégique du patriarche lui fait défaut quant à la destinée de la branche aéronautique.

À ce panorama, il convient d'ajouter aussi le départ de Brannon Winn.

Après une année en tant que directeur commercial, l'ancien vice-président de TAP Air Portugal n'aurait jamais retrouvé son bureau à son retour de vacances, à l'été 2024.

Et l'imbroglio autour des fonctions d'Eric Michel, sur le départ mi-décembre puis réintégré dernièrement, épaissit le mystère de cette fin de règne.

À cette vision d'ensemble, ajoutons une gestion un plus dispendieuse que celle de l'ère Rochet, avec des recrutements nombreux et des salaires importants pour une société familiale.

Selon nos sources, au début de sa présidence Christine Ourmières a joui d'une importante autonomie qui s'est érodée au fil des mois sous l'impulsion de l'actionnaire.

La PDG a peu à peu à peu perdu de son aura et de son pouvoir décisionnel. Une situation sans doute difficilement supportable pour cette patronne de fort caractère et à la parole libre.

La question de sa succession devrait se poser incessamment sous peu...