Cependant on peut avoir un vaccin efficace à 100%, tant qu’on aura seulement 28% de la population souhaitant se faire vacciner avec certitude... on ira pas loin. Un vaccin a deux objectifs, protéger le patient, mais aussi la société - Depositphotos.com DragonImages
TourMaG.com - Que provoque chez vous la nouvelle d’un possible vaccin ?
Anne Sénéquier : Un vaccin contre le Covid19, on en parle depuis le printemps. Cela accompagne la pandémie depuis le début. On a vu les laboratoires se saisir du challenge, on a vu des annonces déjà se faire, En Russie, en Chine...
Ce n’était qu’une question de temps. C’est bien sûr une très bonne nouvelle, mais aujourd’hui il faut prendre le temps de valider ces résultats et décortiquer ce qui se cache derrière l’annonce-choc.
TourMaG.com - Comment Pfizer et BioNtech peuvent développer un vaccin en quelques mois et annoncer une efficacité de 90 % ?
Anne Sénéquier : Les laboratoires et équipes qui travaillent sur le vaccin ont souvent pris des pistes de travail différentes.
BioNtech a misé sur un nouveau type de vaccin. C’est-à-dire utiliser l’ARNm. C’est une technique novatrice et qui fait gagner énormément de temps par rapport aux techniques traditionnelles.
TourMaG.com - Sur quoi se base cette nouvelle approche ?
Anne Sénéquier : 90% d’efficacité cela veut dire que sur la totalité des volontaires vaccinés, environ 43 000, 90% n’ont pas été contaminés par le virus de la covid-19, 7 jours après l’injection de la seconde dose du vaccin.
Mais cela ne veut pas dire non plus que tous l’ont rencontré... puisque tout le monde a été vacciné, mais le virus n’a bien sûr pas été inoculé aux volontaires.
Anne Sénéquier : Un vaccin contre le Covid19, on en parle depuis le printemps. Cela accompagne la pandémie depuis le début. On a vu les laboratoires se saisir du challenge, on a vu des annonces déjà se faire, En Russie, en Chine...
Ce n’était qu’une question de temps. C’est bien sûr une très bonne nouvelle, mais aujourd’hui il faut prendre le temps de valider ces résultats et décortiquer ce qui se cache derrière l’annonce-choc.
TourMaG.com - Comment Pfizer et BioNtech peuvent développer un vaccin en quelques mois et annoncer une efficacité de 90 % ?
Anne Sénéquier : Les laboratoires et équipes qui travaillent sur le vaccin ont souvent pris des pistes de travail différentes.
BioNtech a misé sur un nouveau type de vaccin. C’est-à-dire utiliser l’ARNm. C’est une technique novatrice et qui fait gagner énormément de temps par rapport aux techniques traditionnelles.
TourMaG.com - Sur quoi se base cette nouvelle approche ?
Anne Sénéquier : 90% d’efficacité cela veut dire que sur la totalité des volontaires vaccinés, environ 43 000, 90% n’ont pas été contaminés par le virus de la covid-19, 7 jours après l’injection de la seconde dose du vaccin.
Mais cela ne veut pas dire non plus que tous l’ont rencontré... puisque tout le monde a été vacciné, mais le virus n’a bien sûr pas été inoculé aux volontaires.
Au fur et à mesure de l'étude, le taux d’efficacité est amené à pouvoir évoluer
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TourMaG.com - Faut-il s’inquiéter d’une avancée aussi rapide, alors qu’un vaccin prend habituellement entre 10 et 20 ans pour être mise au point...
Anne Sénéquier : Il faut être vigilant bien sûr, comme toujours quand il est question de médicament et de vaccin, mais nous avons là trois explications simples :
- La technique utilisé : utilisation de l’ARNm
- L’association d’une bio-tech « BioNtech » qui fait les recherches, et d’une bigPharma « Pfizer » qui va assurer la fabrication et la distribution.
- La levée de fonds extraordinaire ces derniers mois pour la recherche vaccinale. Elle a permis de gagner du temps sur le cycle de fabrication du vaccin. Généralement, les financements se font étape par étape et cela prend du temps.
Cependant, il est important de vérifier ces résultats dans le temps. On ne sait toujours pas à ce jour à quoi correspondent ces 90%.
Est-ce qu’il est de 90% sur la population générale, ou sur les populations vulnérables ? Quelle tranche d’âge ? Les résultats ont été faits avec environ 90 infections au Covid19. Il faudra réévaluer le tout à 164 cas de contamination comme le prévoit le protocole.
Au fur et à mesure que l’étude se poursuit, ce taux d’efficacité est amené à évoluer...
TourMaG.com - Qu'est-ce que la Phase 3 ? Pouvez-vous nous décrire ce que cela signifie ?
Anne Sénéquier : La phase 3 est une phase où l’on évalue l’efficacité et la sureté à long terme sur des échantillons de volontaires beaucoup plus importants que les étapes précédentes : environ 20 à 30 000.
BioNTech et Pfizer ont vacciné 43 998 personnes volontaires. Plus l’échantillon de volontaires est grand, plus on est en mesure d’avoir un résultat significatif. Nous avons des résultats préliminaires, mais cela ne veut pas dire que c’est la fin de la phase 3. Tous les résultats seront acquis pour le 13 juin 2021, et la phase 3 finit en décembre 2022.
Anne Sénéquier : Il faut être vigilant bien sûr, comme toujours quand il est question de médicament et de vaccin, mais nous avons là trois explications simples :
- La technique utilisé : utilisation de l’ARNm
- L’association d’une bio-tech « BioNtech » qui fait les recherches, et d’une bigPharma « Pfizer » qui va assurer la fabrication et la distribution.
- La levée de fonds extraordinaire ces derniers mois pour la recherche vaccinale. Elle a permis de gagner du temps sur le cycle de fabrication du vaccin. Généralement, les financements se font étape par étape et cela prend du temps.
Cependant, il est important de vérifier ces résultats dans le temps. On ne sait toujours pas à ce jour à quoi correspondent ces 90%.
Est-ce qu’il est de 90% sur la population générale, ou sur les populations vulnérables ? Quelle tranche d’âge ? Les résultats ont été faits avec environ 90 infections au Covid19. Il faudra réévaluer le tout à 164 cas de contamination comme le prévoit le protocole.
Au fur et à mesure que l’étude se poursuit, ce taux d’efficacité est amené à évoluer...
TourMaG.com - Qu'est-ce que la Phase 3 ? Pouvez-vous nous décrire ce que cela signifie ?
Anne Sénéquier : La phase 3 est une phase où l’on évalue l’efficacité et la sureté à long terme sur des échantillons de volontaires beaucoup plus importants que les étapes précédentes : environ 20 à 30 000.
BioNTech et Pfizer ont vacciné 43 998 personnes volontaires. Plus l’échantillon de volontaires est grand, plus on est en mesure d’avoir un résultat significatif. Nous avons des résultats préliminaires, mais cela ne veut pas dire que c’est la fin de la phase 3. Tous les résultats seront acquis pour le 13 juin 2021, et la phase 3 finit en décembre 2022.
Taux d'efficacité : ce n'est pas qu'une question de pourcentage
TourMaG.com - Pouvez-vous nous décrire la phase d'après ?
Anne Sénéquier : La phase 3 continue, comme on vient de la voir. Mais en parallèle, Pfizer va demander une autorisation d’utilisation d’urgence (Emergency use autorisation) auprès de la U.S Food and Drug Administration, ce qui est prévu pour la troisième semaine du mois de novembre.
La mise sur le marché, est en quelque sorte une phase 4 : de 43 998 volontaires on passe à des milliers d’utilisateurs. On va donc observer ce qui peut apparaître à ce moment-là, des effets secondaires rares, des effets à long terme, des inefficacités...
TourMaG.com - Le taux d’efficacité est-il important pour juger de l’efficacité d’un vaccin ? Car le vaccin contre la grippe a un taux assez faible entre 30 et 60%,
Anne Sénéquier : Oui, c’est lui qui juge la capacité protectrice du vaccin. Mais il faut faire la différence entre une efficacité globale définie à la fin des études et des résultats préliminaires, ce qui est le cas ici.
TourMaG.com - Quel taux d'efficacité doit avoir un vaccin pour protéger la population ?
Anne Sénéquier : Le meilleur possible. Cependant ce n’est pas qu’une question de pourcentage, mais de qui n’est pas répondant au vaccin. Si le vaccin ne protège pas la classe démographique la plus impactée par la pathologie, même à 90% on n’est pas bon.
D’autre part, c’est aussi corrélé au taux nécessaire pour atteindre l’immunité collective qui est différent en fonction des pathologies.
TourMaG.com - Cette annonce peut être considérée comme une bonne nouvelle, mais ne devons-nous pas rester prudents ?
Anne Sénéquier : Bien sur il faut rester prudent. Nous n’avons à l’heure actuelle que deux mois de recul quant à l’efficacité de ce vaccin. Mais c’est le prix à payer pour une recherche accélérée. Nous apprenons au fur et à mesure que le temps passe. On verra dans quelques mois, si à 6 mois, le vaccin est toujours à 90% d’efficacité.
Anne Sénéquier : La phase 3 continue, comme on vient de la voir. Mais en parallèle, Pfizer va demander une autorisation d’utilisation d’urgence (Emergency use autorisation) auprès de la U.S Food and Drug Administration, ce qui est prévu pour la troisième semaine du mois de novembre.
La mise sur le marché, est en quelque sorte une phase 4 : de 43 998 volontaires on passe à des milliers d’utilisateurs. On va donc observer ce qui peut apparaître à ce moment-là, des effets secondaires rares, des effets à long terme, des inefficacités...
TourMaG.com - Le taux d’efficacité est-il important pour juger de l’efficacité d’un vaccin ? Car le vaccin contre la grippe a un taux assez faible entre 30 et 60%,
Anne Sénéquier : Oui, c’est lui qui juge la capacité protectrice du vaccin. Mais il faut faire la différence entre une efficacité globale définie à la fin des études et des résultats préliminaires, ce qui est le cas ici.
TourMaG.com - Quel taux d'efficacité doit avoir un vaccin pour protéger la population ?
Anne Sénéquier : Le meilleur possible. Cependant ce n’est pas qu’une question de pourcentage, mais de qui n’est pas répondant au vaccin. Si le vaccin ne protège pas la classe démographique la plus impactée par la pathologie, même à 90% on n’est pas bon.
D’autre part, c’est aussi corrélé au taux nécessaire pour atteindre l’immunité collective qui est différent en fonction des pathologies.
TourMaG.com - Cette annonce peut être considérée comme une bonne nouvelle, mais ne devons-nous pas rester prudents ?
Anne Sénéquier : Bien sur il faut rester prudent. Nous n’avons à l’heure actuelle que deux mois de recul quant à l’efficacité de ce vaccin. Mais c’est le prix à payer pour une recherche accélérée. Nous apprenons au fur et à mesure que le temps passe. On verra dans quelques mois, si à 6 mois, le vaccin est toujours à 90% d’efficacité.
"Un vaccin a deux objectifs, protéger le patient, mais aussi la société"
TourMaG.com - Quid de la logistique alors que ce vaccin doit être conservé à -80° ?
Anne Sénéquier : C’est un problème logistique très important, qui va poser des barrières évidentes dans certains pays et régions. Au niveau hospitalier cela peut être géré, ce qui est moins vrai pour la médecine ambulatoire (i.e au cabinet médical). Cela devra bien sûr être pris en considération pour la diffusion du vaccin.
D’autre part, ce n’est qu’un vaccin parmi les 202 candidats vaccins en préparation autour du monde. 47 sont en phase clinique. D’autres vaccins auront une logistique différente, seront plus efficaces sur certaines tranches d’âges...
Cependant on peut avoir un vaccin efficace à 100%, tant qu’on aura seulement 28% de la population souhaitant se faire vacciner avec certitude... on ira pas loin. Un vaccin a deux objectifs, protéger le patient, mais aussi la société.
La protection individuelle est effective dès le protocole de vaccination, mais la protection de la société intervient qu’une fois la majorité de la société vaccinée. Cela permet de protéger ceux qui ne peuvent pas se vacciner comme les immunodéprimés, les trop jeunes ou trop âgées....
TourMaG.com - Dernièrement au Danemark, les visons ont dû être tous abattus par peur de voir la covid-19 muter et mettre à mal l’efficacité du futur vaccin. La covid-19 n’est-elle as trop instable pour croire en l’efficacité d’un vaccin ?
Anne Sénéquier : Au contraire, les mutations que l’on a majoritairement vues sur le virus infectant l’homme n’étant pas impactant sur la fabrication d’un vaccin. Mais c’est effectivement quelque chose à vérifier au fur et à mesure de l’épidémie.
Anne Sénéquier : C’est un problème logistique très important, qui va poser des barrières évidentes dans certains pays et régions. Au niveau hospitalier cela peut être géré, ce qui est moins vrai pour la médecine ambulatoire (i.e au cabinet médical). Cela devra bien sûr être pris en considération pour la diffusion du vaccin.
D’autre part, ce n’est qu’un vaccin parmi les 202 candidats vaccins en préparation autour du monde. 47 sont en phase clinique. D’autres vaccins auront une logistique différente, seront plus efficaces sur certaines tranches d’âges...
Cependant on peut avoir un vaccin efficace à 100%, tant qu’on aura seulement 28% de la population souhaitant se faire vacciner avec certitude... on ira pas loin. Un vaccin a deux objectifs, protéger le patient, mais aussi la société.
La protection individuelle est effective dès le protocole de vaccination, mais la protection de la société intervient qu’une fois la majorité de la société vaccinée. Cela permet de protéger ceux qui ne peuvent pas se vacciner comme les immunodéprimés, les trop jeunes ou trop âgées....
TourMaG.com - Dernièrement au Danemark, les visons ont dû être tous abattus par peur de voir la covid-19 muter et mettre à mal l’efficacité du futur vaccin. La covid-19 n’est-elle as trop instable pour croire en l’efficacité d’un vaccin ?
Anne Sénéquier : Au contraire, les mutations que l’on a majoritairement vues sur le virus infectant l’homme n’étant pas impactant sur la fabrication d’un vaccin. Mais c’est effectivement quelque chose à vérifier au fur et à mesure de l’épidémie.
Anne Sénéquier - DR
Le Dr Anne Sénéquier est chercheuse à l’IRIS, spécialisée sur les questions santé.
Elle est titulaire d’un doctorat en psychiatrie, suivi d’une spécialisation en pédopsychiatrie.
Dans le but de s’orienter vers l’humanitaire, elle double son cursus d’un master de « santé publique - épidémiologie » et d’un master « Action humanitaire : enjeux stratégiques et gestion de projet » au sein de l’IRIS Sup’ où elle enseigne désormais la santé publique dans la coopération internationale.
Elle a notamment travaillé avec Médecins sans Frontières (MSF), et Action contre la faim (ACF) comme référent médical. Aujourd’hui, elle est responsable mission chez Médecins du Monde (MdM).
Elle est titulaire d’un doctorat en psychiatrie, suivi d’une spécialisation en pédopsychiatrie.
Dans le but de s’orienter vers l’humanitaire, elle double son cursus d’un master de « santé publique - épidémiologie » et d’un master « Action humanitaire : enjeux stratégiques et gestion de projet » au sein de l’IRIS Sup’ où elle enseigne désormais la santé publique dans la coopération internationale.
Elle a notamment travaillé avec Médecins sans Frontières (MSF), et Action contre la faim (ACF) comme référent médical. Aujourd’hui, elle est responsable mission chez Médecins du Monde (MdM).