Distinction Palace : les coulisses d’un processus d’attribution ultra-sélectif

Le Royal Monceau – Raffles Paris n'a pas perdu de temps pour clamer sa "fierté" d'avoir vu renouvelée sa distinction "Palace", décernée par Atout France à la suite de la réunion de la Commission d’attribution, organisée sous l’égide du ministère chargé du Tourisme. Comment ne pas comprendre ce prestigieux établissement parisien ?

La distinction "palace" est une spécifique française. "Elle n'est ni un label ni un classement", insiste Pierre Martin, Responsable de la sous-direction Qualité chez Atout France. En effet, d'autres pays étrangers se sont contentés d'introduire une catégorie "cinq étoiles supérieur".

De fait, cette distinction officielle a été créée en 2010, dans le sillage de la révision du classement hôtelier qui, opéré l'année précédente, avait introduit la qualification de "5 étoiles", alors qu'il existait jusque là, en France, seulement des "4 étoiles luxe". L'objectif recherché était la modernisation de l'offre française d'hébergements hôteliers.

En introduisant la distinction "palace", le ministère du tourisme et Atout France qui pilote la procédure d'attribution, entendait, parmi les hôtels classés 5*, valoriser et promouvoir les établissements vraiment exceptionnels

De fait, seulement 31 hôtels d'exception bénéficient actuellement de la distinction "palace", dont 12 sont à Paris. Une grosse poignée se trouve sur la Côte d'Azur, quelques-uns à Courchevel. Un seul se trouve hors de France métropolitaine, il s'agit de Cheval Blanc St-Barth.

A noter toutefois que le terme palace reste d'un usage courant en français et qu'il peut donc être utilisé par des établissements (y compris dans leur nom commercial) qui ne répondent plus aujourd'hui aux nouveaux critères définis par la loi pour obtenir la distinction officielle "palace".

Les critères d'éligibilité -au nombre de douze- sont très précis : l'établissement doit disposer d'une localisation et aussi d'une architecture exceptionnelles (qu'elle soit historique ou moderne), il doit obligatoirement être déjà classé cinq étoiles et remplir l’ensemble des critères renforcés de la grille de classement 5 étoiles (le non-respect d’un seul critère est toléré), comme l'existence d'un espace de remise en forme, d’un spa, la mise à disposition d’un service voiturier ou encore un pourcentage minimum de suites.

Pour être reconnu "palace", l'hôtel doit aussi disposer de chambres ayant une surface minimale de 26 m², sanitaires compris (des surfaces inférieures au minima précité sont tolérées dans 10% au maximum des chambres de l’établissement candidat).

S'y ajoutent, entre autres, des critères tels que la qualité remarquable des équipements, la personnalisation, la rapidité et la permanence du service, l'excellence de la restauration et du bar, ou encore le recours accru à la digitalisation des services et aux nouvelles technologies.

Pour consulter la liste complète, cliquez ici.

Au départ, cette distinction était attribuée pour cinq ans, mais, explique Pierre Martin, Responsable de la sous-direction Qualité chez Atout France, en 2024, une réforme a fait évoluer les critères d'obtention afin de conforter le caractère exceptionnel de la distinction Palace. Depuis, elle est attribué pour trois ans seulement et la durée minimale d'activité d'un hôtel avant qu'il puisse l'obtenir a été relevée.

Ce n'est donc pas une mince affaire de décrocher cette distinction. Et pas davantage de la voir renouvelée.

L'étude du dossier de chaque hôtel candidat est entre les mains d'une commission de douze personnalités du monde du tourisme, de l'hôtellerie, de la gastronomie et de l'œnologie, nommées par le ou la ministre du Tourisme et via un arrêté publié au Journal officiel.

La liste actuelle qui date de décembre 2024, est consultable sur internet

Les critères que doivent respecter les hôtels pour obtenir la distinction, "forment", souligne encore Pierre Martin, "un faisceau d'indices qui permettent à la commission de se prononcer".

Chaque hôtel candidat est visité par un membre de la commission qui établit ensuite un rapport. Un peu plus tard, un second membre de la commission fait une contre-visite et rédige un contre-rapport.

Ces deux documents -rapport et contre-rapport- sont présentés et étudiés par la commission qui entend également l'établissement plaider son cas avant de se prêter au jeu des questions-réponses. A l'issue d'un débat, suivi d'un vote à la majorité, la distinction est attribuée -ou pas- à l'établissement candidat.

Actuellement, la commission étudie le renouvellement de l'attribution de cette distinction aux 31 palaces français qui en sont déjà titulaires.

Outre Le Royal Monceau - Raffles Paris et l'Hôtel Barrière Les Neiges Courchevel, se sont vus déjà vu réattribuer cette distinction, énumère Pierre Martin, le Royal Evian, le Four Seasons Georges V, Le Crillon, La Réserve, Le Bristol, Le Meurice, Le Peninsula, Le Plaza Athénée, L'Apogée Courchevel, Le K2 Palace Courchevel et Cheval Blanc Courchevel.

"Une nouvelle vague de renouvellement est prévue en juin. Les dossiers alors non encore étudiés le seront d'ici le mois de décembre 2025", poursuit Pierre Martin.

"Cette distinction, on peut l'obtenir et la perdre", ajoute-t-il. De même, indique-t-il, "tous les nouveaux candidats n'ont pas forcément été acceptés dans le passé".

"C'est seulement à partir de janvier 2026 que seront étudiés les dossiers des primo-demandeurs", poursuit le Responsable de la sous-direction Qualité chez Atout France qui se refuse à citer le moindre nom. Il est cependant de notoriété publique que le célèbre Negresco, installé sur la Promenade des Anglais à Nice, qui s'est doté récemment d'un splendide Spa et devrait terminer sous peu les colossaux travaux de rénovation et d'aménagement qu'il a entrepris, vise cette distinction.

A n'en pas douter, il y a là, pour les hôtels les plus prestigieux, un enjeu d'image considérable. "La distinction palace, convient Pierre Martin, confère une reconnaissance et une visibilité supplémentaires".