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Crash San Francisco : la fumée toxique, ennemi n°1 lors d'un accident aérien

la chronique de Christophe Hardin


A la suite du crash du Boeing 777 d'Asiana Airlines, samedi 6 juillet 2013 à San Francisco, Christophe Hardin, notre expert aérien, revient sur l'importance des procédures d'évacuation d'un avion par le personnel de cabine, régulièrement formé à l'exercice.


Rédigé par Christophe Hardin le Lundi 8 Juillet 2013

Tous les ans, chaque PNC s’entraîne à faire face à un incendie qui se déclare après l'atterrissage d'un avion - Photo C.H.
Tous les ans, chaque PNC s’entraîne à faire face à un incendie qui se déclare après l'atterrissage d'un avion - Photo C.H.
Parce qu’il y’a de nombreux témoins, que l’équipage technique a survécu et que les boites noires sont accessibles, on connaîtra assez vite les causes précises du crash du 777 d’Asiana sur l’aéroport de San Francisco.

Mais déjà, les circonstances de l’accident nous rappellent a quel point la gestion d’une évacuation d’un avion venant de se crasher est fondamentale.

Samedi à San Francisco nous avons eu un "cas d’école".

Deux morts, hélas, dans un gros porteur qui se brise a l’atterrissage et qui prend feu, c’est malgré tout un bilan "léger" que l’on doit aux exigences de sécurité qui encadrent la confection d’un avion ainsi que bien sûr au savoir-faire et au professionnalisme de l’équipage commercial.

Le feu, et particulièrement la fumée toxique c’est l’ennemi numéro un lors d’un accident. On le sait, des passagers qui survivent à l’impact seront condamnés s’ils restent trop longtemps au contact de la fumée.

Tous les occupants doivent être évacués en moins de 90 secondes

Aujourd’hui, et quel que soit le constructeur, lorsqu’un nouveau type d’appareil sort des chaines de montage, le nombre maximum de passagers autorisés à bord sera déterminé en fonction de la capacité à faire sortir l’ensemble des occupants de l’avion en moins de 90 secondes avec la moitié des issues de plein pied (celles avec un toboggan) condamnées.

Les tests sont faits grandeur nature, devant des représentants des autorités de l’aviation civile qui certifieront ou pas l’avion.

On assoit sur chaque siège des volontaires ayant tous un dossard numéroté, un équipage commercial est en poste, certaines portes ne pourront s’ouvrir.

Au top départ, l’équipage va canaliser la foule. Le sourire commercial n’est plus de mise….

Places aux gueulantes. Oui pendant cet exercice, on crie beaucoup ! Détachez-vous ! Laissez vos bagages ! Venez par ici, allez en face…

Cette règle comme beaucoup d’autre dans le transport aérien est née en partie des enseignements tirés après la terrible catastrophe de Manchester en aout 1985.

Ce jour-là, un Boeing 737 charter s’élance sur la piste pour décoller vers Corfou.

Un problème technique oblige les pilotes à interrompre le décollage mais l’avion est en feu quand il s’immobilise.

54 passagers n’ayant pu sortir assez vite de l’appareil en flamme mourront asphyxiés. 

Entraînement des PNC chaque année

Faire sortir au plus vite les passagers d’une cabine en feu, c’est le rôle fondamental de l’équipage commercial quand l’accident survient. Tous les ans, chaque PNC s’entraîne à faire face à cette situation.

Dans des maquettes grandeur nature ou ils prennent place, une fumée opaque (inoffensive) est envoyée.

L’exercice consiste à s’équiper d’une cagoule qui les protègera de la fumée, de s’équiper d’un extincteur et de coordonner l’évacuation en fonction des issues qui peuvent être utilisée et celles qui sont condamnées.

J’assistais mardi dernier à l’entrainement des stagiaires qui préparent leur examen pour obtenir la licence de membre d’équipage de cabine.

L’exercice dit du "feu/fumée" est un moment crucial. Le jour de l’examen, les erreurs sont souvent éliminatoires.

Avec le drame de San Francisco, on mesure à quel point ces exercices, le travail des formateurs et l’exigence des examinateurs n’est pas superflue.

Lorsque l’avion doit être évacué, tout repose sur le professionnalisme des navigants. A regarder les premières images, il semble qu’il n’y ait eu que 3 ou 4 portes, soit moins de la moitié permettant de faire sortir rapidement tous les passagers. Visiblement, l’équipage commercial a fait du bon boulot.

Cet accident nous rappelle celui de Toronto le 2 aout 2005. Là aussi après que l’A.340 d’Air France ait raté son atterrissage et ce soit complètement embrasé les membres d’équipage de cabine ont pu faire sortir très rapidement les 297 passagers sans déplorer aucune victime.

Encore bravo aux collègues PNC.

Christophe Hardin - Photo DR
Christophe Hardin - Photo DR
Christophe Hardin a à son actif plus de vingt années au service de plusieurs compagnies aériennes.

Il est le créateur du site www.terciqual.fr, partenaire des transporteurs pour l'évaluation de la qualité, le respect des standards de service et le professionnalisme des équipes au contact du passager.

Il a rejoint dernièrement un centre de formation pour les futurs membres d’équipage de cabine (PNC).


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Commentaires

1.Posté par Pascal Gauthier le 09/07/2013 10:06 | Alerter
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Article très intéressant de Christophe Hardin qui nous rappelle combien l'entraînement et les procédures suivies par le PNC est crucial lors de ces tragiques événements.

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