"En 2011, Marmara a été obligé de fusionner par la volonté de l’actionnaire" (entretemps First Choice avait fusionné avec TUI et ce sont les équipes de TUI qui avaient pris le pouvoir) - DR
TourMaG.com - TUI France dit changer de stratégie pour se reconcentrer sur ses marques maison, qu’est-ce que cela vous inspire ?
Hervé Vighier : Vous me demandez mon avis sur TUI France... Je dirais, tout d’abord, quel gâchis !
Oui, quel gâchis sur le plan humain et financier pour cette aventure de TUI en France…
TourMaG.com - Pour vous, fondateur de Marmara, le ratage de l’intégration des marques a dû être particulièrement douloureux ?
Hervé Vighier : Marmara a été bâtie, a été construite à la force du poignet par des hommes et des femmes dans un environnement du milieu du tourisme français parfois hostile.
Concept à l’ origine, avec le temps et la persévérance, Marmara est devenue une marque.
L’actionnaire anglais First Choice qui a racheté Marmara (et donc mes parts) en 2001 avait tout compris.
TourMaG.com - Pourquoi cela ?
Hervé Vighier : Parce qu’il a laissé en place l’équipe et son modèle. Ils m’avaient fait confiance sur la stratégie et le fonctionnement de l’entreprise.
Marmara est donc restée jusqu’à la fusion en 2011 une entreprise franco-française, avec d’abord ses équipes et ses produits mais aussi son développement informatique. La seule chose qu’ils ont apporté c’était le contrôle financier.
Hervé Vighier : Vous me demandez mon avis sur TUI France... Je dirais, tout d’abord, quel gâchis !
Oui, quel gâchis sur le plan humain et financier pour cette aventure de TUI en France…
TourMaG.com - Pour vous, fondateur de Marmara, le ratage de l’intégration des marques a dû être particulièrement douloureux ?
Hervé Vighier : Marmara a été bâtie, a été construite à la force du poignet par des hommes et des femmes dans un environnement du milieu du tourisme français parfois hostile.
Concept à l’ origine, avec le temps et la persévérance, Marmara est devenue une marque.
L’actionnaire anglais First Choice qui a racheté Marmara (et donc mes parts) en 2001 avait tout compris.
TourMaG.com - Pourquoi cela ?
Hervé Vighier : Parce qu’il a laissé en place l’équipe et son modèle. Ils m’avaient fait confiance sur la stratégie et le fonctionnement de l’entreprise.
Marmara est donc restée jusqu’à la fusion en 2011 une entreprise franco-française, avec d’abord ses équipes et ses produits mais aussi son développement informatique. La seule chose qu’ils ont apporté c’était le contrôle financier.
"Le CA de Marmara est passé de 211 M€ en 2001 à 596 M€ en 2010"
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TourMaG.com - Puis il y a eu le rachat et la fusion ?
Hervé Vighier : En 2011, Marmara a été obligée de fusionner par la volonté de l’actionnaire (entre-temps First Choice avait fusionné avec TUI et ce sont les équipes de TUI qui avaient pris le pouvoir).
Elle était devenue une marque avec un concept : le low cost appliqué au tourisme et un slogan "le voyage pour tous" (slogan utilisé avec l’accord de son inventeur Jacques Maillot, ndlr).
Marmara c’était plus d’un million de passagers en 2010, dont plus de 500 000 en formule club (plus que le Club Med pour sa clientèle de France).
Le chiffre d’affaires est passé de 211 millions d’euros en 2001 à 596 millions en 2010, avec une marge brute (EBITDA) cumulée de 147 millions d’euros. Et tout cela avec 230 salariés.
La fusion a été faite contre mon gré (les financiers du groupe dont les bonus étaient fonction de la réduction des impôts payés ont voulu la fusion car NF perdant de l’argent et Marmara en gagnant, le groupe payerait après fusion moins d’impôts sur les sociétés).
TourMaG.com - On sait que cette stratégie a coûté très cher à TUI France ?
Hervé Vighier : Oui, on connaît la suite : entre NF, Corsair, Marmara, Look et nombre de plans sociaux, je pense que le Groupe TUI a dû injecter plus d’un milliard et demi d’euros (l’équivalent de deux années de bénéfice de TUI avant Covid-19) dans sa filiale France.
Ces plans sociaux qui ont fait partir ces femmes et ces hommes compétents avec l’aval des consultants de renommée internationale qui conseillent sans prendre le moindre risque, avec celui des intellectuels et autres énarques qui excellent dans les présentations PowerPoint mais ne connaissent pas le métier…
Oui ces femmes et ces hommes qui ont quitté le navire savaient créer de la valeur. Quel gâchis !
Hervé Vighier : En 2011, Marmara a été obligée de fusionner par la volonté de l’actionnaire (entre-temps First Choice avait fusionné avec TUI et ce sont les équipes de TUI qui avaient pris le pouvoir).
Elle était devenue une marque avec un concept : le low cost appliqué au tourisme et un slogan "le voyage pour tous" (slogan utilisé avec l’accord de son inventeur Jacques Maillot, ndlr).
Marmara c’était plus d’un million de passagers en 2010, dont plus de 500 000 en formule club (plus que le Club Med pour sa clientèle de France).
Le chiffre d’affaires est passé de 211 millions d’euros en 2001 à 596 millions en 2010, avec une marge brute (EBITDA) cumulée de 147 millions d’euros. Et tout cela avec 230 salariés.
La fusion a été faite contre mon gré (les financiers du groupe dont les bonus étaient fonction de la réduction des impôts payés ont voulu la fusion car NF perdant de l’argent et Marmara en gagnant, le groupe payerait après fusion moins d’impôts sur les sociétés).
TourMaG.com - On sait que cette stratégie a coûté très cher à TUI France ?
Hervé Vighier : Oui, on connaît la suite : entre NF, Corsair, Marmara, Look et nombre de plans sociaux, je pense que le Groupe TUI a dû injecter plus d’un milliard et demi d’euros (l’équivalent de deux années de bénéfice de TUI avant Covid-19) dans sa filiale France.
Ces plans sociaux qui ont fait partir ces femmes et ces hommes compétents avec l’aval des consultants de renommée internationale qui conseillent sans prendre le moindre risque, avec celui des intellectuels et autres énarques qui excellent dans les présentations PowerPoint mais ne connaissent pas le métier…
Oui ces femmes et ces hommes qui ont quitté le navire savaient créer de la valeur. Quel gâchis !
"Il y a certainement un avenir pour les Clubs Marmara"
TourMaG.com - Que pensez-vous de la stratégie de TUI France qui consiste à rétropédaler pour mettre en avant ses marques ?
Hervé Vighier : J’espère qu’ils auront compris (et c’est un peu pour cela que je me suis permis de rappeler mon expérience), que pour réussir en France dans le domaine du tour-operating, il faut des équipes françaises qui connaissent et le métier et les intervenants, et qui proposent des produits francophones.
Ce sont là des conditions nécessaires mais non suffisantes.
TourMaG.com - Quels sont les autres "ingrédients" ?
Hervé Vighier : Il faut laisser les équipes locales faire leurs "achats", car le système centralisé - théoriquement intéressant sur le plan financier avec ses équipes de "contracting" centralisé - a montré qu’il n’était pas performant.
Je me dois de dire cela car c’est l’un de mes domaines d’expertise. Autrement dit, il faut que les équipes se sentent responsables ; le métier du tourisme est un métier d’hommes, un métier de risques où les équipes doivent sentir ce risque dans leurs tripes.
Oui il y a certainement un avenir pour les Clubs Marmara et peut-être Lookéa, et aussi les circuits NF.
Je suis persuadé qu’à la sortie de cet épisode sanitaire, la consommation repartira, les gens auront envie de voyager encore et que la formule Club sera toujours d’actualité pour le consommateur français.
TourMaG.com - Comment voyez-vous l’évolution du tourisme ?
Hervé Vighier : A l’heure où nous parlons, la Covid-19 n’est toujours pas contrôlée. Il faudra probablement attendre encore un an ou deux ans pour cela.
Deux éléments sont à mon avis à prendre en considération : l’évolution de la pandémie et surtout l’évolution des habitudes de consommation.
Je suis personnellement optimiste : l'activité reprendra mais sous quelle forme ? Les clubs et notamment les clubs Marmara présentent une valeur certaine. Encore faut-il qu’ils soient exploités correctement comme je viens de l’exposer.
TourMaG.com - Vous avez racheté les marques Jet tours et Eldorador pour plus d’un million d’euros. Si TUI France revendait demain la marque Marmara, seriez-vous acheteur ?
Hervé Vighier : Vous me permettrez, pour des raisons qui me sont personnelles, de ne pas répondre à cette question…
Hervé Vighier : J’espère qu’ils auront compris (et c’est un peu pour cela que je me suis permis de rappeler mon expérience), que pour réussir en France dans le domaine du tour-operating, il faut des équipes françaises qui connaissent et le métier et les intervenants, et qui proposent des produits francophones.
Ce sont là des conditions nécessaires mais non suffisantes.
TourMaG.com - Quels sont les autres "ingrédients" ?
Hervé Vighier : Il faut laisser les équipes locales faire leurs "achats", car le système centralisé - théoriquement intéressant sur le plan financier avec ses équipes de "contracting" centralisé - a montré qu’il n’était pas performant.
Je me dois de dire cela car c’est l’un de mes domaines d’expertise. Autrement dit, il faut que les équipes se sentent responsables ; le métier du tourisme est un métier d’hommes, un métier de risques où les équipes doivent sentir ce risque dans leurs tripes.
Oui il y a certainement un avenir pour les Clubs Marmara et peut-être Lookéa, et aussi les circuits NF.
Je suis persuadé qu’à la sortie de cet épisode sanitaire, la consommation repartira, les gens auront envie de voyager encore et que la formule Club sera toujours d’actualité pour le consommateur français.
TourMaG.com - Comment voyez-vous l’évolution du tourisme ?
Hervé Vighier : A l’heure où nous parlons, la Covid-19 n’est toujours pas contrôlée. Il faudra probablement attendre encore un an ou deux ans pour cela.
Deux éléments sont à mon avis à prendre en considération : l’évolution de la pandémie et surtout l’évolution des habitudes de consommation.
Je suis personnellement optimiste : l'activité reprendra mais sous quelle forme ? Les clubs et notamment les clubs Marmara présentent une valeur certaine. Encore faut-il qu’ils soient exploités correctement comme je viens de l’exposer.
TourMaG.com - Vous avez racheté les marques Jet tours et Eldorador pour plus d’un million d’euros. Si TUI France revendait demain la marque Marmara, seriez-vous acheteur ?
Hervé Vighier : Vous me permettrez, pour des raisons qui me sont personnelles, de ne pas répondre à cette question…
Publié par Jean Da Luz
Directeur de la rédaction - TourMaG.com
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