Le groupe Sainte-Claire aurait fermé près d'une quinzaine d'agences de voyages au sein du réseau Navitour et Aquatour - Crédit photo : Depositphotos @oioioio
Ce devait être une belle histoire, celle d'une renaissance.
Après la faillite Thomas Cook, le réseau de distribution Navitour reprenait pas moins de 38 agences du géant du tourisme, pour gonfler considérablement son portefeuille.
Le 1er décembre 2019, le propriétaire du groupe Sainte-Claire, auquel appartient Navitour, Eric Kuo Tsing Jen prend la parole pour se présenter à ses futurs salariés
"Il nous a promis plus d'humanité. Nous avions cru qu'il allait être notre sauveur," se remémore une salariée ayant préféré conserver l'anonymat.
Disposant d'une cinquantaine de points de vente, le réseau arrivait alors en force dans le paysage touristique de la distribution en métropole.
Après la faillite Thomas Cook, le réseau de distribution Navitour reprenait pas moins de 38 agences du géant du tourisme, pour gonfler considérablement son portefeuille.
Le 1er décembre 2019, le propriétaire du groupe Sainte-Claire, auquel appartient Navitour, Eric Kuo Tsing Jen prend la parole pour se présenter à ses futurs salariés
"Il nous a promis plus d'humanité. Nous avions cru qu'il allait être notre sauveur," se remémore une salariée ayant préféré conserver l'anonymat.
Disposant d'une cinquantaine de points de vente, le réseau arrivait alors en force dans le paysage touristique de la distribution en métropole.
Navitour ferme pas moins de 15 agences
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Xavier Niel (Free) se paie les agences de voyages !
"Nous sommes maltraitées. Ils utilisent toutes les aides d'état et là , ils se débarrassent de certaines agences, avant de signer le nouveau contrat chômage partiel longue durée," nous confie un autre agent de voyages travaillant pour Navitour.
Une croissance sans doute trop rapide, pour un groupe qui n'était pas à même d'absorber une telle expansion. Un cri du cœur qui a trouvé de nombreux échos à l'autre bout du fil, au gré des appels passés.
Au moins, sept agences ont officiellement fermé leurs portes selon le site Manageo.fr.
Les fermetures, arrêtées au 17 juin 2021, concernent les points de vente d'Annonay, Charleville-Mézières, Rambouillet, Saint-Germain-en-Laye, Altkirch, Hirsingue, Mulhouse.
Entre temps, les agences de Guéret, Lyon, Chambéry, Paris Wagram, le Havre et Aquatour Maubeuge sont venues grossir la liste.
Selon plusieurs sources, dont certaines extérieures, Navitour aurait fermé ou serait en passe de fermer pas moins d'une quinzaine de points de vente. C'est sans compter les agences Aquatour qui ont dû baisser le rideau comme celles de Cambrai et d'Armentières.
"La direction accélère les fermetures pour pouvoir signer l'APLD, puisqu'elle ne pourra plus le faire une fois l'accord ratifié," croit savoir une salariée en agence.
Alors que des points de vente ont été achetées pour 10 000 euros, lors de la faillite de Thomas Cook, Navitour aurait cherché à se délester en vain d'agences pour 4 ou 5 fois le prix. Les points de vente concernés ont alors été fermés, faute de repreneur.
Face à l'urgence et aux manœuvres, la CFDT n'a pas hésité à adresser une lettre recommandée au groupe, pour régler les dysfonctionnements, tout en confirmant les fermetures.
"Nous sommes alertés par divers interlocuteurs sur la situation sociale inquiétante au sein de Navitour. Aucune information n’a été transmise sur les fermetures de sites de Navitour (au CSE, ndlr)," précise le document que nous avons pu lire.
Selon la loi, les représentants du personnel auraient dû être consultés sur ces fermetures et les licenciements qui en ont découlé, ainsi que la Direction régionale et interdépartementale de l'économie, de l'emploi, du travail et des solidarités (DRIEETS).
Navitour : un plan social déguisé ?
Ce n'est pas tout.
Si certains ont appris la fermeture par téléphone, d'autres ont découvert que des entités disparaissaient des plannings du jour au lendemain.
"Les fermetures nous les apprenons par les principaux concernés qui ont pour instruction de ne rien dire aux autres, pas même aux employés des agences qui ne rouvriront pas.
Tout est fait derrière notre dos, la gestion est lamentable," déplore un employé, préférant ne pas être cité par peur des représailles.
De plus, face à une reprise qui ne se dessine pas vraiment sous de meilleurs auspices pour le réseau, avec des agences sans personnel ou encore un chômage partiel appliqué, l'entrepreneur guyanais chercherait à se délester d'autres adresses.
Le syndicat suspecte la direction de procéder à un plan social déguisé.
"Nous questionnons aussi la loyauté de l’utilisation des fonds publics de l’activité partielle, dont vous continuez de bénéficier.
Or, vous vous permettez de licencier pour des raisons économiques malgré votre engagement de maintien dans l’emploi et sans cohérence économique et stratégique," précise la missive de la CFDT.
Depuis quelques mois les départs et les licenciements économiques se multiplient, des agences ne peuvent même plus ouvrir au public, faute d'employés.
"Il y avait beaucoup de démissions à l'époque où j'y travaillais encore.
A tel point qu'une ancienne collègue devait tourner entre plusieurs points de vente, puisqu'il n'y avait plus ou pas assez de personnel," précise une ancienne agent de voyages, ayant préféré quitter le secteur.
C'est sans compter avec les arrêts de travail et maladie qui se multiplient.
Si certains ont appris la fermeture par téléphone, d'autres ont découvert que des entités disparaissaient des plannings du jour au lendemain.
"Les fermetures nous les apprenons par les principaux concernés qui ont pour instruction de ne rien dire aux autres, pas même aux employés des agences qui ne rouvriront pas.
Tout est fait derrière notre dos, la gestion est lamentable," déplore un employé, préférant ne pas être cité par peur des représailles.
De plus, face à une reprise qui ne se dessine pas vraiment sous de meilleurs auspices pour le réseau, avec des agences sans personnel ou encore un chômage partiel appliqué, l'entrepreneur guyanais chercherait à se délester d'autres adresses.
Le syndicat suspecte la direction de procéder à un plan social déguisé.
"Nous questionnons aussi la loyauté de l’utilisation des fonds publics de l’activité partielle, dont vous continuez de bénéficier.
Or, vous vous permettez de licencier pour des raisons économiques malgré votre engagement de maintien dans l’emploi et sans cohérence économique et stratégique," précise la missive de la CFDT.
Depuis quelques mois les départs et les licenciements économiques se multiplient, des agences ne peuvent même plus ouvrir au public, faute d'employés.
"Il y avait beaucoup de démissions à l'époque où j'y travaillais encore.
A tel point qu'une ancienne collègue devait tourner entre plusieurs points de vente, puisqu'il n'y avait plus ou pas assez de personnel," précise une ancienne agent de voyages, ayant préféré quitter le secteur.
C'est sans compter avec les arrêts de travail et maladie qui se multiplient.
Navitour : une gestion humaine et RH Ã l'abandon ?
Les salariés interrogés s'ils ne représentent pas tout le monde, déplorent aussi un abandon.
La pandémie n'a fait qu'accentuer ce sentiment, d'un Groupe qui navigue en pleine tempête sans réel leader ni meneur. La stratégie et le pilotage sont quasi-inexistants, les process changent tous les mois et les salariés n'auraient pas le droit à l'erreur.
"Les collègues sont encore totalement déboussolés et démotivés. Nous devions nous débrouiller par nous-mêmes, nous n'avions plus de nouvelle, de communication.
Nous nous demandions si nous allions encore être là , à la fin de la crise sanitaire," poursuit cette ancienne salariée.
Tant bien que mal, le bateau a tenu, balloté dans la plus grande tempête de son histoire. Malgré l'accalmie, les vents n'ont jamais vraiment cessé au-dessus des têtes du réseau de distribution.
Les agents se sont vus refuser des partenariats ou ont dû démarcher des clients sur leur temps libre.
Si des responsables martèlent que l'entreprise a les reins solides, certains indicateurs laissent penser le contraire.
Certains salaires ne sont pas toujours payés à temps ou pas payés du tout, pendant quelques mois.
De plus, la responsable des Ressources Humaines ne serait pas toujours très assidue ou ferait des déclarations inquiétantes devant les services de l'Etat]i".
Autant de points qui interpellent et inquiètent.
La pandémie n'a fait qu'accentuer ce sentiment, d'un Groupe qui navigue en pleine tempête sans réel leader ni meneur. La stratégie et le pilotage sont quasi-inexistants, les process changent tous les mois et les salariés n'auraient pas le droit à l'erreur.
"Les collègues sont encore totalement déboussolés et démotivés. Nous devions nous débrouiller par nous-mêmes, nous n'avions plus de nouvelle, de communication.
Nous nous demandions si nous allions encore être là , à la fin de la crise sanitaire," poursuit cette ancienne salariée.
Tant bien que mal, le bateau a tenu, balloté dans la plus grande tempête de son histoire. Malgré l'accalmie, les vents n'ont jamais vraiment cessé au-dessus des têtes du réseau de distribution.
Les agents se sont vus refuser des partenariats ou ont dû démarcher des clients sur leur temps libre.
Si des responsables martèlent que l'entreprise a les reins solides, certains indicateurs laissent penser le contraire.
Certains salaires ne sont pas toujours payés à temps ou pas payés du tout, pendant quelques mois.
De plus, la responsable des Ressources Humaines ne serait pas toujours très assidue ou ferait des déclarations inquiétantes devant les services de l'Etat]i".
Autant de points qui interpellent et inquiètent.
Sainte Claire : "c'est la 1ère fois que nous sommes alertés sur autant de possibles illégalités"
Malgré tout les salariés ne savent rien ou presque de la gestion du groupe, ni même d'Eric Kuo Tsing Jen, alors que le directeur financier a, semble-t-il, jeté l'éponge.
"C’est la première fois que nous sommes alertés sur autant de possibles illégalités, d’autre part, les difficultés ne peuvent pas justifier de telles entraves quant aux missions que la Ioi confie aux représentants du personnel," précise le syndicat.
Dans le même temps pour compléter ce tableau plutôt sombre, les employés naviguent totalement à vue puisque le Comité social et économique (CSE) n'a pas pu se réunir depuis juillet 2021 ni même publier son compte rendu.
Les salariés interrogés s'inquiètent de voir leurs outils de travail confiés à un financier plus intéressé par les chiffres que par l'humain.
"Nous n'avons que du mépris en retour. Bien qu'en interne, il y a une pression pour ne pas que nous parlions à la presse, il faut que ces agissements soient divulgués au grand jour.
Je n'ai pas envie que les autres réseaux fassent l'impasse sur les droits des travailleurs, parce que nous avons subi cela en silence," poursuit un ancien salarié.
Depuis Thomas Cook, Eric Kuo a jeté son dévolu sur des agences TUI, dont la filiale française du géant allemand voulait se débarrasser.
Au total 16 points de vente étaient visés, avec pour objectif de racheter à prix cassé les agences pour les revendre par la suite, nous dit-on en interne.
Nous avons cherché à joindre Eric Kuo qui n'a pour le moment pas donné suite à nos demandes.
"C’est la première fois que nous sommes alertés sur autant de possibles illégalités, d’autre part, les difficultés ne peuvent pas justifier de telles entraves quant aux missions que la Ioi confie aux représentants du personnel," précise le syndicat.
Dans le même temps pour compléter ce tableau plutôt sombre, les employés naviguent totalement à vue puisque le Comité social et économique (CSE) n'a pas pu se réunir depuis juillet 2021 ni même publier son compte rendu.
Les salariés interrogés s'inquiètent de voir leurs outils de travail confiés à un financier plus intéressé par les chiffres que par l'humain.
"Nous n'avons que du mépris en retour. Bien qu'en interne, il y a une pression pour ne pas que nous parlions à la presse, il faut que ces agissements soient divulgués au grand jour.
Je n'ai pas envie que les autres réseaux fassent l'impasse sur les droits des travailleurs, parce que nous avons subi cela en silence," poursuit un ancien salarié.
Depuis Thomas Cook, Eric Kuo a jeté son dévolu sur des agences TUI, dont la filiale française du géant allemand voulait se débarrasser.
Au total 16 points de vente étaient visés, avec pour objectif de racheter à prix cassé les agences pour les revendre par la suite, nous dit-on en interne.
Nous avons cherché à joindre Eric Kuo qui n'a pour le moment pas donné suite à nos demandes.