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Altares : "Forte incertitude sur la consommation des ménages" 🔑

l'interview de Thierry Millon, Directeur des études Altares


Altarès a publié son baromètre des défaillances d'entreprises pour le 3e trimestre. Sur le secteur des voyages, les chiffres sont assez bons par rapport au contexte global. Au 3e Trimestre, 27 entreprises du secteur ont connu l'ouverture d'une procédure de sauvegardes, de redressements judicaires ou de liquidations judiciaires directes. Mais pour Thierry Millon, Directeur des études Altares, l'incertitude sur la consommation des ménages pour la fin d'année est assez forte.


Rédigé par le Mardi 22 Octobre 2024

Défaillances d'entreprises : les structures concernées par les défaillances ce trimestre pour les agences de voyages concernent uniquement des entreprises de moins de 5 salariés. Depositphotos.com Auteur VitalikRadko
Défaillances d'entreprises : les structures concernées par les défaillances ce trimestre pour les agences de voyages concernent uniquement des entreprises de moins de 5 salariés. Depositphotos.com Auteur VitalikRadko
TourMaG - Altares vient de publier son baromètre pour le 3e trimestre 2024 des défaillances d'entreprises. La période compte au global 13 400 défaillances soit une hausse de +20 %. Comment se porte le secteur du voyage ?

Thierry Millon : Sur le 3e trimestre qui correspond à l'été, 14 agences de voyages sont tombées. Lorsque les chiffres sont faibles il faut faire attention aux comparaisons. Toutefois cela reste dans la moyenne des derniers trimestres.

La situation reste convenable d'autant que nous n'avons pas de mauvaise surprise, avec des défaillances de structures de grande taille.

Les structures concernées par les défaillances ce trimestre pour les agences de voyages concernent uniquement des entreprises de moins de 5 salariés. À partir du début 2023 jusqu'au printemps, nous avions encore des défaillances de quelques PME de 10 à 20 salariés. Là, il n'y a que des structures de petite taille.

L'autre point qui ressort, c'est que les défaillances concernent plutôt des agences situées en région Auvergne Rhône-Alpes, 4 au total. Habituellement, c'est l'Île-de-France qui a le plus de volume, puisque c'est la première région de France. Là, ce n'est pas le cas. La région Ile-de-France compte 3 défaillances.


A lire aussi : Qui sont les agences défaillantes au 2e trimestre 2024 ?


Hausse des défaillances de voyagistes et autre services de réservations sur un an

TourMaG - Y a t-il des alertes qui peuvent amener à penser qu'une entreprise n'est pas en grande forme ?

Thierry Millon :
Les agences qui sont tombées au cours du 3e Trimestre 2024 sont soit en retard de publication de leurs comptes, soit les comptes ne sont pas publiés depuis le covid. Cela traduit une certaine souffrance.

TourMaG - Que pouvons nous dire sur la catégorie voyagiste et autres services de réservations ?

Thierry Millon :
Au global la catégorie voyage compte 27 défaillances, 14 concernent les agences de voyages, 7 les voyagistes et 6 les autres services de réservations. Au printemps, nous étions à 37 défaillances soit 10 de plus.

Cependant par rapport au 3e trimestre de l'année dernière, sur 19 défaillances, 16 concernaient les agences. En un an, les catégories voyagistes et autres services de réservations ont vu le nombre de défaillances sensiblement augmenter.



"Il n'y a aucun doute que le voyage échappe au plan du gouvernement pour réduire la dette"

TourMaG - Dans le cadre du projet de loi de financement de la sécurité sociale et du projet de loi de finances pour 2025, le gouvernement prévoit de taxer plus largement l'aérien et le secteur touristique. Quelles sont les perspectives dans ce contexte ?

Thierry Millon :
Il n'y a aucun doute que le secteur du voyage au même titre que d'autres secteurs échappe au plan que le gouvernement met en place pour réduire la dette publique française.

A côté de la hausse des taxes annoncées, les entreprises ont aussi des défis à relever sur la cybersécurité, les contraintes liées à la facturation électronique qui va devenir obligatoire à partir de 2026, ou la RSE.

Sauf que pour faire des affaires il faut investir. Cette hausse de fiscalité ajoutée aux contraintes règlementaires, ce sera autant d'argent qui ne sera pas injecté dans l'investissement.


TourMaG - Cela pourrait donc avoir un impact sur la consommation de voyage ?

Thierry Millon :
Nous avons une baisse des taux d'intérêt qui restent quand même élevé. Dans le même temps l'inflation recule mais reste supérieure à l'avant crise. Quant au marché de l'immobilier, poste important pour les ménages, même s'il baisse, il reste tout de même élevé.

La tentation d'épargne est assez forte. Elle reste parmi les plus importantes d'Europe et cela ne va pas faciliter la libération d'argent pour les dépenses liées au loisirs. Sur la fin d'année, il y a une inquiétude assez forte. L'incertitude est assez forte sur la consommation des ménages.

Pour 2025, le contexte sera moins tendu, mais il faudra regarder l'impact des contraintes budgétaires pour l'ensemble de l'économie. Il faudra aussi tenir compte du contexte géopolitique et international avec les conflits que l'on connait qui va notamment peser sur le transport aérien.

Dans le voyage globalement les chiffres sont bons

Statistiques de défaillances (ouvertures de sauvegardes, redressements judiciares et liquidations judiciaires directes) - Source Altares
Statistiques de défaillances (ouvertures de sauvegardes, redressements judiciares et liquidations judiciaires directes) - Source Altares
TourMaG - Xavier Niel fondateur et actionnaire principal d'Iliad a récemment fait une sortie sur les agences de voyages. Qu'est ce que cela vous inspire ?

Thierry Millon :
La sortie de Xavier Niel ne s'applique pas qu'aux agences de voyages, et je pense au contraire que les agences de voyages se sont orientées vers le digital depuis très longtemps déjà.

Ce qui n'est pas le cas des pharmacies par exemple qui ont raté le virage d'internet et qui connaissent des difficultés.

Dans le voyage globalement les chiffres sont bons. Les entreprises ont désormais réglé les cotisations sociales qui bénéficiaient d'un moratoire post-covid, et sur les PGE, il n'y pas plus de difficultés. Les entreprises qui sont fragiles et qui avaient un PGE sont déjà tombées.


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